vre aiguë, foif immodérée, délire, douleur de tête,
inquiétudes , &c. Les urines font, pendant tout le
tours de la maladie , ardentes, rouges , limpides ,
le pouls fort roide & inégal. Il eft à remarquer que
te caraéleredu pouls, tel que Dellon dit l’avoir obier
vé (voyagedans les Indes orient, ann. i68ÿ ) , -eft
cxaâement le même que celui que l’auteur des recherches
fur le pouls dit précéder, défigner 6c accompagner
les excrétions ventrales , le vomilfement 6c la
diarrhée, Voyez P o u l s . Et ce n’eft pas la feule occa-
fion, comme je crois l’avoir fait appercevoir ailleurs,
•où l’on voit des obfervations antérieures exaûes &
bien détaillées, quadrer parfaitement avec les dalles
établies par cet illuftre médecin ; & il 'ne manqueroit
pas d’obfervations poftérieures plus conformes en-
tore à cette méthode , 6c plus propres à confirmer
& à éclaircir un point aulîi intéreffant, li l’on vouloir
voir fans préjugé 6c raconter fans politique.
Cette maladie eft très-grave, toujours dangereufe,
6c quelquefois funefte : un heureux hafard a découvert
depuis long tems à ces peuples un remede que
l’empirifme aveugle a employé , 6c dont un fuccès
prefque confiant a démontré l’efficacité. Ce remede
confifte dans l’application d’une verge de fer rougie
au feu fous le talon, qui chez ces peuples accourûmes
à marcher piés nuds , eft très-dur , calleux 6c
peu fenfible : on 1 y laiffe jufqu’à ce que le malade
reffcnte de la douleur ; 6c alors pour empêcher qu’il
ne s’y forme des cloches, on bat doucement la partie
avec un foulier plat. Dès l’inftant même que l’o--
pération eft achevée , on voit pour l’ordinaire diminuer
les vomiffemens, la douleur & la fievre, qui
en eft une fuite. Ce remede agit, comme l’on voit,
moins comme un cautere que comme irritant 6c
par l’impreffion douloureufe qu’il fait fur les nerfs de
cette partie. Cette méthode eft fort analogue à celle
qui fe pratique à Java pour guérir la colique : On y
applique de même un fer rouge indifféremment à la
plante des piés, 6c on foulage tout-à-coup. Cette
façon d’agir finguliere, inexplicable dans les théories
vulgaires, eft très-conforme aux lois bien déterminées
de l’économie animale. Voyez ce mot. Dellon
nous affure qu’il a éprouvé fur lui-même 6c fur une
infinité d’autres perfonries , les bons effets de ce remede
: d’où il réfulte que des remedes bien différens
guériffent à-peu-près également les mêmes maladies,
6c l’on voit prefque le même nombre de malades
échapper ou mourir traités par des méthodes abfo-
lument contraires. Il y a lieu de préfumer que ce remede
fouverain à la Chine, auroit les mêmes avantages
en France ; mais la délicateffe naturelle à fes
habitans, la nouveauté de ce fecours , la quantité
d’autres plus doux, font des préjugés très-forts contre
fon ufage, 6c qui dans les cas ordinaires méritent
d’être refpe&és. Mais quand on a épuifé tous
les remedes inutilement , qu’on eft réduit à cette
affreufe néceffité de voir périr des malades fans fa-
voir de quel côté fe tourner pour les fecourir, je
ferois d’avis qu’on eut recours à un remede qui quoique
cruel, l’eft bien moins qu’un défefpoir fatal.
Lorfqu’après l’application de ce remede les fympto-
mes font diminués , mais la fievre fubfifte encore
ils font prendre au malade des crèmes de ris chargées
de beaucoup de poivre ; ils répandent auffi du
poivre fur la tête ; ils attendent pour le purger que
îa maladie foit bien calmée , 6c que la fîevre foit
paffée : alors ils donnent quelques purgatifs très-
doux ; 6c quelle que foit l’ardeur de la fîevre dans
les commencemens, elle ne leur paroît jamais exiger
la faignée, dont ils s’abftiennent entièrement. Voyez
Dellon, voyages dans les Indes orientales, année 168Q, j
& Sauvage, de medicin.finenf. dijfertat. (m)
MORDEHI, f. m. ( Medecine. ) Les Indiens appellent
de ce nom une efpece de langueur d’eftomac
qui leur eft très-familière ; elle eft principalement
occafionnee par les grandes chaleurs qui provoquent
des fueurs abondantes, fur-tout lorfquelles font fui-
vies de froid ; 6c fi dans ces circonftances les Indiens
font le moindre excès dans le boire ou le manger, fur-
tout le foir, leur eftomac affoibli 6c relâché ne peut
pas le digérer fans peine & parfaitement, 6c donne
par-là lieu à des diarrhées fréquentes 6c très-opiniâtres.
Les roborans toniques, les boiffons acidulés ,
font les remedes qui paroiffent les plus appropriés ;
6c je crois que de l’eau bien fraîche fur-tout pourroit
guérir & même prévenir ces diarrhées. Frédéric
Hoffman, de qui nous tenons ce que nous avons dit
fur la nature de cette maladie, dijfert. de morb. certo
regionib. & popul. propriis, n’a pas daigné ou n’a pas
pu nous inftruire des remedes que la nature , le feul
médecin qu’ils aient, leur fournit, & des fuccès
qu’ils ont. Le mordehi eft peut-être le même malade
que le mordexin.
MORDICANT, f Gramrn. Medec. ) qui bleffe
irrite , pique, mord légèrement. On dit une humeur
mordicante. Les parties de cette fubftance font mordi-
cantes.
MORDRE, ( Phyfiol. y Mordre eft l’aélion par laquelle
les dents divifent les alimens durs en plufieurs
particules.
Pour mordrey\\ faut i°.quela mâchoire inférieure
s’écarte de la fupérieure vers la poitrine fur fon con-
dyle ; i°. il faut que cette mâchoire inférieure foit
enfuite fortement preffée contre la mâchoire fupérieure
, afin que les alimens folides puiffent être cou-;
pés par les dents incifives.
La première aélion fe fait par la contraélion des
deux mufcles digaftriques ; la fécondé dépend de la
eontra&ion , i°. des mufcles crotaphites , z°. des
maffeters,5°. desptérigoidiens externes, 40. des pté-
rigoïdiens internes. Ces quatre.mufcles agiffant en-
femble élevent la mâchoire, au lieu que s’ils agiffent
féparément ils la tirent latétalement 6c en arriéré;
mais fi les huit mufcles qu’on vient de décrire agiffent
enfemble , la mâchoire inférieure eft preffée
avec une force incroyable contre la fupérieure.'
Ainfi toutes les dents des deux mâchoires étant fort
comprimées, on voit clairement que ce font les huit
dents incifives qui-fe préfentant les unes aux autres
6c fe frappant réciproquement avec violence, mordent
, divilent les alimens , 6c commencent ainfi la
majlication. Voyez donc MASTICATION.
Mo r d r e , ( Marine. ) fe dit en parlant d’une ancre
, lorfqu’elle eft attachée par fes extrémités pointues
& recourbées au fond de la mer ; ces extrémités
s’appellent bras. Foytz An c r e .
MORDRE , teinture , terme de Chapelier-Teinturier y
qui fignifie prendre la couleur plus ou moins vîte.
Il y a des étoffes ou feutres qui mordent facilement
la teinture, & d’autres qui la mordent très-malaifé-
ment. Voyez C h a p e a u .
Mo r d r e , terme d'Imprimerie, fe dit lorfque la
frifquette ayant couvert quelqu’extrémité de la let-/
tre d’une forme, il y a dans l’imprimé un vuide où
il ne paroît qu’un fimple foulage. Ce défaut vient
de ce que l’ouvrier de la preffe n’a pas coupé la
frifquette en cet endroit ; il peut venir auffi lorfque
après avoir collé un morceau de papier fort pour
empêcher le barbouillage, ce même morceau de papier
coule 6c empêche l’impreffion de venir. Voyez
Fr is q u e t t e .
MORDS , en terme d Eperonnier y eft cette partie
de la bride d’un cheval qui lui paffe dans la bouche,
dont les branches lui montent le long des joues 8c
font jointes enfemble par une gourmette 6c des chaînettes
qui prennent fous fa levre inférieure & fon
gofier. Voyeç Br an ch e s , G o u r m e t t e & C h aîn
e t t e s .
Il y a des mords de plufieurs efpeces, à la Neftier
ou à tire-bouchon, mords à gorge de pigeon, mords
à canne ou à trompe, mords à porte ou à pié de chat,
mords à pas d’âne 6c à olive, bc. Foyez tous ces termes
chacun à fon article , 6c les figures , Planches de
VEperonnier.
M o rd s a b e r g e , en terme d'Eperonnier, eft un
mords dont l’embouchure eft compofée d’olives d’une
feule piece , formant à fon pli une demi-gorge de
pigeon ; ce mords, au lieu de fônceaùx , eft garni de
chaperons. Voyez CHAPERONS , PL de l'Eperonnier.
Mo r d s a b r a n ch e s t o u r n é e s , en terme dE -
peronnier, font des mords dont les branches forment
plufieurs coudes ou cambres, 6c qui font de figure
ronde. On les nomme encore mords àfoubarbe, parce
qu’ils font garnis d’une voie foubarbe. Voye£ la fig.
PI. de VEperonnier.
Mo RDS A CANON s im p l e yen terme d.'Eperonnier y
eft un mords dont le canon n’eft point figuré , mais
diminue pourtant de groffeur en approchant de fon
pli. Il y en a de brifés 6c d’autres qui ne le font pas.
MORDS DEMI-MIROIR, en terme d'Eperonnier, fe
dit d’un mords qui a une embouchure à gorge de pigeon,
furpaffé d’un cercle qui entre dans des anneaux
faits à l’embouchure. Ce cercle eft garni de trois
chaînes , deux vers fes extrémités, qui s’attachent à
la branche par un bout, 6c l’autre dans le haut du
cercle.
M o r d s a GORGE DE PIGEON , en terme tTEpe-
ronnier, fe dit d’une forte de mords dont le pli de
l’embouchure repréfente la forme du col d’un pigeon.
Voyez la fig. PI. de l'Eperonnier.
MORDS A m ir o ir , en terme d'Eperonnier, fignifie
une efpece de mords dont l’embouchure eft droite
& tourne dans une liberté où elle eft rivée. Voyez
LIBERTÉ , voyez PI. de /’Eperonnier.
MORDS A p a s d’a s n e , en terme dEperonnier ,eft
un mords dont l’embouchure eft pliée en forme de
pas d'âne, 6c dont le gros du canon repréfente une
olive.
MORDS A PIÉ DE CHAT, en terme d'Eperonniery
voyez MORDS a p o r t e , 6c la fig. PI. de l'Eperon-
MORDS A p o r t e , en terme d'Eperonnier, fignifie
une efpece de mords dont l’embouchure forme vers
l'on milieu une efpece de porte cintrée. Voyez la fig.
PI. de l'Eperonnier.
MORDS a TIRE-BOUCHON , en terme d'Eperon-
nier y eft un mords dont les branches fe terminent
par un anneau applati 6c percé dans fa partie inférieure
commel’eft celui d’un tire-bouchon. On l’appelle
encore mords à la Nefiiery parce que ce fut un
écuyer du roi de ce nom qui en inventa l’ufage Voyez
la fig.
M o rs A LA t u r q u e , en terme d Eperonnier y s’entend
d’un mords dont les branches font droites, fans
banguet, foubarbe , &c. l’embouchure eft en gorge
de pigeon , & eft furpaffée d’un petit anneau duquel
en pend un beaucoup plus grand qui fert de gourmette.
Foyez la fig. PI. de VEperonnier.
MORDS des LIVRES. On appelle en terme de Reliures
, mords des livres le rebord du dos que les ais à
endoffer font faire au livre après la couture, lorf-
qu’on met le livre en preffe. Il y en a un de chaque
côté qui fert à loger les cartoris , afin qu’ils y entrent
comme dans une charnière & ne montent pas par-
deffus le dos. Foyez Re l iu r e .
M o r d s du carton , c’eft le coin du carton qui
joint le dos du livre en-dedans de la reliure. On ; dit
faire les motds, 6c celaffe fait en affoibliffant les an-
'gles du carton* du côté intérieur ravec un couteau
ordinaire bien affilé , pour éditer que le carton ,* s’il
étoit aigu, n«. coupât les'papiers en ouvrant & fermant,
le livre ,& n’en gênât le jeu.
MORDUATES, ( Géog. ) peuples delà Tartarie
mofeovite : ils font idolâtres , 6c habitent des forêts
immenfes. ( D . J. )
MOREAU, (Maréchal.) On appelle ainfi un cheval
extrêmement noir.
MORÉE, l a , ( Géog.) c’eft le Péloponnèfe des
anciens ; grande prefqu’île, contiguë à la Grece, au
midi de laquelle elle eft attachée par un ifthme affez
étroit, entre les golfes de Lépante 6c d’Engia.
Cette prefqu’île contenoit autrefois un grand
nombre d’états très-peuplés, mais les chofes ont
bien changé de face. Ce pays fit partie du diocèfe
de Macédoine, après la divifion des deux empires.
Alaric le défola par fon incurfion , les defpotes en
jouirent enfuite, les Turcs le pofféderent, les Vénitiens
le leur enlevèrent en 1687, & Ie perdirent
en 1715.
Le P. Coronelli a fauffement divifé la Morée en
quatre provinces , parce qu’il a copié les erreurs de
Baudrand 6c de Moréri.
En effet, on ne connoît en Morée que trois provinces
, qui font laZaconie, le Brazzo diMaina , 6c
le Belvédere.
La Zaconie occupe le royaume de Sicyone, Corinthe
, 6c toute l’Argie.
Le Belvédere répond à l’Achaïe proprement dite ,
6c comprend outre cela l’ancienne Elide, une partie
delà Meffénie , 6c une partie de l’Arcadie.
Le Brazzo di Maina, ou le pays des Magnotes 9
répond au refte de l’Arcadie, 6c à toute la Zaconie.
La Morée eft affez fertile , excepté vers le milieu
où font les montagnes. Auffi l’Arcadie qui jadis oc-
cupoit ce milieu , avoit beaucoup d’habirans menant
la vie paftorale. Le Brazzo diMaina eft encore
plus ftérile que le refte ; auffi voyons-nous que fes
anciens habitans, les Lacédémoniens, faifoient de
néceffité vertu , & fuppléoient, par leur frugalité,’
à ce qui leur manquoit du côté de l’abondance ;
mais ce qui vaut cent fois mieux, ils étoiènt libres.
Les Magnotes, leurs fucceffeurs'v le font encore ; 6c
les Turcs qui les environnent, n’ont pu les fubju-«t
guer entièrement.
Il y a dans la Morée beaucoup d’AIbanois qui, ne
fachant ni porter le joug du turc, ni le fecouer , attirent
fouvent aux habitans de fâcheufes affaires.
Le morabégi ou fangiac qui commande en Morée ±
a fa réfidence à Modon.
Le pere Briet compte foixante-quinze lieues fran-
çoifes pour la largeur de la Morée, depuis le cap de
Matapan jufqu’à l’Examile, c’eft-à-dire, jufqu’à cette
fameufe muraille que lesPéloponnéfiens avoient élevée
anciennement, pour fe garantir des courfes des
ennemis durant la gueïre contre le roi de Perfe ; muraille
qui avoit été rétablie par les defpotes, percée
par Amurath II. relevée par les Vénitiens, 6c finalement
rafée par Mahomet II. Le même pere Briet
prend la longueur de la Morée, de Cartel Fornèfe
jufqu’à Cabo Schillo, & l’évalue à quatre-vingt-dix
lieues françoifes.
La Morée eft à-peu-près comptife entre le 3 s°. de
latitude, 6c le 37. 36'. Strâbon dit qu’ancienne-
ment on l’appelloit Argos , d’un nom qui fut après
cela donné à line de fes villes. Sous le régné d’Apis,
le troifieme roi de la ville d’Argos , la Morée fut
appellée Apia, environ 1747 ans avant la naiffance
de Jefus-Chrift. Au bout de quatre cens vingt années,
elle prit le nom de Péloponnéfe. du phrygien
Pélops, célébré non-feulement par les miracles de
fon épaule d’ivoire dont Pline vous entretiendra ,
mais encore par les inceftes & les parricides de fes
fils Atréë; 6c Thyefte, dont toute l’antiquité peut
vous inftruire.
Le nom de Morée lui a été donné fous les derniers
empereurs de Conftantinople, parce que fa figure