qui defcend dans la cave & embraffe la piece qu’on-
veut faire remonter. Alors on fait tourner l’arbre
du moulina, & par ce moyen on fait remonter le
tonneau qui gliffe fur le poulain. Voye{ Varticle & les
PI. du Tonnelier.
MOULIN1ER , f. m. (Soierie.) ouvrier qui s’occupe
du moulinage des foies. Voye{ L'article Soie.
MOULINS , ( Géog.) en latin moderne Molinié ;
ville de France, capitale du Bourbonnois, avec une
généralité compofée de fept élections & une intendance.
Cette ville n’eft point ancienne, car à peine en
eft-il mention avant Robert fils de S. Louis, qui y
fonda un hôpital. Elle doit fon aggrandiffement aux
princes du fang de France, qui ont poffedé le Bourbonnois
, & fon nom au grand nombre de moulins
qu’il y a voit dans le voifinage. Elle eft fur la rive
gauche de l’Ailier, dans une plaine agréable & fertile
, prefque au centre de la France, à n lieues de
Nevers , 20 N. E. de Clermont, 64 S. E. de Paris.
Long. z ô ,5cf. 58. lut. 4G .34 .4.
Je joins ici la note de quelques gens de lettres,
que Moulins a produits dans le dernier fiecle ; car
félon les apparences, le fupplément à cette lifte fera
court à l’avenir.
Jean de Lingendes, proche parent du P. Claude
de Lingendes jéfuite, & de Jean de Lingendes évêque
de Mâcon, l’un & l’autre célébrés prédicateurs,
naquit comme eux à Moulins. Il fe fit un nom par
fes poéfies , dort le mérite confifte principalement
dans la douceur & la facilité. Le plus eftimé de fes
ouvrages, eft fon élégie fur l’exil d’Ovide, imprimé
à la tête de la tradu&ion de ce poëte latin, par
Renouard. Cette piece eft une imitation de l’élégie*
latine d’Ange Politien, fur le même fujet. Les poë-
lies de Lingendes n’ont jamais été raffemblées; elles
fe trouvent difperfées dans les recueils de fon
tems. C ’eft néamoins.le premier de nos poëtes à qui
le véritable tour du fentiment, & l’expreflioi\ de la
tendreffe aient été connus, Il mourut fort jeune en
1616 , & fon génie n’avoit encore fait que s’effayer.
Gilbert Gaulmin, fon compatriote & fon contemporain
, fe hafarda de donner au public une tragédie
intitulée Iphigénie , qui fut accueillie dans fon
tems : mais il publia le premier, en 16 18, un meilleur
morceau, les amours cTIfmene & dTfménias en
grec, avec une traduftion latine de fa main. II mourut
o&ogenaire, en 1667.
Claude Bérigard compatriote de Lingendes & de
Gaulmin, fut moins fage. Il fe jetta malheureu-
fement dans des fubtilitës philofophiques. Il fit imprimer
à Udine deux ouvrages très-libres, l’un intitulé
dubitationes Galilcei Linccei ; l’autre circulus
Pifanus. Il parpît dans ces deux écrits favorifer le
pyrrhonifme, & qui plus eft, la do&rine d’une nature
aveugle qui gouverne le monde. On fit très-
bien de réfuter fes erreurs, mais on ufa de mau vaife
foi ; on tranferivit en caraûeres italiques, des paf-
fages qui n’étoient point dans fes écrits ; on coupa
fes phrafes ; on tira des conféquences qu’il n’avoit
point tirées lui-même; on paraphrafa les paroles,
on les commenta pour les rendre plus odieufes. On
fait que pareil ftratagême a été mis en ufage plus
d’une fois contre l’Encyclopédie. Cette rufe de
guerre qu’on renouvelle tpus les jours, eft également
inexcufable, & propre à décréditer la vérité
qu’on fe prppofe de défendre. Les Romains renvoyèrent
à Pyrrhus fon, médecin qui leur propofa
de l’empoilbnner , pour qu’il le punît comme il le
anéritoit.
Je n’ajoute qii’un mot fur Nicolas de Lorme , né
à Moulins ; il n’a rien écrit, mais il eft fort connu
par les lettres de Guy-Patin , & pour avoir été premier
médecin de la rgme Marie de Médiçis, qui
Paimoit beaucoup. Il fe, remaria chargé d’années,
à une jeune & jolie femme, qui gagna dans le lit
de ce bon vieillard, une phthifie dont elle mourut.
L’on devroit peut-être empêcher par les lois civiles
, les mariages qui joignent enfemble les deux
extrémités oppofées , l’âge caduc & la fleur de l’âge
; car il y a dans ces fortes de contrats, plus que
léfion d’outre-moitié. (D . J.)
Moulins en Gilbert , ([Géog.) petite ville de
France en Nivernois, au pié des montagnes du Mor-
v an t , à 2 lieues de Château-Chinon. Long. 21. 23.
lat. 4 j . 2. (D . J.)
MOULLAVA, (Bot. exot.) plante filiqueufe des
Indes, à fleurs compofées de cinq pétales jaunes. Sa
gouffe eft lifte, & renferme ordinairement quatre
îemences. Cette plante s’élève à la hauteur de 8 ou
9 piés, & fe plait aux lieux fablonneux. Elle eft v ivace
, fleurir en Août, & porte un fruit mûr en Novembre
& Décembre. (D . J.')
MOULSANS , f. m. pl. (Comm.) toiles peintes
qui fe fabriquent dans les états du Mogol. Elles fe
tirent de Surate, d’où la compagnie les paffe en France
: le débit eh eft prohibé ; on les marque en arrivant
pour en conftater l’envoi chez l’étranger.
MOULTAN, (Géog.')1 ville des Indes fur lefleua
ve Rave. Long. félon Petit de la Croix, / /6. lat. 29. (z>. /.) KHI HI f ; ; mm ; I tmmm
MOULURE, f. f. (Archit. anc. & rnodl) ornement
d’architeéture. On appelle moulures certains petits
ornemens en faillie au-delà du nud d’une muraille,
ou d’un lambris de menuiferie, dont l’affemblage
compofe les corniches, chambranles & autres membres
d’architeûure. Les Latins les nomment linea-
menta, formas ou modulos, parce qu’on fe fert d©
certaines petites planches de bois qui fervent de me-
fure pour faire les moulures au jufte ; car le nombre
la fymmétrie, la proportion des mefures font différentes
dans les moulures qu’on emploie au pié-d’eftal
dorique , ionique ou corinthien.
On peut diftinguer en général trois genres de mou-
lures dans les ouvrages des anciens ; les unes ont de
la faillie en-dehors, d’autres font retirées en-dedans,
& d’autres font plates & uniformes : on rapporte
au premier genre le bozele, que nous nommons tore
, l’efehine que nous appelions cordon, & l’aftraga*
le. Le bozele s’appelle thorus. en latin , & l’efchine
fpina ou torquis.
Les moulures plates font les quarrés grands & petits
; les grands reftemblent à une brique, dont les
côtés & les coins feroient égaux. Les Grecs leur
ont donné le nom de plinthion, qui lignifie une brique;
nous les appelions plinthes en françois. Les petits
quarrés font des demi-plinthes, & reftemblent à
des tranchoirs. Les Latins les nomment titnias ou
fafciolas, comme qui diroit une bandelette.
Les moulures qui ont du creux en-dedans, font le
trochile & la nacelle ou feotie : le trochile eft
contraire au tore, & la nacelle au cordon. Le trochile
eft nommé par les Grecs - r p o , ôc par les
Latins troclea, une poulie : la nacelle, appellée v*vt
par les G recs, eft la moitié d’un trochile.
Il y a deux moulures qui ont tout enfemble de là
faillie en-dehors & du creux en-dedans, qui font la
gorge & la doucine. La gorge, en latin gula, eft droite
ou renverfée ; la droite eft figurée par une S droite,
mife au-deffous d’une £>. en cette maniéré L ; larenverfée
fe fait par la même lettre formée à rebours
L ; finalement là douçine ,, que les Latins
appellent undulam, eft figurée par la même lettre
couchée & inclinée de fon long, d’autant qii’en cette
pofture elle repréfente une petite onde L.
Voilà les principales moulures de l’archite&ure
antique, qu’ils féparoient par de petits intervalles,
lineas, que les François appellent des filets. Parmi
ces moulures, les unes font unies & les autres figurées
, ou gravées félon les réglés de l’art. On grave
fur les tores des oves, ova ; fur les cordons des bil-
lettes, ou des grains de laurier en forme de perles
enfilées ; fur les gorges & doucines, des feuillages ;
fur les bandes plates, des coquilles ; & fur le plinthe
, des denticules : le tout fuivant les réglés de
l ’art.
Il refaite de ce détail, que les moulures font en
Architecture, ce que les lettres font à l’écriture. Par
le mélange des moulures, on inventera quantité de
profils différens pour toutes fortes d’ordres, & de
compofitions régulières & irrégulières. Cependant
on peut réduire toutes les efpeces de moulures à
trois ; des moulures quarrées, des moulures rondes ,
.des moulures mixtes, c’eft-à-dire compofées des deux
premières.
Les moulures régulières, font ou grandes comme
les doucines, les oves, les gorges, les talons, les
tores, les feoties ou petites , comme les filets, les
aftragales, les congés, &c.
Les modernes appellent moulure fimple , celle qui
n’a d’autre ornement que la grâce de fon contour ;
moulure ornée, celle qui eft taillée de fculpture de
relief, ou en creux ; moulure couronnée, celle qui eft
accompagnée & comme couronnée d’un filet ; moulure
inclinée, fe dit de toute face qui n’étant pas à
plomb, panche en arriéré par le haut, pour gagner
de la faillie.
Quant à la maniéré de traiter les moulures, on
conçoit bien qu’elle doit être différente félon les endroits
où on les emploie. Mais il faut furtout éviter
de les faire d’un deflein fec & fans grâces. Vignole,
Santovin & Palladio, peuvent fervir de modèle,
parce qu’ils fe font attachés à fuivre l’antique.
Il faut obferver que les moulures s’emploient non
feulement dans les entablemens des ordres qui ont
des profils, mais encore dans d’autres entablemens
où il n’y a point d’ordre, ni de proportion décidée ;
il eft confiant en ce dernier cas, que le jugement de
l ’architeûe a plus de part à la perfeétion de l’ouvrag
e , que les préceptes que l’on pourroit donner.
Les moulures fe doivent placer géométriquement,
étant compofées de lignes de différente nature ; mais
leur principale proportion, qui dépend de leur faillie
& de leur contour, doit être déterminée par le
deflein de l’archite&e, & fuivant les intentions qu’il
a de les faire paroître avantageufement, tant dans
les dehors où la lumière eft vague, que dans les dedans
où elle èft répandue par accident : c’eft un objet
d’une grande étude, & qui ne s’acquiert que par
les obfervations qu’on aura faites fur les ouvrages
antiques, fur les modernes, & par les expériences
qui auront inftruit ceux qui en auront beaucoup
tracé.
Ces proportions générales font ou pour les grandes
parties de l’Architeâure, ou pour les petites ,
parce que les fujets les rendent bien différentes ; &
alors les moulures font ou fortes ou délicates, ou en
plus grand, ou en moindre nombre ; & elles doivent
fe contourner de différentes maniérés, parce que
leur forme contribue beaucoup à donner de la grandeur
, ou de la délicatefleaux profils : ce n’eft pas af-
fez d’en faire les effais fur le papier, il faut fur l’ouvrage
même, juger de l’effet qu’ils doivent faire.
C ’eft pourquoi ceux qui n’ont vu les antiques que
dans les livres, prennent difficilement le goût de ces
originaux.
Pour les proportions particulières, elles confiftent
à faire que dans une même corniche, il y ait de la
Variété entre les moulures ; en forte que deux ou trojs Tome X.
moulures quarrées ou rondes ne fe rencontrent pas
de fuite, non plus que plufieurs d’une même hauteur ;
mais il faut qu’il régné un contrafte dans leur diftri-
bution , foit par l ’oppofition de leurs figures curvilignes
& angulaires, foit par leur grandeur différente.
Par exemple, ce qui conftitue la beauté d’une bafe,
eft que fes différentes moulures, dont les unes, comme
les filets &c la plinthe, 6c les autres, comme les
aftragales, les tores & les feoties, foient entremêlées.
Leur faillie doit pareillement être proportionnée
à leur hauteur, à moins que quelque pofition extraordinaire
n’oblige à s’éloigner des réglés générales
; mais dans les ornemens des moulures , on doit
fur-tout éviter la confufion qui eft qualifiée de richef-
fe, par ceux-là feuls qui n’ont pas l’intelligence des
beautés de l’art. (D . /.)
Machine pour faire des moulures fur toutes fortes de
pierres dures & précieufes. Cette machine eft compofée
de deux fortes pièces de bois A A , B B , Planches
du Lapidaire , unies enfemble par des tra-
travêts de même grofleur ; en forte qu’elles biffent
entre elles une efpace de trois ou quatre pouces de
largeur, dans lequel on fait entrer les queues D D
des poupées C C , que l’on affermit fur l ’établi par
le moyen des clés E E Ft voyeç T o u r , dont cette
i machine eft une efpece. Ces deux poupées font garnies
dë collets fur lefquels roule l’arbre K M , qui
( pofe l’ouvrage i , & un volant M , dont l’ufage eft
d’entretenir le mouvement imprimé à l’arbre par 1©
moyen de la manivelle L. La poupée F dont la queue
G eft retenue par une clé E : cette poupée porte le
burin N profilé félon le contour que l’on veut donner
à l’ouvrage. Ce burin eft affujetti contre la poupée
par le moyen de deux vis h k , qui lui laiffent
cependant la liberté de fe lever ou de s’abaiffer au
moyen de la vis o qui le rappelle. Foye^ les figures 8
& 9 . . ’■> : .
On couvre d’émeril broyé à l’huile, ou de poudre
de diamant, le burin N , qui ufe infenfiblement
l’ouvrage que l’on veut travailler. Ces figures y ,8 ,
c), 10 , / / , font les profils des poupées.
Moulure , en terme de Fourbiffeur, eft un ornement
quarré qui entre dans la rivûre du corps pour
le joindre avec la plaque.
Moulures-, en termes déglacés & de Miroitiers,
font de longues tringles de glaces à bifeau, qui ne
portent tout au plus qu’un pouce & demi de large.
A l’égard de la hauteur, il s’en fait depuis douze
jufqu’à cent pouces de haut. Voyeç Gla ce à la fin
de l'article.
Moulures , en terme d'Orfévrt, ce font des ornemens
compofés de creux, de noeuds, de baguettes
, & de filets, à l’inftar des moulures de corniches
, qui décorent les ouvrages. Les grandes moulures
font au deffus, & les baffes font fur la foudure
qui affemble les pièces avec le fond, comme dans
les tabatières.
Les moulures fe tirent au ban comme les fils & les
quarrés, en les preffant fortement entre deux billes
où eft gravé le modèle des moulures qu’on veut faire
fur la matière. Voye^ Banc a tirer , & Billes.
Moulures droites , Moulures contournées
; les Bijoutiers appellent de ce nom des creux
& des filets diverfement rangés, qu’ils gravent à l’outil
fur le corps de leurs bijoux; elles varient au gré
& félon le goût de l’artifte.
MOUNSTER, (Géog.') quelques-uns écrivent
Munfier, mais mal ; en latin Momonia , province
d’Irlande , appellée par les Irlandois originaires ,
Mown, & vulgairement Wown.
Sa longueur eft d’environ 13 5 milles ; fa largeur
de 68, depuis Baltimore jufqu’aux parties fepten-
trionales du Kerry ; & fon circuit eft d’environ 600
milles, à caufe de fes grands tours & détours.
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