coup plus haut ; il y grimpa par-deffus de grandes
pierres mal allurées. Une de ces pierres s’étant
éboulée, en entraîna avec elle quelques centaines
de plus grandes, avec un bruit li violent, qu’on
auroit cru que toute la montagne écrouloit : enfin
Froelichius ayant apperçu un nouveau rocher plus
haut, 6c enluite quelques autres moindres , mais
dont le dernier paroiffoit toujours plus élevé que le
précédent, il fut obligé de palier à-travers au péril
de fa vie , jufqu’à ce qu’il eût gagné le fommet.
«Toutes les fois, dit-il, que je jettois les yeux
» fur les vallées au-deffous , qui étoient couvertes
■ » d’arbres, je n’y appercevois que comme une nuit
» noire, ou du-moins une couleur de bleu célefte ,
» telle qu’on en voit fouvent dans l’air quand le
» tems eft beau ; 6c je croyois que li j’étois tombé,
» j’aurois roulé non fur la terre, mais dans les cieux;
» car les objets vilibles, à caufe de leur grande
» pente, fembloient diminués & confus. Mais Iorf-
» que je montai encore plus haut, j’arrivai dans des
» nuages épais, & les ayant traverfés , je m’alîis
» pendant quelques heures ; je n’étois pas alors bien
» loin du fommet ; je voyois diftinâement les nua-
» ges blancs, dans lefquels j’étois , fe mouvoir au-
» deffous de moi, & j’apperçus clairement au-def-
» fus d’eux l’étendue de quelques milles de pays ,
» au-delà de celui de Sépuze , où étoient les monta-
» gnes. Je vis auffi d’autres nuages , les uns plus
» hauts, les autres plus bas, & quelques-uns égale-
» ment éloignés de terre : de tout cela je conclus
» trois choies. i° . Que j’avois paffé le commence-
» ment de la moyenne région de l’air. z°. Que la
>» diltance des nuages à la terre varie en différens
» lieux , félon les vapeurs qui s’élèvent. 30. Que
» la hauteur des nuages les plus bas, n’eft feule-
» ment que d’un demi-mille d’Allemagne.
» Quand je fus arrivé au fommet de la montagne,
» continue Froelichius, l’air étoit fi délié & fi calme,
» qu’on n’auroit pas vu remuer un cheveu, quoi-
» que j’cuffe feriti un fort grand vent fur les monta-
» gnes au-deffoùs. Je trouvai donc que le fin fom-
» met du mont Carpathus a un mille de hauteur , à
» prcadre depuis fa racine la plus baffe-, jufqu’à la
» plus haute région de l’air , où les vents ne fouf-
» fient jamais. Je tirai un coup de piftolet, qui d’a-
» bord ne fît pas plus de bruit que quand on caffe
» un bâton ; mais un moment après , j’entendis un
» long murmure, qui remplit les vallées 6c les bois
» inférieurs.
» En defcendant par les anciennes neiges dans les
* vallées , je tirai encore une fois ; mais ce coup
»> rendit un fon terrible, comme li on avoit tiré du
»cation, & je crus que toute la montagne alloit
» tomber fur moi. Le fon dura bien un demi-quart
» d’heure , jufqu’à ce qu’il fût parvenu aux antres
» les plus fecrets de la montagne, où étant augmen-
» té,il réfléchit de toutes parts; d’abord les cavernes
» fivpérieures retentirent peu ; mais quand le fon
» fut arrivé à celles d’au-deffous, le bruit fut très-
» violent. «
Il grêle ou neige prefque toujours fur ces hautes
montagnes, même dans le coeur de l’été, c’eft-à-
dire, auffi fouvent qu’il pleut dans les vallées voi-
fines ; il eft même aifé de diftinguer les neiges de
différentes années, par la couleur 6c la fermeté de
leurfurface. (D .J . )
MONT-LHERI, ou MONT LE HÊRI, ( Geog.)
petite ville de l’île de France à 6 lieues de Paris , &c
à 3 de C-orbeil. Son ancien nom latin eft Mons-Le-
therici, corrompu dès le xij. fiecle, en Mons Lehe-
rk i, ou Leheri. Elle prit ce nom de fon fondateur.
Il fe donna à MontiHeri une fanglante bataille en
1465, entre Louis XI. 6c Charles de France, duc
de Berri, fon frere. Long-tems auparavant Louis-le-
Grôs avoit ruiné le château de Mont-l'Héri, excepté
la tour qui fubfifte encore aujourd’hui. Long, félon
Gàffini, 19. 47". jÿ 'k - lac. 48. g8'. 5". (D. J.)
MONT-LOUÏS, ( Géog.) petite, mais très forte
ville de France dans les Pyrénées , à la droite du col
de la Perche. Louis XIV. la fit bâtir en 1681, 6c
fortifier par le maréchal de Vauban. Il y a une bonne
citadelle , & de belles cafernes. Elle eft à 180
lieues de Paris. Long. 19. 40. Lat. 42. g o. (D. J.)
MONT-LUGON , ( Géog. ) ville de Fi ance en
Bourbonnois, lur le Cher , à 14 lieues S. O. de-
Moulins, 69 S. E. de Paris. Long. 20. 16. lat. 46
Mont-Luçon eft la patrie de Pierre Petit, ami de
Defcartes, dont les ouvrages écrits en latin font fa-
vans & curieux. 11 mourut en 1677. (^ . J-)
MONT - LUEL , Mons Lupelli, ( Géog. ) petite
ville de France dans la Brefle , capitale d’un territoire
appellé la. Valbonne. Elle eft dans un pays fertile
& agréable, à 3 lieues de Lyon, fur la petite rivière
de Seraine , à environ 100 lieues S. E. de Paris.
Long. 22à. 4g'. 16". lat. 45 A. 49'. 1g1'. (D . J .)
MONT-MARTRE, (Gêogr.) village de l’île de
France fur une hauteur, au nord, près d’un des faux-
bourgs de la ville de Paris , auquel il donne fon
nom. On l’appelloit anciennement Mons Martis 6c
Mons Mercurii, parce qu’il y avoit un temple dans
cet endroit, où étoient les idoles des dieux Mars 6c
Mercure. On y bâtit dans la fuite une chapelle ap-
peilée l ’églife des martyrs, ce qui fit donner à la montagne
le nom de Mons Martyrum ; enfin on y a fondé
l’abbaye royale de religieufes bénédi&ines qu’on
y voit aujourd’hui. Cette abbaye eft ordinairement
compofée d’une abbêffe, de 60 religieufes, & de 12
foeurs converfes. Elle jouit de z8 mille livres de
rente, 6c d’une penfion du roi de 6 mille livres. Il
y a dans Mont-Martre beaucoup de carrières , dont
on tire continuellement du plâtre pour Paris.
(£>.ƒ.> - M.
MONT-MEDI, {Géog.') en latin moderne, Mons
Médius ; petite , mais forte ville de France, dans
le Luxembourg François, fur le Cher. Elle appartient
à la France depuis 1657. Elle eft à 9 lieues S.
E. de Sédan, 10 S. O . de Luxembourg, 51 N. E. de
Paris. Long. z g .5. lat. 49 .36 '. (D .J .)
MONTMÉLIAN , {Géog.) en latin moderne,
Mommelianum , ville autrefois très-forte du duché
de Savoie, avec un château fur l’Ifere. Elle a été
prife & reprife par nos rois , tantôt avec de l’argent
par François I. 6c Henri IV. tantôt avec le canot*
par Louis X IV. qui en fit démolir les fortifications,
en 1705.. Ses environs font agréables , entrecoupés
de plaines, de montagnes, 6c de collines, fur lesquelles
il croît des vins eftimés. La fituation eft
commode pour paffer en Piémont , en Dauphiné,
dans les provinces de Savoie, dans le Génevois,
6c dans le Foffigny. Elle eft à 10 N. E. de Grenoble,
30N. O. de Turin, 3 S. O. de Chambéry. Long. 23.
40. la t.4 6 .3 z . {D .J .y . .
MONT-MERLE, {Géogr..) petite ville de France,
dans la principauté de Dombes , 6c l’une de les
douzes châtellenies. Elle eft fituée fur la Sôné, 6c
a un couvent de minimes fur une hauteur. .Long.-
z z . 24. lat. 46. 56. {D .J .)
MONTMORENCI, (Géogr.') petite ville fans murailles
, de l’île de France, dont là maifon de Mont-
morenci a tiré loii nom.
La terre de Monrmorenci étoit une des anciennes
baronies du royaume. Elle fut érigée en duché pairie
, l’an 15 5 1 , par Henri II. en faveur d’Anne d<2
Monrmorenci, connétable de France , avec l’union
de plufieurs autres lieux. Ce duché étant éteint par.
la mort du maréchal de Montmorenci , en 1633 ,
Louis XIII. érigea de nouveau cette terre en- du-
çhê-pairie
MO N
ché pairie en faveur d’Henri II. duc de Bourbon,
prince de Condé , fous le nom d’Enghien , par lettres
patentes de 1689 , regiftrées au parlement le z
Janvier 1690. Mais les habitans n’ont point encore
changé l’ancien nom du lieu. Il eft limé fur une colline
au-deffus dùme grande vallée , dans un beau
point de vûe , îi une grande lieue de S. Denis , &
3 de Paris. Longit. /^d. 58'. 66". lat. 48d. 58'.
4 • ■
Jean le Laboureur, né à Montmorenci, en 1613 ,
fut d’abord gentilhomme fervant de Louis XIV.
enfuite il entra dans l’état eccléfiaftique, devint aumônier
du roi, 6c commandeur de l’ordre de S. Michel.
Sa relation du voyage de Pologne, où il accompagna
la maréchale de Guébriant, la; feule femme
qui ait fait les fondions d’ambaffadriee plénipotentiaire,
eft une relation amufante & romanefque.
Mais les commentaires hiftoriques , dont il a enrichi
les mémoires de Caftelnau , ont répandu beaucoup
de jour fur l’hiftoire de France. Son traité de
l’origine des armoiries n’eft pas affez travaillé. Le
mauvais poème de Charlemagne, qu’on lui a donné
, n’eft pas de lui, mais de Louis le Laboureur
fon frere. Jean le Laboureur mourut en 167s , à sz
ans . (D .J . ) -
MONTOIR , f. f. ( Maréchal. ) pierre haute, ou
autre perite élévation , qui fert à monter à cheval,
& à donner avantage pour monter plus aifément
deffus. Ce mot vient originairement d’Italie, où
les montoirs de pierre font plus en ufage qu’en
France.
On appelle , en parlant du cheval, le pié du mon-
loir , le pié gauche du devant, 6c le pié hors du mon-
toir, le pié droit de devant.
MONTONE, (Géogr.) petite riviere d’Italie,
nommée Fuis par les anciens. Elle a fa fource au
mont Apennin, & fe jette au-deffous de Ragufe,
dans le golfe de Venife. (D .J .)
MONT PAGNOTE, ou LE POSTE DES INVULNERABLES
, (Fortification.) eft une hauteur
qu’on choifit hors de la portée du canon d’une ville
affiégée, où les perfonnes curieufes , fans vouloir
s’expofer, fe placent pour voir l’attaque 6c la maniéré
dont fe fait le fiége. Chambers.
On donne encore ce nom aux différens endroits
d’où l’on peut v o ir , fans danger, une bataille ou
un combat.
MONTPELLIER, (Géogr.) en latin moderne
Monfpeffulahus; ville de France,la plus confidéra-
ble du Languedoc après Touloufe.
Ce n’eft point une ville ancienne, puifqu’elle doit
fon origine à la ruine de Maguelone. Elle a commencé
par un village qui fut donné à Rituin , évêque
de Maguelone , vers l’an 975 , fous le régné de
Lothaire. Cette feigneurie tomba dans le treizième
fiecle, entre les mains des rois d’Arragon, & l’an
1500 Ferdinand le Catholique céda fes prétentions
fur Montpellier à Louis XII. qui, de fon côté, renonça
à tous fes droits fur le Rouffillon.
Montpellier eft mal percée, dans une fituation défavorable
, & dans un mauvais terrain , quoique
couvert de vignes & d’oliviers. Les Calviniftes y
ont dominé depuis le régné d’Henri III. jufqu’en
i6 z z , qu’elle fe fournit à Louis XIII. Ce prince y
bâtit une citadelle, qui commande la ville & la canv
Pagne-A
L’évêché de Maguelone a été transféré à Montpellier
en 1538. Il eft fuffragant de Narbonne , &
rapporte à l’évêque environ zz mille livres de
rentes.
L umverfité de Montpellier, autrefois fameufe ,
eft ancienne , & reçut fa forme entière, en 1Z89.
On y enfeignoit le Droit dès le douzieme fiecle, 6c
les médecins arabes ou farrafins, qui furent chaffés
Tome X .
MON 689
d’Efpagne par les Goths , commencèrent à y enfei-
gner la Médecine, en 1180.
t L academie des fciences de Montpellier y eft
établie par lettres-patentes de 1706,6c eft compos
e de trente membres, outre fix honoraires.
Le commerce de cette ville eft en futaines, laines
du levant, préparées & afforties , blanchiffage de
cire jaune, tannerie , verd-de-gris , vins, eaux-de-
vie , eaux de lavande, 6c autres liqueurs.
Montpellier eft fitué à deux lieues de la mer, fur
une colline , dont la rivieré de Lez arrofe le p ié, à
8 lieues de Nifmes , 15 N. E. de Narbonne , 14 S.
O. d’Arles , zz S. O. d’Orange, 150 S. E. dé Paris.
Long, félon Caffini, z id. 24'. i3". lat. 4gd.g 6 ‘.
5 ô,/v
S. Roch, à peine connu dans l’hiftoire de Mont-
pellier, naquit pourtant dans cette ville fur la fin du
treizième fiecle , & même y mourut en 13Z7. On
fait combien fon culte eft célébré parmi les Catholiques
; mais comme perfonne n’eft, prophète chez
f o i , il n’eft pas dit un mot de ce faint, ni dans le
vieux rituel de Montpellier, ni dans le thalamus , qui
eft le régître de tous les événemens de cette ville,
depuis fà fondation.
Mais à S. Roch, il faut joindre ici les noms de
quelques hommes de lettres, qui font de fes compatriotes.
Je connois en jurifprudence Rebuffe ( Pierre), qui
donna des ouvrages latins de fa profeffion , en 4
vol. in-fol. Il entra dans l’état eccléfiaftique après
avoir été longtems laïque, 6c mourut à Paris, en
15 57, à 70 ans.
D ’Efpeiffes (Antoine) a publié un traité des Succédions,
effacé par de meilleurs ouvrages modernes.
Il mourut dans fa patrie, en 1658.
Bornier (Philippe) s?eft fait honneur dans ce fiecle
par fes conférences fur les ordonnances de Louis
XIV. Il a fini fa carrière en 1 7 1 1 , à 78 ans,
Rondelet (Guillaume) a donné l’hittoire naturelle
des poiffons , qu’on eftimoit avant que celle de l’il-
luftre Wdloughbÿ eût vû le jour.
Régis (Pierre-Sylvain) avoit beaucoup d’admirateurs
dans le tems du régné de la philofophie de
Defcartes ; fes ouvrages font, avec raifon , tombés
dans l’oubli. Il mourut en 1707, à 77 ans.
Faucheur (Michel lé) a été un des favans théologiens
, 6c des illùftres prédicateurs calviniftes fran-
çois du xvij; fiecle. Son traité de Taclioh de Vorateur
a fouffert plufieurs éditions. Il mourut à Paris, en
i 6 f j . .
Enfin, la Peyronie (François dé) premier chirurgien
de Louis X V . & membre de l’académie des
Sciences, a plus fait lui-feul pour la gloire de fon art,
que la plupart des rois, & que tous les prédéeeffeurs
réunis enfemble.Après avoir procuré l’établiffement
de l’académie de Chirurgie de Paris, en 174 1 , il a
légué tous fes biens, montant au-delà de 500 mille
livres, à la communauté des Chirurgiens de cette
v ille , 6c de celle de Montpellier. D ’ailleurs toutes
les ciaufes de fes legs ne tendent qu’au bien public ,
au progrès & à la perfeâion de l’art. Il finit fes
jours en j 747 , en immortalifant fon nom par fes
bienfaits 6c par fes talens.
Quand à Bourdon & à Raoux, fameux peintres ,
nés à Montpellier, j’en ai parlé au mot École Franço
is e . (D. J.) ‘ , v
MONTPENSIER, (Géog.) petite ville de France
, dans la baffe-Auvergne, avec titre de duché-
pairie, érigée en 1538. Elle eft fur une colline,
tout près d’Aigueperfe, à 5 lièues N. E. de Clermont
, 80 S. E. de Paris. Longit. 21. 55. lat. 45. 58.
Ici finit les jours, en iz z 6 , Louis VIII. roi de
France , qui fut couronné roi à Londres , & bientôt
obligé, du vivant même de fon pere Philippe
S S s s