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ment. Quand on vient à les caffër, on y trouve
une cavité plus ou moins régulière, qui eft entie-
ment couverte de petits cryftaux brillans & tranfi-
païens, dont les fommets font vers le centre de
la cavité. On dit que la pierre même paroît être
de la nature du marbre ; elle eft d’une couleur
jaunâtre, prend très-bien le poli, ôc reffemble affez
au marbre de Florence; à proportion de la groffeur
de la pierre, elle a tantôt un pouce tantôt un demi-
pouce d’épaiffeur; & quelquefois la pierre totale
eft enveloppée dans une autre croûte plus mince
qui reffemble en quelque façon à l’écorce du fruit.
Les Moines qui habitent le mont Carmel, difent
aux voyageurs, que c’eft par miracle que ces pierres
ont été formées ; & ils racontent, que lorf-
que le prophète Elie vivoit fur cette montagne,
voyant un jour paffer un laboureur chargé de
melons auprès de fa grotte, il lui demanda un de
ces fruits ; mais ayant répondu qqe ce n’étoît point
des melons, mais des pierres qu’il portoit, le prophète,
pour le punir, changea fes melons en pierres.
Au relie, ces prétendus melons pétrifiés ne reffem-
blent point parfaitement à de vrais melons ; on n’y
remarque point les côtes , ni la queue ou tige ; ôc
le merveilleux ceffera, iorfqu’on fera attention que
l’on rencontre en une infinité d’endroits des cailloux
ôc d’autres pierres, arrondis à ^extérieur,
dans lefquelles on trouve des cavités remplies de
cryftaux, & quelquefois même de l’eau. Ainfi les
melons pétrifiés du mont Carmel ne doivent être
regardés que comme des corps produits fuivant
l’ordre ordinaire de la nature. (—)
Melon, terme de Perruquier, eft une forte d’étui,
à peu-près de la forme d’un melon, qui s’ouvre par
le milieu, ôc dont les perfonnes qui voyagent fe
fervent pour enfermer leurs perruques, fans qu’elles
foient gâtées. Les melons font ordinairement faits
de carton battu, ôc recouvert d’une peau : ce font
les Gaîniers qui les fabriquent.
MELONGENE, f. f. {Hifi. nat. Bot.) Tourne-
fort compte douze efpeces de ce genre de plante ;
mais fes variétés ne confident que dans la différente
grandeur, forme, ôc couleur du fruit, ou dans
les piquans dont il eft armé.
Nous n’avons donc befoin que de décrire ici
l’efpece commune nommée par le même Tourne-
for t , melongena, firuchi oblongo, violaceo. Injl. rei
herb. 151.
Sa racine qui eft fibreufe & peu profonde, pouffe
une tige ordinairement fimple, d’environ un pié de
haut, de la groffeur du doigt, cylindrique, rougeâtre,
couverte d’un certain duvet qui s’en peut
aifément détacher. Elle jette des rameaux nombreux
, & placés fans ordre, qui partent des aif-
felles des feuilles.
Ses feuilles font de la grandeur de la main, &
même plus grandes, affez reffemblantes aux feuilles
de chêne, finuées ou pliffées fur les bords,
mais non crenelées ou dentelées, vertes ôc couvertes
fuperficiellement d’une certaine poudre blanche
comme de la farine. Elles font portées fur de
groffes queues,longues d’un empan;leurs nervures
font rougeâtres comme la tige, ôc quelquefois
épineufes.
A l’oppofite des feuilles, fortent des fleurs, tantôt
feules, tantôt deux à deux ou trois à trois, fur
la même tige ou la même branche. Ces fleurs font
des rofettes à cinq pointes, en façon d’étoile, amples,
finuées, blanchâtres ou purpuripes, foute-
nues par des calices hériffés de petites épines rougeâtres
, ôc divifés en cinq fegmens pointus. Quand
les fleurs font paffées, il leur fuccede des fruits,
environ de la groffeur d’un oeuf ou d’un concombre,
ÔC félon l’efpece, oblongs, cylindriques, ou
ovoïdes, folides, liffes, de couleur violette, jaune,
purpurine, blanche, noire, ou verdâtre, doux au
toucher,remplis d’une pulpe ou chair fucculente.
Ces fruits contiennent plufieurs femences blanchâtres
, applaties, qui ont pour l’ordinaire la figure
d’un petit rein, ôc reffemblent affez à la graine du
poivre d’inde.
Il eft vraiffemblable que la mélongent eft le bedin-
gian des Arabes, le tongu des habitans d’Angola,
& le belingel des Portugais. Quelques botaniftes
modernes, comme D odonée, Gérard, Lonicer, Ôc
Gefner , ont nommé le fruit de cette plante mala
ïnj'ana, des pommes dangereufes, ou mal-faines,
ou propres à rendre fou. Cependant ce fruit n’eft
nullement mal-faifant, comme il paroît par l’ufage
continuel qu’en font les Efpagnols, les Italiens, ÔC
les habitans de la côte de Barbarie dans leurs falades
& leurs ragoûts. Les habitans des Antilles les font
bouillir après les avoir pelées ; enfuite ils les coupent
par quartiers, ôc les mangent avec de l’huile
ôc du poivre. Les Anglois leur trouvent un goût
infipide; les Botaniftes qui s’embarraffent peu du
goût des fruits, cultivent la mélongene par pure
curiofité. {D . J: )
Melongene , (D i e t e . ) Le fruit de cette plante
fe mange très communément en été ôc en automne,
dans les provinces méridionales de France. La maniéré
la plus ufitée de les apprêter, c’eft de les
partager longitudinalement par le milieu, de faire
dans leur chair de profondes entailles, qui qe percent
cependant point la peau, de les laupoudrer
de fel ôc de poivre, de les couvrir de mie de pairt
ôc de perlil haché, de les arrrofer avec beaucoup
d’huile, ôc de les faire cuire avec cet affaifonne-
ment au four ou fur le gril. On les coupe aufli par
tranches longitudinales ; après les avoir pelées, on
les couvre d’une pâte fine , ôc on en prépare des
bignets à l’huile. On les mange auffi au jus comme
les cardes, avec du mouton fous la forme du ragoût
populaire qu’on appelle haricot à Paris ôc aux
environs.
Ge fruit a fort peu de goût par lui-même, mais il
fournit une bafe très convenable aux divers affai-
fonnemens dont nous venons de parler.
Prefque tous les auteurs, en y comprenant le
continuateur de la matière médicale de Geoffroy,
conviennent que la melongene eft un aliment non
feulement froid Ôc infipide, mais «hifli mauvais
que les champignons; qu’il excite des vents, des
indigeftions, ôc des fievres, &e. Tous ces auteurs fe
trompent : on en mange à Montpellier, par exemple
, pendant quatre mois confécutifs, autant au-
moins que de petits pois à Paris, dans le même
tems, C'eft-à-dire prefque deux fois par jour dans
la plus grande partie des tables : les étrangers fur-
tout les trouvent très appétiffantes, ÔC en mangent
beaucoup. On en trouve dans plufieurs potagers
de Paris, depuis quelques années, ôc j’ai vu
beaucoup de perfonnes qui connoiffoient ce mets,
en faire apprêter plufieurs fois, ôc en faire manger
à beaucoup dp perfonnes, pour l’eftomac def-
quelles c’étoit un aliment infolite ; ôc je puis affu-
rer que je n’ai jamais vû l’ufage de ce fruit fuivi
de plus d’accidens que la nourriture la plus innocente.
(b)
MELONNIERE, f. f. {Jardinage.) eft l’endroit du
jardin où s’élèvent les melons;il eft ordinairement
renfoncé ôc foutenu par des murs ou entouré de
brifes-vent de paille. Les couches qu’on y forme
fervent non feulement à élever les plantes les plus
délicates, mais elles fourniffent tout le terreau fi
néceffaire dans les jardins.
MELOPÉE, f. f. MiXoTTona,, (Mufique.) étoit dans
la tnufique greque, l ’art pu les réglés de la çpmpofition
du chant, dont l ’exécution s’appelloit mélodie,
voyez ce mot.
Les anciens a voient diverfes réglés pour la maniéré
de conduire le chant, par degrés conjoints ,
disjoints ou mêlés, en montant ou en defcendant.
On en trouve plufieurs dans Ariftoxene qui dépendent
toutes de ce principe, que dans tout fyftème
harmonique, le quatrième ou le cinquième fon
après le fon fondamental, on doit toujours frapper
la quarte ou la quinte jufte , félon que les tétra-
cordes font conjoints ou disjoints; différence qui
rend un mode quelconque authentique ou plagal,
au gré du compofiteur.
Ariftide Quintilien divife toute la mélopée en trois
efpeces qui fe rapportent à autant de modes, en prenant
ce nom dans un nouveau fens. La première étoit
Yhypatoide appellée ainfi de la corde hypate, la principale
ou la plus baffe ; parce que le chant régnant
feulement fur les fons graves, ne s’éloignoit pas
de cette corde, ôc ce chant étoit approprié au mode
tragique. La fécondé efpece étoit la mefo'ide, de
méfié, la corde du milieu, parce que le chant rou-
loit fur les fons moyens, ôc celle-ci répondoit au
mode noinique confacré à Apollon. Et la troifieme
s’appelloit netoide, de neté, la derniere corde ou la
plus haute : fon chant ne s’étendoit que fur les fons
aigus, ôc conftituoit le mode dithyrambique ou bacchique.
Ces modes en avoient d’autres qui leur
étoient en quelque maniéré fubordonnés, tels que
l’hérotique ou amoureux, le comique, ôc l’encof-
miafque deftiné aux louanges. Tous ces modes étant
propres à exciter ou à calmer certaines pallions,
influoient beaucoup dans les moeurs : ôc par rapport
à cette influence, la mélopée fe partageoit encore
en trois genres; fa voir, i°. Le fiyfialique, ou
celui qui infpiroit les pallions tendres ôc amou*
reufes, les pàflîons triftes ôc capables de refferrer
le coeur, fuivant le fens même du mot grec. i°. Le
diafialtique, ou celui qui étoit propre à l’épanouir
en excitant la joie, le courage, la magnanimité,
ôc les plus grands fentimens. 30. V éfiuchafiique, qui
tenait le milieu entre les deux autres, c’eft-à-dire,
qui ramenoit l’ame à un état de tranquillité. La
première efpece de mélopée convenoit aux poéfies
amoureufes, aux plaintes, aux lamentations, ôc
autres expreflions femblables. La fécondé étoit ré-
fervée pour les tragédies ôc les autres fujets héroïques.
La troifieme, pour les hymnes, les louanges,
les inftruélions. ( S )
MELOPEPO, (Botan.) genre de plante qui différé
des autres cucurbitacées, en ce que fon fruit
eft rond, ftrié, anguleux, divifé le plus fouvent en
cinq parties, ôc rempli de femences applaties ôc
attachées à un placenta fpongieux. Tournef. infi.
rei herb. Voye^ PLANTE.
MELOPHORE, adj. ( Littér. greq.) furnom de
Çérès, qui fignifie celle qui donne des troupeaux.
Cérès mélophore avoit à Mégare un temple fans toit.
Le mot mélophore eft formé de pîixev, brebis , ôc de
çépa, je porte. {D . J.)
MELOS, (Géog. anc.) nom commun à quelques
lieux, i°. Mélos, petite île de l’Archipel, dont le
nom moderne eftMilo. z°. Mélos, ville de Theffa-
lie. 30. Mélos, ville fituée à l’extrémité de l’Efpa-
gne, auprès des colonnes d’Hercule. ( D .J .)
MÉLOS, terre de, ( Hifi. nat.) nom donné par
quelques auteurs anciens à une terre qui fe trouve
dans l’île de Mélos dans l’Archipel. On dit qu’elle eft
ji’un blanc tirant fur le gris, feche, friable, ôc un
peu liée. Il y a tout lieu de croire que c’eft une efpece
de marne. Les anciens l’appelloient terramelia;
il ne faut point la confondre avec la terre qu’ils
nommoient melinum, Voyez cet article, (—)
Tome X ,
MÊLOTE, f. f. (Antiq. eccl.) Ce mot purement
grec, ^tîxareç, fe prend en général félon Henri
Etienne, pour la peau de toutes fortes de quadrupèdes
à poil ou à laine ; mais il defigne en particulier
une peau de mouton ou une peau de brebis
avec fa toifon : car fiUxov fignifie brebis. Les premiers
anachorètes fe couvroient les épaules avec
une mélote, ÔC erroient ainfi dans les deferfs. Partout
où la vulgate parle du manteau d’Élie, les
Septante difent la mélote d’Élie. M. Fleury, dans
fon Hfioire eccléfiafiique, rapporte que les difciples
de S. Pacôme portoient une ceinture, ôc deffus la
tunique une peau de chevre blanche , nommée en
grdfc fin*.oTtç, qui couvroit les épaules. Il ajoute
qu’ils gardoienc l’une ôt l ’autre à table ôc au lit;
mais, que, quand ils venoient à la communion,
ils ôtoient la mélote ôc la ceinture , ôc ne gardoient
que la tunique. (JD, J.)
MELOUE, ou MELAVE, (GéogJ) petite ville de
la haute Egypte, fur la riviere occidentale du Nil,
prefque vis-à-vis d’AnfoIa, à 4 lieues d’infine qui
eft l’Antinopolis des anciens. Long. qg. J o . lat. zy.
r a r a f f l n M I
MELPES, ( Geograph. anc.) riviere de la grande
Grece, auprès du promontoire Palinure, félon Pline
, lib. III. cap. v. Le nom moderne eft la Molpa,
riviere du royaume de Naples, dans la principauté
citérieure. (D . J.)
MELPOMENE, (Mythol.) une des neufMufes.
Son nom fignifie attrayante, ôc les poètes la font
préfider en particulier à la tragédie.
Dans une ficene intérefifante
Retraçant d'illufires malheurs ,
Vois Meipomene gémifijante
De nos yeux arracher des pleurs t,
Sur Pâme vivement atteinte
La compafijîon & la crainte
Font d'utiles impnjjions,
JSt l ’affnufe image dû crime
Dont le coupable efi la victime,
Du coeur purge les pa fions.
On repréfente Meipomene avec un vifage férieux,1
tenant le poignard d’une main, ôc des lceptres de
l’autre.
La Pitié la finit gémijfiante ;
La Terreur, toujours menaçante,
La fiouttent d'un air éperdu.
• Quel infortuné faut-il plaind-e?
Ciel! quel efi le fiang qui doit teindre
Le fier qu'elle tient fiuj'pendu ?
Cependant cette mufe, fous le nom de laquelle
on nous peint le vrai carattere du tragique; cette
mufe, dis-je, qu’on a tant de raifons d’admirer, n’eft
autre chofe dans Horace que la poéfie même, le feu,
l’harmonie, ôc l’enthoufiafme : l’art ôc l’étude peuvent
bien les régler; mais la nature feule en fait
préfent à ceux à qui elle deftine fes lauriers ; Ôc fans
le don de fes faveurs, on ne méritera jamais le beau
nom de poète. (Z). J .)
MELPUM, {Géog. anc.) ancienne ville d’Italie
dans l’Infubrie. Elle ne fubfiftoit déjà plus du tems
de Pline. On foupçonne que c’eft Melqo, bourg du
Milanez. {D . J .)
MELTE, f. f. {Jurifpr.) terme ufité dans quelques
coutumes pour fignifier l*étendue de la jurif-
diftion d’un juge. V o y t { District 6* Ressort.
MELTRISCHSTATT, {Géogr.) ou MELLER-
STATT, en latin moderne, Melrifiadium , ville ruinée
d’Allemagne, au cercle de Franconie , dans
l’évêché de Wurtzbourg, chef-lieu d’un bailliage
de même nom, fur le Strat. Elle eft renommée par.
S s ij