d ’Edouard I. elle étoit en Angleterre, comme chez
les anciens, de io à i ; mais aujourd’hui elle eft
montée à 16 , & c’eft fur ce pié-là qu’on a fait les
calculs précédens ; mais ils paroîtront encore plus
clairs parles tables de ces évaluations que nous allons
joindre ici. : -
Monnoie des Hébreux, félon Brerewood. I. fi. fc. f .
La drachme valôit . . . . . . . . 9
Deux drachmes fàifoient le béka,
ou le demi-ficle ; qui étoit la fomme
que chaque juif payoit au temple, . . . 1 6
Deux’békas fàifoient le ficle, . . . . 3
Soixante ficles fàifoient la mine , . 9 . •
Cinquante mines fàifoient lè talent, 450 . .
Le talent d’o r , fur le pié de feize
d’argent, ...........................................7100 . .
Monnaies d'Alexandrie. I. fi. fc. f .
La drachme d’Alexandrie valant
deux drachmes d'Athènes , fur le
piéoh cette drachme étoit en Judée, . . 1 6
Le didràchme, ou les deux drachmes
, qui fàifoient le'fîcle hébreu , . . . 3 .
Les 60 didrachines, qui fàifoient
la mine , . . . . . • . . . 9 . .
Les 50 mines qui fàifoient le talen
t, ............................................45° • •
Letalentd’or,àraifonde iôd’ar-
Çent, . . . . . . . « 7 1®0 . • •
‘ Ceux qui defireront de plus grands détails , peuvent
consulter le livre de l’évêque Cumberland , des
mefurcs , des poids & de la monnoie des Juifsj Brerewood
, de ponderibus & pràtiis vettrum nummorum /
Bernard, de menfuris & ponderibus antiquis, & autres
fa vans anglois qui Ont traité le même fujet. ( D. J. )
Monnoie réelle & Monnoie imag in air e ,
( Monnoies. ) fur le pié qu’eft préfentement la mon
noie, on la divife en monnoie réelle ou etïC&ive, &
en monnoie imaginaire ou de compte.
On nomme monnoie réelle ou effective, toutes les
efpeces d*or, d’argent, de billon , de ciiivre, & d’autres
matières qui ont cours dans le commerce ,& qui
exiftent réellement ; tels que font les louis, les gui-
nées, les éetts, les richedales , les piaftres, les fe-
quins, les ducats, les roupies , les abafiis > les la-
rins, &c.
La monnoie imaginaire ou de compte , eft cellequi n’a
jamais exifté , ou dlr moins qui n’exifte plus en efpeces
réelles, mais qui a été inventée ou retenue pour
facil.ter les comptes, en les dreflant toujours fur un
pié fixe & non variable , comme les monnoies qui
ont cours, que l’autorité du fouverainpeut augmenter
ou diminuer à fa volonté.
11 y a cependant encore quelques endroits oit des
monnoies courantes fervent aufli de monnoies de
compte. Mais nous ferons un article particulier des
principales monnoies de compte de l’Europe 6c de
l'Afie. Voye{ Mo nnoie«/« compte des modernes. \ c’eft
allez de dire ici,que la monnoie de compte eft compofée
de certains nombres d’efpeces qui peuvent changer
dans leur fubftance , mais qui font toujours les mêmes
dans leur qualité ; par exemple , cinquante livres
font compofées de cinquante pièces appellées
livres, qui ne font pas réelles, mais qui peuvent être
payées en diverfes efpeces réelles, lefquelles peuvent
changer , comme en louis d’or ou d’argent ,
qui en France augmentent ou diminuent fouvent de
prix.
L’on peut confidérer plufieurs qualités dans les
monnaies réelles ; les unes qui font comme effentielles
& intrinfeques aux efpeces : favoir , la matière 6c la
forme ; & les autres feulement arbitraires , & en
quelque forte accidentelles ; mais qui ne laiffent pas
d’être fcparables, comme le volume , la figure , le
nom, le grenetis, la légende, le milléfime, le diffé
rent, le point fecret & le lieu de fabrication. On
va parler en peu de mots des unes & des autres.
La qualité la plus efl'entielle de la monnaie eft la
matière. En Europe on n’y emploie que l’o r , l’argent
& le cuivre. De ces trois métaux il n’y ,a plus que le
cuivre qu’on y emploie pur ; les autres s’allient en-,
femble ; l’or avec l’argent & le cuivre , & l'argent
feulement -avec le cuivre : c’eft de l’alliage de ces
deux derniers que fe compofe cette matière ou ce
métal qu’on appelle billon. Poye^ Monnoie DE BILLON.
Les degrés de bonté de l’or & de l’argent mon-
noyés , s’eftiment & s’expriment différemment. Pour
l ’o r, on le lert du terme de karats, & pour l’argent,
de celui de deniers, k'oye^ K arat & D enier.
• Plufieurs railons femblent avoir engagé à ne pas
travailler [es monnoies fur le fin, 6c à Te lervir d'al- 1
liage ; entr’autres le mélange naturel des métaux,
la dépenfe qu’il faudroit faire pour les affiner , la
néceffité de les rendre plus:durs , pour empêcher que
le fret ne les diminue, 6c la rareté de l’or 6c de l’argent
dans de certains pays.
L’autre ehofe effenriellè-à la monnoie 9 après \a matière
, eft ce que les Morinoyeurs appellent la forme9
qui confifte au poids de l’elpece , en la taille , au
remede de poids, en l’impreflionqu’elle porte, & en
la valeur quon lui donne.
Par iepoids , on entend la pefanteur que le fotf-
verain a fixée pour chaque efpece ; ce qui fert, en
les comparant , à reconnoître celles qui lotit altérées
; ou même les bonnes d’avec celles qui font
faiifl'es, ou fourrées.
La taille eft la quantité des efpeces que le prince
ordonne qui l'oient faites d’un marc d’Or, d’argent ou
de cuivre.
Le remede de poids eft la permiflion qui eft accordée
aux maîtres des monnoies , de pouvoir tenir le
marc d’efpeces plus foible d’une certaine quantité de
grains que le poids jufte, ce qui s’appelle foiblage.
L'imprtffion, qu’on nomme aufli image , eft l’empreinte
que reçoit chaque morceau de métal ; la
marque qui lui donne cours dans le public, qui le
fait devenir denier de monnoyage, en un mot qui le
fait piece de monnoie ; marque fans laquelle il n’eft
qu’un Ample morceau d’o r , d’argent ou de cuivre »
qui peut bien être employé à divers ouvrages , ou
vendu pour une autre marchandife, mais non pas
être reçu fur le pié de ceux qui portent cette im-
prefîion ordonnée par le fouverain.
Enfin la valeur de la monnoie, c’eft le pié fur lequel
les efpeces font reçues dans le commerce , pié
différent de leur prix intrinfeque ; à caufe qu’outre
la valeur de la matière, les droits du prince qu’on
appelle feigneuriage, & les frais de la fabrication ,
qu’on nomme braffage, y doivent être ajoutés.
A l’égard des qualités moins effentielles , le volume
de la monnoie n’eft autre chofe que la grandeur 6c
l’épaifleur de chaque piece. La figure, c’eft cette forme
extérieure qu’elle a à la vue ; ronde en France ;
irrégulière & à plufieurs angles en Efpagne ; quarrée
en quelques lieux des Indes ; prefque l'phcrique dans
d’autres , ou de la forme d’une petite navette en
plufieurs.
Le nom lui vient, tantôt de ce que repréfente l’empreinte,
comme les moutons & les angelots ; tantôt
du nom du prince, comme les Louis, les Philippes,
les Henris ; quelquefois de leur valeur , comme les
quarts d’écus 6c les pièces de douze Ibus ; 6c d’autres
fois du lieu où les efpeces (ont frappées, comme
autrefois les parifis 6c les tournois.
Le grenetis eft un petit cordon fait en forme de.
grain, qui régné tout-au-tour de la piece, 6c qui enferme
les légendes des deuxcôt;és. Outre l’ornement
que les pièces en reçoivent, il rend plus difficile
Paltération desmonnoies 9 qui fe fait par la rognure.
On a depuis ajouté les légendes', ou les cordonnets
fur la tranche, qui achevé de rendre cette forte
d’altération impoflible.
La légende eft Yinfcription qui eft gravée d’un côté
autour de l’effigie, 6c de l’autre autour de l’écuffon ,
c>u qui quelquefois remplit tout un des côtés d’une
piece de monnoie. On vient de dire qu’il y a une troisième
légende qui fe met fur la tranche. La légende
de l’effigie contient le nom 6c les qualités du prince
qui y eft représenté ; les autres font fouvent compofées
de quelque pàifage de l’Ecriture-fainte, ou
de quelques mots , comme ceux des devifes, ou même
du prix de la piece. On ne parle que de ce qui fe
pratique préfentement en Europe.
Le mïlléfime marque l’année que chaque piece a
été frappée. Depuis l ’ordonnance de Henri II , de
1549 , elle fe met dans ce royaume en chiffres arabes
du côté de l’éeuffon : auparavant on ne connoif-
foit guere le tems du monnoyage que par le nom du
prince > ou par celui des monétaires.
L e différente^, une petite marque que les tailleurs
particuliers & les maîtres des monnaies choififfent à
leur fantaifie ; comme un foleil ,une rofe, une étoile,
un croiffant, &c. Elle ne fe peut changer que par
Tordre de la cour des monnoies ou des jnges^ardes.
Elle fe change néceffairement à la mort des tailleurs
& des maîtres, ou quand il y a de nouveaux juges-
gardes ou effayeurs.
Le point fecret étoit autrefois un point qui n’étoit
connu que des officiers dè chaque monnoie. Il fe met-
toitfous quelque lettre des légendes , pour indiquer
le lieu des fabriques. Le point fecret de Paris lepla-
çoit fur le dernier« de benedictus , 6c celui de Rouen,
fous le b du même mot. Ce point n’eft plusd’uiage ;
on fe contente préfentement de la lettre de l’alphabet
romain que les ordonnances de nos rois ont attribuée
à chaque ville de ce royaume oh il fe fabrique
des monnoies?.
Enfin , les monnoies réelles peuvent être fauffes,
altérées, fourrées, foibles.
La faujje monnoie eft celle qui n’eft pas fabriquée
avec les métaux ordonnés par le fouverain ; comme
feroient des louis d’or de cuivre doré, des louis d’argent
d’étain couverts de quelques feuilles de fin.
La monnoie altérée eft celle qui n’eft pas faite au
titre, & du poids porté par les ordonnances, ou qui
ayant été fabriquée de bonne qualité, a été diminuée
de fon poids , en la rognant, en la limant fur la tranche
, ou en enlevant quelque partie de la fuperficie
avec de l’eau régale fi c’eft de l’o r , ou avec de l’eau-
forte fi c’eft de l’argent.
La monnoie fourrée eft celle qui tient, pour ainfi
dire , le milieu entre la fauffe monnoie 6c la monnoie
altérée. Elle eft faite d’un morceau de fer, de cuivre,
ou de quelqu’autre métal que le faux monnoyeur
couvre des deux côtés de lames d’or ou d’argent,
fuivant l’efpece qu’il veut contrefaire , & qu’il Coude
proprement 6c avec jufteffe au-tour de la tranche.
Le faux-flaonfe frappe comme les véritables, 6c
peut même recevoir la légende 6c. le cordonnet de la
tranche. On ne peut découvrir la fauffeté de ces
fortes de pièces que par le poids, ou par le volume,
qui eft toujours plus épais ou plus étendu que dans
les bonnes efpeces.
La monnoie foible eft celle où il y a beaucoup d’alliage
; 6c la monnoie forte, celle ou il y en a le moins.
On appelloir autrefois monnoie blanche, celle d’argent
, & monnoie noire, celle de billon. M. Boizard
vous expliquera tous les autres termes qui ont rapport
aux monnoies : conlultez-le.
Quant au monnayage, au marteau 6c au moulin,
yoyez-en Y article.
Plufieurs favans ont traité des monnoies réelles 6c
fictives t tant de celles des anciens, que de celles des
modernes: par exemple , Freherus Agricola , Span-
heim, Sueldius , Selden , &c. en France, Budé ,
Dumoulin, Sarot, Ducange, Bouteroue > le Blanc,
Boizard, Dupré-de-faint-Maur; en Angleterre, Brerewood
> Bernard, Locke, Arbuthnot, 6c autres.
{ D . J . )
Monnoie b r a c t e a t e , {Monnoies.) Les antiquaires
défignent fous le nom de braciéates une efpece
de monnoie du moyen âge, dont la fabrique offre des
fingularités remarquables à certains égards , malgré
la légèreté du poids 6c les défauts du travail.
Ge font des pièces , ou plutôt de fimples feuilles
de métal, chargées d’une empreinte groflîere ; la
plupart font d’argent, prefque toutes frappées en
creux ,& par conséquent fur un fenl côté : plufieurs
ne paroiffenc l ’avoir été que fur des coins de bois.
L’origine n’en remonte point au-delà des fiecles barbares
: communes en Suede , en Danemark 6c dans
les diverfes provinces de l’Allemagne , oh l’ufage
s en eft perpétué long-tems, elles font très-peu connues
dans les autres pays de l’Europe.
Par-tout oh ces monnoies eurent cours, on doit
les y regarder comme une production de l’ art oïl
naiflànt ou dégénéré : ce font des ébauches qui fuf-
firoient feules à caraétérifer le mauvais goût & l’ignorance
des tems écoulés entre la chûte 6c la re-
naiflance dés Lettres. Mais il n’eft point d’objet indifférent
pour la vanité des hommes. L’origine des
monnoies braciéates fe trouve revendiquée par tous
les peuples qui s’en font fervis, fansvdoute comme
le monument d’une antiquité refpeâable , dont ils
croient tirer quelqu’avantage fur leurs rivaux &C
leurs voifins. Cette diverfite de fentimens a fait de
Tépoque de ces monnoies un problème dont la folu-
tion demande un examen épineux. ■
En 1751 le hafard fit naître à M. Schoepflin l’idée
d’approfondir la queftion , 6c de communiquer à
l’académie de Paris fes recherches & fes vûes fur
i cette matière, dont nous allons faire ufage.
' On découvrit en 1736 un dépôt de monnoies brac-
téates dans le monaftere de Guengenbach , abbaye
du diocèfe de Strasbourg, au-delà du Rhin , par rapport
à nous , 6c l’une des plus anciennes de l’ordre
de faint Benoît. On y trouva deux petites urnes gri-
fes de terre cuite, pofées l’une auprès de l’autre ,
dans un mur qui paroît avoir fait partie d’un tombeau.
De ces vafes, l’un ne contenoit que des charbons
, l’autre renfermoit plufieurs monnoies bractéa-
tes : chaque vafe avoit pour couvercle un morceau
de brique.
Ces fortes de monnoies font a fiez rares : elles
avoienttrop peu de folidité pour être durables. Toutes
celles qui n’ont pas été renfermées dans des vafes
fe font détruites , parce qu’elles n’étoient point
en état de fe préferver par elles-mêmes d’un déchet
prompt dans la matière, & d’une altération plus
prompte encore dans la forme. Quoique plus communément
répandues en Allemagne qu’ailleurs, ce
n’eft pourtant point en Allemagne que l’ufage s’en eft
d’abord établi.
Ce feroit même par une interprétation forcée de
quelques termes obfcurs , qu’on leur afligneroit,
avec Tiiemann Frife, une origine antérieure à l ’ere
chrétienne. D ’autres écrivains la placent cette origine
au vij. fiecle depuis Jefus-Chrift ; leur opinion
eft plus vraiffemblable , mais fans être mieux fondée.
Les lois des Saliens , des Ripuaires , des Vifi-
goths, des Bavarois 6c des Lombards , lois dépoli«
taires de leurs ufages , fourniffent par leur filence
une preuve fans réplique que ces peuples n’ont point
connu les braciéates ; dont la forme n’a nul rapport
avec celle des lois 6c des deniers mentionnés dans
ces lois , ainfi que dans les capitulaires. Elle n’en a