jo M A N
plufieurs auteurs confondent affez généralement le
manomètre avec le baromètre, & M. Boyle lui-meme
nous a donné un vrai manomètre fous le nom de baromètre
jlatique.
Cet infiniment confifte en une boule de verre E ,
fia, ,2. pneum. très-peu épaiffe & d’un grand volume
qui eft en équilibre avec un très,petit poids , par le
moyen d’une balance ; il faut avoir foin que la balance
foit fort fenfible, afin que le moindre changement
dans le pois E la faffe trébucher ; 6c pour juger
de ce trébuchement V on adapte à la balance
une portion de cercle A D C . Il eft évident que quand
l’air deviendra moins denfe & moihs pefant, le poids
delà b o u le t augmentera, 6c au contraire : de forte
que cette boule l’emportera fur le poids ou le poids
fur elle. Voye{ Ba r om e t t e .
Dans les mémoires de Vacadémie de tyoS , on trouve
un mémoire de M. Varignon, dans lequel ce geome-
tre donne la defeription d’un manomètre de fon invention
, 6c un calcul algébrique par le moyen duquel
on peut connoître les propriétés de cet inftrument.
( O )
M ANOSQUE, Manofca, ( Gèog.) ville de France
eh Provence fur la Durance, dans la viguerie de
Forcalquier, avec une commanderie de 1 ordre de-
Malthe. Elle eft dans un pays très-beau & très-fertile
, à 4 lieues S. de Forcalquier, 1 54S. E. de Paris.
Long. 23.3O. lat. 43 .62.
Dufour (Philippe Sylveftre) , marchand droguifte
à Lyon, mais au-deflus de fon état par fes ouvrages,
étoit de Manofque. Il mourut dans le pays de Vaud
en 1685 , à 63 ans. f .
MANOTCOUSIBI, (Géogr.) nviere de l’Amen-
que feptentrionale , au 59 degre dè latitude nord ,
dans la baie de Hudfon. Les Danois la découvrirent
en 1668 ; on l’appelle encore la rivière danoife, 6c les
Anglois la nomment Churchill. (D . J.)
' MANQUER , v. a&. ( Gram. ) il a un grand nombre
d’acceptions. Voye^-en quelques-unes dans les
articles fuivans.
Man q u er , ( Comm. ) fignifiefaire banqueroute,
faire faillite. Voye1 BANQUEROUTE & FAILLITE.
On voit fouvent manquer de gros negocians 6c des
banquiers accrédités, foit par leur mauvaife conduite
, foit par la faute de leurs correfpondans.
Manquer en Marine fe dit d’une manoeuvre qui
a largué , ou lâché , ou qui s’eft rompue.
Manquer , en Jardinage , fe dit d’un jardin qui
manque d’eau, de fumier : les fruits ont manqué cette
année.
MANRESE, (Géog.) en latin Minorifa, ancienne
petite ville d’Efpagne dans la Catalogne, au confluent
du Cordonéro & du Lobrégat, à 9 lieues N.
O. de Barcelone, 6 S. E. de Cardonne. Long. 19.3 o.
lat. 41. 3 6 .
MANS, le , ( Géogr.) ancienne ville de France
fur la Sarte , capitale de la province du Maine. C’eft
la même que la table de Peutinger appelle Suindi-
num. Dans les notices des villes delà Gaule elle eft
nomméecivitas Cenomanorum. Sous le régné de Charlemagne
c’étoit une des plus grandes & des riches
villes du royaume ; les tems l’ont bien change. Pref-
que dans chaque fiecle elle a éprouvé desincurfions,
desfiéges, des incendies, & autres malheurs fem-
blables, dont elle ne fauroit fe relever. Elle contient
à peine aujourd’hui neuf ou dix mille âmes. Son évêque
fe dit le premier fuffragant de l’archevêché de
Tours, mais cette prétention lui eft fort conteftée.
Son évêché vaut environ 17000 livres de revenu.
Le Mans eft fur une colline , à 8 lieues N. O. d’Alençon,
17 N. O. de Tours, 19 N. E. d’Angers, 30
N. E. d’Orléans , 48 S. O. de Paris. Longit. félon
Caflini, \J . 3 6 '. 30". lat. 47. 58. (JD. J.)
MANSART , ( Hijl. nat.) voye{ RAMIER.
- M A N
MANSARD, f. m. (Docimafi.Jon appelleainfi dans
les fonderies un inftrument avec lequel on prend les
e fiais du cuivre noir, 6c qui eft une verge de fer au
bout de laquelle eft une efpece de cifeau d’acier poli.
Dans chaque percée de la fonte, aufli-tot que la matte
eft enlevée, on trempe un pareil inftrument, le cuivre
noir s’attache àTacier poli, & on 1 en fepare
pour l’ufage. Tiré du fehlutter de M. Hélot.
MANSARDE , f. f. terme d Architecture. On nomme
ainfi la partie de comble brifé qui eft prefque à-
plomb depuis l’égoût jufqu’à la panne de brefée, oii
elle joint le vrai comble. On y pratique ordinairement
des croifées. On doit l’invention de ces fortes
de combles à François Manfard , célébré architeâe.
MANSEBDARS, f. m. ( Hifioire mod. ) nom qu’on
donne dans le Mogol à un corps de cavalerie qui
compofe la garde de l ’empereur, 6c dont les foldats
font marqués au front. On les appelle ainfi du mot
rnanfeb , qui fignifie une paye plus confidérable que
celle des autres cavaliers. En effet, il y a tel manfeb-
dar qui a jufqu’à 750 roupies du premier titre de
paye par an , ce qui revient à 1075 üvres de nofr®
monnoie. C ’eft du corps des manfebdars qu’on tire
ordinairement lesomrhas ou officiers généraux. Voye^
O mrh as. ( G ) • -
MANSFELD , Mansfeldia , ( Géogr.) petite ville
de même nom , avec titre de comté. Elle eft à 14
lieues S. O. de Magdebourg , 18 N. E. d’Erfort,
19 S. O. de Wirtemberg. Long. 23 .3 0 . lat. 5i. 35.
Vigand (J e an ) , favant théologien, difciple de
Mélan&hon, a illuftré Mansfeld fa patrie, en y recevant
le jour. Il eft connu par plufieurs ouvrages
eftimés, 6c pour avoir travaillé avec Flaccuslllyricus
aux centuries de Magdebourg. Il décéda en 1587» à
64 ans. ( D . J . )
M ANSFENY, f. m, (Hi/l. nat.) oifeau de proie d A-
mérique ; il reffemble beaucoup à l’aigle ; il n’eft
guere plus gros qu’un faucon , mais il a les ongles
deux fois plus longs & plus forts. Quoiqu’il foit bien
armé, il n’attaque que les oifeaux qui n’ont point de
défenfe , comme les grives , les alouettes de mer ,
les ramiers, les tourterelles, &c. Il vit aufli de fer-
pens 6c de petits lézards. La chair de cet oifeau eft
un peu noire 6c de très-bon goût. Hifi. g(n. des An-,
tilles, par le P. du Tertre
MANS-JA , f. m. ( Commerce.') poids dont on fe
fert en quelques lieux de la Perfe, particulièrement
dans le Servan 6c aux environs de Tauris. Il pefe
douze livres un peu légères. Dictionnaire de Commerce.
( G )
MANSION , f. f. (Géogr.) Ce mot doit être employé
dans la géographie de l’Empire romain lorfqu il
s’agit de grandes routes. C ’eft un terme latin, manfio 9
lequel fignifie proprement demeure ^fejour, & meme
fes autres acceptions font toutes relatives à cette
lignification. _ .
i° . Quand les Romains s’arrêtoient un petit nombre
de jours pour laiffer repofer les troupes dans des
camps , ces camps étoient nommes manfiones ; mais
s’ils y paffoient un tems plus confiderable, ils s ap-.
pelioient fiativa cafira. v.
2°. Les lieux marqués fur les grandes routes, ou
les légions, les recrues, les généraux avec leur fuite,
les empereurs mêmes trouvoient tous leurs befoins
préparés d’avance, foit dans les magafins publics ,
foit par d’autres difpofitions, fe nommoient manfio-
nés. C ’étoit dans une manfion , entre Heraclée 6c
Conftantinople , qu’Aurelien fut affafliné par deux
de fes gens. Ces manfions étoient proprement affectées
à la commodité des troupes ou des perfonnes
revêtues de charges publiques, & on leur fournif-
foit tout des deniers de l’état. Celui qui avoit lin-
tendance d’une manfion fe nommoit manceps ou fia*
tionarius.
M A N
3°. Il y avoit outre cela des manfions ou gîteâ
pour les particuliers qui voyageoient , & oii ils
étoient reçus en payant les frais de leur dépenfe :
c ’étoient proprement des auberges. C ’eft de, ce mot
de manfio, dégénéré en mafio , que nos ancêtres ont
formé le mot de maifon.
40. Comme la journée du voyageur finifîbit au
gîte ou à la manfion, de-là vint l ’ufage de compter
les diftances par manfions, c’eft-à-dire par journées
de chemin. Pline dit manfionihus o3o fiat regio thuri-
fera à monte exc.elfo. Les Grecs ont rendu le mot de
manfion par celui Je fiathmos, tnaûfjoç. ( D . J . )
MANSIONNA1RE, f. m. ( Hifi. eçcléf. ) officier
eccléfiaftique dans les premiers fiecles , fur la fonction
duquel les critiques font fort partagés.
Les Grecs les nommoient wapa/xovapioc : c’eft fous
ce nom qu’on les trouve diftmgués des économes &
des défenfeurs dans le deuxieme canon du concile
de Chalcédoine. Denis le Petit, dans fa verfion des
canons de ce concile, rend ce mot par celui de man-
fionarius , qu’on trouve aufli employé par faint Grégoire
dans fes dialogues , liv. I. & III.
Quelques-uns penfent que l’office de manfionnaire
étoit le même que celui du portier , parce que faint
Grégoire appelle abundius le manfionnaire, le gardien
de l’églife , eufiodem ecclefice ; mais le même pape
dans un autre endroit remarque que la fonâion du
manfionnaire étoit d’avoir loin du luminaire & d’allumer
les lampes & les cierges , ce qui reviendroit
à-peu-près à l’office de nos acolytes d’aujourd’hui.
Juftel & Beveregius prétendent que ces manfionnai-
res étoient des laïcs & des fermiers qui failoient valoir
les biens des églifes ; c’eft aufli le fentiment de
Cu jas, de Godefroi, de Suicer & de Voflius. Bing-
ham, orig. ecclef. tom. II. lib. III. c. xïij. § . i . ( G )
MANSlONILE, (Géog.) terme de la latinité barbare
, employé pour fignifier un champ accompagné
d’une maifon , pour y loger le laboureur. On a dit
également dans la baffe latinité manfionile , manfio-
nilis , manfionillum , manfile , mafnile, mefnillum ; de
ces mots on en a fait en françois Maijnil, Mefnil,
Ménil : de-là vient encore le nom propre deMénil &
celui de du Mefnil. Il y a encore plufieurs terres dans
le royaume qui portent le nom de Blanc - Ménil j
Grand-Ménif Petit-Ménil, Ménil-Piquet, & c.
On voit par d’anciennes chroniques qu’on mettoit
Une grande différence entre manfionile & villa. Le
premier étoit une maifon détachée & feule, comme
on en voit dans les campagnes , au lieu que villa fi-
gnifioit alors tout un village. (D . J .)
MANSOÜRE ou MASSOURE, ( Géogr. ) forte
ville d’Egypte qui renferme plufieurs belles mof-
quées ; c ’eft la réfidence du cafcief deDékalie. Elle
eft fur le bord oriental du N il, près de Damiete.
C ’eft dans fon voifinage qu’en 1149 fe livra le combat
entre l ’armée des Sarrafins & celle de S. Louis,
qui fut fuivie de la prife de ce prince & de la perte
de Damiete. Long. 49. 36. lat. 27. ( D . J . )
MANSTUPRATION ou MANUSTUPRATION-
(Médec. Pathol.) Ce nom & fes fynonymes mafiu-
pration & mafiurtion, font compofés de deux mots
latins manuSf qui fignifie mainy&i flupratio ou fluprum,
violement,pollution. Ainfi fuivant leur étymologie,
ilsdéfignent une pollution opérée parla main, c’eft-à-
dire , une excrétion forcée de femence déterminée
par des attouchemens, titillations & frottemens impropres.
Un auteur anglois l’a aufli défignée fous
le titre d'onania dérivé d'Onam, nom d’un des fils
de Juda, dont il eft fait mention dans l’ancien Tefta-
ment (Genef. cap. xxxviij. verf. ix. & x.) dans une
efpece de traité ou plutôt une bifarre colleâion
d’obfervations de Médecine, de réflexions morales,
& de décifions théologiques fur cette matiere.M.Tif-
lot s’eft aufli fervi, à fon imitation, du mot d’ona-
Tome X ,
M A N 51
nifint dans la traclu&ion d’une excellente diffeha-
tion qu’il avoit composée fiir les maladies qui font
une fuite de là manuflupration, & dont nous avons
tiré beaucoup pour cet article.
Dé toutes les humeurs qui font dans notre corps j
il n’y en a point qui foit préparée avec tant de dépenfe
& de foin que là femence, hiimeut pré'cieufey
lource & matière de la vie. Toutes les parties concourent
à fa formation '; & elle n’eft qu’un extrait
digéré du fuc nourrièief, ainfi qu’Hippoetate &
quelques anciens l’a voient pen féj& comme nous
l’avons prouvé dans une thefe fur la génération *
foutenue aux écoles de Médecine de Montpellien
:Voyj{ Semence. Toutes les parties concourent
auiïi à fon excrétion,& elles s’en teftéhjent après*
par une efpece de foibleffe, de laffitude & d’anxiété.
11 eft cependant un tems Où. cette excrétion
eft permife, où elle eft utile, pour ne pas dire
néceffaire. Ce temps eft marqué par la nature *
annoncé par l’éruption plus abondante des poils,par
l’accroiffement fubit & le gonflement des parties
génitales, par d^s ére&ions fréquentes ; l’homme
alors bride de répandre cette liqueur abondante qui
diftend & irrite les véficules féminales. L’humeui*
fournie par les glandes odoriférantes entre le prépuce
& le gland, qui s’y ramafle pendant une inaction
trop longue, s’y altéré, devient âcre, ftimu*i
lante, fert aufli d’aiguillon ou de motif. La feulé
façon de vuider la femence fuperflue qui foit félon
les vues de la nature, eft celle qu’elle a établie dans
le commerce & l’union avec la femme dans qui la
puberté eft plus précoce, les defirs d’ordinaire plus
violens, & leur contrainte plus funefte; & qu’ellè
a confacrée pour l’y engager davantage par les plai-
firs les plus délicieux, A cette excrétion naturelle
& légitime, on pourroit aufli ajouter celle que provoquent
pendant le fommeil aux célibataires des
Congés voluptueux qui l'uppléent également & quelquefois
même furpaflent la réalité. Malgré ces lages
précautions de la nature, on a vu dans les tems les
plus reculés, fe répandre & prévaloir une infâme
coutume née dans le fein de l ’indolence & de l’oifi-
veté; multipliée enfuite ôc fortifiée de plus en plus
par la crainte de ce venin fubtil & contagieux qui
fe communique par ce commerce naturel dans les
momens les plus doux. L’homme & la femme ont
rompu les liens de la fociété ; & ces deux fexes
également coupables, ont tâché d’imiter ces mêmes
plaifirs auxquels ils fe refufoient, 6c y ont fait fer-
vir d’inftrumens leurs criminelles mains ; chacun fe
fuffiiant par-là, ils ont pu fe paffer mutuellement
l’un de l’autre. Ces plaifirs forcés, foibles images
des premiers, font cependant devenus une palfion qui
a été d’autant plus funefte, que par la commodité
de l’affouvir, elle a eu plus fouvent fon effet. Nous
ne la confidérerons ici qu’en qualité de médecin,
comme caule d’une infinité de maladies très-graves,
le plus fouvent mortelles. Laiffant aux théologiens
le foin de décider 6c da faire connoître
l’énormité du crime; en la failanr envifager tous
ce point de vûe , en préfentant l’affreux tableau de
tous les accidens qu’elle entraîne, nous croyons
pouvoir en détourner plus efficacement. C ’eft en
ce fens que nous difons que la manufiupration qui
n’eft point fréquente , qui n’eft pas excitée par
une imagination bouillante 6c voluptueule, 6c qui
n’eft enfin déterminée que par le befoin , n’eft fuivie
d’aucun accident, 6c n’eft point un mal (en Médecine.)
Bien plus, les anciens, juges trop peu féve-
res 6c icrupuleux, penloient que lorlqu’on la conte*
noit dans ces bornes, on ne violoit pas les lois de
la continence. Aufli Galien ne fait pas difficulté
d’avancer que cet infâme cynique ( Diogene) qui
avoit l’impudence de recourir à cette honteufe pra