
l’écarlate , qui fervoient pour l’hiver ; & pour l’été,
oa les fait de gafe noire, ou de dentelle. Ils font
faits à rimitation des'petits manteaux d’écarlate que
les. angloi les portent, & qui leur defcend jufqu’aux
reihjS.,. ... .
Cet ajuftement tire fon nom du mot manteau, 6c
parce qu’il eft beaucoup plus court & plus léger, on
l’a,appelle mantelet.
Il y a environ douze ans que cet ajuftement a été
à la mode, mais les femmes de condition ont commence
en 1736 ou 1737 à en porter le matin , &
depuis toutes les femmes en ont porté quand elles
s’habillent ; depuis ce tems-là , on y a ajouté un
cabochon qui y eft attaché au collet, & qui eft fait
comme une coëffe ; cela fert d’ornement , 6c aufli
pour couvrir la tête quand il fait froid. Il elt garni
tout autour de pareille dentelle que le mantelet,
Mantelet , terme de Blafon , il fe dit des courtines
du pavillon dès armoiries, quand elles ne font
pas couvertes de leurs chapeaux. C’étoit autrefois
une efpece de lambrequin large 6c court, qui cou-
vroit les cafques 6c les écus des chevaliers, Voye^
Làmbreqins.
MANTELURES , f. f. ( Vénerie. ) l’on dit d’un
chien qui a fur le dos un poil différent de celui qu’il
a au refte du corps , qu’il a des mantelures.
MANTHURICl C AM P I , ( Géogr. anc, ) campagne
de l’Arcadie au Péloponnefe , qui prit fon
nom du village de Manthyrée , dont les habitans
allèrent peupler Tégée. Cette campagne étoit dans
le reiritoife des Tégéates , & s’étendoit environ 50
Rades j ni qu’à la ville de Tégée.
MANTIANA, LAC, Mantiana palus , ( Géogr.
anc. ) grand lac ‘d’Arménie ; Strabon -qui en parle ,
dit que c eft le plus grand qu’il y ait après le Palus
Méoiide, 6c que les eaux en font falées ; ce lac eft
aujourd’hui le lac de Pan , ou lac à'Aclamar, en
Turquie. ■
MANTICHORES, (Zoolog. ) nom d’un quadrupède
cruel 6c icrrible , dont on ne trouve que des
defcriptions pleines de merveilleux dans Ctéfias,
Ariftote , Elien& Pline. Les Latins ont nommé cet
animal mandchora , d’autres martichora, 6c d’autres
martiora ; les Grecs l’ont appelle andropophagç,
mangeur d’hommes. Suivant Ctéfias, cet animal eft
de couleur rouge, 6c a trois rangs de dents à chaque
mâchoire, qui, quand il les ferme , tombent les
unes fur les autres en maniéré de dents de peigne.
Ariftote & Pline ajoutent qu’il a les oreilles 6c les
yeux comme ceux de l’homme , gris ou bleus ; ils
nous repréfentent fon cri comme celui d’une trompette
, dont il imite les fons par les modulations de
l’air dans fon gofier. Ils affürent aufli que l’extrémité
de la queue eft hériffée de pointes, avec lef-
quelles il fe défend contre ceux qui l’approchent,
& qu’il darde même au loin contre ceux qui le pour-
fuivent. Enfin ils prétendent que fon agilité eft telle
■ qu’il faute en courant, ce qui n’eft guere moins que
la puiffance de voler. Paufanias rapporte la plupart
de ces contes fans y donner fa confiance ; car il commence
par déclarer qu’il croit que cet animal n’eft
autre chofe qu’un tigre. Il eft vraiffemblable qu’il
a raifon , 6ç que le danger de l’approcher a produit
foutes les fables que les Naturaliftes ont tranfcrites.
MANTICLUS, (Myihôl.) Hercule avoir un temple
hors des murs de Meflin;e en Sicile, fous le nom
de Hercule Mandclus., Ce temple fut bâti, dit-on ,
par Mandclus , chef d’une colonie des Mefféniens,
qui, chaffés de leurs pays, vinrent fonder cette nouvelle
ville , à laquelle ils donnèrent leur nom , 664
ans avant l’ere chrétienne.
! MÂNTIENI MONTES , ou M ATIENI MONTES
, {Géogr. anc. y montagnes d’où le Gyndes 6c
l’Araxe. prennent leur fource, félon Hérodote, l. ƒ.
c ‘Mxxxix. (D . J .)
M ANTILLE, f. f. terme de Marchand de modes, cette
mantille ne fervoit que d’oirnement, 6c étoit attachée
par en-haut au collet de la robe des femmes,
elle formoit la coquille par-derriere,. Si il y avoit
deux pendans qui fe nouoient par-devant , 6c qui;
paflpient enfuite par-deflous les bras pour fe renouer
par-derriere ; au bout de ces deux pendans , il y
avoit deux gros glands d’o r , d’argent ou de foie.
Cet ajuftement ne venoit que jufqu’à la moitié du
bras , &: étoit fait d’étoffe de foie légère, de réfeaiï,
d’or , d’argent, de dentelle, de gafe , de velour ou
de chenille. Cet ajuftement a fait place aux mante-
lets, , 6c n’a été porté que par les femmes du premier
ordre.
MANTINÊE , ( Géog. anc.') ancienne ville d’Arcadie
dans le Péloponnefe , au fud, confinant d’un
côté avec la Laconie , 6c de l’autre avec le territoire
d’Orchomene, vers les fources de l’Alphée , à
15 lieues de Lacédémone. Elle avoit été fondée par
Mantineus, & devint célébré par la viétoire qu’Epa-
minondas , général des Thébains , remporta fur les
Lacédémoniens 6c les Athéniens réunis l’an de
Rome 391. On la nomme aujourd’hui Mandinga ou
Mandi.
Les bornes de Mandnée Sc d’Orchomene fini 1-
foient aux Anchifies ; on appelloit ainfi les montagnes,
au pié defquelles fe trouvoitle tombeau d’An-
chife. Homere nomme cette ville l’aimable Mandnée,
Paufanias (c. viij. ) vous en indiquera les révolutions.
Je remarquerai feulement qu’Epaminondas rendit
Mandnée bien célébré par la bataille qu’il gagna
contre les Lacédémoniens. Il y fut tué entre les bras
de la vi&oire ; mais aufli le luftre 6c la fortune des
Thébains périrent avec lui.
Les habitans de Mandnée s’étant enfuite joints à
Antigonus , ils changèrent le nom de leur capitale
en celui d'Andgonie , pour honorer le roi de Macédoine
; cependant Adrien abolit le nouveau nom
ài Andgonie , ordonnant que la ville reprît celui de
Mandnée.
Comme Antinoiis étoit de Bithynium , colonie
des Mantinéens, Mandnée , avide de plaire à l’emr
pereur, bâtit un temple à fon fa v or i, & établit des
îacrifices 6c des jeux, qui fe célébroient tous les cinq
ans à fa gloire. Antinoiis y étoit repréfenté fous la
forme de Bacchus.
Pline parle d’une autre ville de Mandnée- dans
l’Argie, mais il y ajoute qu’elle ne fubfiftoit déjà plus
de fon tems. ( D . J .)
MANTO, ( Mythol. ) cette fille de Tiréfias avoit,
comme fon pere , le don de prédire l’avenir. On dit
que Thèbes ayant fuccombé fous les efforts des Epigones
, Manto fut emmenée prifonniere à Claros ,
où elle établit un oracle d’Apollon, qui fut appelle
l'oracle de Claros. Paufanias rapporte que Rhacius,
qui commandoit dans cette ville , voyant arriver la
jeune Manto, en devint amoureux , 6c la prit pour
fon époufe. Virgile la tranfporte en Italie , où il la
fait devenir amoureul'e du Tibre, dont elle eut un
fils qui bâtit Mantoue.
J lie edam patriis agmen ciet ocnus ab oris
Fatidicæ Mantüs & Tuf ci-filius amnïs
Qui muros matrifque dédit dbi, Mantua , nomen.
- Æneid. I. X. verf.ic/8c
Mais c’eft par les poéfies d’Homere que le nom de
cette belle devinerefl'e s’eft fur-tout immortalifé. ■ il MANTONNET, f. m. ( Serrur. ) pièce qui fert
à recevoir le bout des battans ou des loquets, des loqueteaux.
Le mantonnet tient la porte fermée. Il fe
pofe quelquefois fur platine. Il eft plus ordinaire-*
ment
ment à pointe fimple ou double : il y en a pour le
bois & pour le plâtre. Ce dernier eft refendu par le
bout, afin de former le fcillage.
MANTOUAN , l e , ( Géogr. ) pays d’Italie en
Lombardie le long du P o , qui le coupe en deux portions.
Son nom lui vient de Mantoue fa capitale ;
fes bornes font au feptentrion, laVéronefe ; au midi,
les duchés de Reggio , de Modene & de la Miran-
dole ; à l’orient, le Ferrarois ; à l’occident, le Cré-
monois 6c le Breflan. Son étendue irrégulière peut
avoir en quelques endroits 3 5 milles , en d’autres
ieulement 6 ou 7 ; celle de l’eft à l’oueft eft d’environ
60 milles dans fa plus grande largeur ; il comprend
les duchés de Mantoue, de Guaftalla & de
Sabioneta, les principautés de Caftiglione , de Sol-
terino & de Bozolo , & le comté de Novellara.
( 1 J ) I ' ■ ■
Ma n to u e , le duché de, ( Géog. ) Il occupe la
plus grande partie du Mantouan, 6c tout ce qui a
été donné en apanage aux cadets de cette maifon.
Ainfi le domaine de Charles IV. dernier duc de
Mantoue , confiftoit d’un côté dans le Mantouan ,
diminué par fe partage entre les diverfes branches
de fa maifon, 6c de l’autre en une partie du Mont-
ferrat. L’empereur s’eft à-peu-près faifi du total en
1710 , malgré les plaintes des héritiers ; la raifon
du plus fort eft toujours la meilleure: enfuite il s’eft
accommodé du Montferrat avec le roi de Sardaigne
qui poffédoit déjà une portion confidérable de cette
province. ( D . J.)
Mantoue, Mantua, (Géog.) ancienne ville d’Italie
, dans la Lombardie, capitale du duché auquel
elle donne le nom, avec un archevêché, une uni-
verfité, & une bonne citadelle.
Mantoue , fi l’on en croit Eufebe , eft une des anciennes
villes du monde, & avoit été bâtie 430 ans
avant Rome. Virgile pour l’ennoblir encore davantage
, déclare qu’elle fut fondée par OEnus fils du
Tibre, 6c de la devinerefl’e Manto, 6c qu’il la nomma
du nom de fa mere.
Pline la place dans l’Iftrie, & infinue qu’elle ap-
partenoit aux Tofcans.
Après la décadence de l’empire romain, Mantoue
fut envahie par les Lombards, 6c enfuite conquife
fur ceux-ci par Charlemagne : fous les defcendans
de cet empereur, l’Italie étant devenue le partage
de divers princes, Mantoue pafl'a de tirans en tirans,
jufqu’à Louis de Gonzague, qui s’y établit en 13 zS.
Son petit-fils Jean François fut créé marquis de
Mantoue par l’empereur, en 1433 ; & Frédéric II.
en fut fait duc par Charles-quint, en 1530. L’ai-
liance de la France que le dernier duc de Mantoue
crut devoir préférer à celle de la maifon d’Autriche,
devint fatale à ce prince dans la guerre de 1700.
Il fut contraint de fe retirer dans l’état de Venife
où il mourut en 1708. L’empereur s’empara de fa
fucceflion, que les ducs de Lorraine 6c de Guaftalla
fe difputoient.
Il y avoit déjà long-tems que le palais du duc de
Mantoue, fi renommé par les ameublemens précieux
, fes peintùres, fes ftatués, fes vafes, 6c fes
autres raretés, avoit été pillé par les Impériaux,
dans le fac de cette ville , en 1630.
Mantoue eft bâtie dans un terrein bas & ferme,
fur un côté du marais formé par le Mincio, 6c qui
eft dix fois plus long que large, à 14 lieues N. O.
de Modène, 6c 36 N. O. de Florence. Long, félon
de la Hire & Defplaces, 28.30.30. lat. 4S. //.
Mais cette ville eft à jamais fameufe dans les
écrits des anciens & des modernes, peur avoir donné
la naiffance à Virgile qui dit lui-même dans ljes
Çéorgiques, l. ÏU . ÿ xij.
Primus idumceas refjtram dbi Mantua palmas,
Tome X ,
Et viridi campe templum de marmore ponam.
Marone felix Mantua, s’écrie Martial! 6c Silius
Italicus en fait ce magnifique éloge, en difant :
Néclat adoratas & Smyrna, & Mantua lauros.
Toutefois Virgile n’étoit pas né dans la ville de
Mantoue, mais dans un village voifin nommé Andes,
aujourd’hui Petula. Nous parlerons de l’excellence
de famufe, à l'article POETES latins.
Il fuffit de remarquer ici qu’il eft ridicule que la
majefté de l’Enéide ait été traveftie par Scarron en
burlefque, 6c découfue par des modernes pour former
d’autres fens , en donnant aux vers du prince
des poètes, d’autres arrangemens.
Cependant Capilupi ( Lélio ) , né à Mantoue en
1498., s’eft rendu célébré en employant fes talens
à le jouer des vers de Virgile, pour décrire fatyri-
quement l’origine des moines, leurs réglés 6c leur
vie ; car voilà ce que c’eft que le centon virgilien
de Capilupi, dont tout le monde connoît le paflfage
fuivant :
Non abfunt illi faltus , armentaque loua ;
Celad argentï funt, aurique multa talenta.
Sacra Deûm, fanclique patres, & char a fororum
Peclore merentum tenebris, & carcere cotco
Centum arei claudunt vecles ; & f&pé fine ullis
Conjugiis , vento gravidoe, mirabile diclu !
Religione facrot ! Non koec fine numine Divum l
Jarn nova progenies ccelo dimitdtur alto ;
Credo equidem, nec vana fidest genus ejfe Deorum.
On vante ce morceau entre plufieurs autres,
comme très-heureux 6c très ingénieux ; mais il eft
encore plus méchant ; 6c certainement Capilupi
pouvoit mieux employer fon elprit 6c fes veilles :
il mourut dans fa patrie en 1560. (D .J . )
MANTURNE , f. f. (My.tholog. ) nom d’une divinité
des anciens Romains ; c’eft à elle qu’on s’a--
dreffoit pour que la nouvelle époufée fe plut dans
la maifon de fon mari, & y demeurât.
MANTURES , f. f. ( Marine. ) ce font les coups
de mer, & l’agitation des flots 6c des houles. Foye^
Houles , Lames.
MANUBALISTE, ou BALISTE A MAIN, balifia
manualis, c’eft l’arbalête, (Artmilit.) Voye^ Scorpion
& Arbalète.
MANUDUCTEUR, f. m. ( H i f i . m o d . ) terme
eccléfiaftiaque, nom qu’on donnoit anciennement
à un officier du choeur , qui placé au milieu du
choeur, donnoit le fignal aux ehoriftes pour entonner,
marquoit les tems, battoit la mefure, &régIoit
léchant. V o y e^ Choeur , G.c,
Les Grecs l’appelloient mefochoros, par la raifon
que nous venons de dire, qu’il étoit placé au milieu
du choeur : mais dans l’églife latine on l’appeiloit
manuduclor, de manusy main, 6c duco, conduire ; parce
qu’ilxegloit le choeur par le mouvement 6c les geftes
de fa main.
MANUEL CHIMIQUE, (Chimie.) manoeuvre,
pratique , emploi des agens 6c des inftrumens chimiques.
Ces agens font, cpmme il eft expofé à Particle
Chimie , le feu & les menftrues. On trouyera donc
aux articles Feu & Menstrue , les confidérations
pratiques néceflaires lin l’emploi general de ces
agens ; & les lois plus pofitives & pins pratiques de
détail, dans les articles où il eft traite des diverfe.s
opérations chimiques, dont on trouve le tableau à
l'article OPÉRATIONS CHIMIQUES..
Nous avons donné fous le nom d’inftrumens ou
agens fecondaires, les vaiffeaux, les fourneaux, 6c
une autre claffe d’uftenfiles chimiques , à laquelle
nous avons i^écialement xéferyé le nom dfnjlru?