4 6 6 M E T
menter comme du vrn , 8c qui la re:nd très-firôpre à
enivrer : c’eft c< : efpece de vin qiu on nomme putque
ou poulcré. Oi11 peut en diflille:r une eaiu-de-vie
très forte. Les Lndiens buvoient le pulque a^/ec tant
d’excès, que l’ufiâge en fut défen<:lu .par Uîs Efpagnolsen
1691, quoique les droits qu’ilsen reitiroient
montaflent jufquà cent dix nulle puiftres par année ;
mais l’inutilité de la défenfe l’a fait lever en 1697.
METLING, ou MOTTLING , (Géog. ) v ille forte
, 8cchâteau tl’Allemagne dans la Carniole: , fur le
Kulp. Quelqu géographes croient que c eft la Meclaria
des anc:iens. Longit. 33. 30. tant. 4S. 58.
METOCHE, f. m. dans l'ancienne Architecture ,
terme dont s’eft fervi Vitruvepour marquer l’efpace
ou intervalle entre deux denticules. Voye{ D enti-
cu le .
Baldus obferve que dans une ancienne copie ma-
mifcrite.de cet auteur, on trouve le motmétatomme ,
au lieu de métoche : c’eft ce qui donne occafion à
Daviler de Soupçonner que le texte de Vitruve eft
corrompu j ce qui lui fait conclure quil ne faut pas
dire métoche , mais métatomme^, c’eft-à-dire , feciion.
METOCIE,f. m.{Hft. anc.) tribut que les étrangers
payoient pour la liberté de demeurer à Athènes. Il
étoitde ioou i a drachmes. On l’appelloit aufli é/ior-
chion ; mais ce dernier mot eft l’habitatio des Latins,
défignant plutôt un.loyer qu’un tribut. Le metocie
entroit dans la caille publique ; l’énorchion étoit
payé à un particulier propretaire d’une maifon.
M e s.c i ES, f. f. pi. [ Hift. anc. ) fêtes célébrées
dans Athènes à l’honneur de Théfée, 8c en mémoire
de ce qu’il les avoit fait demeurer dans une ville oit
il les avoitTaffemblés tous , des douze petits lieux
où ils étoient auparavant difperfés.
METOICIEN, ( Litt. grec. ) on appelloit métoï-
ciens , fjijoiy.ci, les étrangers établis à Aihenes. Ils
payoient un tribut à la république, un impôt nommé
/j.tTciKu>r ; cet impôt étoit par année de 11 drachmes
pour chaque homme, & de d.drachmes pour
chaque femme. La loi les obligeoit encore de prendre
un patron particulier, qui les protégeât, 8c qui
répondît de leur conduite. On nommoit ce patron
yusro/KoipuAal. Le polémarque , l’un des neuf archontes
, prononçoit fur les prévarications que les métoï-
pouvoient commettre..
Rien n’eft plus fenfé que les réflexions de Xéno-
phon fur les moyens qu’on avoit d’accroître les revenus
de la république d’Athènes , en faifant des
lois favorables aux étrangers qui viendroient s’y
établir.Sans parler, dit-il, des avantages communs
que toutes les villes retirent du nombre de leurs har
bitans, ces étrangers, loind’êye à charge au public,
& de recevoir des penfions de l’éta t, nous donne-
roient lieu d’augmenter nos revenus , par le payement
des droits attachés à leur qualité. On les engagerait
efficacement à s’établir parmi nous, en leur
ôtant toutes ces efpeces de marques publiques d’infâmie
, qui ne fervent de rien à un état ; en ne les
obligeant point, par exemple, aü danger de la guerre
, 8c à.porter dans les troupes une armure pa'rticu-
•iiere:;.enun mot, en ne les arrachant point à leur
famille & à leur commerce ; ce n’étoit donc pas affez
faire en faveur des étrangers, que d’inftituer une fête
de leur nom, pnoma. , comme fit Théfée pour les accoutumer
au joug des Athéniens , il falloit fur-tout
profiter des confeils de Xénophon, & leur accorder
le terrein vuide qui étoit renfermé dans l’énceime
des murs d’Athènes , pour y bâtir des édifices facres
•8c profanes. .
Il n’y avoit point dans les commencemens de dif-
-tinâion chez les Athéniens entre les étrangers 8c les
naturels du pays ; tous les étrangers étoient promptement
naturalifés, 8c Thucidide remarque que tous
les Platéens le furent en même-tems. Cet ufage fut
le fondement de la grandeur des Athéniens ; mais à
mefure que leur ville devint plus peuplée , ils devinrent
moins prodigues de cette faveur , & ce
privilège s’accorda feulement dans la fuite à ceux
qui l’avoient mérité piir quelque lervice important.
{D.J. >
METONOM ASIE. f. f. ( Littér. mod..) c’eft-à dire
changement de nom. Les favans des derniers fiecles fe
font portés avec tant d’ardeur à changer leur nom ,
que ce changement dans des perfonnes de cette capacité
, méritoit qu’on fit un mot nouveau pour l’exprimer.
Ce mot même devoit être au-deflus des termes
vulgaires ; aufli l’a t-on puifé chez les Grecs ,
en donnant à ce changement de nom, celui de mèto-
nomajie. M. Bailler dit que cette mode fe répandit
en peu de tems dans toutes les écoles, & qii’elle
eft devenue un des phénomènes des plus communs
de la république des Lettres. Jean-Viftor de Rolfi
abandonna fon nom , pour prendre celui de. Janus
Nicius Erythroeus ; Matthias Francowitz prit celui
de Flaccus llliricus ; Philippe Scharzerd prit celui de
Mélanfthon ; André Hozen prit celui d’Ofiander ,
&c,. enfin , un allemand a fait un gros livre de la lifte
des mètonomajîens , ou des pfcudonymes. (Z). J . )
MÉTONYMIE, f. f. le mot de métonymie vient
de/xtTct y qui dans la compofition marque changement,
& de ovo/x<t, nom ; ce qui lignifie tranfpofition ou charte
gement de nom, un nom pour un autre.
En ce fens cette figure comprend tous les autres
tropes ; car dans tous les tropes , un mot n’étant
pas pris dans le fens qui lui eft propre, il réveille une
idée qui pourroit être exprimée par un autre mot.
Nous remarquerons dans la fuite ce qui-diftingue la
métonymie des autrestropes. V ?ye{ Synecdoque.
Les maîtres de l’art reftraignent la métonymie aux
ufages fuivans. • ' 1
I. La caufe pour l\ffet. Par exemple : vivre de fon
travail y c’eft-à-dire , vivre de ce qu'on gagne en travaillant.
Les Payens regardoient Cérès comme la déeffe
qui avoit fait fortir le blé de la terre , & qui avoit
appris aux hommes la maniéré d’en faire du pain : ils
croyoient que Bacchus étoit le dieu qui avoit trouve
l’üfage du vin ; ainfi ils donnoient au-blé le nom de
Cérès, 8c au vin le nom de B a: chus : on en trouve un
grand nombre d’exemples dans les poètes.
Virgile , Æn. 1. 213. a dit, un vieux Bacchus,
pour du vin vieux :
hnplentur véteris Bacchi.
Madame des Houlieres a fait une balade, dont le
refrein eft,
L'Amour languit fans Bacchus & Cérès :
c’eft la traduction de ce paflage de Terence, Eun.
IV. G. Sine Cerere & Libero friget Venus : c’eft-à-
dire, qu’on ne fonge guere à faire l’amour, quand on
n’a pas de quoi vivre.
Virgile, Æn. I. 18 /. a dit :
Tum Cererem corruptam undis cerealiaque arma
Expediunt fejji rerum. ' ■ :
Scarron dans fa traduction burlefque, liv. L fe
fert d’abord de la même figure ; mais voyant bien
que cette façon de parler ne feroit point entendue en
notre langue, il en ajoute l’explication :
Lors fut des vaiffeaux defiehdue
Toute la Cérès corrompue ;
En langage un J>eu plus humain ,
Cefi ce- d t quoi l ’on fait du pain. ;■
Ovide a dit, Trift. IV. v. d- qu’une lampe -prête à
s’éteindre, fe rallume quand on y verfe P allas-.' '
Cujus ab alloquiis anima hac moribunda revixity
Ut vigil infusa Pallade ftammafolet : ;
P allas y c’eft-à-dire, £& t'huile.. Ce fut Pallias, félon
la fable, qui la première fit fortir l ’olivier de la
terre , & enfeigna aux hommes l’a rt de faire de l’huile
; ainfi PàU'as le prend pour l’huile , comme Bacchus
pour le vin.
On rapporte à l'a même efpece de figure les façons
de parler où le nom des dieux du paganrfme fe-prend-
pour la chofe'àquoiils préfidoient , quoiqu’ils n’en
fuflent pas les inventeurs. Jupiter fe prendpour l'air,
V ’dc'airt- potin'le feu. Ainfi pour dire , oie vas-tu avec
ta. lanterne é Plaute a dit, Arnph. i . j . i$5. Qubam-
bulas tu y qui Vulcanum in cornu conclufùm geris ?'
( OÙ vas-tu, toi qui,portes Vulcainenferfné-dans une
corne)? Et Virgile, Æn. V. GGz. furkVuleanns ;
8c encore au /.• liv.. .des Géorgiques, voulant parler
du vin cuit ou du raifïné que fait, une ménagère de la
campagne, il dit qu’elle (c fert de Vulcain pour dif-
fiper l’humidité du vin doux :
A ut dulçismufd V lûû'à’&Q deçoquit humorern. y. 7QKNeptune
fe prend pour îa mer ; Mars , le dieu de
la guerre', le prend fou vent pour la guerre même, ou
pour ta fortune dt la guerre , pour C événement des
combats , l'ardeur, l'avantage des combattons. Les
hiftoriens difent fouvent qu’on a combattu avec un-
Mars égal , aquo Marte pugnatum ejl, c’eft-à-dire ,
avec un’ avantage égal • ancipiti Marte , avec un
fuccès douteux \vario Marte , quand l’avantage eft
tantôt d’un côté & tantôt de l’autre.
C ’eft encore prendre la caufe pour l’effet, que de
dire d’un général ce q u i, à la lettre , ne doit être
entendu que cle fon armée : il en eft de même lorî-
qu’on donne le nom de l’auteur à fes ouvrages ; il a
lu Cicéron, Horace, Virgile, e’eft-à dire, Us ouvrages
de Cicéron f &c. Jefus- Chriftdui- même s’eft fervi
de te métonymie en ce fens , lorfqu’il a dit, parlant
des Juifs, Luc. xvj. %c). Habent Moïfen & prophelàs
iis ont Moïfe & les prophètes, c’eft-à-dire', ils ont les
livres de. Moïfe & ceux des prophètes.
On donne fouvent le nom de l’ouvrier à l’ouvrage
: on dit d’un drap que ç’eft un Van-Kobais, un
Rôuffeau, un Pagnon -, c’eft-à-rdire , lin drap de la
manufacture de Van-Rabais, lou de celle de Rouf-
feau, &c. C’eft ainfi qu’on donne le nom du: peintre
au tableau > on dit, j’ai vu un beau Rembranty
pour dire un beau tableau fait par le Rembrant. On
dit d’un curieux en eftampes , qu’il a un grand nombre
d e Callots, c’eft-à-dire, un grand nombre d’ef-
tampes gravées par Callor. .
On trouve fouvent dans l’Ecriture-fainte , Jacob,
Jfra'èl, Juda , qui font des noms de patriarches ,
pris dans un fens étendu pour marquer tout le peuple
juif, M. Fléchier, Oraif. fun. de M. de Turenney parlant
du fage & vaillant Machabée , auquel il compare
M. de Turenne, a dit : « Cet homme qui ré-
» jouiffoit Jacob par fes vertus & par fes exploits ».
Jacob j c’eft-à-dire le peuple juif.
Au lieu,du nom de l’effet, on fe fert fouvent du
nom de la caufe inftrumentale qui fert à le produire
: ainfi, pour dire que quelqu’un écrit bien, c’eft-
à-dire , qu’il forme bien les caraCteres de l’écriture,
on dit qu’ï/ a une belle main. La plume eft aufli une
caufe inftrumentale de l’écriture, & par conféquent
de la çompofition ; ainfi plume fe dit par métonymie,
de la maniéré de former les cara&eres de l’écriture
& de' la maniéré de compofer. Plume fe prend aufli
pour l’auteur même : c'efl une bonne plume , c’eft-à-
dire, c’eft un auteur qui écrit bien ; c eft une de nos
meilleures plumes 9 c’eft-à-dire , un de nos meilleurs
auteurs.
Style fignifie aufli par figure la maniéré d’exprimer
les penfées. Les anciens avoient deux manières de
former les caraâeres de l’écriture. L’unb étoit pin-
ger.do, en peignant les lettres ou fur des feuilles d’ar-
Tome X%
bres , ou fur des peaux préparées, ou fur la petite
membrane inférieure de l’écorce de certains arbres :
(cette membrane s appelle en latin liber, d’où vient
livre).y, on fm de pentes tablettes faites de l’arbrif-
feau papyrus , ou fur de la toile , &c. Us écrivoient
, a lors avec de petits rofeaux, & dans la: fùite ils-fe
fer virent aufli cle plumes comme nous. L’autre maniéré
d’écrire des anciens étoit imidendo, en gravant
j les lettres fur des lames de plomb ou de cuivre , ou
bien fur des tablettes de bois enduites de cire. O r ,'
pour graver les lettres fur ces lames ou fur ces tablettes
, ils fc fèrvoient d’un poinçon qui étoit pointu
par 1111 bout;& applati par l’autre : la1 pointe fervoit
à-graver , & l’extrémité appbtie fervoit à effacer;
& c’eft pour cela qu’Horace d it , I. Sat. x. y s . fty-
• lum vertere, tourner le fty le , pour dire effacer corri-
i ger y retoucher à un ouvrage. Ce poinçon s’appelloit
’ Jlyius, de ç-üA«.«, columna , colutnclla, petite colonne
; tel eft le fens propre de ces mots : dans le fens
^ la maniéré d’exprimer les penfées. :
C ’eft en ce fens que l’on dit 1 e ftyle fublime, leftylc
Ample , le ftyle médiocre , le ftyle foutenu , 1 e ftyle
grave, le ftyle comique ,1e ftyle poétique, le ftyle de
■ la converfation , &c. Veye.{ Style.
Pinceau y ovitre fon fens propre , fe dit aufli quef-
quefois par métonymie y comme plume, ftyle ; on dit--
d un habile peintre , que c’eft un favant pinceau.
Voici encore quelques exemples tirés de l’Eeritu-.
re-fainte j où la caufe eft prife pour l’effet. Sipeccâ-
verit anima, . . . portabit ïniquitatemfuam, Levit. V. 1.
elle portera. fon iniquité , c’eft à-dire , la peine de
fon iniquité. Iram Domini portabo , quoniam peccavi-
ei , Midi-. VII; c,, où vous voyez que par la coUrt
du Seigneur, il faut entendre la peine qui eft une fuite:
■ ôe la- colere. -Non morabitur opus mercenani tuiapud-
tet ffquè mane , Levit. X IX . 13. opus , C ouvrage % >
c eft-à-diré , le falaïre, la récompenfe qui eft due à
l’ouvrier à caufe de fon travail. Tobie a dit la même
chofe à fon fils tout fimplement , iv. tS. Quicunque
tibi aliquid operatus fuerit, Jlatim ei mercedeni réftitue ,
& merces mtreenarii tui apud te omninb non remaneat. \
Le prophète O fée d it , iv. 8. que les prêtres mangeront
les péchés du peuple , peccata populi mei corne-
■ dent, c’eft - à - dire, les victimes offertes pour les
péchés.
If. L'effet pour la caufe. Comme lorfqu’Ovide V
Metamorp. X II. 5/ j. dit que le mont Péiion n’a
point d’ombres , nec habet Pelion umbras ; c’eft-à-
dire qu’il n’a point d’arbres, qui font la caufe de
l’ombre ; l ’ombre , qui eft l’effet des arbres, eft prife
ici pour les arbres mêmes.
Dans la Genefe , xxv. 23. il eft dit de Rébecca ,
que deux nations étoient en elle ; duoe gentes funt in
utero tuo, & duo populi ex ventre tuo dividentur; c ’eft-
à-dire , Efaii 8e Jacob, les peres des deux nations ^
Jacob des Juifs, Efaii des Iduméens.
Les Poètes difent lapale mort, les pâles maladies :
la mort & les maladies rendent pâle; pallidamque
Pyrenen, Perf. prol. la pâle fontaine de Pyrene ; c’é-
toit une fontaine confacrée aux mufes : l’application
à la poéfie rend pâle , comme toute autre application
violente. Par la même raifon Virgile a dit :
Æn. V l.z y S .
Patientes habitant morbi , triftifque feneBus :
8e Horace, I. Od. iv. pallida mors. La mort, la maladie
8e les fontaines conlacrées aux mufes ne font
point pâles , mais elles produifentla pâleur : ainfi
on donne à la caufe une épithete qui ne convient
qu’à l’effet.
III. Le contenant pour le contenu. Comme quand
on dit, il aime la bouteille , c’eft-à-dire , il aime le
vin. Virgile dit, Æn. I. 7 4 3 • que Didon ayant pré-
fenté à Bitiasune coupe d’or pleine de vin ,-Bitias la
N n n ij