
biens ; de forte que ft fon tuteur reçoit le rehïbourfd-
mcnt d’une rente foncière, ou d’une rente conftituée
dans les pays où ces rentes font réputées immeubles,
les deniers provenantdu rembourfement appartiendront
à l’héritier qui auroit hérité de la rente.
Un mineur ne peut fe marier fans le confentement
de les pere, mere, tuteur 8c curateur, avant l’âge
de 15 ans ; 8c s’il eft fous la puiffance d’un tuteur,
autre que le pere ou la mere, ayeul ou ayeule, il
faut un avis de parens*
Il n’eft pas loifible au mineur de mettre tous fes
biens en communauté, ni d’ameublir tous fes immeubles
; il ne peut faire que ce que les parens affeinblés
jugent néceffaire 8c convenable : il ne doit pas faire
plus d’avantage à fa future qu’elle ne lui en fait.
En générai le mineur peut faire fa condition meilleure
; mais il ne peut pas la faire plus mauvaife
qu’elle n’étoit.
Le mineur qui fe prétend léfé par les aCtes qu’il a
paffés en minorité, ou qui ont été paffés par fon tuteur
ou curateur, peut fe faire reftituer, en obtenant
en chancellerie des lettres de refeifion dans lès
10 ans, à compter de fa majorité, 8c en formant
fa demande en entérinement de ces lettres ,
auffi dans les 10 ans de fa majorité ; après ce tems
les majeurs ne font plus recevables à réclamer contre
les aftes qu’ils ont paffés en minorité, li ce n’eft
en Normandie, où les mineurs ont jufqu’à 3 5 ans
pour fe faire reftituer, quoiqu’ils deviennent ma-
jeursàioans. Voye^ Rescision 6* Rest itu tio n «z
II ne fuffit pourtant pas d’av o ir été mineur pour
être reftitué en en tie r , il faut avoir été léfé ; mais la
moindre lé iio n , ou l’omiftlon des formalités nécef-
fa ires , fuffit pour faire enthériner les lettres de refei-
lion. F c y c { LÉSION,.
Il y a des mineurs qui font réputés majeurs à certains
égards ; comme le bénéficier à l’égard de fon
bénéfice ; l’officier pour le fait de fa charge ; le marchand
pour fon commerce.
En matière criminelle les mineurs font auffi traités
comme les majeurs, pourvu qu’ils euffent affez de
connoiffance pour fentir le délit qu’ils commet-
toient : il dépend cependant de la prudence du juge
d’adoucir la peine.
Autrefois le mineur qui s’étoit dit majeur, étoit réputé
indigne du bénéfice de minorité ; mais préfen-
tement on n’a plus égard à ces déclarations de majorité
, parce qu’elles étoient devenues de ftyle : on
a même défendu aux notaires de les inférer.
La prefeription ne court pas contre les mineurs,
quand même elle auroit commencé contre un majeur
, elle dort pour ainfi-dire pendant la minorité ;
cependant l’an du retrait lignager, 8c la fin de non-
recevoir pour les arrérages de rente conftituée, antérieurs
aux cinq dernieres années, courent contre
les mineurs comme contre les majeurs.
Dans les parlemens de Droit écrit,les preferiptions
de 30 ans ne courent pas contre les mineurs : celles
de 30 & 40 ans ne courent pas contre les pupilles ;
mais elles courent contre les mineurs puberes, fauf à
eux à s’en faire relever par le moyen du bénéfice de
reftitution.
Lorfqu’il eft intervenu quelque arrêt ou jugement
en dernier reffort contre un mineur, il peu t, quoiqu’il
ait été affifté d’un tuteur ou curateur, revenir
contre ce jugement, par requête c iv i le , s’il n’a pas
été défendu ; .c’eft-à-dire, s’il a été condamné par
défaut ou fo rd u fion , ou s’il n’a pas été défendu v a lablement
, comme fi l ’on a omis de produire une
piece néceffaire, ou d’articuler un fait effentiel : car
la feule omiffion des moyens de droit & d’équité ne
feroit pas un moyen de requête c iv ile , les juges
étant préfumés les fuppléer*
On ne reftitiiô point les mineurs contre le défaÜf
d’acceptation des donations qui ont été faites à leur
profit, par autres perfonnes que leurs pere & mere,
ou leur tuteur; ils ne font pas non-plus reftitués
contre le défaut d’infinuation , du moins à l’égard
des créanciers qui ont contrarié avec le donatedr
depuis la donation ; mais fi le tuteur a eu connoiffance
de la donation , & qu’il ne l ’ait pas valablement
acceptée ou fait infiniter ; il en eft refponlable
envers fon mineur. /
De même lorfque le tuteur ne s’eft pas oppofé,
pour fon mineur, au decret des biens qui lui font hypothéqués
, le mineur ne peut pas être relevé ; il a
feulement fon recours contre le tuteur, s’il y a eu de
la négligence de fa part.
Il y a quelques perfonnes qui, fans être réellement
mineures, jouiffent néanmoins des mêmes
droits que les mineurs, telles quel’Eglife; c’eft pourquoi
on dit qu’elle eft toujours mineure, ce qui s’entend
pour fes biens qui ne peuvent être vendus ou
aliénés fans néceflité ou utilité évidente, 8c fans formalités
; mais la prefeription de 40 ans court contre
l’Eglife.
Les interdits, les hôpitaux & les communautés
laïques 8c eccléfiaftiques, jouiffent auffi des privilèges
des mineurs, de la même maniéré que l’Eglife.
Voye{ au digefte les titres De minoribüs, de his
qui cetatis veniam impetraverunt, & au code le tic. x.
in integrum reßitutionibus ; voye[ auffi le Traité des
tutelles de G illet, celui des minorités de Méfié, & aux
mots C u r a t e l l e , C u r a t e u r , É m a n c ip a t io n ,
T u t e l l e ,R e s c i s io n ,R e s t it u t io n . (A )
Min e u r , f. m. (Gram.') ouvrier employé à l’exploitation
des mines. Voye{ C article Min e & Min e s ,
hiß. nat.
Min e u r , (Art. milité) ouvrier qui travaille à la
mine, en prenant ce mot comme à l’article. M in e ,
(Fortifient.) Voyez cet article.
M ineu rs ou Fr e r e s m in e u r s , (Hiß. eccléfiafi. )
religieux de l ’ordre de faint François. C ’eft le nom
que prennent les Cordeliers par humilité. Ils s’appellent
fratres minores, c’eft-à-dire moindres freres ,
& quelquefois minorité. Foy<i C o r d e l ie r & O r d
r e .
Min eu rs ou C l e r c s m in e u r s , (Hifi. eccléf.)
ordre des clercs réguliers qui doivent leur établiffe*
ment à Jean-Auguftin Adorne, gentilhomme génois,
qui les inftitua en 1588 à Naples, avec Auguftin 8c
François Carraccioli. Le pape Paul V. approuva
en 1605, leurs conftitutions. Leur général réfide
dans la maifon de faint Laurent à Rome, oh ils ont
un college à fainte Agnès de la place Navonne.
Min e u r , adj. (Mufique.) eft le nom qu’on donne
, en Mufique, à certains intervales, quand ils
font auffi petits qu’ils peuvent l’être fans devenir
faux. Voye^_ Ma j e u r , voye^ auffiyioDE. (S )
Min e u r , (Ecrivain.) fedit, dans l’écriture, de
tous les caraûeres qui font inférieurs aux majufeu-
les en volume, pour les diftinguer les unes des autres.
MINGLE,f. f. (Comm.) mefure de Hollande pour
les liquides. Les huiles d’olives fe vendent à Amfter-
dam par livres de gros , le tonneau contenant 717
mingles ou bouteilles, mefure de cette ville, à raifon
du pot de France ou de deux pintes de Paris le min-
gle. Les bottes ou pipes d’huile, contiennent depuis
20 jufqu’à 15 fteckans, de 16 mingles chaque ftec-
kan. La verge ou viertel, pour les eaux-de-vie, eft
de 6 mingles 8c demie. En général le rninglc pefe 2
livres 4 onces poids de marc, plus ou moins, fui-
vant la pefanteur des liqueurs. Elle fe divife en 2
pintes, en 4 demi-pintes, en 8 muffies & en 16 de-
mi-muffies. Foyc{ St e k a n , V i e s t e l , Mu s s ie ,
6-f, Diclionn, 4* Cqmm,
MINGOL, (Giog .) montagne de Perfe fur une
des routes de Conttantinople à Ifpahan ; c’eft de
cette montagne que fortent les fources dont fe forment
l’Euphrate d’un côté, 8c la riviere de Kars de
l ’autre.
MINGRELA, (Géogr.) fameux bourg des Indes
dans le royaume de Vifapour, à cinq lieues de Goa.
Je n’en parle que parce que le cardamome ne croît
que dans fon diftriâ. Les Hollandois y ont un comptoir.
Tous les vaiffeaux qui viennent des Indes pour
aller dans le,golfe Perfique, mouillent prefque toujours
à la rade de ce bourg.
MINGRÈLIE, la , (Geog. ) c’eft la Colchide des
anciens ; province d’Afie qui fait aujourd’hui partie
de la-Géorgie. Elle eft bornée à l’oueft par la mer
Noire ; à l’eft par le Caucafe & l’Imirete ; au fud
par la Turcomanie ; au nord par la Circaffie.
C ’eft un pays couvert de bois, mal cultivé , &
qui produit néanmoins du grain, blé ou millet, fuf-
ififamment pour la nourriture des habitans. Il y a
beaucoup de vignes , qui donnent d’excellent vin ;
elles croiffent autour des arbres, 8c jettent des feps
fi gros, qu’un homme peut à peine les embraffer.
On y trouve auffi d’admirables pâturages qui nour-
riffent quantité de chevaux. Les pluies qui font fréquentes
pendant l’été reverdiffent ces pâturages ,
tandis qu’elles rendent la faifon humide & mal-faine.
Le gibier abonde dans les vallées, & les bêtes fau-
vages dans les montagnes. La viande des Mingréliens
eft le boeuf & le pourceau, qui font à grand marché.
Le pays fe divife en trois petits états, dont les
princes indépendans les uns des autres, payent quelque
tribut au grand-feigneur. Ils héritent tous du
bien des gentilshommes, 8c ceux-ci du bien de leurs
.vaffaux , lorfque les familles viennent à s’éteindre.
Leur religion a un grand rapport avec celle des
Grecs , mais elle eft mêlée de tant de fuperftitions,
qu’on peut la regarder comme une efpece d’idolâtrie.
Les églifes y tombent en ruine, 8c les prêtres
qui les deffervent croupiffent dans l’ignorance.
Les Turcs font quelque commerce en Mingrèlie ;
ils en tirent de la foie , du lin, des peaux de boeuf,
de la cire , du miel, 8c quantité d’efdaves , parce
que les gentilshommes ont le droit de vendre leurs
fujers , 8c qu’ils fe fervent de ce droit toutes les fois
qu’ils èn peuvent tirer du profit.
Au refte , les efclaves n’y font pas chers ; les
hommes depuis 25 jufqu’à 40 ans n’y valent qu’une
vingtaine d’écus, les femmes une dixaine, les enfans
moitié, 8c les belles filles depuis 1.3 jufqu’à 18 ans,
trente écus piece.
Cependant les Mingréliens, au rapport des voyageurs
, font tout auffi beaux que les Géorgiens &
les Circaffiens : il femble que ces trois peuples ne
faffent qu’une feule 8c même race. Il y a en Min-
grélie , dit Chardin , des femmes merveilleufement
bien faites, charmantes pour le vifage , la taille 8c
la beauté de leurs yeux. Les moins belles & les plus
âgées fe fardent beaucoup , mais les autres fe contentent
de peindre leurs fourcils en noir. Leur habit
eft femblable à celui des Perfanes ; elles portent un
voile qui ne couvre que le deffus 8c le derrière de la
tête ; elles font fpirituelles & affeûueufes, mais en
même tems perfides & capables de toutes fortes de
traits de coquetterie , d’aftuce & de noirceur, pour
fe faire des amans , pour les conferver ou pour les
perdre.
Les hommes ont auffi bien de mauvaifes qualités ;
ils font tous élevés au larcin, l’étudient, & en, font
•leur plaifir. Le concubinage, la bigamie & l’incefte
font des aûions autorifées en Mingrèlie; l’on y enleve
les femmes les uns des autres ; on y époufe fans feru-
pule fa tante ou fa niece, & On entretient autant de
^concubines qu’on veut. La jaloufie n’entré point dans
Tome X .
la tete des 'maris ; quand un homme fufprend fâ
femme couchée avec fon galant, il lui fait paye?
pour amande un cochon, qui fe mange entre eux
trois.
Le Caucafé met les Mingréliens à cotivert des
courfes des Circaffiens par là hauteur , 8c par des
murailles qu’ils ont élevées dans les endroits les plus
acceffibles, & qu’ils font garder avec quelque foin.
Ils n’ont point de villes , mais des bourgs 8c des
villages, avec des maifons féparées les unes des autres.
La chaffe eft leur occupation ordinaire ; ils mettent
leur félicité dans la poffeffion d’un bon cheval,
d’un bon chien , & d’un excellent faucon. Leur principal
commerce confifte en efclaves ; ils vendent
leurs propres enfans, en les échangeant pour des
hardes & pour des vivres.
Ces détails fur les Mingréliens font ici fuffifans ;
on peut en lire de plus étendus dans Chardin & la
Motraye. Mais qui croiroit que l’article de la Mingré-
lie eft oublié dans le di&ionnaire de la Martiniere ,
& dans les contrefaçons faites en France de cet ouvrage
? Après cela , oferons-nous prétendre de n’ê-
tre point tombés quelquefois à notre tour dans de pareilles
obmiffions ? Nous efpérons l’avoir évité ,
mais il ne faut répondre de rien. (D . J .)
MINGRÉLIENS, f. m. ( Théolog. ) Peuples d'A fie ,
confidérés quant à la religion, iis ont à-peu-près la
même que les Grecs. Quelques hiftoriens eccléfiaftiques
difent qu’un elclave convertit à la foi de
Jefus-Chrift le roi 8c la reine, 8c les grands de la
Colchide, fous le régné de Conftantin le grand, qui
leur envoya des prêtres & des do&eurs pour les bap-
tifer, & pour les inftruire dans les myfteres de notre
religion. D ’autres difent que ces peuples doivent la
connoiffance du Çhriftianifme à un Cyrille, que les
Efclavons appellent en leur langue Ckiujîl, qui vivoit
vers l’an 806. Les Mingréliens montrent fur le bord
de la mer, proche du fleuve Corax, une grande
églife oit ils affurent que faint André a prêché. Le
primat de la Mingrèlie y va une fois en fa vie faire
l’huile fainte , que les Grecs appellent myron. Ces
peuples reconnoiffoient autrefois le patriarche d’Antioche
, maintenant ils obéiffent à celui de Conftan-
tinople, 8c ont néanmoins deux pfimats de leur nation
qu’ils appellent catholicos. Celui de la Géorgie
a fous fa jurifdiâion les provinces de Cartuli ou Car-
dulli, de Gaghetri, de Baratraiu 8c de Samehé : celui
d’Odifci a les provinces d’Odifci, d’Imereti, dfe
Guriel, des Abcaffes 8c des Suans. Ce patriarche a
prefque autant de revenu que le prince de Mingrèlie.
Il y avoit autrefois douze évêchés dans le pays,
mais il n’en refte maintenant que fix , parce que les
fix autres ont été convertis en abbayes. Ces évêchés
font Dandars, Moquis , Bedias, Cïaïs , Scalingiers,
où font les fépultures des princes, 8c Scondidi : les
abbayes font Chiaggi, Grippurias, Copis, Obbugi,
Sebaftopoli, Anarghia. Les évêques de ce pays font
fort riches, 8c vivent ordinairement dans une grande
diffolution ; néanmoins parce qu’ils ne mangent point
de viande & qu’ils jeûnent fort exactement le carême
, ils croient être plus réguliers que les prélats
de l’Eglife romaine. La fympnie y eft ordinaire. Les
primats ne confacrent. point d’évêque à moins de fix
cens écus, Ils ne célèbrent point de meffe des morts
qu’on ne leur en donne cinq cens ; & jls ne difent
les autres meffés que pour le prix de cent'écus chacune.
Ils fe font auffi payer des confeffions ; &
l’on a vu un de ces primats qui fut fort mal fatisfait
d’une fomme de cinquante écus qu’un vifir du prince
de Mingrèlie lui avoit donnée après_ s’être confeffé
à lui dans une. maladie. Les: évêques ivendent auffi
l’ordination des prêtres. Tous leç eccléfiaftiques y
font fort ignorans, & difent la meffe avec beaucoup
d’irrévérence. Plufieurs même ont appris une feule