MARGOZZA, (Géog.) petite ville d’Italie dans
le Milanez, au comté d’Anghiera, fur un petit lac de
même nom. L'ong.zS. 58. lat. 44. J3. (D .J .)
MARGUAIGNON, (Hiß.nat.) Foye{ Anguille.
MARGUERITE, leucanckemum , (Bot.) genre de
plante qui ne différé du chryfanthemum que par la
couleur des demi fleurons qui font entièrement
blancs. Tournefort, Inß.reiherb. Voye^ Plan t e.
On connoît en françois deux plantes de différent
genre fous le même nom de marguerite , favoir, la
grande 6c la petite marguerite. Il eft bonde faire cette
obfervation avant que de lès décrire.
La grande marguerite fe nomme encore autrement:
la grande paquttte , ou Y oe il de boeuf. C ’eft un genre
de plante que les Botaniftes défignent par le nom de
leucanthemum vulgare, ou de bellis major ; en anglois
ihe common ox- eye dai^y. Ses caraéleres font les me-
mesque ceux du chtyfànthemum,excepte dans la couleur
de fes demi fleurons , qui font conftamment
blancs. On compte fix efpeces de ce genre déplanté.
L’efpece la plus commune dans les campagnes a la
racine fibreufe, rempante, âcre. Ses tiges font hautes
de deux coudées, à cinq angles, droites, velues,
Branchues. Ses feuilles naiffent alternativement fur
les tiges ; ellës'font épàiffes , crénelées , longues de
deux pouces j larges d’un demi pouce. Ses fleurs
font fans odeur, grandes', radiées. Leur difque eft
compofé de plusieurs fleurons de couleur d’o r , partagés
en cinq quartiers garnis d’un ftile au milieu.
La couronne eft formée de demi-fleurons blancs,
qui font portés fur des embryons, renfermés dans un
calice demi fphérique, écailleux, 6c noirâtre. Les
embryons fe changent en des petites graines oblon-
gues, cannelées, 6c fans aigrettes. Ses fleurs font
d’ufage en Médecine dans les maladies de poumon.
La petite marguerite, autrement dite pâquerette, eft
nommée par les Botaniftes , bellis mimor, bellis fyl-
veftris minor, en anglois the common fmall daiçy.
On caraôérife ce genre de plante par la racine qui
eft vivace , 6c qui ne forme point de tige. Le calice
de la fleur eft fimple, écailleux, divilé en plufieurs
quartiers. Les fleurs font radiées, & leurs têtes,
après que lès pétales font tombés , reffemblent à
des cônes obtus.
Miller diftingue huit efpeces de pâquerette. La
commune qu’on voit dans les prés a des racines nom-
breufes 6c menues. Ses feuilles font en grand nombre,
couchées fur terre, velues, longues, légèrement
dentelées, étroites vers la racine, s’élargiffent &
s’arrondiffentpeu-à-peu. Cette plante au-lieu de tige
a beaucoup de pédicules qui fortent d’entre les feuilles
, longs d’iine palme 6c plus, grêles, cylindriques
& cotonneux. Ils portent chacun une fleur radiée,
dont le difque eft compofé de plufieurs fleurons
jaunes , & la couronne de demi-fleurons blancs,
ou d’un'blanc rougeâtre , foutenus fur des embryons
, 6c renfermés dans un calice fimple partagé
en plufieurs parties. Les embryonsfe changent
en des petites graines nues , entaffées fur une couche
pyramidale. Cette plante paffe pour vulnéraire
, réfolutive, & déterfive.
La marguerite jaune , ou foucy des champs, eft le
nom vulgaire qu’on donne à l’efpece de chyfanthe-
mum que les Botaniftes appellent chryfanthemum fe-
getum vulgare , folio glauco. Elle eft commune dans
les terres à blé. M. de Juflieu l’a décrite fort au
long dans les Mémoires de L'acad, des Sciences , ann.
172.4, parce que la fleur radiée jaune qu’elle porte
- eft très-propre à teindre dans cette couleur, comme
cet habile botanifte s’en eft convaincu par quelques
expériences.
Il commença par enfermer la fleur dans du papier
, où fon jaune ne devint que plus foncé , ce qui
étoit déjà un préjugé favorable ; enfuite il mit dans
des déco&ions chaudes de ces fleurs différentes étoffes
blanches , de laine, ou de foie, qui a voient auparavant
trempé dans de l’eau d’alun, 6c il leur vit
prendre de belles teintures de jaune, d’une différente
nuance, félon la différente force des décoctions
, ou la différente qualité des étoffes ; & la plû*
part fi fortes , qu’elles n’en perdoient rien de leur
vivacité pour avoir été débouillies à l'eau chaude.
L’art des teinturiers pourroit encore tirer de-là de
nouvelles couleurs par quelques additions de nouvelles
drogues. Rien n’eft à négliger dans la Botanique
: telles plantes que l’on a ôté du rang des
ufuelles, parce que l’on n’y reconnoît point de vertus
médécinales, en a fouvent pour les arts, ou pour
d’autres vues. (D . J.)
MARGUERITE, ( Pharm. &mat. médical.') grande
marguerite, grande paquttte , oeil de boeuf, 6* petite
marguerite , pâquerette ; ces plantes font comptées
parmi les vulnéraires , les réfolutives 6c déterfive*
deftinées à l’ufage intérieur. C ’eft précifément leur
fuc dépuré que l’on emploie, aufli-bien que la dé-
coftion des feuilles & des fleurs dans l’eau commune
ou dans le vin.
Ces remedes font principalement célébrés, comme
propres à difioudre le fang figé ou extravafé.
Vanhelmont la compte, à caufe de cette propriété,
parmi les antipleuritiques ; & Mindererus, comme
un remede fingulier contre les arrêts de fangfurvenus
à ceux qui ont bû quelque liqueur froide, aprèss’être
fort échauffés ; d’autres auteurs l’ont vantée , pour
la même raifon, contre l’inflammation du foie, dans
les plaies du poumon , 6c même dans des phtifies,
contre les écrouelles, la goutte, l ’afthme, &c.
On leur a aufîi attribué les mêmes vertus , c’eft-
àdire , la qualité éminemment vulnéraire , réfolutive
& déterfive, fi on applique extérieurement la
plante pilée fur les tumeurs écrouelleufes, & fur les
plaies récentes, ou fi on les bafline avec le fuc. On
trouve dans les boutiques une eau diftillée de marguerites
, que beaucoup d’auteurs' 6c même Geof-
froi regardent comme fort analogue à la décoélion
& au fuc , en avouant feulement qu’elle eft plus foi-
ble. Il s’en faut bien que ce foit avouer affez ; il faut
au contraire avancer hardiment que l’eau' de marguerite
eft abfolument dénuée de toute vertu , puif-
que ni l’une ni l’autre marguerite ne contient aucun
principe médicamenteux volatil, 6c pour la même
raifon que les marguerites font des ingrédiens fort inutiles
de l’eau vulnéraire 6c de l ’eau générale de la
pharmacopée de Paris. (b)
Marguerites , f. f. ( Marin.) ce font certains
noeuds qu’on fait fur une manoeuvre pour agir avec
plus de force.
Marguerite la , (Géogr.) ou comme difent
les Efpagnols , à qui elle appartient , Sancla-Mar-
garita de las Caracas, île de l’Amérique , aflez près
delà terre ferme 6c de la nouvelle Andaloufie, dont
elle n’eft féparée que par un détroit de huit lieues.
Chriftophe Colomb la découvrit en 1498. Elle peut
avoir 15 lieues de long fur 6 de large, 6c environ 3 5
de circuit. La verdure en rend l’afpeû agréable ;
mais c’eft la pêche des perles de cette île , qui a excité
l’avarice des Efpagnols. Ils fefervoientd’efclaves
negres pour cette pêche, 6c lesobligeoient,àforce
de châtimens , de plonger cinq ou fix brafles pour
arracher des huitres attachées aux rochers du fond.
Ces malheureux étoient encore fouvent eftropiés
par les requins. Enfin, l’épuifement des perles a
fait ceffer cette pêche aux Elpagnols ; ils fe font retirés
enterre ferme. Les naturels’ du pays, autrefois
fort peuplé , ont infenfiblement péri , & l ’on ne
voit plus dans cette île, que quelques mulâtres qui
! font expofés aux pillages des flibuftiers, & font très-
fouvent enlevés. Les Hollandois y defeendirent en
, & en raferenl le château. Longit. 314. lat.
u . 10. ( D . J . ) A
Marguerite, Sainte, ( Géogr. ) île de.France,
en Provence , que les anciens ont connue fous le
nom de Lero. f^oye^ Lérins.
MARGUILLIER , f. m. (Jurifp.) eftl’adminiftra-
teur des biens 6c revenus d’une églife. Les marguil-
liers font nommés en latin, matricularii, oeditui, ope-
rarii, adminijlratores , hierophylaces, & en françois ,
dans certains lieux, on les appelle fabrteiens , procureurs
, luminiers , gager s , 6cc.
Le nom le plus ancien qu’on leur ait donné eft
celui de marguillier, matriculii , ou matricularii, ce
qui vient de ce qu’ils étoient gardes du rôle ou matricule
des pauvres , lefque'ls n’ofànt alors mendier
dans les églifes, fe tenoient pour cet effet aux portes
en dehors. La matricule de ces pauvres étoit mife
entre les mains de ceux qui recevoient les deniers
des quêtes , colleâes & dons faits pour les nécefli-
tés publiques, 6c qui étoient chargés de diftribuer
les aumônes à ces pauvres. On appelloit ces pauvres
matricularii, parce qu’ils étoient inferits fur la
matricule , & l’on donna auffi le même nom de matricularii
aux diftributeurs des aumônes, parce qu’ils
étoient dépofitaires de la matricule.
Entre les pauvres qui étoient inferits pour les aumônes
, on en ehoififfoit quelques-uns pour rendre
à l’églife de menus fervices ; comme de balayer l ’é-
glife , parer les autels, fonner les cloches. Dans la
fuite , les marguilliers ne dédaignèrent de prendre
eux-mêmes ce foin, ce qui peut encore contribuer à
leur faire donner le nom de matricularii, parce qu’ils
prirent en cette partie la place des pauvres matri-
culiers , qui étoient auparavant chargés des mêmes
foeftions. Les paroiffes ayant été dotées , 6c les
marguilliers ayant plus d’affaires pour adminiftrer les
biens & revenus de l’églife, on les débarraffa de tous
les foinS'dont on vient de parler , dont on chargea
les bedeaux & autres miniftres inférieurs de Péglife.
Néanmoins dans quelques paroiffes de campagne ,
l’ufage eft encore demeuré , que les marguilliers rendent
eux-mêmes à l’églife tous les mêmes 1er vices
qu’y rendôient autrefois les pauvres, & que pré-
lentement rendent ailleurs les bedeaux.
Les marguilliers étoient autrefois chargés du foin
de recueillir les enfans expofés au moment de leur
naiffance , & de les faire élever. Ils en dreffoient
procès-verbal, appelle epijlola colleclionis, comme
on voit dans Marculphe. Ces enfans étoient les premiers
inferits dans la matricule ; mais préfentement
c’eft une charge de la haute-juftice.
Ce ne fut d’abord que dans les églifes paroiflîales
que l’on établit des marguilliers,mais dans la fuite on
en mit auffi dans les églifes cathédrales,& même-dans
les monafteres. Dans les cathédrales & collégiales il
y a voit deux fortes de marguilliers , les uns clercs ,
lès autres lais. Oddti, évêque de Paris, inftitua en
1104, dans fon églife, quatre marguilliers lais, dont
le titre fubfifte encore préfentement. Ils ont confer-
v é lefurnom de lais, pour les diftinguer des quatre
marguilliers clercs, qu’il inftitua dans le même tems.
Ces marguilliers lais font confidérés comme officiers
de l’églife , & portent la robe 6c le bonnet.
Dans les églifes paroiflîales, il y a communément
deux fortes de marguilliers ; les uns qu’on appelle
marguilliers d'honneur, c’eft-à-dire ad honores, parce
qu’ils ne fe mêlent point du maniement des deniers ,
6c qu’ils font feulement pour le confeil ; on prend ,
pour remplir ces places , des magiftrats, des avocats,
des fecretaires du roi. Les autres qu’on appelle
marguilliers comptables , font des notaires , des procureurs,
des marchands , què l’on prend pour gérer
les biens & revenus de la fabrique.
Les marguilliers font dépofitaires de tous les titres
& papiers de la fabrique , comme auflî des livres ,
ornemens, reliques, que l’on emploie pour le fer-
vice divin.
Ce font eux qui font les baux des maifons 6c autres
biens de la fabrique;ils font les concédions des
bancs, 6c adminiftrent généralement tout ce qui appartient
à l’églife.
La fon&ion de marguillier eft purement laïcalé ;
il faut pourtant obferver que tout curé eft marguillier
de fa paroiffe*, 6c qu’en cette qualité , il a la première
place dans des affemblées de la fabrique. Les
marguilliers laïcs ne peuvent même accepter aucune
fondation , fans y appeller le curé & avoir fon
avis.
L’éleftion des marguilliers n’appartient ni à l’évêque
, ni au feigneur du lieu, mais aux habita ns ; 6c
dans les paroiffes qui font trop nombreufes, ce font
les, anciens marguilliers qui élifent les nouveaux.
On ne peut élire pour marguillier aucune femme,
même conftituée en dignité.
Les marguilliers né font que de Amples adminif-
trateurs, lefquèls ne peuvent faire aucune aliénation
du bien de l’églife, fans y être autorités avec
toutes les formalités néceflaires.
Le tems de leur adminiftration n’eft que d’une ou
deux années , félon l’ulage des paroiffes. On continue
quelquefois les marguilliers d'honneur.
Les marguilliers comptables font obligés de fendre
tous les ans compte de leur adminiftration aux archevêques
ou évêques du diocèfe , ou aux archidiacres
, quand ils font leur vifite dans la paroiffe. L’ évêque
peut commettre un eccléfiaftique fur les lieux
pour entendre le compte. Si l’évêque, ou l’archidiacre
ne font pas leur vifite , & que l’évêque n’ait
commis perfonne pour recevoir le compte , il doit
être arrêté par le curé 6c par les principaux habi-
tans , & repréfenté à l’évêque ou archidiacre, à la
plus prochaine vifite. Les officiers de juftice 6c les
principaux habitans doivent auffi, dans la réglé, y
affifter, ce qui néanmoins ne s’obferve pas bien régulièrement.
Voye{ l'édit de i ÇÿS } les lois eccléfiafti-
ques ; Favet ,• traité de l'abus ; & le mot F A B RI-
Q U E- ( ^ )
M ARGUS, (- Géogr. anc.) nom d’une riviere d’A-
fie 6c d’Europe.
Le Margus d’Afie arrofoit le pays qui en prenoit le
nom de Margiane. Ptolomée met la fource de ce
fleuve à 105 d. de longit. 6c à 39d. de lat. 6c fa chute
dans l’Oxus, à io z . 40 de longit. & à 43. 3ode lat.
Le Margus d’Europe e f t , félon M. de Lifle & le P.
Hardouin , l’ancien nom de la Morave , riviere de
Servie. Elle eft nommée Margis par Plijie , & c’eft
le MoJ'chius de Ptolomée , liv. III. chap. ix. eftropié
dans les cartes qui accompagnent fon livre. (D . J.)
MARI, f. m. ( Jurifprud. ) eft celui qui eftjoint &
uni à une femme par un lien qui de fa nature eft in-
diffo lubie.
Cette première idée que nous donnons d’abord de
la qualité de mari, eft relative au mariage en général
, confidéré félon le droit des gens , & tel qu’il eft
en ufage chez tous les peuples.
Parmi les chrétiens , un mari eft celui qui eft uni
à une femme par un contrat c iv i l, & avec les cé-
. rémonies de l’églife.
Le mari eft confidéré comme le chef de fa femme ,
c’eft-à-dire comme le maître de la fociété conju-
gale.
Cette puiffance du mari fur fa femme eft la plus
ancienne de toutes, puifqu’elle a néceffairement précédé
la puiffance paternelle , celle des maîtres fur
leurs ferviteurs, & celle des princes fur leurs fujets.
E lle eft fondée fur le droit divin ; caron lit dans la
Genefe , chap. iij, que Dieu dit à la femme qu’elle