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leurs poffeffions 6c de leurs privilèges. Leurs chiens
paffoient pour être excellens , l’on en faifoit un
grand ufage pour la chaffe & pour la garde des troupeaux.
Delà vint en proverbe , le nom latin Molof*
fu s , pour dire un chien fort, courageux 6c de bonne
garde. (Z>. /.)
MOLPA , ( Géog.) riviere d’Italie , au royaume
de Naples dans la principauté citérieure. Elle a fa
fource au-deffus de Rot'rano, & va le jetter dans la
mer de Tofcane , au-deffus du cap Palinuro.
(» • j ' , ■ , ' ■ H
MOLSHEIM , (Geog.) autrefois Molesheim , en
latin moderne Molehemium; ville de France en Al-
face, fur la riviere de Brulch, à 3 lieues de Straf-
bourg. La chartreule 6c la maifondes jéfuites occupent
prelque toute la ville. Elle eft à 95 lieues de
Paris. Lo/ig. 2S. 10. 17 , lat. 48. 3 2 . 26'. (Z>. ƒ.)
MOLT OL 1NOS , f. m. (Cornm.) peau de mouton
paffée en mégie au levant, d’une maniéré particulière.
MOLUCANE, (Hifl. nat. Botan.) plante des îles
Moluques & de l’indollan, qui s’élève de fix ou fept
piés. Elle eft d’un beau verd ; fa tige eft mince,
tendre & foible ; elle produit un grand nombre de
rameaux qui rampent lorfqu’on les laiflé venir; fes
feuilles reffcmblent à celles du fureau, elles font
moilés, tendres 6c dentelées : fa fleur eft jaune, 6c
femblable à celle de la citrouille. Ceite plante fe
plaît dans les lieux humides, & demeure verte toute
l ’année. Sa fécondé écorce paffe pour un vulnéraire
très-efficace : elle eft regardée comme ayant une infinité
de vertus, ce qui fait que les Indiens l’appellent
dans leur langue, le retnede des pauvres, & La
ruine des médecins.
MOLUE, voye^ Morue.
MOLUQUE , MoLuca , genre de plante à fleur
monopétale, labiée , 6c dont la levre fupérieure eft
creufée en forme de cuilliere ; la levre inférieure eft
divilée en trois parties. Il s’élève du fond du calice
un piftil attaché à la partie poftérieure de la fleur
comme un clou ce piftil eft accompagné de quatre
embryons qui deviennenr dans la fuite autant de
femences anguleufes 6ç renfermées dans une capfu-
le , en formé de cloche , qui a fervi de calice à la
fleur. Tournefort , Hnjl. rei. herb. Foye? Plan t e .
M, de Tournefort compte trois efpeces de ce
genre de plantes, qu’on appelle autrement les anacardes;
lavoir la moluque Liffe, la moluque épineufe,
6c la moluque de Sicile, qui s’élève en arbriffeau. Les
Anglois nomment la première fmooth moluccabalrn,
6c la fécondé pricKly molucca balm.
La moluque lifte pouffe plufieurs tiges à la hauteur
d’un à deux piés, prefque quarrees, rougeâr
tes, remplies de moelle : fes feuilles font découpées
tout-au-tour allez profondément, attachées à des
queues longues , d’une odeur agréable 6c d’un goût
amer: fes fleurs font blanches, verticijlées entre les
feuilles ; chacune d’elles eft en gueule, ou formée
en tuyau découpé par le haut en deux lèvres, dont
H fupérieure eft crcufe en maniéré de cuillère, 6c
l’inférieure divifée en trois, fegmens:le calice des
fleurs eft déployé, large, fait en forme de cloche,
comme membraneux 6c ouvert. Quand la fleur eft
paftee , illui fucçede quatre femences anguleufes &
enfermées dans une capfule qui a fervi de 'calice à
la fleur} la racine qft ligneufe & fibreufe.
Lu - moluque épineufe fe diftingue de la précédente,
en ce que fes fleurs font foutenues par des
calices plus grands , plus étroits, épineux, à pi-
qnaps.longs & roides : l ’odeur de la plante eft défa-
gréable. On ne cultive ces deux efpeces que dans
les jardins des curieux ; çar elles ne font ni belles, ni
d’aucune utilité.
M O L
La moluque de Sicile n’eft guere connue que
dans fon lieu natal, où elle eft même abandonnée. wÊM mm| MOLUQUES , ( Géogr. ) îles de l’Océan oriental
, fituées aux environs de la ligne , au midi des
Philippines.
Les îles principales qu’on appelle proprement Mo-
loques , font Ternates , Tidor, Machian , Moter &
Bachian. Elles font toutes comprifès entre deux méridiens
, à la vue les unes des autres, & n’occupent
guere que 25 lieues d’étendue. Elles font prefque
entièrement fous la ligne la plus feptentrionale , à
un demi-degré du côté du nord , 6c la plus méridionale
, à un degré du côté du fud ; vers le couchant,
elles font proche de l’île de Gilolo.
Les Moluques ne font féparées les unes des autres *
que par quelques petits bras de mer, ou quelques
petites îles défertes, 6c obéiffent en général à trois
rois.
Le terroir en eft fec & fpongieux ; les arbres toujours
couverts de feuilles , chargés de diverfçs fortes
de fruits ; donnent des bananes , des noix de coco
, des oranges, des limons, du macis 6c de la muf-
cade ; mais ce qui vaut mieux que tout cela , ces îles
produifent feules dans le monde le girofle, objet
d’un commerce auffi furprenant que lucratif. D ’un
autre côté , il ne croît ni blé, ni riz aux Moluques ;
on fe fert de farine] de fagou. II n’y a dans ces (îles
aucune mine d’or, ni d’argent, ni de métaux inférieurs.
Les Chinois fubjugirerent autrefois les Moluques.
Après eux , elles furent occupées par ceux de Java,
6c par les Malais ; enfuite les Perfans 6c les Arabes
s’y jetterent, 6c y introduifirent parmi les pratiques
de l’idolâtrie , les fuperftitions du mahomé-
tifme. On y parle plufieurs langues différentes , 6c
le malais plus communément qu’aucune autre.
Les Moluques furent découvertes en 15 11 par les
Portugais , qui y defeendirent, & s’en emparerent
fous la conduite de Francjfco Serano. Au bout de
peu de tems , cette poffeffion leur fut difputée par
les Caftillans, en conféquence de la ligue de démarcation
d’Alexandre VI. Cependant, après quelques
aftes d’hoftilité , Charles-quint, par le traité
de Sarragoffe en 15 2 9 , engagea ces îles litigienfes
au roi dé Portugal , pour 360 mille ducats. Mais
finalement les Hollandois ont dépoffédé les Portugais
des Moluque» & de leur commerce, en 1601,
1605 & 1669 » Pour y établir un empire plus durable
, 6c qu’ils favent conferver avec fruit.
Les naturels de ces îles s’accommodent fort bien
avec leurs derniers maîtres. Ils reffemblent beaucoup
à ceux de Java 6c de Sumatra pour les moeurs,
les ufages , la façon de vivre , l’habillement & la
couleur. Les hommes font extrêmement bafanés ;
ils ont les cheveux noirs 6c liftes, qu’ils blanchifiént
de bonne heure ; les yeux gros, les poils des fourcils
longs , les paupières larges, le corps robufte. Ils
font doux , pareffeux, adroits , foupçonneux, pauvres
& fiers, (£>.ƒ. )
M O L Y , ( Botan. exot. ) nom d’une plante qu’Ho-
mere a rendue célébré, 6c que les Botaniftes de tous
les âges ont tâché de connoître. Ce n’eft pas sûrement
la mcfiuva ge , comme le penfent les interprètes
de ce poète ; mais Théophrafte femble avoir
rencontré jufte quand il aflîire que le moly d’Homere
aboqdoit en Arcadie. ; que cette plante avoit une
longue racine bulbeufe, 6c des feuilles épaifles 6c
vertes comme celles de l’oignon. Pline au contraire
a raflemblé toutes les] contradictions qui avoientété
débitées par fes prédéceffeurs fur le moly, & il a
fait dire à Théophrafte tout l’oppofé de ce que cet
habile auteur avoit écrit.
Comihc les médecins d’Italie fe perfuadentque le
pioly
M O L
imoly d'Homere croiffoit dans la campagne de Rome,
Pline adopte leur idée, 6c raconte qu’on lui avoit
apporté une racine de moly, qu’on avoit tirée avec
beaucoup de peine d’entre les pierres & les rochers ,
6c qui avoit néanmoins 30 piés de long , quoiqu’elle
ne fût pas entière. C’étoit vraiffemblablement la racine
de quelque efpece de luzerne fauvage , &
non pas la racine d’une plante bulbeufe. II eft vrai
qu’Homere dit que la racine du moly étoit difficile à
arracher ; mais il avoit été mal inftruit à cet égard ;
car aucune racine bulbeufe ne s’arrache difficilement.
Je trouve encore que Pline donne des fleurs
jaunes au moly , tandis qu’Homere déclare qu’elles
font blanches, & c’eft un des carafteres effentiels de
fa plante ,• que Théophrafte n’a point perdu de vue.
Audi tous nos modernes s’en tiennent à l’opinion de
cet ancien botanifte, & rangent le moly d’Homere
parmi les aulx : c’eft l’efpece d’ail nommé allium lad-
folium liliflorum par Bauhin 6c Tournefort. Nous
pourrions l’appeller le grand moly.
Cette plante pouffe de fa racine cinq feuilles longues
d’un à deux piés, larges de deux ou trois pouces
, épaifles, pointues, vertes , couvertes d’une
poudre qui n’eft pas adhérente. Il s’élève d’entre
ces feuilles une tige à la hauteur de trois ou quatre
piés, ronde, nue, verte, creufe, portant à fon fom-
met un bouquet de petites fleurs à fix pétales, pointues
, difpofees en rond, 6c blanches comme celles
du lis. Lorfque ces fleurs font paffées , il leur fuc-
cede de petits fruits triangulaires, divifés intérieurement
en trois loges, qui contiennent des femences
prefque rondes, noires , reffemblantes à celle de
l’oignon. Sa racine eft bulbeufe, groffe ordinairement
comme le poing , noire en dehors 6c blanche
en dedans. On cultive cette plante dans les jardins.
Elle a peu d’odeur 6c de force. ( D. J. )
MOLYBDÆNA, f. f. ( Ht fl. nat. min. ) fubftance
minérale connue fous le nom de crayon. C ’eft une efpece
de talc devenu compaûe , 6c compofé de particules
extrêmement fines ; elle fàlit les doigts , &
fait des traces fur le papier.Pouffée à un feu violent,
on en tire des fleurs , ou un fublimé qui eft inflammable
•; ce n’eft autre chofe que du zinc dont la mo-
lybdcena ou le crayon eft une vraie mine. Cette fubftance
fe trouve auffi défignée fous les noms de moly
b doïdes , mica picloria. Foye^ BLENDE , & voye^
C rayon , Plombagine. (—)
MOLYBODES, ( Géog. anc. ) île fur la côte de
Sardaigne : c’eft la même que Plumbeu. On la nomme
aujourd’hui , félon Léander, ifola di Toro.
MOLYCRIE, ( Géog. anc. ) petite ville delà Li-
vadie en Grece furie golfe de Patra. A une lieue
de cette ville eft le cap Moly crie , ou Y A ntirrhium •
des anciens, qui avec le golfe de Rhion, forme Feutrée
dii golfe de Lépante.
MOLZOUDON , ( Géog. ) ville du Mogoliftan.
Long. 132. lat. 5 o. (JD. J ,}
MOMBAZA , pierre de , ou lapis de Bombaco,
{Hijl. nat J c’eft ainfi que les Portugais nomment
un befoar ou pierre, qui fe trouve dans un animal que
quelques-uns croient être un cheval fauvage des Indes.
Cette pierre eft de la groffeur d’un oeuf de pigeon
; elle eft très-dure, d’un gris tirant fur le jaune
à l’extérieur, compofé de plufieurs couches à l’intérieur
; au centre on trouve un pétit amas de poils,
enveloppés d’une croûte tendre qui fe durcit à me-
fure qu’elle approche de la circonférence. Les Portugais
lui attribuent de grandes vertus dans la colique
, dans les fievres, dans la mélanchoüe , & fur-
tout ils croient qu’elle eft très-propre à faciliter les
accouchemens. On prend cette pierre pulvérifée
dans du vin 6c de l’eau. Voye\_ Ephemerides naturel
ptiriof. decad II. anno /, (—)
MOMENT , INSTANT ( Gram. 6* Jynon. ) un
Tome X .
M O M 63$
moment n’eft pas long i un infant eft encore plus
1 court.
Le mot de tnomént a une lignification plus étendue^
il fe prend quelquefois pour le tems en général, &
il eft d’ufage dans le tems figuré. Le mot à'inflant a
une lignification plus refferrée ; il marque la plus
petite durée du tems, 6c n’eft jamais employé que
dans le fens littéral.
Quelque fage 6c quelque heureux qu’on foit, on
a toujours quelque fâcheux moment qu’on ne fauroit
prévoir. Chaque inflant de la vie eft un pas vers la
mort. (Z>. J .)
M o m e n t , f. m. dans le tems, ( Méch. ) eft une
partie très-petite 6c prefqu’infenfible de la durée ,
qu’on nomme autrement infant. Le mot inflant fe
dit néanmoins plus proprement d’une partie de tems
non-feulement très-petite , mais infiniment petite ;
c’eft-à-dire, plus petite qu’aucune partie donnée ,
ou affignable. A'byeç T em s .
Moment,. dans les nouveaux calculs de l’infini ,
marque chez quelques auteurs, des quantités cen-
fées infiniment petites. Voyeç In f in i . C ’eft ce qu’on
appelle autrement 6c plus communément différences \
ce font les augmentations ou diminutions momentanées
d’une quantité confidérée , comme dans une
fluxion continuelle. Foye{ D i f f é r e n t i e l &
Flu x io n .
Moment ou momenturn , en Méchanique , lignifie
quelquefois la même chofe qu'impetus, ou la quantité
du mouvement d’un mobile. Foye% Mo u v e m e n t .
Dans la comparaifon des mouvemens des corps >
la raifon de leurs moment eft toujours compofée de
celles de la quantité de matière, 6c de la vîteffe du
mobile, de façon que le moment d’un corps en mouvement
peut être regardé comme leproduitfait de fa
quantité de matière & de fa vîteffe ; & comme on
fait que tous les produits égaux ont des fa&eurs réciproquement
proportionnels , il s’enfuit de-là que
fi des mobiles quelconques ont des moment égaux ,
leurs quantités de matière feront en raifon inverfe
de leurs vîteffes ; c’eft-à-dire , que la quantité de
matière du premier fera à la quantité de matière du
fécond, en raifon de la vîteffe du fécond à celle du
premier : 6c réciproquement, fi les quantités de matière
font réciproquement proportionnelles aux vî-
teffes , les moment font égaux.
Le moment de tout mobile peut auffi être confî-
déré comme la fomme des mornens de toutes fes
parties ; & par conféquent fi les grandeurs des
corps & le nombre de leurs parties font les mêmes,
ainfi que leurs vîteffes, les corps auront les mêmes
mornens.
Mo m e n t , s’emploie plus proprement & pluspar-
ticulierement dans la Statique , pour défigner le produit
d’une puiffance par le bras du levier auquel elle
eft attachée, ou , ce qui eft la même chofe, par la
diftance de fa direélion au point d’appui ; une puifj
fance a d’autant plus d’avantage, toutes chofes d’ailleurs
égales , & fon moment eft d’autant plus grand,
qu’elle agit par un bras de levier plus long. Foyer
L e v ie r , Ba l a n c e & Mé c h a n iq u e .
MOMERIE, f. f. ( Gram,') bouffonnerie, ou maintien
hypocrite & ridicule, ou cérémonie v ile , mifé-
rable 6c rifible. Il n’y a point de religion qui ne foit
défigurée par quelques momeries. La cérémonie de fe
faire toucher des fouverains pour les écrouelles, eft
une momerie. L’ufage en Angleterre de fervir le monarque
à genoux , eft une efpece de momerie. Il y à
des gens dont la vie n’eft qu’une momerie continuelle;
ils fe rient au fond de leur ame de la chofe qu’ils fem-
blent refpeôer, 6c devant laquelle ils font mettre le
front dans la pouffiere à la foule des imbécilles qu’ils
trompent. Combien de prétendues fciences qui ne
font que des momeries !
L L 1 I