deux principales, le petit Ôc le gnand millet nommé
m m 1 1 I
Le petit millet , le millet ordinaire , jaune ou
blanc milium vulgare ,femine luteo vel albo, des Bau*
hin, de R a y, Tournefort, ôc autres botaniftes ,. a
des racines nombreufes, fibreufes, fortes, blanchâtres
; elles jettent plufieurs tiges ou tuyaux à la
hauteur de deux ou trois pies, de moyenne groffeur,
entrecoupées de neuds. Ses feuilles font amples,
larges de plus d’un pouce, femblables à celles du ro-
feau , revêtues d’un duvet épais dans l’endroit oii
elles enveloppent la tige ; mais après qu’elles s’en
font détachées, elles deviennent infenfiblement lif-
fes & polies. Ses fleurs naiffent en bouquets aux
fommités des rameaux , de couleur ordinairement
jaune, quelquefois noirâtre ; elles font compofées
de trois étamines qui fortent du milieu d’un calice,
le plus fouvent à deux feuilles. Quand les fleurs font
tombées il leur fuccede des graines prefque rondes,
ou ovales, jaunes, ou blanches, dures , luifantes ,
renfermées dans des efpeces de coques minces, tendres
, qui éroient enveloppées par le calice de la
fleur.
Cette plante fe cultive dans les campagnes , &
demande une terre neuve , légère, grafl'e, & hu-
.meâée.
Le grand millet, le millet d’Inde, ou le forgo, eft
le milium arundinaceum , fubrotundo femine , forgo
nominatum , C. B. P. 16 , ôc de Tournefort /. R. H.
5 J4 - I
Sa racine confifle en de groffes fibres, fortes, qui
.s’enfoncent çà ôc là en terre, afin que les tiges qu’elles
foutienncnt puiffentplus aifémentréfifter au vent.
Elle jette plufieurs tuyaux femblablesà ceux des ro-
feaux à la hauteur de huit à dix piés , & quelquefois
de douze, gros comme le doigt, noirâtres , ro-
buftes, noueux, remplis d’une moelle blanche ôc
douçâtre, à Ja maniéré dufureau. Ces tuyaux rou-
giffent quand la femence mûrit. De chaque noeud
ilfort des feuilles longues d’une coudée , larges de
trois ou quatre doigts, femblables à celles du ro-
feau ; les feuilles d’en haut font armées de petites
dents pointues, qui coupent les doigts quand on les
manie en defcendant.
Ses fleurs naiffent aux fommités des tiges en maniéré
de bottes, ou de bouquets, droits, longs d’environ
un pié, larges de quatre ou cinq pouces ; ces
fleurs font petites, jaunes, oblongues , ôc pendantes
, compofées de plufieurs étamines qui fortent du
milieu du calice à deux feuilles. Quand les fleurs
font tombées, il leur fuccede des femences nombreufes
, plus groffes du double que celles du petit
millet, prefque rondes, ou ovales, de couleur, pour
l’ordinaire , rougeâtre , ou d’un roux tirant fur le
noir, plus rarement blanchâtre, ou jaune, enveloppées
d’une double capfule ; & après qu’elles ont
été fccouées, il relie des pédicules, comme de gros
filamens, dont on fait des broffes.
Il y a un autre millet d’Inde, qui ne différé du premier
, qu’en ce que fa femence eft applatie, groffe
comme un grain d’orobe, ôc fort blanche. C ’eft le
forghi album , milium indicum, Dora Arabum de J. B.
Il croît en Arabie , en Cilicie , ôc dans l’Epire. Les
Arabes en tirent de même que des cannes à fucre ,
un fuc extrêmement doux. On le feme en Cilicie
pour la volaille , & pour fuppléer au bois dont on
manque. ( D . T. )
Millet , (Dicte.) la farine de millet fournit un
aliment affez grolîier, de difficile digeftion , reffer-
rant un peu le ventre, & caufant quelquefois des
vents. Les payfans qui ont les organes de la digeftion
fort vigoureux , s’en accommodent cependant
affez bien. Ils la mangent foit fermentée, fous forme
d’un pain affez mal levé , mou ôc gluant, à
moins qu’ on n’ y mêle une bonne quantité dé
farine de fromen t, ou non fermentée fous la forme
de différentes bouillies , pâtes , gâteaux , &c*
cuits à l’eau ou au lait. L e millet a d’ailleurs toutes
les propriétés communes des farineux. Foye^ Fa rineux.
( b )
MILLlAIRE,f. m. (Hifi. anc.) efpace de mille pas
géométriques, diftance parlaquelle les Romains mar-
quoient la longueur des chemins, comme nous la
marquons par lieues. On compte encore par milles en
Italie. Il y avoit à Rome au milieu de la ville une
colonne appellée milliaire, qui étoit comme le centre
commun de toutes les voies oij grands chemins
fur lefquels étoient plantés, de mille pas en mille
pas, d’autres colonnes , ou pierres numérotées,
fuivant la diftance oit elles étoient de la capitale; de
là ces expreflions fréquentes dans les auteurs, tertio
ab urbe lapide, quarto ab urbe lapide, pour exprimer
une diftance de trois ou quatre mille pas de
Rome. A l’exemple de cette ville les autres principales
de l’Empire firent pofer dans leurs places publiques
des colonnes milliaires deftinées au même
ufage. Foyc{ C olonne mil liaire.
Milliaires, milliaria, (Hif. anc.') grands vafes,
ou réfervoirs dans les thermes des Romains, ainfi
nommés de la grande quantité d’eau qu’ils conte-
noient, ôc qui par des tuyaux fe diftribuoit , à
l’aide d’un robinet, dans les différentes pifcines, ou
cuves où l’on prenoit le bain. Foye[ Bains.
Milliaire d o r é , ( Littér. & Géog. ) milliarium
aureuniy comme difent Pline & Tacite ; colonne qui
futdreffée au centre de Rome, & fur laquelle étoient
marqués les grands chemins d’Italie, & leurs diftan-
ces de Rome par milles.
Ce fut Augufte q u i, pendant qu’il exerçoit la
charge de curator viarum , fit élever cette colonne
ôc l’enrichit d’or, d’oii elle reçut fon nom de milliaire
doré. Il ne faut pas croire d’après Varron, que tous
les chemins d’Italie aient abouti à la colonne milliaire
par une fuite de nombres : cëla n’étoit point ainfi ;
plufieurs villes célébrés interrompoient cette fuite ,
& comptoient leurs diftances des unes aux autres
par leurs nilliaires particuliers : encore moins cette
fuite fe rencontroit-elle depuis Rome jufqu’aux autres
parties de l’empire, comme, par exemple, dans
les Gaules , puifque l’on trouve plufieurs colonnes
oii le nombre gravé n’eft que d’un petit nombre de
milles, quoiqu’elles foient à plus de cent lieues de
Rome.
La colône milliaire d’Augufte étoit érigée dans le
forum romanum, près du temple de Saturne. Elle
ne fubfifte plus aujourd’hui, ôc ce n’eft que par une
vaine conjeélure qu’on fuppofe qu’elle étoit pofée à
l’endroit où l’on voit maintenant l’églife de Sainte-
Catherine de la confolation, dans le quartier deCam-
pitoli, qui eft au milieu de Rome moderne. (D . J.)
MILLIAR , f. m. ( Gramm, Arithmétiq. ) c’eft le
nombre qui fuit les centaines de millions dans la numération
des chiffres.
MILLIEME , adj. (Gramm. & Arithmétiq.) c’eft,'
dans un ordre de choies qui fe comptent, celle qui
occupe le rang qui fuit les centaines.
MILLIER, f. m. ( Gramm. Arithmétiq. & Comm. )
c’eft le nombre ou le poids d’un mille ou de dix fois
cent. Il fe dit dans le commerce des clous, des épingles
, du fer, du foin , de la paille , des fagots, des
fruits , des poids, &c. Cette cloche pefe douze milliers.
-j ’ . '
MILLION, f. m. ( Arithmétiq. ) nombre qui vaut
dix fois cent mille ou mille fois mille. Vyye^ Ar ith m
é t iq u e & C hiffre.
MILO , (Géog. anc. & mod.) par Strabon M«xoç,'
& dans Pline Milo ; île de l’Archipel au nord de
l’île de Candie, qu’elle regarde, ôc au fud-oueft
de l’île de l’Argentiere, dont elle eft à 3 milles.
Cette î le , fi parfaitement décrite par Tournefort,
eft prefque ronde, ôc a environ 60 milles de tour ;
elle eft bien cultivée, ôc fon port, qui eft un des meilleurs
& des plas grands de la Méditerranée, fert de
retraite à tous les bâtimens qui vont au Levant ou
qui en reviennent : car elle eft fituée à l’entrée de
l’Archipel, que les anciens connoiffoient fous le nom
de mer Egée.
Le Milo , comme dit Thucydide, quoique petite ,
fut tres-confidérable dans le tems des beaux jours
de la Grece : elle jouiffoit d’une entière liberté 700
ans avant la fameufe guerre du Péloponnèfe. Les
Athéniens y tentèrent inutilement deux defcentes,
& ce ne fut qu’à la troifieme qu’ils y firent ce maf-
facre odieux dont parlent le même Thucydide, Dio-
dore de Sicile ôc Strabon.
Cette île tomba, comme toutes les autres de l ’Archipel
, fous la domination des Romains , ôc enfuite
fous celle des empereurs grecs. Marc Sanudo, premier
duc de 1 Archipel, joignit le Milo en 1107 au j
duché de Naxie ; mais Barberouffe , capitan bacha,
la fournit, avec le duché de Naxie, à l’empire de
Soliman II.
f Cette île abonde en mines de fe r , de foufre ôc
d alun ; il faut la regarder comme un laboratoire naturel
, ou continuellement il fe prépare de l’efprit
de fe l, de l’alun, du foufre par le moyen de l’eau
de la mer & du fer des roches. Tout cela eft mis en
mouvement par des brafiers que le fer ôc le foufre y
excitent jour & nuit.
Le rocher fpongieux ôc caverneux qui fert de fondement
à cette île , eft comme une efpece de poêle
qui en échauffe doucement la terre,& lui fait produire
les meilleurs vins, les meilleures figues & les melons
les plus délicieux de l’Archipel. La feve de cette
terre eft admirable ; les champs ne s’y reposent jamais.
La première année on y feme du froment, la
fécondé de 1 orge ,& la troifieme on y cultive le coton
, les légumes & les melons ; tout y vient pêle-
mêle.
La campagne eft chargée de toutes fortes de biens
ôc de gibier ; on y fait bonne chere à peu de frais :
le printems y offre un tapis admirable, parfemé d’anémones
Amples de toutes couleurs,&dont la graifie
a produit les plus belles efpeces qui fe voient dans
nos parterres. L’heureufe température du Milo ôc la
bonté de fes pâturages, contribuent beaucoup à l’excellence
dés beftiaux qu’on y nourrit. On y voit encore
ces troupeaux de chèvres dont les chevreaux
ont été fi vantés par Julius Pollux.
On ne leffive point le linge dans cette île , on le
laiffe tremper dans l’eau, puis o.n le favonne avec
une terre blanche cimolée ©u craie, que Diofcoride
& Pline appellent la terre de M ilo, parce que de ieur
tems la meilleure fe trouvoit dans cette île.
Elle abonde en eaux chaudes minérales, en grottes
ôc en cavernes , où l’on fent une chaleur dès
qu’on y enfonce la tête. L’alun ordinaire ôc l’alun
de plume fe trouvent dans des mines qui font à demi
lieue de la ville de Milo.
L’air de cette île eft affez mal-fain ; les eaux, fur-
tout celles des bas-fonds, y font mauvaifes à boire,
& les habitans y font fujets à des maladies dange-
reufes. Les femmes s’y fardent avec le fuc d’une
plante marine, alcyonium durum, dont elles fe frottent
leurs joues pour les rougir ; mais cette couleur
paffe promptement, & l’ufage de cette poudre rouge
gâte leur teint & détruit la furpeau.
| Il n’y a que des grecs dans cette île , excepté le
juge ( cadi)qui eft turc. Le vaivode eft ordinairement
un grec., qui exige la taille réelle ôc la capita-
tion. Outre le vaivode, on élit tous les trois ans trois
coniuls qui s appellent epitropiy c’eft-à-dire adminiftrateurs,
intendans, parce qu’ils ont l’adminiftration
des rentes qui fe prennent fur la douane , les falines
ôc les pierres de moulin. Tout cela ne s’afferme cependant
qu’environ fix mille livres de notre mon-
noie.
On prétend que l’île a pris fon nom de mylos, qui
lignifie en grec littéral un moulin, du grand commerce
qu’on y faifoit de moulins à bras ; mais il y a
plus d’apparence qu’elle aconfervé fon ancien nom
de Mélos , dont on a fait Milo, ôc que Feftus dérive
d un capitaine phénicien appellé Melos. Pour ce qui
eft du f e l , on ne le vend pas dans cette î le , car la
melure ordinaire, qui pefe 70 livres, fe donne pour
15 fols. r
Il y a deux évêques dans le Milot l’un grec ôc
1 antre latin ; le latin poffede en tout 300 livres de
rente, & n’a qu’un prêtre pour tout clergé. {D. J .)
( Oltgr. ) ancienne ville de Grece, capitale
ne l’île de ce nom, fituée dans la partie orientale.
Elle contient, dit-on, quatre à cinq mille âmes,
eft allez bien bâtie, mais d’une faleté infupportable,
car les cochons y ont un appartement fous une arcade
de chaque maifon, à rez-de-chauffée , dont l’ouverture
donne toujours-fur la rue. Les ordures qui
s’y amaffent, les vapeurs des marais falans, & la
difette des bonnes eaux, empoifonnent l’air de cette
ville. Sa long, félon le P. Feuillée, eft à 4,2.3 1 ', 3 q".
lat. jÇ . 4/.
MILSUNGEN ou MELSINGEN, ( Géog. ) petite
villle ôc château de l’Allemagne dans la baffe-Heffe,
fur la Fulde , chef lieu d’un bailliage.
MILTENBERG, (Géog.) petite ville d’Allemagne
dans l’éleélorat de Mayence , fur le Meyn , entre
Aschaffenbourg Ôc Freudenberg. long. 26, 3G. lat.
âo. 2. (D . J . )
I M1L TO S , f. m. (Hijl. nat.) nom donné par les anciens
naturaliftes a ce que nous appelions crayon rouge
, rubrica, ou à une efpece de terre ferruginçufe ou
d’ochre , dont on fe fervoit dans la Peinture. Quelques
uns ont cru qu’ils fe fervoient aufli de ce mot
pour défigner le cinnabre.
MILYAS, (Géog. anc.) petite contrée d’Afie entre
la Pifidie. ôc. la L y c ie , félon Strabon, liv. X III. qui
ajoute qu’elle s’étendoit depuis la ville de Termeffe
ôc le paffage du Taurus, jufqu’aux territoires de Sa-
galaffus & d’Apamée. Sa capitale portoit le même
nom de Mylias, ôc fes habitans s'appelaient Milyot
ou Milyes, félon Etienne le géographe. Pline, livre
III. chap. xxvij. dit qu’ils tiroient leur origine de
Thrace. ( D . J . ) h
MIMAR AG A , f. m.. ( Hijl. mod. ) officier de police
chez les Turcs. C ’eft l’infpefteur des bâtimens
publics, ou ce que nous appellerions enFrance grand
voyer. .
Son principal emploi confifte à avoir l ’oeil fur
tous lés bâtimens nouveaux qu’on éleve à Conftan-
tinople ôc dans les faubourgs, & à empêcher qu’on
ne les porte; à une hauteur contraire auxreglemens,
car la maifon d’un chrétien n’y peut avoir plus de
treize verges d’élévation , ni celle d’un turc plus de
quinze; mais les malverfations du mimaraga fur cet
article, aufli bien que fur la conftru&ion des églifes
des chrétiens, font d’autant plus fréquentes, qu’eües
lui produifent un gros revenu. II y a aufli une efpece
de jurifdiôion fur les maçons du commun, ap*
pellés calfas ou chalifes. Il a droit de les punir ou de
les mettre à l’amende , fi en bâtiffant ils anticipent
fur la rue, s’ils font un angle de travers, ou s’ils ne
donnent pas affez de corps ôc de profondeur à leurs
murailles, quand même le propriétaire ne s’en plain-
droit pas., Cette place eft à la difpofition ôc nomination
du grand-vifir. Guer. Moeurs des Turcs ytom. I I ,
MIMAS, ( Géog. anc. ) promontoire de l’Afie propre
, oppofé à nie de Chio, Niger l’appelle Capo f i l -