topographique reffemble à une feuille de mûrier,
que les Grecs appellent Morea. Strabon, & beaucoup
d’autres , ont écrit qu’elle reffembloit à une
feuille de platane, qui ne différé guère de la feuille
de mûrier. (D .J . )
MORELLE , fi f. fôlanùm, ( Hifi. nat. Bot. )
genre de plante à fleur monopétale, en rofette , 8c
profondément découpée. Il s’élève du calice un piftil
qui eft attaché comme un clou au milieu de la fleur.
Ce piftil devient dans la fuite un fruit prefque rond
ou ovale, plein de lue , & dans lequel on trouve
des femences qui font le plus fouvent plates. Tournefort
, In f i. reiherb. V o y t{ Pl a n t e .
La mordit ou la douce-amere, eft le folanum fcati-
dtns feu dulcamara de C. B. P . 167. de Tournefort,
J. R. H. 14g. clem. bot. 124. Boërh. J. A . z . 67.
Dillen. catal gijf. 82. Rupp. flo. un. $6. Buxb.
306'. & autres; les Anglois la nomment tht com-
mon night-shade with red ber ries.
Sa racine eft petite, fîbreufe, elle pouffe des
branches ou farmens fragiles, grêles, longs de trois,
quatre, cinq ou lix piés, grimpans fur les haies ou
fur les arbriffeaux voifins. L’écorce des jeunes branches
eft verte ; celle dés vieilles branches 8c des
troncs eft gerfée, cendrée à l’extérieur, 8c d’un
beau verd en-dedans. Son bois renferme une moelle
fongueufe 8c caffante.
Ses feuilles naiffent alternativement ; elles font
oblongues, liffes, pointues, femblables à celles du
fmilax, d’un verd foncé, garnies quelquefois de
deux oreilles à leur bafe, portées fur une queue longue
d’environ un pouce.
Ses fleurs naiffent en bouquets ; elles font petites
, d’une odeur defagréable, mais elles font affez
belles à la vûe. Elles font d’une feule piece, en rofette
, partagées en cinq fegmens étroits, pointus,
réfléchis en-dehors , d*un bleu purpurin, 8c quelquefois
blancs ; du milieu des fleurs fortent des étamines
à fommets jaunes, qui forment une éminence.
Il s’élève du calice un piftil attaché en maniéré dé
clou à la partie poftérieure de la fleur. Ce piftil fe
change en baie fucculente, allongée, ovale, de
couleur d’écarlate quand elle eft mûre, d’une faveur
vifqueufe 8c defagréable, remplie de petites graines
applatics 8c blanchâtres.
Cette plante fe plaît dans les lieux aquatiques ,
6c le long des ruiffeaux ; elle eft toute d’ufage, 8c
fleurit aux mois de Juin 8c de Juillet. Elle paffe pour
incifive, diurétique 6c réfolutive. Les dames de Tof-
cane, du tems de Matthiole, employoient le fuc de
fes baies en pommade, pour le mettre en guife de
rouge fur le vifage. ( D . J. )
M o r e l l e ou D o u c e -am e r e , ( Mat. mèd. &
Dieu. ) cette plante eft vantée par plufieurs bota-
niftes célébrés comme puiffamment defobjlruanu &
fondante. La déco&fon de fa tige dans l’eau ou dans
le vin blanc , eft fur-tout très-recommandée contre
la jauniffe 8c les obftruélions du foie invétérées. Elle
eft célébrée encore comme un vulnéraire très-efficace
, capable de diffoudre le fang extravafé & gru-
melé ; 8c fon fuc eft très-utile , par cette propriété ,
à ceux qui font tombés d’un lieu élevé. Fuller avance
même qu’une infufion compofée , dont, la morelle
fait la bafe, opéré fi merveilleufement dans les chûtes
8c les grandes contufions , qu’il a remarqué ,
avec étonnement, que ce remede rendoit l’urine de
ces malades abfolument noire à caufe des grumeaux
diffous 8c entraînés avec cet excrément. Les mêmes
préparations de la morelle {0nt données aufïï pour
évacuer abondamment les eaux des hydropiques 1
foit par les felles, foit par les urines.
Les ufages extérieurs de cette plante font les mê*
nies que ceux de la morelle à fruit noir. Foye%. cet article.
' ■
La douce-amere tendre qui eft acidulé, peut être
mangée en falade avec affurance : elle n’eft pas plus
dangereufe dans cet état, que le phitolacca, plante
de la famille des morelles, dont les habitans de la
Martinique mangent les feuilles apprêtées comme
nous faifons nos épinars. Voy. Ph i t o l a c c a . ( b )
M o r e l l e à f r u it n o ir ; ( Botan. ) en latin
folanum acinis nigricantibus; c’eft une efpece de fola-
num. Voyt{ SOLANUM, ( Botan. )
Mo r e l l e , ( Mat. mèd. ) morelle commune à fruit
noir. Les feuilles de cette plante font employées en
Médecine, mais dans l’ufage extérieur feulement.
Car quoique quelques auteurs aient recommandé le
fuc ou l’eau diftillée de cette plante pris intérieurement
dans l’inflammation de l’eftomac, l’ardeur d’urine
, 8c la dyffenterie ; cependant trop d’obferva-
tions prouvent que ces fubftances font de véritables
poilons , pour qu’il foit permis de tenter un pareil
lecours. Les baies de la morelle commune étant
avalées même entières , eaufent bientôt des convul-
fions horribles, auiïi-bien que celles de la morelle
furieufe. Voy e{ Mo r e l l e f u r ie u s e . A u refte les
acides font l’antidote affuré de toutes les efpeces
dangereufes de morelle. M. Bernard de Juffieu, dont
la candeur 8c l’exaûitude dans les expériences font
généralement reconnues, m’a affuré que les acides
végétaux remédioient fi efficacement aux accidens
caufés par l’ufage intérieur de toutes ces plantes,
8c de plufieurs autres que Tournefort a rangées dans
la même claffe, qu’il n’é'toit pas même néceffaire
de les faire rejetter par le vomiffement, 8t qu’on
pouvoit s’en tenir à donner abondamment du vinaigre.
Ce favant botanifte a obfervé aufli que toutes
ces plantes étoient innocentes , lorfqu’elles conte-
noient un acide fpontané. Foye{ Mo re l leow D o u -
c e ^am e r e , T o m a t e & P h i t o l a c c a .
La morelle eft employée comme ftupéfiante, calmante
8c relâchante, dans tous les cas de tenfions
inflammatoires accompagnées de vives douleurs.
On l’applique principalement, l’herbe pilée, fur les
hémorrhoïdes ix as-dolentes, on les bafïine avec le
fuc. C’eft encore là un remede très-ulité contre les
douleurs atroces qui accompagnent fouvent les cancers.
On mêle quelquefois à ce fuc une petite quantité
d’efprit-de-vin , dans la vûe vraiffemblablement
affez mal remplie par cette addition, de corriger fa
qualité froide repereuflive. C’eft avec ce correctif
qu’on l’emploie principalement contre les éruptions
éréfipélateufes , 6c les démangeaifons infupporta-
bles.
On retire de cette plante une eau diftillée fimple
qui contient affez des principes propres de la plante
pour être vénéneufe dans l’ufage intérieur , car l’odeur
virulente de la plante entière annonce que fes
principes véritablement aélifs font au-moins en partie
très-volatils : mais cette imprégnation ne communique
point à cette eau des qualités comparables ,
quant à l’énergie , à celles du fuc ; elle la laiffe ,
prefque fans vertu , dans l’application extérieure.
L’huile qu’on prépare par infufion 6c par coéfion
de fes baies 6c de fes feuilles, 8c qu’on fait entrer
communément dans les embrocations ou épithemes
liquides & les cataplafmes anodins, eft aufli très-inférieure
en vertu au fuc.
Les Médecins les plus circonfpe&s ont regardé
tous ces remedeis extérieurs, tirés de la morelle commune
, comme fufpeéfs, par une qualité éminemment
repereuflive qu’ils lui ont attribuée ; qualité
peut-être trop généralement redoutée, au-moins
mal appréciée. Foye[ R e p e r c u s s if . (b )
MORELLE fu r ie u se , ( Médecine , Traité des cho-
fes non-naturelles.) Cette plante renferme un poifoa
violent, dont le .premier effet eft de jetter dans la
.fureur les fujets qu’il affe&e.
On trouve dans le Recueil périodique de Medecine ,
;&c. Août 17591 une obfervation remarquable à ce
du jet ; la voici : en 1743 , deux filles , l’une d’environ
fept ans, l’autre de huit, furent frappées d’une
manie , dont les fymptomes furieux firent foupçon-
nerle poifon au médecin, auteur de cette obierva-
•tion. Il leur fit donner quelques verres de tifane fti-
;biée. Elles vomirent, l ’une deux baies, l’autre trois
de morelle furieufe entières, aufli pleines , aufli fraîches
qu’au moment qu’elles font détachées de la
plante dans leur parfaite maturité ;-cependant la manie
fe foutenoit depuis.près de vingt-quatre heures ,
>tous les membres-étoient frappés de foibles mouve-
mens convulfifs, leur gefte étoit audacieux, leurs
regards exprimoient la fureur, le ris fardonique immodéré
fuccédoit 6c faifoit place aux larmes amenés;
elles bégayoient des paroles hardies, 8c cher-
choient à -mordre 6c déchirer tout ce qui fepréfen-
toit devant elles. L’anus, le fphin&er de la veflie
■ étoient relâchés, les extrémités inférieures étoient
-engourdies par une atonie paralytique ; l’effroi s’empara
du peuple, on cria au fortilege fur ces créatur
e s innocentes, on-les crut pofledées. L’exorcifme
donné fans connoiffance fut aufli fans fuccès. L’e-
• métique en lavage réuflit : demi-heure après l’opération
du remede , le public furpris vit jouer en
•pleine rue nos convalefcentes avec leurs compagnes.
Aujourd’hui elles jouiffent d’une fanté ferme &
vigoureufe ; -elles n’ont jamais reffenti aucune im-
•prefîion fâcheufe du poifon, dès l’inftant qu’il fut
:rejetté au-dehors. ( b )
Morelle À grappes , (Botan. ) nom vulgaire
•d’une'efpece de phitolacca. Voye{ Ph it o l a c c a .
Botan. (D .J . )
Morelle à -g rappe s, (Mat. mèd.)phitolacca ,
grande morelle des Indes. Les feuilles de cette-plante
■ entrent-dans'la compofition du baume’ tranquile.
On n’en fait aucun autre ufage en Médecine. On
croit qu’elle eft moins dangereufe que les autres ef-
•peces de morelle vrac lefquelles on la range, (b )
MORENA, (Géog<anc.) contrée d’Afie qui faifoit
partie de la Myfie.i(.D. J .)
MORESQUES , en Architeüure , voye{ Arabesq
u e s .
Moresques & Arabesques , (Cifeleur.) ce
font de certains rinceaux d’où fortent des feuillages
qui font faits de caprice & d’une maniéré qui n’a rien
•de naturel ; on s’en fert d’ordinaire dans les ouvrages
de damafquinerie, 6c dans les ornemens depein-
lure 8t de broderie.
MORET, {Pharmacie. ) voye{ la fin de Varticle ^
'M ûrier & Julep.
Moret , ( Géog. ) en latin du moyen-âge More-
■ tum ou Mitritum ; ancienne ville de l’Ifle-de-France ,
-avec un château qui n’eft qu’un donjon fur le Loin,
•il une lieue dô l’endroit où cette petite rivière le jette
‘ dans la Seine. Moret a depuis long-tems le titre de
comté. Henri IV. en fit préfent à Jacqueline de Beuil,
: fon amie. La feigneurie 6c le château de Fontainebleau
, entr’àutres fiefs, relevent du comté de Moret.
Long, zi- 34- ht- 48. 20: ( D . J . )
MORFIL, IV m. ( Coutel.) c ’eft une petite lifiere
très-mince, très-flexible, & très-coupante, qui fe
l forme tout le long d’un -inftrument tranchant , 6c
1 lorfqu’on l’émôut fur la pierre à aiguifer y 6c lorf-
* qu’on le pàITe fur la poliffoire. Il faut enlever le,
‘ idorfil fur la pierreàrepaffer,ou fur la pierre à 1 huile;
* fans cette précaution le morfil fc renverfera; le tran-
' 'chant ^ébréchera ,* 8c l’inftrument ne coûpera plus, j
Cette .ljfipre mince qui fe fait par l’ufure ou le frot-j
' tement de la pièce contre la meule ou la poliffoire,1
r ne peut être détachée du tranchant, parce qu’elle
eft trop flexible 8c trop mince. On peut fans fe bief-
fer, appuyer fon doigt fur le tranchant d’un inftrument
, quand le morfil en eft enlevé ; mais on fe
blefferoit sûrement, fi le morfil y étoit. Rien ne rend
mieux la nature du morfil, 8c n’explique plus nettement
fa formation , que de l’appeHer ce qu’on
nomme bavure dans d’autres Arts.
MORFONDU, adj. (Maréchal.) cheval attaqué
du mal appellé morfondure. Foyt^ Morfondure.
MORFONDURE , f. f. (Maréchal. ) maladie du
.cheval, qui confifte dans un écoulement de matière
par les n a féaux , différent de la morve. C ’eft proprement
ce qu’on appelle rhume dans l’homme. Elle
fait plus ou moins touffer le cheval, 8c lui caufe
des battemens de flanc , accompagnés d’un grand
dégoût.
MORGAGNI , trou de Morgagni. Morgagni eft de
tous les Italiens celui qui s’eft acquis le plus de réputation
dans notre fiecle ; il a publié fucceflive-
ment:fix traités fur l’Anatomie. Il a fait différentes
découvertes , entre autres d’un trou de la langue,
lequel porte fon nom. Il a donné aufli le nom de ari-
gos.mo^gagni à un mufcle de la luette. Ses ouvrages
font J. B. Morgagni adverfaria anatomica fex. Patav.
4°. Les mêmes, auxquels on a ajouté plufieurs planches
& une differtation intitulée , Nova infiitutio-
num medicarum idea , medicum perfecliffimum adum-
brans. Lugduni Batavorum , 1741. in 40. fes lettres
inférées dans la nouvelle édition de Vallava. Voye£
cet article.
MORGANATIQUE , mariage , matrimonium
ad morganaticum, (Jurifp.) C’eft ainfi qu’on nomme
dans-le Droit public germanique les mariages entre
perfonnes d’une condition inégale, ou les mefal-
liances. Suivant les ufages de l’Empire , les enfans
qui naiffent de ces.fortes de.mariages, font déchûs
des états ou des biens féodaux de leur pere, 8c ces
biens paffent au plus proche des agnats. Un grand
nombre d’exemples prouve que cette loi gothique
8c vraiment barbare, a encore lieu,.8c elle a fouvent
privé des héritiers légitimes de lafucceftionà
laquelle lesappelloit la natiire, dont la voix devroit
-être.plus forte que.celle d’un préjugé abfurde,ri-
1 -dicule 8c inhumain. (—)
MORGANTIUM,. ( Géog. anc. ) ville de Sicile
dans la partie orientale de cette île , au midi de Ca-
. tane,. affez près de l’embouchure du fleuve Simoe-
thus.
. C ’eft une ville très - ancienne , dont le nom ffe
trouve écrit différemment par les auteurs. Silius
Italiens écrit Morgentia ; Strabon, Morgantium;
Tite-Live, Morgantia ; Etienne le géographe met
tantôt Morgentia,. 8c tantôt Morgentium ; enfin Dio-
dore de Sicile écrit Mcp-yavriyx, Morgantina. Il ne
faut pas confondre cette ville avec la ville Murgan-
.lia,an Italie, dans le Samnium.
MORGELINE , alfine, f. f. ( Hiß, nat. Botan. )
genre de plante à fleur en rofe, compofée de plusieurs
pétales ; ces pétales font découpés dans quelques
efpeces, 8c entiers dans d’autres. Le calice eft
formé de cinq feuilles ; le piftil fort de ce calice ,
8c'devient /quand la fleur eft paffée, un fruit membraneux
qui n’a qu’une feule capfule , arrondi ou
conique. C e fruit s’ouvre par la pointe , 8c contient
des femences attachées à un petit placenta. Tour-
• nofort, Infi. rei herb. Voye{ Plante.
Ce genre de plante eft connu des Botaniftes fous
le nom d’alfine. Vaillant en compte vingt-deux efpeces
; la principale que nous allons décrire , eft
nommée alfine media, alfine vulgaris , alfine minor,
par la plupart des auteurs de Botanique.
Ses racines font chevelues & fibrées ; elles pouffent
plufieurs petites tiges couchées 8c étendues par
terre , tendres , velues, .rougeâtres,. genouillées,