Ses tiges font hautes depuis fix jufqu’à dix pouces,
grêles, ligneufes, le plus fouvent quarrées, un peu
velues*, & un peu rougeâtres, partagées en plufieurs
rameaux ; autour des rameaux pouffent des feuilles
oppofées, de la figure de celles de l’origan vulgaire,
mais plus petites, couvertes d’un duvet blanc,
d’une odeur pénétrante, d’une faveur un peu âcre,
un peu amere, aromatique & agréable.
11 naît autour du fommet de la tige des épies, ou
petites têtes écailleufes, plus arrondies que dans 1 o-
rigan, plus ferrées & plus courtes, composées de
quatre rangs de feuilles placées en maniéré d’écail-
les &c velus. D ’entre ces feuilles fortent de très-
petites fleurs blanchâtres, d’une, feule pièce, en
gueule, dont la levre fupérieure eft redreffée, arrondie
, échancrée , & l’intérieure divifée en trois
fegmens.
Il s’élève du calice un piflil attache à la partie
poftérieure de la fleur, en maniéré de clou, & comme
accompagnée de quatre embryons, qui fe changent
enfuite en autant de petites graines arrondies,
rouffes , cachées dans une capfule, qui fervoit de
calice à la fleur.
Cette plante vient en Efpagne , en Italie, & dans
les parties méridionales delà France. Onia cultive
beaucoup dans les jardins. On l’emploie en médecine
& dans les alimens pour les rendre plus agréables.
Enfin, les Chimiftes tirent par la diftilation de
la marjolaine defféchée une huile effentielle, d’une
odeur très-vive , utile dans les maladies des nerfs.
Hoffman a remarqué, que fion re&ifie cette huile par
une nouvelle diflillation, elle laiffe encore après elle
beaucoup de lie réfineufe. (D .J .)
MARJOLAINE, (Pharmacie & Mat. méd. ) on fe
fert indifféremment dans les boutiques de deux fortes
de marjolaine ; favoir , la grande ou vulgaire, &
la marjolaine à petites feuilles.
Les feuilles & les fommités fleuries de ces plantes,
l ’eau aromatique , & l’huile effentielle qu’on en retire
par la diflillation, font d’ufage en médecine.
La marjolaine a toutes les propriétés communes
aux plantes aromatiques de la claffe des labiées de
Tournefort ; elle eft ftomachique, cordiale , dia-
phorétique, emménagogue, nervine, tonique, apé-
ritive, bechique, & c.
C e lle - c i a été particulièrement recommandée
dans l’enchiffrenement 8c dans la perte de l ’odorat.
Artman prétend que cette plante a une vertu fecrette
contre cette derniere maladie. On a vanté encore
la poudre des feuilles de marjolaine comme un excellent
fternutatoire. On a attribué la même vertu à
l’eau diftillée, aufli-bien qu’à la décoûion des feuilles.
Cette eau eft mife d’ailleurs au nombre des
eaux céphaliques & nervines. On peut affurer avec
autant de fondement, qu’elle poffede la plupart des
autres qualités que nous avons attribuées à la plante
même, c’eft-à-dire, à l’irjfufion des feuilles, ou des
fommités.
L’huile effentielle de marjolaine a une odeur très-
vive & très-pénétrante ; elle a été fort louée comme
très-bonne dans la paralyfie & dans les maladies
des nerfs, foit prife intérieurement à la dofe de
deux ou trois gouttes, fous la forme ' oleofauha-
rum y foit en en frotant la nuque du cou , & l’épine
du dos. Cette huile entre dans la compofition de la
plupart des baumes apopleûiques, qui font recommandés
par différens auteurs.
Les fleurs & les fommités fleuries de marjolaine
entrent dans un grand nombre de compofitions officinales
, dont les vertus font analogues à celles que
nous avons accordées à cette plante, & dont elle fait
par conféquent un ingrédient utile.
L’huile d’olive, dans laquelle on fait infufer des
fpmftùtés fleuries de marjolaine, fe charge réellement
des parties véritablement aûives de cette:
plante ; favoir, de fon huile effentielle, & de fa partie
aromatique ; mais fi l’on vient à cuire jufqu’à
confommation de l’humidité, l'elon l’art, ces principes
volatils & aâifs fe diflipent au moins en très-
grande partie ; & la matière qui refte ne poffede plus
gueres que les vertus de l’huile d’olive altérée par
la coélion. f^oye^ Huile, ( b }
MARIONNETTE, f. f. (Méchan.) les marionnettes
font des petites figures mobiles de carton, de
bois , de métal, d’os , d’ivoire, dont fe fervent les
batteleurs pour amufer le peuple , 6c quelquefois
auffi ce qu’on appelle les honnêtes gens.
Leur invention eft bien ancienne. Hérodote les
connoiffoit déjà , & les nomme des ftatues mobiles
par des nerfs. Dans les banquets deXénophon, Socrate
demande à un charlatan, comment il pouvoit
être fi gai dans une profeffion fi trifte ? Moi, répond
celui-ci, je vis agréablement de la folie des hommes
dont je tire bien de l’argent, avec quelques mor-
ceux de bois que je fais remuer. Ariftote n’a pas dédaigné
de parler de ces figures humaines, tendues,
dit-il, avec des fils, qui leur font mouvoir les mains,
les jambes, & la tête. On trouve dans le premier
livre de Platon fur les loix,un beau paffage à ce fu-;
jet : c’eft un Athénien qui dit que les pâmons pro-
duifent dans nos corps, ce que les petites cordes
exécutent fur les figures de bois ; elles remuent tous
nos membres , continue-t-il, & les jettent dans des
mouvemens contraires, félon qu’elles font oppofées
entre elles.
L’ufage de ces figures à reffort ne paffa-t-il pas >
avec le luxe de l’Afie, & la corruption de la Grece,
chez les Romains, vainqueurs de ces peuples ingénieux
? Rien n ’eft plus vrai ; car il en eft quelquefois
queftion dans les auteurs latins. Horace parlant
d’un prince ou d’un grand, qui fe laiffe conduire au
caprice d’une femme ou d’un favori, le compare à
ces jouets dont les refforts vont au gré de la main
qui tient le fil. « Vous, dit-il, n’êtes-vous pas l’ef-
» dave d’un autre ? Idole des bois , c’eft un bras
» étranger qui met en jeu tous vos refforts » !
Tu mihi qui imperitas , alïis fervis mifer atqiit
Duceris, ut nervis alienis mobile lignum.
Sat. y. liv. II. j f . 8t.
Ecoutons l’arbitre des plaifirs de Néron. « Tandis
» que nous étions à boire, dit Pétrone au feftin de
» Trimalcion, un efclave apporte un fquelete d’arr
» gent, dont les mufcles Sc les vertebres avoient une
» flexibilité merveilleufe. On le mit deux fois fur la
» table ; & cette ftatue ayant fait d’elle-même des
» mouvemens 6c des grimaces fingulieres, Trimal-
» cion s’écria : Voilà donc ce que nous ferons tous,
» quand la mort nous aura plongé dans la tombe ?
Sans doute que le fquelete de Pétrone étoit mu par
des poids , des roues, des refforts intérieurs, comme
les automates de nos artiftes.
L’empereur Marc Antonnin parle deux ou trois fois
dans fes ouvrages de ces fortes de ftatues mobiles à
reffort, & s’en fert de comparaifon pour des préceptes
de morale. Semblablement Favorinus, fi
vanté par Aulu-Gelle , voulant prouver la liberté de
l’homme, & fon indépendance des aftres , dit qije
les hommes ne feroient que de pures machines à faire
jouer, s’ils n’agiffoient pas de leur propre mouvement
, & s’ils étoient fournis à l’influence de ces aftres.
En un mot, toutes les expreffions dont les Grecs
& les Romains fe fervent, indiquent qu’ils connoif-
! foient, aufli-bien que les modernes, ces figures mobiles
que nous appelions marionnettes. Les neurof-
plejla d’Hérodote, de Xénophon & autres , c’eft-à-
dire , des machines à nerfs & à reffort ; les mobilia
ligna nervis alienis d’Horace; les tatenationes mobiles de
Pétrone ; les ligneoloe hominumfigurce d’Apulée, rendent
parfaitement ce que les Italiens entendent par
gelli buratini, les Anglais par the puppets , & les
François par marionnettes. .
Ce fpeâaele femble fait pour notre nation. Jean
Brioché, arracheur de dents, nous le rendit agréable
dans le m,ilieu du dernier fiecle. Il eft vrai que
dans le même tems un anglois trouva le fecret de
faire mouvoir les marionnettes par des refforts, &
fans employer des cordes ; mais nous préférâmes les
marionnettes de Brioché, à caufe des plaifanteries
qu’il leur faifoit dire. Enfin Fanchon , ou François
Brioché, immortalifé par Defpréaux, fe rendit encore
plus célébré que fon pere dans ce noble métier.
t p . j .)
MARIONNETTES ,en terme de Cardeur.y font deux
montans de bojs plantés à la tête du rouet fur chaque
bord du. banc ,. & garnis de deux frafeaux de
jonc ou de paille qui fe traverfent parallèlement à la
pofition dé la roue. Voye^ les PL. de Draperie.
Marionnette, f. f. (Art. d'ourdif.) pièce de
bois mobile à laquelle font attachés les frafeaux de
tous les rouets. Voye\ Frase aux.
MARJPENDAM, ( Bot. exot, ) arbriffeaux de la
nouvelle Efpagne , qui s’élève à la hauteur de fix à
fept pieds ; fa tige eft cendrée ; fes feuilles font vertes
, & portées liir des longs pédicules rougeâtres ;
fon fruit croît en grappes ; on en recueillie les boutons
, on en exprime le jus, on le fait épaiflïr, 8c
on s’en fert pour déterger les ulcérés, (D .J .)
MARIQUES les, (Géog. anc. ) peuple d’Italie.
Voye{ Mari ci. (/>./.). .
MÀRIQUITES, (Geog.) peuples errans , fauva-
ges & barbares de l’Amérique méridionale au, Brér
fil. M. de Lille .le met à l’orient de Fernambuc, &
au nord de la riviere de, S. François. (D . /.)
MARITAL, adj. (Jurifprud.) fe dit de quelque
chofe qui a rapport au mari, comme la puiffance
maritale. Voye{ PUISSANCE.
MARIT1MA C o l o n i a , (Géog. anc.) ville de la
Gaule Narbonoife. On prétend que c’eft aujourd’hui
Martegue. (D . J .)
MARITIME, adj. (Marine,') épithete qu’on donne
aux chofes qui regardent la marine. Ainfi, on dit
une place maritime , des forces maritimes, &c.
MARISA, ( Géogr. ) rivière de la Romanie. Elle
a fa fource au pié du mont Hémus, & finit par fe jet-
ter dans le golfe de Mégariffe ,, vis-à-vis de l’ilc Sa-
mandraçhi. On la dit navigable depuis fon embouchure
jufqu’à Philippopoli. Cette riviere eft VE brus
des anciens. (D . J .)
MARIZAN, ( Géogr. ) montagne d’Afrique dans
la province de Gutz, au royaume de Fez. Elle eft
fort haute & fort froide ; fes habitans font béréberes.
Ils vivent dans des huttes faites de branches d’arbres,
ou fous de nattes de joncs plantées fur des pieux.
Ce font de vrais fauvagés , errans dans leurs montagnes
, & ne payant de tributs à perfonne.
MALBOROUGH , f Géogr. ) c’eft le Cunetio des
anciens, petite ville à marché d’Angleterre en Wiltf-
hire , avec titre de duché , qu’elle a donné à un
des plus grands héros du dernier fiecle Elle envoie
deux députés au parlement, & eft fur le Kennet, à
6o milles S. O. de Londres. Long. iG. io lut 6t
24. (D . J . )
M ARLE , ( Géogr. ) petite ville de France en Picardie
, avec titre de comté, fur la Serre , dans la
Thiérache,, à trois lieues de Guife, 37 N. E. de
Paris. Long. 21 à x 6<, iat% ^ d ^ % 24".(D J .)
MARL1E ou MARLI, f. m. (Art d'ourdij. &Jbiric.)
le marli quoique fabriqué fur un métier, tel que ceux
qui fervent à faire l’étoffe unie , néanmoins eft un
ouvrage de mode ou d’ajuftement, qui dérive de la
Tome X , . 1
gaze unie. On diftingue deux fortes de marlis ; favoir,
fe marli fimple & le marli double, auquel on donne
le nom de marli d'Angleterre.
Le marli fimple eft monté comme la gaze , & fe
travaille de même, avec cette différence néanmoins
qu on laiffe plus ou moins de dents vuides au peigne,
pour qu’il foit à jour.
Le marli le plus groflier eft compofé. de 16 fils
chaque pouce ; ce qui fait 351 fils qui ne font point
paffés dans les perles, & pareille quantité qui y font
paffés deux fois , en fuppofant l’ouvrage en demi-
aune de large.
Le marli fin eft compofé de 20 fils par pouce ; ce
qui fait 440 fils paffés en perle, & pareille quantité
qui ne le font pas. Une chaîne ourdie pour un marli
fin, doit contenir 880 fils feulement roulés fur une
même enfuple ; & le marli le plus groflier, 704 de
même.
Chaque dent du peigne contient un fil paffé en
perle , & un fil qui ne i’eft pas , quant à celles qui
font remplies , parce qu’on laiffe des dents vuides
pour qu’il foit à jour.
Suivant cette difpofition, le marli groflier contient
9 points de ligpe de diftance d’un fil à l’autre, & le
marli fin , 7 points à peu- près.
Lorfque l’ouvrier travaille le marli, il paffe deux
coups de navette qui fe joignent, & laiffe une diftance
d’une ligne & demie pour les deux autres coups
qui fuivent de même , & fucceflivement continue
l’ouvrage de deux coups & en deux coups ; de façon
qu’il repréfente un quarré long ainfi qu’il eft repré-
lenté par la figure du marli groflier. Le marli plus
fin eft de 13 points environ , ce qui revient à-peu-
près à une hauteur qui forme le double de la largeur.
Il femble que l’ouvrage auroit plus de grâce, fi le
quarré étoit parfait, mais auffi il reviendrait plus
cher parce qu’il prendrait plus de trame.
La foie deftinée pour cet ufage n’eft point montée
, c’eft-à-dire qu’elle eft grefe , ou telle qu’elle
fort du cocon. Elle eft teinte en crudpour les marlis
de couleur ; Si. pour ceux qui font en blanc, on n’emploie
que de la foie grefe, qui eft naturellement blanche.
On ne pourrait travailler ni le marli, ni ia gaze ,
fi la foie étoit cuite ou préparée comme celle qui eft
employée dans les étoffes de foie.
Le marli croifé, ou façon d'Angleterre, eft bien différent
du marli fimple. II eft compofé d’une chaîne
qui contient la même quantité de fils du marli grof-
fier ; c’eft-à-dire 704 environ , qui font paffés fur
quatre liffes, comme le taffetas, dont deux fils par
dents de celles qui font remplies, & à même diftance
de neuf points de ligne au moins chaque dent.
Cette chaîne doit être tendue pendant le cours delà
fabrication de l’ouvrage, autant que fa qualité peut
le permettre ; elle eft roulée fur une enfuple.
Indépendamment de cette chaîne, il faut un poil
contenant la moitié delà quantité des fils de la chaîne
, qui doit être roulé fur une enfuple féparée.
Le poil contient 3 52 fils ; cette quantité doit faire
704 perles, parce que les fils y font paffés deux fois.
En les paffant au peigne, il faut une dent de deux fils
de chaîne Amplement, fans aucun fil de poil, de façon
que le poil ourdi ne compofé que la moitié de la
chaîne.
La façon de paffer les fils de poil dans les perles eft
fi finguliere , qu’il ferait très - difficile d’en donner
une explication fans la démontrer.
Le poil de cet ouvrage doit être extraordinairement
lâche, ou auffi peu tendu que le poil d’un velours",
afin que le fil puiffe fe prêter à tous les mouvemens
qu’il eft obligé de faire pour former la croi-
fure ; de forte que le poids qui le tient tendu, &
qui eft très-léger, doit être paffé de façon qu’il puiffe
monter au fur & à mefure qu’il s’emploie.
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