On tend eucore ce même filet à la côte de deux
maniérés différentes, flottes & non flottes, comme
on fait les cibaudieresôi autres filets fimples, comme
on l’a déjà obfervé.
MARS A L, (Geog.) en latin moderne Marfallum,
autrefois Bodatium ; ville de France en Lorraine
avec titre de châtellenie, remarquable par fes faillies.
Elle eft dans des marais de difficile accès proche
la Seille, à 7 lieues N. E. de Nanci. V. Lon-
guerue, t. II. p. 174* '‘■ Long. 24. 18. Int. 48. 46.
M A R SA L A , (Geog.) ancienne & forte ville de
Sicile dans le val de Mazzara proche la mer. Elle eft
bâtie des ruines de l’ancienne Lilybæum, à 21
lieues S. O. de Palerme, 5 N. de Mazzara. Long.
30. 12. lat. 37. 52. (D .J .)
MARSAN, (Geog.) ou le Mont-de-Marfan ; petite
ville de France en Gafcogne, bâtie vers l’an 1140.
C ’eft la capitale d’un petit pays de même nom, fertile
en vin & en feigle ; & de plus un des anciens
vicomtés mouvans du comté de Gafcogne, fur lequel
voye% Longuerue & Piganiol. La ville eft
fur la riviere de Midouze dans l’endroit où elle commence
à être navigable, à 10 lieues de Dax. Long.
16. 56. lat. 44. 2.
Le Mont-de^Marfan a été illuftré par la naiffance
de Dominique de Gournes, un de ces vaillans hommes
nés pour les belles & glorieufes entreprifes.
Ayant été très-maltraité par les Efpagnols qui égorgèrent
une colonie de François établis fur les cô.es
de la Floride, il équipa trois vaiffeaux à fes dépens
en 1567, defcendit à la Floride même, prit
trois forts aux Efpagnols, & les tailla en pièces. De
retour en France, au lieu d’y recevoir la récom-
penfe de fes exploits, il eut bien de la peine à fauver
i'a tête des pourfuites de l’ambaffadeur d’Efpagne.
La reine Elifabeth touchée du fort de ce brave
homme, réfolut d’employer avec gloire l’épée
qu’ il offroit à fon lervice ; mais il mourut en
,1593 , en fe rendant à Londres pour y prendre le
commandement d’une efcadre qui lui étoit deftinée.
MARSAQU1-V IR , (Geog.) ou MARSALQUI-
V 1R , ville forte & ancienne d’Afrique dans la province
de Béni-Arax , au royaume de Trémeçen,
avec un des plus beaux, des plus grands & des
meilleurs ports d’Afrique. Les Portugais en 1501
tentèrent de furprendre cette place, & furent eux-
mêmes furpris par les Maures. Les Efpagnols ne
furent pas plus heureux cinq ans après. Cette ville
eft bâtie fur un roc proche la mer, à une lieue d’O-
ran. Quelques auteurs fe font perfuadés qu’elle doit '
fa fondation aux Romains ; mais il faudroit en même
tems indiquer le nom qu’ils lui donnèrent. Long.
* 7 . 25. ^.'3 5 .40 - (D - f-) » É
MARSAUT,!. m. (Jardinage.) faltxcaprea lati-
folia. Cet arbriffeau fauvage, aquatique, monte
affez haut. II a le bois blanc, la feuille ronde d’un
verd clair, les fleurs jaunes ; & il fe multiplie de
marcottes & de jettons. C ’eft une efpece du faule,
&C. on dit le faule marceau, le faule ojîer.
MARSCHEVAN , f. m. (Chronol.') mois des Hébreux.
C ’étoit le fécond de l’année civile & lehui-
. tieme .de l’année fainte. Il n’a que vingt-neuf jours
répond àla lune d’O&obre.
Le fixieme jour de ce mois les Juifs jeûnent à
caufe que Nabuchodonofor fit crever les yeux à Sé-
flécias , après avoir fait mourir fes enfans en fa
préfence. - . . . . .
Le dix-neuvieme, le lundi, jeudi & lundi fuivans
font jeunes, pour expier les fautes commifes à l’oc-
cafionffe la fête des Tabernacles.
Le vingt-troifieme eft fête en mémoire des pierres
de l’autel profané par Grecs, qu’on cacha en attendant
.qu’il parût un prophète qui déclarât ce
qu’on devoir en faire. I , Macc. 4<f.
Le vingt-cinq étoit aufli fête en mémoire de quelques
lieux occupés par les Chutéens, & dont les
Ifraélites de retour de la captivité fe remirent en
poffeflion. Calend. des Juifs, à la tête du diction, de la
Bible du P. Calmet, 1 .1.
MARSEILLE , ( Geog. ) Maffilia ; ancienne &
forte ville maritime de France en Provence, la plus
riche, la plus marchande & la plus peuplée de cette
province, avec un port, un ancien évêché fuffra-
gant d’Arles, & une fameufe abbaye fous le nom
de S. Viâor.
Cette ville fondée cinq cent ans avant J. C. par
des Phocéens en Ionie, fut dès fon origine une des
plus trafiquantes de l’occident. Iffus d’ancêtres, les
premiers de la nation Grecque qui euffent ofé rif-
quer des voyages de long cours, de dont les vaif-
leaux avoient appris aux autres la route du golfe
Adriatique &c de la mer Tyrrhénienne : les Marfeil-
lois tournèrent naturellement leurs vues du côté du
commerce.
Un port avantageux fur la Méditerranée, des
voifins qu’ils méprifoient peut-être comme barbares,
& dont fans doute ils craignoient la puiffance,
leur firent envifager le parti du trafic maritime pour
être l’unique moyen qu’ils euffent de fubfifter 8c de
s’enrichir.
Comme tous les vents, les bancs de la mer, la
difpofition des côtes ordonnent de toucher à Mar-
[tille, elle fut fréquentée par tous les vaiffeaux, &
devint une retraite néceffaire au milieu d’une mer,
orageufe. Mais la ftérilité de fon terroir, dit Juftin,'
liv. X X X X I I I . chap. I I I , détermina fes citoyens
au commerce d’économie. Il fallut qu!ils fuffent laborieux
pour fuppléer à la nature ; qu’ils fuffent juf-
tes pour vivre parmi les nations barbares qui dévoient
faire leur profpérité ; qu’ils fuffent modérés
pour que leur état reftât toujours tranquille ; enfin
qu’ils euffent des moeurs frugales pour qu’ils puf-
fent vivre d’un négoce qu’ils conferveroient plus
fûrement lorfqu’il feroit moins avantageux.
Le gouvernement d’un feul a d’ordinaire pour
objet de commerce le deffein de procurer à la nation
tout ce qui peut fervir à fa vanité, à fes délices
, à fes fantaifies ; le gouvernement de plufieurs
fe tourne davantage au commerce d’économie r
aufli les Marfeillois qui s’y livrèrent, fe gouvernèrent
en république à la maniéré des villes Grecques.
Bientôt ils eurent d’immenfes richeffes, dont ils
fe fervirent pour embellir leur ville & pour y faire
fleurir les arts & les fciences. Non feulement Mar-
[eille peut fe vanter de leur avoir donné l’entrée
dans les Gaules, mais encore d’avoir formé une des
trois plus fameufes académies du monde, & d’avoir
partagé fon école avec Athènes & Rhodes.
Aufli Pline la nomme la maîtreffe des études , ma~
giflram Jiudiorum. On y venoit de toutes parts pour
y apprendre l’éloquence, les belles-lettres & la
philofophie. C ’eft de fon fein que font fortis ces
hommes illuftres vantés par les anciens,. Télon &
Gigarée fon frere excellens géomètres, Pithéas fur-
tout fameux géographe & aftronome dont on ne
peut trop admirer le génie , Caftor favant médecin,
& plufieurs autres. Tite-Livedit que Marfeille étoit
aufli polie que fi elle avoitété au milieu de la Grèce
; & c’eft pourquoi les Romains y faifoient élever,
leurs enfans.
Rivale en même tems d’Athènes & de Carthage*'
peut-être qu’elle doit moins fa célébrité à une puif-
îance foutenue pendant plufieurs fiecles, à un commerce
floriffant, à l’alliance des Romains qu’à la
fageffe de feé.loix, à la probité de fes habitans, enfin
à leur amour pour les fciences & pour les arts,. I
Srrabon tout prévenu qu’il étoit en faveur des vib
les d’Afie, où !’oq p’employoit que njarbre & gra-3
nit, décrit Marfeille comme une ville célébré, d’une
grandeur confidérable, difpofée en maniéré de
théâtre, autour d’un port creufé dans les rochers.
Peut-être même étoit-elle encore plus fuperbe
avant le régné d’Augufte, fous lequel vivoit cet
auteur ; car en parlant de Cyzique une des belles
villes Afiatiques, il remarque qu’elle étoit enrichie
des mêmes ornemens d’architefture qu’on avoit autrefois
vû dans Rhodes, dans Carthage & dans Marfeille.
On ne trouve aujourd’hui aucuns reftes de cette
ancienne magnificence. Envain y chercheroit-on
les fondemens des temples d’Apollon & de Diane,
dont parle le même Strabon : on fait feulement que
ces édifices étoient fur le haut de la ville. On ignore
aufli l’endroit où Pithéas fit dreffer fa fameufe
aiguille pour déterminer la hauteur du pôle de fa
patrie ; mais on connaît les révolutions qu’ont éprouvé
les Marfeillois.
Ils firent de bonne-heure une étroite alliance avec
les Romains,qui les aimèrent & les protégèrent beaucoup.
Leur crédit devint fi grand à Rome qu’ils obtinrent
la révocation d’un decret du fénat, par lequel
il étoit ordonné que Phocée en Ionie feroit
rafée jufqu’aux fondemens, pour avoir tenu le parti
de l’impofteur Ariftonique qui vouloit s’emparer
du royaume d’Attale. Les Marfeillois par recon-
noiffance donnèrent lieu à la conquête de la Gaule
Trifalpine, en en ouvrant la porte ; mais ils furent
fubjugués par Jules Cé far, pour avoir embraffé le
parti de Pompée.
Après avoir perdu leur puiffance, ils renoncèrent
à leurs vertus, à leur frugalité, & s’abandonnèrent
.à leurs plaifirs, au point que les moeurs des Marfeillois
pafferent en proverbe, fi l’on en croit Athénée,
pour défigner celles des gens perdus dans le luxe &c
la molleffe. Ils cultivèrent encore toutefois les
fciences, comme ils l’avoient pratiqué depuis leur
premier établiffement ; & c’eft par eux que les Gaulois
fe défirent de leur première barbarie. Ils apprirent
l’écriture des Marfeillois, & en répandirent la <
pratique chez leurs voifins ; car Céfar rapporte que
le regître des Helvétiens ,qui fut enlevé par les Romains
, étoit écrit en caraétere grec, qui ne pouvoit
être venu à ce peuple que de Marfeille.
Les Marfeillois dans la fuite quittèrent eux-mêmes
leur ancienne langue pour le latin; Rome &
l’Italie ayant été fubjuguées dans le v. fiecle par
les Hérules , Marfeille tomba fous le pouvoir d’En-
ric roi des Wifigoths & de fon fils Alaric, après la
mort duquel Théodofe roi des Oftrogoths, s’empara
de cette ville & du pays voifin. Ses fucceffeurs
la cédèrent aux rois Mérovingiens, qui en jouirent
jufqu’à Charles-Martel. Alors le duc Moronte s’en
rendit le maître, & fe mit fous la prote&ion des
Sarrazins. Cependant ce prince étant prefle vivement
par les François, fe fauva par mer, ScMarr
feille obéit aux Carlovingiens, puis aux rois de Bourgogne
, & finalement aux comtes d’Arles.
Ce fut fous le régné de Louis l’aveugle, & le
gouvernement d’Hugues comte d’Arles, que les Sarrazins
qui s’étoient établis & fortifiés fur les côtes
de P rovence, ruinèrent toutes les villes maritimes,
& fpécialement Marfeille.
Elle eut le bonheur de fe rétablir fous le régné de
Conrad le pacifique. Ses gouverneurs, qu’on ap-
pelloit vicomtes, fe rendirent abfolus fur la fin du
x., fiecle. Guillaume, qui finit fes jours en 1004,
fut fon premier vicomte propriétaire. Hugues Geo-
froi, un de fes defeendans , laiffa fon vicomté à
partager également entre cinq de fes fils. Alors les
Marfeillois acquirent infenfiblement les portions
des uns & des autres, & redevinrent république libre
en 1226,
J k ne jouirent pas long-tems de cet avantage:
Charles d’Anjou , frere de S. Louis, étant comte de
Provence, ne put fouffrir cette république. Il fit
marcher en 1262, une armée contre elle & la fou-
mit ; cependant fes habitans fe font maintenus juf-
qu a Louis XIV. dans plufieurs grands privilèges,&
entr autres dans celui de ne contribuer en rien aux
charges de la province.
Vll*e a continué pendant tant de fiecles ;
d etre I entrepôt ordinaire & des marchandifes de la
domination Françoife , de de celles qui s’y tranfpor-
toient des pays etrangers. C ’eft dans fon port qu’on
debarquoit le vin de Gaza, en latin Ga{etumy ûrenommé
dans les Gaules du vivant de Grégoire d«
Tours ; & le commerce étoit alors continuel de Mar-
feille à Alexandrie.
Enfin, 1 an 1660, Louis XIV. étant allé en Provence,
fubjugua les Marfeillois, leur ôta leurs
droits & leurs libertés i bâtit une citadelle au-def-
fus de 1 abbaye de S. V iâ o r , &c fortifia la tour de
S. Jean, qui eft vis-à-vis de la citadelle à l’entrée
du port. On fçait que c’eft dans ce port que fe retirent
les galeres, parce qu’elles y font abriées des
vents du nord-oueft.
Cependant Marfeille eft reftée très-commerçante
; & même les prérogatives dont elle jouit, ont
prefque donné à cette v ille, & aux manufactures
méridionales de la France , le privilège exclufif du
commerce du Levant; fur quoi il eft permis de douter
fi c’eft un avantage pour le royaume.
Perfonne n’ignore que cette ville fut défolée en
1720 & 1 7 1 1 , Par le plus cruel de tous les fléaux.
Un vaiffeau venu de Seyde, vers le iç Juin 1720,
y apporta la pefte, qui de-là fe répandit dans pref-
que toute la province. Cette violente maladie enleva
dans Marfeille feule, cinquante à foixante mille
âmes.
Son eglife eft une des plus anciennes des Gaules j
les Provençaux ont foutenu avec trop de chaleur
qu’elle a été fondée par le Lazare ,.qu’av oit reffuf-
cite J. C. & le parlement d’Aix dans le fiecle dernier,
condamna au feu un livre de M. de Launoy ,
où ce favant critique détruit cette tradition par les
preuves les plus fortes.
Les trois petites îles fortifiées, fituées à environ
une lieue de Marfeille, font ftériles, & ne méritent
que le nom d’écueils. Il eft fingulier qu’on les ait pris
pour les Stoëchades des anciens.
Marfeille eft proche la mer Méditerranée, à fix
leues S. O. d’A ix , douze N. O. de Toulon, feize
S. E. d’Arles, trente-cinq S. O. de Nice, cent foixante
& f ix S. E. de Paris. Long. 22. 58. 30. lat. 43
J9* 3°- a .
Eraftoftène & Hipparque conclurent autrefois
d’une obfervation de Pithéas, que la diftançe de
Marfeille à l’équateur étoit de 43 deg. 17. min. Cette
lat. a été vérifiée parGaffendi-, par Caflïni& par le
P. Feüillée. On voit qu’elle différé peu de celle que
nous venons.de fixer, d’après MM. Lieutaud & de
la Hire.
Il eft bien glorieux à Marfeille d’avoir donné le
jour à ce même Pithéas,le plus ancien de tous les gens
de lettres qu’on ait vu en occident, & dont Pline
fait une mention fi honorable : il fleuriffoit du tems
d’Alexandre le grand. Aftronome fublime & profond
géographe, il a porté fes fpéculations à un
point de lubtilité, où les Grecs quife vantoient, d’être
les inventeurs de toutes les fciences, n’avoient
encore pu atteindre.
Cet écrivain en profe & en vers, fi délicat & fi
voluptueux, qui fut l’arbitre des plaifirs de Néron,
Pétrone en un mot étoit de Marfeille. Mais comme
j ’aurai lieu de parler de lui plus commodément ailleurs,
je paffe à quelques mpdernes dont Marfeille