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des Pays-bas, capitale du Hainaut autrichien. Mons
s’appelle en latin Mons Hannonioe, & en flamand
Berghen in Henegouw. Alberon , fils de Clodion ,
commença à bâtir dans cet endroit, en 449 , une
fortereffe qu’on nomma Mons Cafirilucius ; voilà
l’origine de cette ville , qui a été plufieurs fois
prife & reprife depuis le duc d’Albe , en 15 72, juf-
qu’à nos derniers jours. Elle appartient encore à la
maifon d’Autriche, jufqu’à ce que les François la
lui enlevent.
Elle eft en partie fur une montagne, & en partie
dans la plaine, dans un terroir marécageux fur la
Trouille, à 2 lieues de S. Guilhain , dont les éclu-
fes la défendent, à 7 lieues de Valenciennes & de
Tournay, 4 de Maubeuge, 12 N. E. de Cambray,
15 O. de Namur, 50 N. E. de Paris. Long. 31. 34.
lat. 5o. 26. (D . ƒ.)
M o n s , la prévôté de (Géog.) elle portoit autrefois
le nom de comté , qui lui fut donné par Charlemagne
, lorfqu’il la démembra du royaume d’Auftrafie.
Cette prévôté comprend fept villes , favoir Mons,
Soignies, Leflîne , Chievres, S. Guilhain, Hall, &
Roeux. On y compte aufli 91 bourgs ou villages,
& quelques abbayes. (.D . J.')
MONSAUNIS , les (Géog.) peuples fauvagesde
l ’Amérique feptentrionale aux environs du fort Nel-
lon. Ils tuent beaucoup de caftors, & quelques-uns
de très-noirs, couleur rare dans cet animal. Ils vendent
toutes leurs pelleteries aux Anglois. (Z>. /.)
MONSEIGNEUR, MESSEIGNEURS, aupluriel,
( jH f i. mod. ) titre d’honneur 6c de refpeft dont on
tife lorfqu’on écrit ou qu’on parle à des perfônnes
d’un rang ou d’une qualité auxquelles l ’ufage veut
qu’on l’attribue. Ce mot eft compofé de mon & de
feigneur. On traite les ducs & pairs , les archevêques
6c évêques, les préfidens au mortier de mon-
feigneur. Dans les requêtes qu’on préfente aux cours
fouveraines , on fe fert du terme monfeigneur.
Monfeigneur, dit abfolument, eft la qualité qu’on
donne préfentement au dauphin de France ; ufage
jqui ne s’eft introduit que fous le régné de Louis XIV.
auparavant on appelloit le premier fils de France
monfieur le dauphin.
MONS CASIUS, {Géog. anc.) il y a deux célébrés
montagnes de ce nom : la premier féparoit l’Egypte
de la Paleftine , à 37 milles, c’eft-à-dire , à
environ 12 lieues de Pélufe. C ’eft fur cette montagne
, dit Strabon, que repofe le corps du grand Pompée,
& on y voit le temple de Jupiter furnommé
Cafius. Ce fut près de cet endroit que Pompée ayant
été trompé par les Egyptiens, fut indignement égorgé.
Pline & Dion Caffius affurent la même chofe.
L’autre mont Cajius étoit une montagne de Syrie
près de Séleucie. Pline, liv. V. ch. xxij. dit qu’elle
eft fi haute, qu’en pleine nuit, trois heures avant
que le foleil fe leve , elle le v o it , & que dans un
petit circuit de fa maffe elle montre également le
jour 6c la nuit ; c’eft-à-dire qu’il eft déjà jour pour
la partie du fommet qui eft vis-à-vis du foleil, tandis
que la partie qui eft derrière & le bas de la montagne
ont encore l’obfcurité de la nuit. Solin, chap.
xxxvj. & Martianus Capella, liv. VI, content la
même Angularité.
Jupiter avoit encore un temple fur cette montagne
fous le nom de Jupiter Cajîus , z K a « #ç. Di-
verfes médailles de Séleucie portent le mont Cajîus
avec ces mots CiXtunav w cvptetç z tue K«-tioç , c’eft-à-
dire , des habitans de Seleucie, furnommé Pierre de
Syrie, Jupiter Cafius. Le maître des dieux eft figure
fur ces médailles, par une greffe pierre ronde
coupée par la moitié , avec l’infcriptiori que nous
venons de citer Ztvç Kcteioç. Son temple du mont Cajius
en Syrie, eft repréfenté fur une médaille de Tra-
jan. Il n’étoit pas fort éloigné d’Antioche, puif-
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que, au rapport de Pline, liv. IV. ch. xi/, les habi-'
tans de cette ville alloient y célébrer, toutes les
années, une fête en l’honneur de Triptoleme, qu’ils
regardoient comme un héros. Il y avoit une autre
montagne fituée vis-à-vis du mont Cafius, de Séleucie
; c’eft Yanti-CaJîus de Strabon. Plufieurs géographes
écrivent CaJJius.
Le culte de Jupiter Cafius n’étoit pas feulement
établi fur les deux montagnes dont nous venons de
parler, mais encore à Gafliope , ville de l’île de
Corcyre, aujourd’hui Corfou , fituée au cap le plus
occidental de cette î le , & le plus voifin de la terre
ferme. Il n’y a plus à préfent qu’un couvent de ca-
loyers , & un port qu’on nomme Porto-Caffopo.
C’eft le premier endroit de la Grece où Néron ait
abordé en venant d’Italie , ut primum CaJJîopem tra-
jecit y dit Suétone, ßatim ad aram Jovis Cafii can-
tare aufpicatus efl. Le type de ce Jupiter Cafius fe
voit fur différentes médailles des Corcyréens ; il y.
paroît à demi-nud , aflis, le fceptre à la main droite
, 6c la main gauche pofée fur fes genoux, avec
cette légende Ztvç K«tmoç. L’autre coté repréfente
tantôt la tête de la nymphe Corcyre , qui avoit
donné fon nom à l’île ; tantôt la tête d’un empereur,
comme d’Antonin Pie, de Septime Sévere, de Ca-
racalla , &£. Tantôt enfin une figure d’homme debout
, en habit long , fous une voûte foutenue par
deux colonnes avec le mot Ayptvç. {D . J.')
MONSIEUR , au pluriel MESSIEURS , {Hiß.
mod. ) terme ou titre de civilité qu’on donne à celui
à qui on parle , ou de qui on parle, quand il eft
de condition égale, ou peu inférieure. Voye{ Sieu r.
Ce mot eft compofé de mon 6c defieur. Borel dérive
ce mot du grec x vf“°t 9 qui lignine feigneur ou fire ,
comme fi on écrivoit moncyeur.
Pafquier tire l’étymologie des mots fieur 6c mon-
fieitr du latin fenior , qui fignifie plus âgé /. les Italiens
difent fignor, 6c les Efpagnols fenor, avec Yrt
tildé , qui équivaut à ng dans le même fens , 6c
d’après la même étymologie ; les adreffes des lettres
portent à monfieur, monfieur, &c. L’ufage du mot
monfieur s’étendoit autrefois plus loin qu’à préfent.
On le donnoit à des perfônnes qui avoient vécu plufieurs
fiecles auparavant ; ainfi on difoit monfieur S .
Auguflin & monfieur S. Ambroife, 6c ainfi des autres
faints , comme on le voit dans plufieurs aCles imprimés
6c manufcrits, 6c dans des infcriptions du
xv. 6c du xvj. fiecles. Les Romains, du temps de la
république , ne connoiffoient point ce titre , qu’ils
euffent regardé comme une flatterie , mais dont ils
fe fervirent depuis, employant le nom de dominus
d’abord pour l’empereur, enfuite pour les perfon-
nes conftituées en dignité : dans la converfation ou
dans un commerce de lettres , ils ne fe donnoient
que leur propre nom ; ufage qui fubfifta même encore
après que Céfar eut réduit la république fous
fon autorité. Mais la puiffance des empereurs s’étant
enfuite affermie dans Rome, la flatterie des
courtifans qui recherchoient & la faveur & les bienfaits
des empereurs, inventa ces nouvelles marques
d’honneur. Suétone rapporte qu’au théâtre un comédien
ayant appellé Augufte feigneur, ou dominus,
tous les fpeôateurs jetterent fur cet a&eurdes regards
d’indignation, enforte que l’empereur défendit qu’on
lui donnât davantage cette qualité. Caligula eft le
premier qui ait expreflement commandé qu’on l’ap-
pellât dominus. Martial , lâche adulateur d’un tyran
, qualifia Domitien dominum deumque nofirum ;
mais enfin, des empereurs ce nom paffa aux particuliers.
De dominus on fit dom , que les Efpagnols
ont confervé, & qu’on n’accorde en France qu’aux
religieux de certains ordres.
Monfieur dit abfolument, eft la qualité qu’on donne
au fécond fils de France, au frere du roi. Danç
MO N
une lettre de Philippe de Valois, ce prince, parlant
de fon prédéceffeur, l’appelle monfieur le roi. Aujourd’hui
per/bnne n’appelle le roi monfieur, excepté
les enfaris de France. Voye{ Sire.
MONSOL, (GeogJ ville d’Afrique au royaume
de Macoco, ou d’Anzico, dont elle eft la capitale.
De-là tous les peuples qui habitent ce royaume fe
nomment Manfoles. ( D . J. )
M ONSONI, ou M ONSIPI,. (Géogr.) grand fleuve
de l’Amérique feptentrionale dans la nouvelle'
France. Il a fon embouchure au fond de la baie
d’Hudfon par les3 /’d. 20 de lat. N. ( D. J .\
MONSON , f. m. (Marine.) ce mot vient dés Arabes
; c’eft le nom qu’on donne à un vent réglé, qui
régné en certains parages fur la mer des Indes cinq
ou fix mois de fuite fans varier, 6c qui fotiffle en-
fuite cinq ou fix autres, mais du côté oppolé. Voye^
V en t 6* Moussons.
MONOSPERMALTHÆA, ( Boian. ) genre de
plante de la fabrique de M. Danty d-’llnard , dans
les mémoires de l’acad. royale des Sciences , ann.
1721. Il a formé ce nom des mots grecs /j.om ,-feul,
ff'tsip/Aa, , femence, axSaid,.guimauve, parce que cette
plante reffemble en quelque maniéré à la guimauve,
6c que l’unique capfule' qui fuccede à chacune de
fes fleurs ne contient qu’une feule femence.
La monofpermalthcea , félon ce botaniffe , eft un
genre de plante à fleur cômpletfe , polypétale , régulière
& hermaphrodite , contenant l’ovaire. Cette
fleur eft ordinairement de cinq pétales difpofés cir-
culairement, &c contenus dans un calice découpé
en autant de pointes. L’ovaire qui s’élève du fond
du calice dévient, après que la fleur eft paflée , une
capfule monofpermé. Les fleurs naiffent par pelotons
le long de la partie fupérieure de la tige & des
branches. Les feuilles font à queues & dentelées..
Je ne fiiivrai pas M. d’Ifnard dans fa defeription,
parce qu’elle rie renferme rien de curieux, outre
que fa plante étoit déjà connue fous le nom de al-
ihaafitfiilïsfiore luteo , monofpermate. (D . J. ")
MONSTERBERGou MUNSTERBERG, [Géog.)
ville de la baflé Siléfie dans la province de même
nom. Elle a été fondée par l’Empereur Henri IL qui
fit bâtir eft ce lieu un monaftere , d’où elle fut ap-
pelléé Monfierberg. Elle eft à milles N. E. O. de
Glafz , 8 S. de Breflau. Long, 34 . 56. lat. 5o. 38.
MONSTRE, f. m. ( Botan. ) on nomme monfires
en Bofariique dés Angularités qui font hors du cours
ordinaire. Par exemple, des feuilles qui naiffent de
l’intérieur d’autres feuilles $ des fleurs du milieu
defquellês fort une tige qui porte une autre fleur ;
des fruits qui donnent naiffance à une tig e , dont
le fommet porte un fécond fruit femblable, &c.
Mo n str e , f.m. ( Zoolog. ) animal qui naît avec
fine conformation contraire à l’ordre de la nature,
c ’eft-à-dire avec une ftrufture de parties très-différentes
de celles qui caraélérifent l ’efpece des animaux
dontil fort. Il y a bien de fortes de mortfitei par rapport
à leurs ftruflures , & on fe fert de deux hypo-
thefes pour expliquer la produ&ion des monfires: la
première fuppofe des oeufs originairement 6c effen-
tiellement monftrueux : la fécondé cherche dans le*
feules caufes accidentelles la raifon de toutes ces
conformations.
S’il n’y avoit qu’une différence légère & fuper-
ficielle, fi l’objet ne frappoit pas avec étonnement,
on ne donneroit pas le nom de monfire à l’animal où
elle fe trouveroit.
Les uns ont trop ou n’ont pas affez de certaines
parties ; tels font les monfires à deux têtes, ceux qui
font fans bras , fans piés ; d’autres pechent par la
conformation extraordinaire, & bifarre par la grandeur
disproportionnée, par le dérangement çOnfi- .
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derable d’une ou de plufieurs de leurs parties, & par
la place finguliere que ce dérangement leur fait fou-
vent occuper; d’autres enfin ou par l’union de quelques
parties q ui, fuivant l’ordre de la nature & pour
1 execution de leurs fondions , doivent toujours
être féparés, ou par la défunion de quelques autres
parties qui, fuivant le même ordre 6c pour les
mêmes raifons, ne doivent jamais- ceffer d’être unies.
M. Fo'rm e y .
Oh trouve dans l'es mémoires de l’académie des
Sciences une longue difpute entre deux hommes célèbres,
qui à la maniéré dont on combaffoit, n’auroit
jamais été terminée fans la mort d’un des combat-
: tans ; la qUeftion; étoit fur IeS monfires. Dans toutes
les efpece's on voit' fou vent naître dès animaux contrefaits
, des animaux à qui il manque quelques par-
. ties ou qui ont quelques parties de trop. Les deux
; anatormftes convenoient du fyftème des oeufs, mais
v0U^ t que \qs monfires ne fuffent jamais que
1 èffet dé queTqn’accid'enf arrivé aux oeufs : l’autre
; pTérendort qu’il y avoit des oeufs originairement
I monftruenx , qui confenoient dés monfires aufCi bien
formes que les au très oeufs contenoient des animaux
parfaits.
L un expliquoit affez clairement comment les dé-
fordres arrivés d'ans les oeufs faifoient naître des
monfires ; il fuflîfoit que quelques parties dans le
tems de leur molTeffe enflent été détruites dans l’oeuf
par quelqu accident, pour qu’il naquît un monfire par
défaut à un enfant mutilé l’union ou la confufion
dés deux oeufs ou de deux germes d’un même oeuf
pfoduiloit lesmonfifes par excès, lesenfans qui naif-
lent a vec des parties fuperflues. Le premier degré des
monfires^ fer oit deux gemeaux Amplement adhérens
1 un à l’autre , coriimé on a vu quelquefois. Dans
ceux-là aucune partie' principale des oeufs n’auroit
été détruite. Quelques parties fuperficielles des foetus
déchirées dans quelques endroits 6c reprifes
l'une avec l’autre , auroierif caufé l’adhérence des
deux corps. Les monfires à deux têtes fur un feul
corps ou à deux corps fous une feule tête ne différe-
roierit dès premiers que parce que plus de parties
dans l’u'n des oeufs auroierif été détruites : dans l’un,
toutes celles qui formoient un des corps, dans l’autre
, celles qui formoienrune des têtes. Enfin un enfant
qui a un doigt de trop eft un monfire compofé
de deux oeufs , dans l’un defquellês toutes les parties
excepté ce doigt ont été détruites.-L’adverfaire,
plus anatomifte queraifonneur, fans fe laiffer éblouir
d’une efpece de lumière que ce fyftème répand ,
n’objeâoit à cela que des monfires dom il avoit lui-
même difféqué la plûpart, & dans lefquels il avoit
trouvé des monftruofités qui lui paroiffoient inexplicables
par aucun défordfe accidentel.
Les raifonnemens de l’un tentèrent d'expliquer
ces défordres ; les monfires de l’autre fe multiplie-
f ent. A chaque raifon que M. Lemery allégUoir,
c’étoit toujours quelque nouveau monfire à combattre
que lui produifoit M. Winflow.
Enfin on en vint aux raifons métaphyfiques. L’un
flouvoit du fcandale, à penfer que Dieu eût créé des
germes originairement monftrueux : l'autre croyoit
que c’étoit limiter la puiffance de Dieu , que de la
reftraindre à une régularité & une uniformité très-
grande.
Ceux qui voudraient voir ce qui a été dit fur cette
difpute, le trouveroient dans les mémoires de l’academie
, Mém. de l'âcad. royale des Sciences, années
>7*49 >733 9 i734f >738' & ‘740.
Un fameux auteur danois a eu une autre opinion
fur les monfires ; il en attribuoit la production aux
cometes. C ’eft une chofe curieufe , mais bien hon-
teufe pourl’efprirhumain, que de voir ce grand médecin
traiter les cometes comme desabfcès du ciel,