
effayées fur le mûrier blanc & fur le noir , n‘ont
pas réuffi, Sc que , comme l’arbre eft élevé , on n’a
pas pu le faire venir de branches couchées. Au rapport
de Linnoeus , les nouvelles feuilles de ce mûrier
font extrêmement velues en-deffous , & quelquefois
découpées , & fes chatons font de la longueur
de ceux du bouleau.
Le mûrier noir à feuilles panachées. Ç ’eft une
belle variété , la feule que l’on puilTe employer
dans les jardins pour l’agrément. Cet arbre pour-
roit trouver place dans une partie de bofquets oîi
l’on raffembfë les arbres panachés ; il a de plus le
mérite de la rareté. On peut le multiplier par la
greffe fur le mûrier noir ordinaire. M. d 'A u B. Le
Sub délégué.
Mûrier, (Dicte & Mat. méd.) ce n’eft prefque
que le mûrier noir ou des jardins, qui eft d’ufage
en médecine, & dont on mange communément le
fruit.
Le fruit du mûrier ou les mures font la principale
partie de cet arbre qui foit employée en Médecine.
On prépare de leur fuc un rob & un fyrop fimple.
Le rob appelle diamorum devroit, félon la force du
mot, n’être autre chofe que le fuc des murés, épuré
& épaiffi par l’évaporation jufqu’à confiftence re-
quife, mais on y ajoûte communément le miel ; le
fyrop fimple fe prépare avec le même fuc & le lucre
.L
e rob miellé & le fyrop ont la même vertu
médicinale. On prépare & on emploie beaucoup
plus communément le dernier , qui même eft prefque
la feule de ces deux préparations qu’on trouve
dans les boutiques depuis, que le fucre a été fubfti-
tué au miel dans prefque toutes les anciennes préparations
officinales.
Le fyrop de, mûres eft fort communément employé
dans les gargarifmes contre les inflammations
, les légères érofions, & l’enflure douloureüfe
de la gorge & des glandes du fond de la bouche,
&c. c’eft même prefque fon unique ufage : on l’erii-
ploie cependant auffi quelquefois dans les juleps ra-
rraichiffans contre les diarrhées bilieufes , les légères
diflënteries, &c. & il eft afTez propre à l’un & à
l’autre ufage par fa très-légere & allez agréable acidité
au refte, ce font là les vertus que les anciens,
Diofcoride & Galien, attribuent aux mûres vertes,
immaturis, au-lieu qu’ils n’attribuent à celles qui
font mûres qu’une vertu laxative.
Ces mêmes auteurs ont accufé les mûres de fe
corrompre facilement & d’être ennemies de l’efto-
mac ; mais Pline dont le fentiment eft plus conforme
à l’expérience , dit qu’elles i afraîchiffent, qu’elles
épuifent la foif, & qu’elles donnent de l’appétit.
On trouve dans Horace les vers fuivans fur les
mûres.
llle falubres
ÆJlates peraget nigris qui prandia moris
Finiet ante gravern quee legerat arbore folem.
Mais ces qualités particulières, foit bonnes foit
mauvaifes, ne font établies que fur une obfervation
peu exaéte. Le fuc des mures qui ont atteint leur
maturité, n’a d’autre qualité bien conftatée que
celle de fuc doux légèrement aigrelet (voyeç D o u x ,
JDiete.)mais ce fuc eft contenu dans un paranchyme
mollaffe & abondant qui rend ce fruit indigefte îorf-
qu’on le mange entier.
On trouve encore dans les auteurs de Pharmacie
un rob & un fyrop dè mûres eompofé, mais ces re-
medes ne font point en ufage parmi nous.
L’écorce de mûrier, & fur-tout celle de la racine,
eft un puiffant vermifuge dont on fe fert fort communément,
foit feule, foit mêlée à d’autres remedes,
(voyei Vermifuge.) à la dofe d’un demi-gros ou
d’un gros réduite en poudre & incorporée avec un
fyrop approprié.
L’écorce de la.racine du mûrier blanc a la même
vertu que la précédente.
On trouve dans quelques auteurs, fous le nom de
more/ , une efpece de'julep ainfi nomme du fyrop
de mûres qui entre dans fa compofition. Voyeç
Julép; (-b)
MURMURE, f. m. ( Gram.').bruit fourd, plainte
fourde : on dit le murmure des peuples ; le murmure
des eaux.
Murmure , ( Crit. facrée.) en grec yoyyvcp.oc;
ce mot ne fignifie pas feulement dans l’Ecriture,
une fimple plainte que l’on fait de quelque tort
que l’on prétend avoir reçu ; mais il défigne un
elprit de défobéiffanee & de révolte , accompagné
de penfées& de paroles dnjurieufes à la providence
divine : c’eft dans ce fensque S, Paul corn-
damné le murmure, qui futfouvent fatal aux Ifràéli-
tes murmurateurs, I. Cor. x. 10. En effet, 'lês Hébreux
retombèrent plus d’une fois dans des murmures
dignes de punition. On fait qu’ils murmurèrent
dans la terre de Geffen , Exod. v. 21. Ils murmurèrent
entuite après leur fortie d’Egypte, avant que
de paffer la mer Rouge, Exod. xiv. n : ils murmurèrent
encore à Mara, à caufe de l’amertume des
eaux. Exod. xv. 24: ils murmurèrent à Sin , Exod.
xxvj.g : à ‘R a p h i d im , xvij. 3 : ils murmurèrent
au fépulcre de concupifcence : ils murmurèrent
après le retour des envoyés dans la terre promife, &
même dans d’autres occafions, car il ne s’agit pas ici
de faire l’hiftoire de leurs murmures. (D . J.)
MURO , (Géog:) petite ville d’Italie, au royaume
de Naples dans la Bafilicate, avec un évêché
fuffragaûfde Gonza. Elle eft au pié de l’Appennin ,
à 4 lieues S. E. de Conza, 6 S. O. de Cirenza. Long.
3 3 iO. Lat. 40. 43.
C ’eft ici que périt en 1381, Jeanne reine de Naples
& de Sicile, dans fa cinquante-huitieme année.
On fait que dans un âge tendre elle confentit, par
foibleffe, au meurtre de Ion premier époux, & qu’elle
eut trois maris enfuite , par une autre foibleffe ,
plus pardonnable & plus ordinaire, celle de ne pouvoir
regner feule. Enfin elle nomma Charles de Du-
razzo Ion coufin , pour fon héritier, & même elle
l’adopta ; mais Durazzo d’intelligence avec le pape,
ne pouvant attendre la mort naturelle de fà niere
adoptive , ufurpa la couronne, pourfuivit fa bienfaitrice,
la furprit dans Muro & la fit étouffer entre
deux matelas. La poftérité a plaint cette malheuréu-
fe reine, parce que la mort de fon premier mari ne
fut point l’effet de fa méchanceté ; parce qu’elle n’a-
voit que 18 ans quand elle ferma les yeux à cet attentat
, & que depuis lors, elle vécut fans tache &c
fans reproche. Pétrarque & Bocace ont célébré cette
infortunée princeffe, qui fentoit & connoifl'oit
leur mérite. Elle fe dévoua, dit M. de Voltaire,
toute entière aux beaux-Arts, dont les charmes fai-
foient oublier les tems criminels de fon premier mariage.
Enfin fes moeurs, changées par la culture de
l’efprit, dévoient la défendre de la cruauté tragique
qui termina fes jours. (D. J.)
MURRAI, (Géog.) province maritime de l’Ecof-
fe , à l’oueft de Buchan ; c’eft la plus fertile de toutes
les provinces du Nord. Elle eft arrofée par le Spey
a l’O rient, & le Nairn au couchant. Ses deux principaux
bourgs font Elgin & Nairn. Elle donne le titre
de comté à une branche de la maifon des Stuarts,
qui defeend du comte de Murrai, régent d’Ecoflfe
pendantla minorité de Jacques VI. (D. J.)
MURRHART, (Géog.) petite ville d’Allemagne,
au cercle de Suabe dans le duché de Wurtemberg
fur la Murr, à a milles de Hall. Long. xy. x6. lat.
4$,8. (D . / .)
MURRINE, f. m. (Hiß. anc.) boiffon faite' de vin
& d ’ingrédiens qui échauffoient. La courtifane Gly-
cere la recommandoit à fes amans.
MURS A , (Hiß. des Tan.) ou murfe ou mir^a;
nom du chef de chaque tribu,des peuples tartares :
ce chef eft pris de la tribu même. C ’eft proprement
une efpece de majorât qui doit tomber régulièrement
d’aîné en aîné dans la poftérité du premier fondateur
d’une telle tribu, à moins que quelque caufe
violente & étrangère ne trouble cet ordre de fuccef-
fion. Le murfe a chaque année la dîme de tous les
beftiaux de ceux de fa tribu , & la dîme du butin que
fa tribu peut faire à la; guerre. Toutes les familles
tartares qui compofent une tribu, campent ordinairement
enfemble, &.ne s’éloignent point du gros de
l’horde fans le communiquer à leur muffe, afin qu’il
puiffe favoir.oùles prendre lorfqu’il veut les rappel-
ler. Ces mu fes ne font confidérables au kanqui gouverne
, qu’à proportion que leurs hordes ou tribus
font nombreufes ; & les kans ne font redoutables à
leurs voifins, qu’autant qu’ils ont fous leur obéifi-
fance beaucoup de tribus, & de tribus compofées
d’un grand nombre de familles : c’eft en quoi confifte
toute la puiffanc.e, la grandeur & la richeffe du kan
des tartares. (D . J.)
MURU , (Géog.) ville & port du Japon dans la
prefqu’île deNiphon, province de Biren, à 31 lieues
d’Ofacca. Voyeç Koempfer, hiß. du Japon. (D . J.)
MURUCUCA, (Hiß. nat. Bot.) plante du Bréfil
qui comme le lierre monte le long des arbres & s’y
attache : elle a un petit fruit rond ou o v a l, de couleurs
variées, qui eft d’un goût aigrelet, & qui couvre
plufieurs noyaux; fes feuilles font vulnéraires.
MURUGUIA , f. f. ( Hß . nat. Bot. ) genre de
plante à fleurs en rofe, compofée:de plufieurs pétales
difpofés en rond. Le calice eft profondément
découpé. Il y a au milieu de cette fleur un tuyau
femblable à un cône tronqué duquel fort le piftil
garni du jeune fruit, ou de l’embryon. Les étamines
fe trouvent en-deffous de cet embryon, qui eft fur-
monté par trois corps reffemblans à trois clous : il
devient, quand la fleur eft paffée, un fruit oval qui
n’a qu’une feule capfule, charnu & rempli de femen-
ces enveloppées d’üne forte de coeffe. Tournefort,
Infi, rei herb. V?yc^ PLANTE.
MURUCUGÉ, (Hiß. nat. Bot.) grand arbre du
Bréfil qui reffemble à un poirier fauvage; fon fruit
eft foutenu par une longue tige, on le cueille verd
pour le laiffer mûrir, après quoi il eft d’un goût exquis.
Le tronc donne par incifion une liqueur laiteu-
fe , qui s’épaiffit & forme une efpece de cire. Cet
arbre eft devenu rare, parce que les Sauvages en
ont détruit beaucoup pour avoir fon fruit.
MURZA, (Géog.) lieu fortifié dans la Gaule, à 3
journées de Lyon, félon Socrate dans fon hiftoire
eccléfiaftique, lib II. c. xxxij. M. de Valois prétend
que cet endroit eft ce qu’on nomme aujourd’hui la
Mure en Dauphiné, à 25 lieues de Lyon. (D . J.)
MUSA, f. f. (Hiß. nat. Bot.) en françois bananier
; genre de plante à fleur polypétale, anomale,
& qui a le pétale fupérieur creufé en forme de nacelle
, & découpé à la fommité ; le pétale antérieur
eft concave, l’interne eft fait en forme de bouclier,
& il a deux petites feuilles étroites & pointues. Le
calice de cette fleur devient dans la fuite un fruit
mou, charnu & couvert d’une peau : ce fruit a la
forme d’un concombre, il fe divife en trois loges
dans lefquelles on apperçoit quelques linéamens de
femences. Plumier, nova plant, amer. gen. Voye7
Plante.
M u s a æ n e a , (Médecine.) c’eft une efpece d’o-
piate fomnifer, qui a pris fon nom de Mufa fon auteur,
& fon furnom de fa couleur approchante de
celle de l’airain. La dofe en eft depuis un fcrupule,
jufqu’à un gros.
MUSACH, f. m. (Critiq. facrée.) Les favansfont
fort partages lorfqu’il s’agit de déterminer ce que
c etoit que le mufach ou couvert du fabbath. Quelques
uns ont cru que c’étoit un endroit du temple
où l’on s*affeyoit les jours de fabbath, pour aiîifter
aux facrifices, & pour entendre la le&ure de la loi.
Vatable conjedure que c’étoit une efpece de pupitre,
environné d’une grille, oùétoient affis les prêtres
& les lévites lorfqu’ils enleignoient la loi au
peuple. Beaucoup de fa vans, fe fondant fur les dernières
paroles du texte , entendent ce paffage d’une
maniéré fort différente. Ils prétendent qu’Achaz pro-
Ie temple, & qu’il n’y laiffa qu’une entrée du
côté de fon palais, ayant fait fermer les autres, pour
fe fortifier davantage, &c afin que les ennemis ne
puffent arriver à fon palais qu’après avoir fait le
fiege du temple ; & qu’il fit démolir le parvis nommé
mufach, parce qu’il étoit un obftacle à ce deffein.
Théodoret & Lira difent qu’Achaz eut deffein de
flatter le roi d’Affyrie par le mépris qu’il témoigna
pour le Dieu d’ilraël, en ôtant toute communication
de fon palais avec-le temple. D ’autres enfin
croient que; le inufach étoit une efpece d’armoire
placée à l’entrée du premier parvis du temple, où
le roi mettoit fes aumônes le jour du fabbath quand
il alloit au temple. Quoi qu’il en foit, Jofephe dit
qu’il porta l’impiété, jufques à cet horrible excès de
ne fe contenter pas de dépouiller le temple de tous
fes tréfors ; il le fit même fermer, afin qu’on ne pût
y honorer Dieu par les facrifices folemnels qu’on
avoit accoutumé de lui offrir. (D . J.)
MUSAGETES, (Mythol.) c’eft-à-dire le conducteur
des Mufes. Apollon fut décoré de ce beau nom
par les Poëtes, parce qu’en fa qualité de dieu de la
lyre & de l’Eloquence, il étoit cenfé toûjours accompagné
des do&es foeurs, & préfider à tous leurs
concerts.
Hercule eut auffi le furnom de mufagetesf & fon
culte fut apporté de Grece à Rome. L’Hercule mu-
fagete eft déligné par une lyre qu’il tient d’une main,
pendant qu’il s’appuie de l’autre fur fa maffue. Voyez
Hercule. (D . J.)
MUSARAIGNE, f. f. (Hifl. nat.) mus araneus ;
animal quadrupède qui a beaucoup de rapport a la
fouris & à la taupe. En effet il a une forte de groin
de cochon, des yeux très-petits, des oreilles très-
courtes , & le poil plus fin, plus doux & plus court
que celui de la fouris; mais il reffemble à cet animal
plus qu’à la taupe, par la forme des jambes & des
piés : il eft plus petit que la fouris. Les chats le chaf-
fent, le tuent ; mais ils ne le mangent pas. On foup-
çonne communément, & même on croit que la mu-
faraigne a du venin, & que fa morfure eft dangereufe
pour le bétail & fur-tout pour les chevaux ; cependant
elle n’eft ni venimeufe, ni capable de mordre ,
parce que l’ouverture-de fa bouche n’eft pas affez
grande pour faifir la double épaiffeur de la peau d’un
animal : auffi la maladie des chevaux que l’on attribue
à la dent de la mufaraigne, eft une forte d’anthrax
qui n’a aucun rapport avec la morfure, ou fi
l’on veut, la piquure de ce petit animal. Il habite affez
communément, fur-tout pendant l’hiver, dans
les écuries, dans les granges, dans les cours à fumier
; il mange du grain, des infeâes & des chairs
pourries : on le trouve auffi à la campagne; il fe cache
fous la moufle, fous les feuilles, fous les troncs
d’arbres, dans les trous abandonnés par les taupes,
ou dans des trous plus petits qu’il fe pratique lui-
même. Chaque portée de la mufaraigne eft de cinq
ou fix petits. Cet animal a un cri plus aigu que celui
de la fouris : on le prend aifément, parce qu’il
court mal : fes yeux ne font pas bons : il eft très-
commun dans toute l’Europe,