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mer à midi, elle ne fera haute aa largue qu’ à trois
6 Quand la lune entre dans Ton premier & dans fon
troilieme quartier , c’eft à-dire, quand on a nouvelle
6c pleine lune, les maries l'ont hautes &
fortes, 6c on les appelle grandes martes. Et quand
la lune eft dans Ion fécond 6c dans fon dernier
quartier, les maries font baffes 6c lentes, on les
appelle mortes-marées, 6lc. Chambers,
Nous avons donné au mot Flux & Reflux les
principaux phénomènes des marees y 6c nous avons
tâché d’en expliquer la caufe.
Nous avons promis au meme article/«* oC rejtux,
d’ajouter ici quelques détails fur les marées; 6c nous
allons fatisfaire à cette promefle.
On demande pourquoi il n’y a point de marees
fenfibles dans la mer Cafpienne ni dans la Méditerranée.
- , . .
On trouve par le calcul, que 1 action du ioleil
& de la lune pour foulever les eaux , eft d’autant
moindre que la mer a moins d’étendue ; 6c ainft
•comme dans le vafte & profond Océan, ces deux
actions ne tendent à élever les eaux que d’environ
8 à io pies , il s’enfuit que dans la mer Cafpienne
qui n’eft qu’un grand la c , 1 élévation des
eaux doit être inienfible.
Il en eft de même de la Méditerranée dont la communication
avec l’Océan eft prefqu’entierement
coupée au détroit de Gibraltar.
On peut voir dans la piece de M. Daniel Bernoulli
, fur le flux 6c reflux de la mer, l’explication
d’un grand nombre d’autres phénomènes des marées.
On trouvera aufli dans cette même piece des tables
pour la hauteur 6c pour l ’heure des maries de chaque
jour : & ces tables répondent affez bien aux
obfer va lions, fauf les différences que la fituation
des côtes & les autres circonftanccs particulières
y peuvent •apporter.
Les alternatives du flux 6c reflux de ftx heures
en fix heures, font que les côtes font battues fans
ceffe par les vagues qui en enlevent de petites parties
qu’elles emportent 6c qu’elles dépofent^ au
fond ; de même les vagues portent fur les côtes
différentes productions, comme des coquilles, des
fables qui s’accumulant peu-à-peu, produilent des
éminences.
Dans la principale des îles Orcades où les rochers
font coupés à pic, 200 piés au-deffus de la mer,
la marée le leve quelquefois jufqu’à cette hauteur,
lorfque lé vent eft fort. Dans ces violentes agitations
la mer rejette quelquefois fur les côtes des
matières qu’elle apporte de fort loin, 6c qu’on ne
trouve jamais qu’après les grandes tempêtes. On
en peut voir le détail clans VHifl. nat. générale &
particulière , tome I. page 43° '.
La mer, par fon mouvement général d’orient en
occident , doit porter fur les côtes de l’Amérique les
productions de nos côtes; 6c ce ne peut être que par
des mouvemens fort irréguliers,& probablement par
des vents, qu’elle porte fur nos côtes les productions
des Indes 6c de l’Amérique. On a vît Couvent
dans les hautes mers, à une très-grande diftance des j
côtes, des plages entières couvertes de pierres- j
ponces qui venoient probablement des volcans des j
îles 6c de la terre-ferme, voye^ Volcan & Pierre- |
ponce, 6c qui parodient avoir été emportées au i
milieu de la mer par de courans. Ce fut un indice !
de cette nature qui fit foupçonner la communication
de la mer des Indes avec notre Océan, avant
qu’on l’eût découverte. (O)
Marées, (Marine.) Les Marins nomment ainfi
Je tems que la mer emploie à monter 6c à defeen-
dre, c ’eft-à-dire, le flux & le reflux qui eft une ef-
pece d’inondation de la part de la mer deux fois
le jour.
M A R
Les eaux montent environ pendant fix heures ; et
mouvement qui eft quelquefois allez rapide, & par
lequel la mer vient couvrir les plages, le nomme le
f l u x ou le f io t . Les eaux, lorlcju’elles font parvenues
à leur plus grande hauteur, relient à peine un
demi quart-d’heure dans cet état. La mer eft alors
pleine ou elle eft étale. Elle commence enfuite à
defeendre, & elle le fait pendant fixvheures qui forment
le tems du reflux, de l'èbe, ou de jufan, La mer
en le retirant, parvient à fon plus bas terme qu’on
nomme bajje-mer, & elle remonte prefque aufli-tôt.
Chaque mouvement de la mer n’eft pas préci-
fément de fix heures : elle met ordinairement un
peu plus à venir 6c un peu plus à s’en retourner»
Ces deux mouvemens contraires font même conll-
dérablement inégaux dans certains ports : mais les
deux enfemble font toujours plus de douze heures
; ce qui eft caufe que la pleine mer oit chaque
marée ne le fait pas à la même heure tant le foir que
le matin, elle arrive environ 24 minutes plus tard.
Et d’un jour à l’autre, il le trouve environ 48 minutes
de retardement ; c ’eft-à dire, que s’il eft pleine
mer aujourd’hui dans un port à 9 heures du matin,
il n’y fera pleine mer ce foir qu’à 9 heures 24 minutes
, & demain à neuf heures quarante-huit minutes
du matin, 6c le foir à 10 heures iz minutes.
C ’eft aufli la même chofe à l’égard des baffes-mers,
elles retardent également d’un jour à l’autre de 48
minutes, 6c du matin au foir de 24 minutes.
Ce retardement étant connu, on peut, fi l’on a
été attentif à l’inftant de la marée un certain jour,
prévoir à quelle heure il fera pleine mer dans le
même port un autre jour, 6c faire fes difpofitions
à-propos pou-r fortir du port ou y entrer ce jour-là.
Chaque jour les marées retardent de 48 minutes;
ainfi en 5 jours, elles doivent retarder de 4 heures,
ce qui donne la facilité de trouver leur retardement
à proportion pour tout autre nombre de
jours. Elles doivent retarder de 8 heures en 10 jours,
& de 12 heures en 15 jours. Or il fuit de-là que
les marées reviennent exattement aux mêmes heures
dans les quinze jours ; mais que celles qui fe fai-
foient le matin, fe font le foir, 6c celles qui arri-
voient le foir, le font le matin : à la fin de quinze
autres jours elles reprennent leur premier ordre.
Les marées font plus fortes de quinzç jours en
quinze jours, c’eft ce qui arrive à toutes les nouvelles
ôi pleines lunes. On donne le nom de grandes
ea u x à ces plus fortes marées : on les nomme aufli
malines ou reyerdies. Dans les quadratures, c’eft-à-
dire aux premier 6c dernier quartiers, la mer monte
moins, 6c elle defeend aufli moins, c’eft ce qu’on
nomme les mortes eaux. Et la différence de hauteur
entre les mortes eaux & les malines, va quelquefois
à la moitié : ce que l’on doit favoir pour entrer ou
fortir d’un port. En général, les marées du matin 6 ç
du foir ne font pas également fortes ; mais ce qu’il
y a de très-remarquable, c ’eft que l’ordre de ces
marées change au-bout de fix mois; c’eft-à-dire, que
fi ce font les marées du matin qui font actuellement
les plus fortes, comme cela ne manque pas d’arriver
; en hiver, en fix mois ou un pëu plus, elles
feront les plus foibles. Ce font effectivement les
marées du foir qui font les plus fortes en été. Mais
au-bout de fix mois, les plus fortes marées deviennent
les plus foibles, 6c les plus foibles deviennent
les plus fortes.
Au furplus, les malines n’arrivent pas précifé-
ment les jours des nouvelles 6c pleines lunes, mais
lin jour 6c demi ou deux jours après. Les plus petites
marées ou les mortes-eaux ne concourent pas
non-plus exactement avec les quadratures ; elles
tombent un jour 6c demi plus tard. Après qu’elles
ont été fort grandes un ou deux jours après la nouvelle
M A R 97
velle ou la pleine lune, elles vont en diminuant
jufqu’à un jour 6c demi après la quadrature , 6c
elles augmentent enfuite jufqu’à la pleine ou nouvelle
lune fuivante.
On a vu ci - devant que les marées retardoient
chaque jour de 48 minutes, & qu’elles ne revenoient.
aux mêmes heures que de 1 ^ jours en 1*5
jours. Il eft pleine mer fur toute une étendue de
côte à la même heure. Mais félon que les ports
font plus ou moins retirés dans les terres , ou que
leur ouverture eft plus ou moins étroite, la mer
emploie plus ou moins de tems pour s-’y rendre, &
il y eft pleine mer plus tôt ou plus tard. Chaque
port a donc fon heure particulière; outre que cette
heure eft différente chaque jour, il a été naturel de
confidérer plus particulièrement les marées des nouvelles
& pleines lunes,& d’v rapporter toutes les autres.
On nomme établiflement cette heure à laquelle il
eft pleine mer,lorlque la lune eft vis-à-vis du foleil,
ou qu’elle fe trouve à l’oppofîte. Par exemple, à
Brelt, l’établiflement des marées eft à 3 heures 30
minutes; au lieu qu’au Havre-de-grace, il eft à 9 heures,
parce qu’il eft pleine mer à ces heures-là les
jours de nouvelle & pleine lune. •
Il eft bon de remarquer que les pilotes font affez
dans l ’ufage d’exprimer l’établiflement des ports,
par les rumbs de vent de la bouflblle. Ils le fervent
du nord 6c du fud pour indiquer 11 heures ;
ils indiquent 6 heures par l’eft 6c i’oueft, 3 heures
par le fud-eft 6c nord-oueft, 6c ainfi des M
très. Cet ufage qui s’eft introduit dans plufieurs
livres, n’eft propre qu’à induire en erreur les per-
fonnes peu inftruites, en leur faifant croire que ces
prétendus rumbs de vent qui délignent l’établiffe-
ment des marées, ont rapport à la direction des rivières,
ou aux régions du monde, vers-lefquelles
les entrées des ports font expofées. Il n’eft pleine
mer plus tard à Nantes qu’au bas de la Loire, que
parce que cette ville eft confidérablement éloignée
de la côte, 6e qu’il faut du tems au flux po>ur y
faire fentir Ion effet.
Tout ce qu’on vient de dire fur les marées, eft
tiré du nàuveau traité de Navigation, publié par
M. Bouguer en .1753, auquel on peut avoir recours
pour de plus grands détails. On ajoute ici
une table de quelques côtes 6c ports de l’Europe,
où l’heure de la pleine mer eft marquée, les jours
de ta nouvelle lune & de la pleine, 6c à la fuite
une table du retardement des marées.
Tables des côtes & ports de l'Europe ou l'heure de la
pleine mer ai rive le jour de la nouvelle & pleine
lune.
F r a n c e .
A Saint-Jean de Luz, à Bayonne , à . .
A la côte de Guyenne 6c Gafcogne , .
3 h. 30'.
3 o-
Côtes de Saintonge & d’A unis.
A Royan, à Brouage, à la Rochelle,
à l’embouchure de la Charente,. . .
A l’île de Ré & dans les pertuis bretons
6c d’Antioche ...................................
3 45-
3-
Côtes de Poitou,
Dans toute la côte de Poitou, . . . .
A Olqnne ..................................................
A l’IIe-Dieu ..............................................
3-
3 JJ-
b
Côtes de Bretagne.
A l’embouchure de la Loire, . . . . .
A Pemboeuf, . . . .................................
A Morbian, Port-Louis, Concarnaux ,
Tome X .
3 M-
S MM
A R
& toute la côte du fud de Bretagne,
A. Vannes, à Au.ray....................... . *
A la Roche-Bernard .............................
A B e l l e i f l e . . . . , / . /
A Pennemarck, Audierne . . . . . .
A la rade de Breft ,
A la rade de Bertaume ........................
Entre Oueffant & la terre-ferme, & dans
le palTage de l’Iroife............................
Au Conquet.......................................... *
A Abbreverak, . . . . . , . , . . . *
A l’île de Bas, ..........................................
A Saint Pol de Léon & à l’embouchure
de la riviere de Morlaix, . . . . , .,
Aux fe.pt îles, ................................
A Saint-Malo 6c Cancale, . . . . . .
Côtes de Normandie»
A Gràndville, . . . .............................
A l’anfe d eV a u v ilIe ,.............. ... ^ .
A Cherbourg , ..................I
A lajHqugue, . . ..................... | ]
A Horifietir, à l’embouchure de laSeine,
au Havre de Grâce , . ......................
A Fécamp, à S. Valéry en Caux, . . .
A Dieppe & à Tréport, . . . . . . . .
Côtes de Picardie.
Dans toute la côte depuis Tréport jufqu’à
Ambleteufe...................................
A Calais.............................................. ,
Dans le pas de C a la i s , .............. . . .
A Dunkerque, Nieupôrt 6c Oftendei, .
En Flandres.
3.
3 4 Ï-
4 30.
1 30.
13
3-
M»
3 4 T*
2 M»
3 30.
5
4 *
*3»
i*
6.
6 4 Ï*
6 30.
7 3°*
8 15.
9-
9 45-
10 30.
11.
11 30.
3 45-
Dans le canal entre l’Angleterre & la
Flandres, . . . . . . . . . . . . . i j
En Hollande.
A l’Eclufe & à Flelfingue................. ... 2
Dans les îles de Zélande, . . . . . . j.
Dans le Texel............................. .. 7
Hors le Texèl à la c ô t e , ...................
A Amfterdam , à Roterdam & à Dordrecht,
............................... 2.
En Angleterre.
Aux Sorlingues & à la pointe occidentale
d’Angleterre,................ 4
30.
3° .
30.’
A l’entrée de la Manche....................... 3,
A Montboy .......................................... -
Aux côtes près le cap Lézard, . . . . ym
A Falmouth.......................................... ^
A Faure , à Plimouth & à Darmouth, c
A la côte, près le cap Gouftard, . . . 7
A Torbay & à Exmouth,................^
A Portland & àWeymouth,......... 8
Le long de la côte, depuis Portland
jufqu’à l’île de W i g h t 5.
Dans la rade de Sainte-Hélene, . . . . 10
A Portfmouth & Hampton , . . . . . . u .
Dans toute la côté , depuis I’île de
Wigth jufqu’à Douvres,......................
A Douvres, . ............................ 12
Dans la rade des Dunes,................... .....
A l’embouchure de la Tamife, . . . . 12.
Depuis la Tamife julqu’à Yarmouth, le
long de la côte, .............................. 10*
En Irlande.
30.
45.
30.
39.
30.
Dans toute la côte de l’oueft, . . . » . 4»
Aux îlesBtaques, ......................... ... , ».
A Dingle, ................................... 3
Dans la baie de Bantry, . . . . . . . 4
A Balrimont, à Roffe, 6c à Kingfale, 5