matoir ; la troifieme , on trempe fon morceau d’acier
deftiné à être matoir, & on le frappe fur un
grais, & l’on obtient un matte plus rare 8c plus
clair.
MATRALES, f. f. plur. matralia, ( Antiq. rom.')
fêtes qu’on célébroit à Rome le 11 Juin en l’honneur
de la déeffe Matuta , que les Grecs nommoient
Ino. Il n’y a voit que les dames romaines qui fuffent
admifes aux cérémonies de la fête, 8c qui puffent
entrer dans le temple ; aucune efclave n’y étoit ad-
mife, à l’exception d’une feule , qu’elles y faifoient
entrer , & la renvoyoient enfuite après l’avoir légèrement
foufletée en mémoire de la jaloufie que
fa déeffe Ino, femme d’Athamas, roi de Thebes ,
avoit juftement conçue pour une de fes efclaves que
fon mari aimoit paffionnément. Les dames romaines
obfervoient encore une autre coûtume fort fingu-
liere ; elles ne faifoient des voeux à la déeffe que
pour les enfans de leurs freres ou foeurs , & jamais
pour les leurs , dans la crainte qu’ils n’éprouvaffent
un fort femblable à celui des enfans d’Ino ; c’eft pour
cela qu’Ovide , liv. VI. de fies fafies , confeille aux
femmes de ne point prier pour leurs enfans une
déeffe qui avoit été trop malheureufe dans les fiens
propres : elles offroient à cette déeffe en facrifice I
un gâteau de farine, de miel & d’huile cuits fous
une cloche de terre. Le poëte appelle ces facrifices
fiava liba , des libations rouffes. Voye[ Plutarque,
queefi. rom. & le dicl. des antiq. de Pitilcus. (D . J .)
MATRAMAUX ou FOLLES , terme de Pêche,
voyc^ Folle , que l’on nomme matramaux , dans le
reffort de l’amirauté de Bordeaux ; ce filet eft Amp
le , c’eft-à-dire qu’il n’eft point travaillé ou compofé
de trois rets appliqués l’un fur l’autre.
M ATR A S , f. m. ( Artmilit. ) efpece de gros trait
ou de dard fans pointe , plus long que les fléchés &
beaucoup plus gros, armé au bout au lieu de pointe
d’un gros fer arrondi ; on s’en fervoit anciennement
pour fracaffer le bouclier, la cuiraffe 8c les os de
celui contre lequel on le tiroit, mais on ne le tiroit
qu’avec de groffes arbalètes que l’on bandoit avec
.des refforts. Hifioire de la milice françoife. (Q )
Matras , f. m. (Chimie.) efpece de vaiffeau de
verre , bouteille fphérique , armé d’un col cylindrique,
long & étroit (voyelles Planches de Chimie) ,
dont on fe fert comme récipient dans les diftilla-
tions(vqyeîDiSTiLLATiON & Récipient) , qu’on
emploie aux digeftions & aux circulations ( voyez
D igestion & Circulation, Chimie), foit bouché
avec une veffie ou un parchemin, ou bien ajuf-
té avec un autre matras, en appareil de vaiffeaux
de rencontre ( vo^ R encontre , Chimie ) , & qui
fert enfin de vaiffeau inferieur, ou contenant dans
la diftillation droite étant recouvert d’un chapiteau.
Voyei les Planches de Chimie, (b)
MATRICAIRE, f. f. matricaria, (Botan P) genre de
plante à fleur en rofe, le plus fouvent radiée. Le
difque de cette fleur eft compofé de plufleurs fleurons
, 8c la couronne de demi-fleurons, foutenus fur
des embryons par un calice demi-fphérique, dont
les feuilles font difpofées comme des écailles. Les
embryons deviennent dans la fuite des femences
oblongues , 8c attachées à la couche. Ajoutez aux
caractères de ce genre que les fleurs naiffent par petits
bouquets, & que les feuilles font profondément
découpées & difpofées par paires. Tourne fort, InÆ
rei herb. Voye^ Plante. .
Tournefort compte douze efpeces de ce genre de
plante, dont la principale eft l’efpargoutte , ou la
mairu.airt commune .matricariavulgaris, feufariva
C -^ -P- ' 13' 1- R.H . 493. enanglois, 'the common
garden fejerfew.
Sa racine eft blanche, garnie de plufleurs fibres :
fes tiges font hautes d’une coudée & demie, roidesj
cannelées , liffes , allez*groffes , remplies d’une
. moelle fongueufe : fes feuilles font nombreufés, d’un
verd-gai, d’une odeur forte , amere , placées fans
ordre ; elles font comme compofées de deux ou trois
paires de lobes, rangés fur une côte mitoyenne ; ces
lobes font larges & divifés en d’autres plus-petits
dentellés à leur bord.
Il fort -vers les féminités des tiges', & de lbiiffelle
des feuilles, de petits rameaux fur lefquels naiffent
aüffi-bien qu’aux fommets des tiges, plufleurs petites
fleurs portées fur des- pédicules oblongs , rangées
comme en parafols 8c radiées : leur difque eft rempli
de plufleurs fleurons jaunâtres,. 6c la couronne
de demi-fleurons blancs, portés fur des embryons
de graines , 8c renfermés dans un calice écailleux
& femifphérique. Quand les demi-fleurons de la
couronne font fanés , le milieu du difque fe renfle
8c les embryons, fe changent en autant de petites
graines oblongues, cannelées, fans aigrette, attachées
fur une couche au fond du calice.
Toute cette plante a une odeur défagréable 8c
vive.' On là cultive dans les jardins , ainfr que d’autres
efpeces du même genre , à caufe de la beauté
de leurs fleurs. Les Médecins en particulier font un
grand ufage de lamatricairc commune , car elle tient
un rang eminent dans la claffe des plantes utérines
8c hyftériques. (Z>. J, )
Matricaire , ( Mat. méd. ) toute cette plante a
une odeur défagréable 8c vive : fes feuilles 8c fes
fommités fleuries font fouvent d’ufage.
La matricairc tient un. rang diftingué parmi les
plantes hyftériques. On la donne en poudre depuis
un demi-férupule jufqu’à deux , ou fon fuc exprimé
8t clarifié jufqu’à une once ou deux : fa décoftion
8c fon infufion à la dofe de quatre'Onces. Elle fait
couler les réglés, les lochies, 8c elle chaffe l’arriere-
faix; elle appaife les fuffocations,utérines, 8ccalmé-
les douleurs qui furviennent après l’accouchement.
La matricairc produit utilement tout ce que les
carminatifs 8c les amers peuvent procurer ; elle dif-
fipe les vents, elle fortifie l’eftomac , aide la digef-
ti°n. Cette plante ou. fon fuc exprimé chafle les
vers de même que la centaurée 8c l’abfynthe : on
emploie utilement fa décoûion dans les lavemens
fur-tout pour les maladies de la matrice.
On la preferit extérieurement dans les fomentations
avec la camomille ordinaire, ou avec la camomille
romaine, bouillie dans de l’eau ou dans du
vin , pour l’inflammation de la matrice St les douleurs
qui viennent après l’accouchement dans les
retardemens des lochies , 8c dans certains cas de
réglés douloureufes. Geoffroy, Mai. mid.
On garde dans les boutiques une eau diftillée des
fleurs de matricairc, qui poffede quelques-unes des
vertus de la plante , favoir celles qui dépendent de
fon principe aromatique. r b y e ç E A U x distillées.
Les feuilles 8c les fleurs de matricairc entrent dans
toutes les compofitions officinales, hyftériques, an-
tifpafmodiques 8c emménagogues, telles quelefyrop
d’armoife, lestrochifqiies hyftériques,
MATRICE, en Anatomie, eft la partie de la femelle
de quelque genre que ce foit, où le foetus eft
conçu, 8c enfuite nourri jufqu’au tems de la délivrance.
V o y e { Foetus , Conception, G énération
, &c.
Les anciens Grecs appelaient la matrice ucr:r ,
de ftimif mcrc ; c’eft pourquoi les maux de matrice
font fouvent nomihés maux de mere. Ils l’appelloient
auffi uç-Hpa, parce qu’elle eft le plus bas de vifeeres
dans fa fituation ; ils la nommoient aufli quelquefois
fueic, nature, Sc rulva, vulve, du verbe vulyo, plier
envelopper, ou de valva, portes.
Platon 8c Pythagore regardoient la matrice comme
un animal diftinéi, .renfermé dans un autre. Paul
d’Egine obferve qu’on peut ôter la matrice à une
femme fans lui caufer la mort, & il y a des exemples
de femmes qui ont long-tems vécu après qu’on
la leur avoit ôtée. Rhafts 8c Paré remarquent que
des femmes ont été guéries de certaines maladies
par l’extirpation de la matrice. En 1669 > on produi-
ïit à l’académie royale des Sciences de Paris un
enfant qui avoit été conçu hors de la matrice, 8c
n’avoit pas laiffé de croître de la longueur de fix
pouces. Voye^ Embryon , Foetus.
La matrice dans les femmes eft fituée dans le baf-
fin , où la capacité de l’hypogaftre entre la veflïe
& l’inteftin reéhim, 8c s’étend jufqu’aux flancs : elle
eft'entourée 8c défendue par différons os ; en-devant
par l’os pubis ; en arriéré, par l’os facrum ; de chaque
côté par l ’os des îles & l’os ifehium : fa figure
reffemble un peu à celle d’un flacon applati , ou
d’une poire féche. Dans les femmes enceintes, elle
s’étend & prend diverfes formes, fuivant les divers
tems 8c les diverfes circonftances de la groffeffe : elle
a plufleurs membranes, arteres, veines, nerfs 8c ligamens
, & elle eft tiffue de plufleurs différentes
fortes de fibres.
Les Anatomiftes divifent la matrice en fond ou
partie large, & en col ou partie étroite : fa longueur
depuis l’extremite de l’un jufqu’à l’extrémité de
l ’autre, eft d’environ trois pouces : fa largeur dans
fon fond eft d’environ deux pouces & demi, 8c
fon épaiffeur de deux : elle n’a qu’une cavité , à
moins qu’on ne veuille diftinguer entre la cavité
de la matrice & de celle de fon col. Celle-ci eft très-
petite , & contiendroit à peine une feve : elle eft
fort étroite , fur-tôut dans les vierges , & fon extrémité
fupérieure , c’eft-à-dire celle qui regarde le
fond de la matrice ,>fe nomme orifice interne. Elle s’ouvre
dans les femmes groffes , principalement aux
approches de l’accouchement. L’extrémité oppofée,
ou inférieure du col de la matrice, c’eft-à-dire celle
qui regarde le vagin , fe nomme orifice externe. Elle
déborde un peu, & reffemble en quelque façon au
gland du membre viril. Voye^nos Planches d’Ana-
La fubftance de la matrice eft membraneufe & charnue
: elle eft compofée de trois membranes ou tuniques
, ou feulement de deux , félon quelques-uns,
qui refufent ce nom à la fubftance du milieu. La tu-
n^ ie .externe , appellée aufli commune , vient du
péritoine, & fe trouve formée de deux lames, dont
l ’extérieure eft affez unie, & l’intérieure eft rabo-
teufe & inégale. Cette tunique enveloppe toute la
matrice, & l’attache à l’inteftin re&um , à la v effie
, &c. La tunique moyenne eft très épaiffe, &
compofée de fibres fortes, difpofées en divers fens.
Quelques-uns croient qu’elle contribue à l’exclufion
du foetus, & d’autres, qu’elle fert feulement à rétablir
le reffort de la matrice après une diftenfion violente
: la tunique interne eft nerveufe.
La matrice eft attachée au vagin par fon col. Pofté-
rieurement 8c antérieurement elle, eft attachée à la
veffie par fa tunique commune : fes côtés font attachés
à d’autres parties, mais fon fond eft libre, afin
de pouvoir s’étendre & fe dilater plus aifément : fes
ligamens font au nombre de quatre , deux qu’on
nomme larges, & deux qu’on nomme ronds, à caufe
de leur figure. Les ligamens larges font membraneux
, lâches 8c mois ; c’eft pourquoi quelques-uns
les ont comparés aux ailes d’une chauve-foUris , &
les ont nommés alce verfpertilionum. Les ligamens
ronds font d’un tiffu plus ferme, & compofés d’une
double membrane , enveloppée de fes arteres , veines
, nerfs & vaiffeaux lymphatiques. Les vaiffeaux
fanguins, tant des ligamens larges que des ronds,
une grande partie de ce qu’on nomme leur
Jubfiance. Ces deux fortes de ligament fervent à
maintenir la matrice dans une fituation droite ; ils
peuvent être facilement endommagés par les fage-
femmes mal-adroites. Voye^ Ligament.
De chaque côte du fond de la matrice naît un
conduit qui s’ouvre dans ce vifeere par un petit orifice
, mais qui devient plus large à mefure qu’il
avance , & q u i, vers fon extrémité , fe rétrécit de
nouveau. Cette extrémité qui fe trouve près des
ovaires eft libre, & s épanouit derechef en forme
d’un feuillage rond & frangé. Fallope qui découvrit
le premier cette expanfion, la compara à l’extrémité
d’une trompette ; c’eft pourquoi tout le conduit a,
été nommé trompe de Fallope : il eft compofé d’une
double membrane ; les veines & les arteres y font
en très-grand nombre , fur-tout les dernieres, qui,
par différentes ramifications & différens contours ,
forment la principale fubftance des deux conduits.
Le doâeur'NVharton donne des valvules aux trompes
de Fallope, mais les autres Anatomiftes les nient.
Voyt{ T rompe de Fallope.
, Cette partie que Platon comparoit à un animal
vivant, douée d’un fentiment merveilleux, eft pref-
que toujours unique ; cependant Julius Obféquens
dit, qu’on a vu autrefois à Rome une femme qui
avoit une matrice double. Riolan en cite deux autres
exemples, l’une d’une femme ouverte dans les écoles
des Lombards, en 1599, & l’autre dans une femme
qu’il avoit lui-même difféquée en 16 1 5, en pré-
fence de plufleurs perfonnes. Bauhin rapporte auffi
qu’il a vu une fois la matrice partagée en deux portions
par une cloifon mitoyenne. On lit dans VHifi
toire de P académie des fc ienc es un cinquième exemple
de deux matrices dans un même fujet, obfervée par
M. Littré en 1705 ; chacune n’avoit qu’une trompe
& un ovaire, qu’un ligament large 8c qu’un ligament
rond. Enfin, je trouve dans la même H iß . de L'acad.
des S c ien c e s , année 1 7 4 3 , une fixieme obfervatioft
tout-à-fait femblable à celle de M. Littré, de deux
matrices dans une femme morte en couches, vues
par M. Cruger, chirurgien du roi de Danemark.
Quelquefois l’orifice interne de l’utérus n’eft point
percé. Fabrice d’Aquapendente dit qu’il a vu ce vice
de conformation dans une jeune fille âgée de quatorze
ans , qui en penfa mourir, parce que fes réglés
ne pouvoient percer ; il fit à cette partie une
incifion longitudinale , qui donna cours au flux
menftruel, &c rendit cette fille capable d’avoir des
enfans.
Dans l e tems de l’accouchement, la matrice, qui
eft alors extrêmement tendue, peut fe déchirer, foit
à fon fond, ' foit à fes côtés , foit fur-tout à fou
c o l, qui ne peut foutenir une fl grande dilatation ,
& qui devient très-mince dans le tems de travail.
M. Grégoire, accoucheur, a dit.à l’acad. des Sciences,
qu’en trente ans il avoit vû ce funefte accident
arriver feize fois. Hifioire de l'académie des Sciences
année / 724.
On demande fl la matrice peut tellement fe ren-
verfer, que fon fond tombe du dedans en dehors
par l ’orifice interne jufqu’au-deià du vagin. De
Graaf juge lachofe impoffibledans les vierges, parce
que l’orifice interne eft alors trop étroit pour livrer
le paffage : mais il croit ce fait très - poffible
dans les accouchemens, lorfque l’arriere-faix adhéré
fortement à la matrice, 8c qu’un accoucheur, ou la
fage-femme , foit par ignorance , ou par imprudence
, venant à le tirer violemment, entraîne en même
tems le fond de la matrice, & en caufe le renverfe-
ment. Cette faute fait périr bien tôtla malade, fl
l ’on.ne la fecourt très-promptement. V o y e [ de nou«
velles preuves de la réalité de ce fait dans les Obfer-
vations anatomiques d e Ruyfch. ( D . J . )
Suffocation Ma tr ic e . Voye^ SUFFOCATION,
Specplum M a t ri c i s , Voye^ S p é c u l u m »