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par quantité de beaux ouvrages de peinture qu’il a
deflinés à la plume dans Ton voyage d’Italie, &qu’il
a gravés enfuite au burin. Foye^fon article au mot
■ Gr a v e u r . Les noms de ces grands maîtres nous
font bien autrement chers , que ceux des éleâeurs
& des princes , qui n’ont rien fait pour les Arts.
( D .J .)
MULCIBER, ( Mythol. ) furnom de Vulcain chez
les Latins ; ce furnom ne pou voit échapper à Milton
, en appliquant la fable de la chute du ciel que
fit Vulcain à celle des mauvais anges : mais il faut
dire comme ce poète peint cette terrible chût,e.
In Aufonian land
Men çalV d'him Mulciber , and how he feil
Frorn hcaven they fabled , throv/n by angry Jove
Scheer o'er the cryßal battUments front morn
To noon hi feil ; frarn noon to dewy eve ,
A fumme’rs day ; and with the fetting fun
Dropt from the [énith, like à falling ßar
On lemnos. the Ægéan isle.
(D .J . - )
MULCTE, f. f. ( Jurifprudence. ) fe dit au palais
pour amende ; 6c mulcter, pour condamner ou im-
pofer à une amende.
MULDAU l e , ( Géog.) riviere de Bohème ; elle
a fa fource dans les montagnes qui féparent la Bohème
du duché de Bavière, reçoit dans fon-cours
plufieurs autres petites rivières, & va fe perdre
dans l’Elbe, un peu au-deffus de Melnick. Il ne faut
pas confondre le Muldau avec la Mulde, ni la Milite.
Voye^ Mulde & Mu lte. {D . J. )
MULDE la , ( Géog. ) riviere d’Allemagne, qui
prend fa fource dans la partie méridionale de la
Mifnie, paffe à Zwikaw, 6c après avoir groffi fes
eaux de celles de la Multe, elle va fe rendre dans
l ’E lbe, auprès de la ville de Deffaw. ( D. J. )
MULE, f. f. efpece de chauffure à l’ufage des
femmes 6c des hommes. Celle des femmes eft un
foulier fans quartier, 6c à talons plus larges 6c plus
plats. Celle des hommes eft un foulier fans courroie;
& à talons tout-à-fait bas. Le pape a au bout de fa
mule une croix d’o r , qu’on va baifer avec un grand
refpeâ. Mule vient de mulleus, chauffure des rois
d’AIbe, 6c enfuite des Patriciens.
Mule , ( Chirurgie, ) efpece d’engelure que le froid
caufe aux talons. Foye{ Engelure.
MULELACHA, ( Géog. anc. ) promontoire de la
Mauritanie Tangitane,qui avance dans l’Océan atlantique.
( D . J .)
MULEMBA, ( Hiß. nat. Botan. ) arbre d’Afrique
qui croît abondamment au royaume de Congo , 6c
qui reflemble au laurier royal. Ses feuilles font toii-
jours vertes , 6c l’on fait une étoffe très-fine avec
fon écorce.
MULES TRAVERSIERES , ( Maréchal. ) on appelle
ainfi des crevaffes qui viennent au boulet 6c
au pli du boulet du cheval.
MULET, ou CA BO T , f. m. ( Hiß. nat. Ichthyologie.
) poiffon de mer écailleux : c’eft une efpece de
muge. Voye^ Muge. On le trouve aufîi dans les
étangs formés par la m er, & il remonte les rivières.
II croît jufqu’à la longueur d’une coudée ; il a la tête
plus groffe, plus large, 6c plus courte que les autres
muges ; les yeux font grands 6c couverts d’une forte
de taie ; il a les levres petites, la bouche grande 6c
dénuée de dents ; le dos large 6c noirâtre, le ventre
blanc avec des traits noirs fur les côtés qui s’étendent
depuis les ouies jufqu’à la queue. Ce poiffon a
deux nageoires aux Ouïes, deux plus petites placées
plus bas ; une autre derrière l’anus, 6c deux fur le
dos ; il n’y a que la première qui ait dés aiguillons.
Le mulet ne mange pas d’autres poiffons ; il trouve
ia nourriture dans la boue, 6c fa chair la fent fur-
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tout en été ; les mulets de mer font les meilleurs';
ceux des étangs font plus gras, mais ils ont moins
de goût. Rondelet, Hijl. despoijf.part. prem. liv. IX .
chap.j. Foye^ POISSON.
Mulet , f. m. {Gram. & Marèchall. ) animal mon»
ftrueux engendré d’un âne 6c d’une jument. On dit
d’un cheval qui a la croupe effilée & pointue, qu’il
a la croupe du mulet, parce que les mulets l’ont ainfi
faite.
M u l e t , fe dit aufli dans le Jardinage, d’une
efpece de monftre végétal que l’on produit en mettant
de la pouffiere fécondante d’une efpece de
plante dans le piftil, ou dans l’utricule d’une antre.
Si deux plantes ont quelque analogie dans leurs
parties, particulièrement dans leurs fleurs, la pouffiere
de l’une s’imprégnera de celle de l’autre, & la
graine ainfi fécondée produira une plante différente
de l’une 6c de l’autre : nous en avons un exemple
dans le jardin de M. Fairchild à Hoxtan.
Cette efpece d’accouplement de deux plantes ref-
femblant affez à celui d’une jument avec un âne ,
d’où proviennent les mulets ; les plantes qui en viennent
ont reçu le même nom, elles font aufli comme
ces animaux, incapables de perpétuer leur efpece.
Cette opération fur les plantes nous fait voir
comment on peut altérer le goût & changer les
propriétés d’un fruit, en imprégnant l’un de la pouffiere
d’un autre de la même claffe ; par exemple,
une poire avec une pomme, ce qui fera que U
pomme ainfi imprégnée fe gardera plus long-tems,
6c fera d’un goût plus piquant; fi des fruits d’hiver
font imprégnés de 1? pouffiere des graines d’été,
ils s’en gâteront plûtôt. De cet accouplement accidentel
de la farine de l’un avec l’autre, il peut arriver
que dans un verger où il y a différentes efpeces
de pommes, les fruits cueillis fur le même arbre
different par le fumet 6c par le tems de leur maturité
: c’eft de ce même accouplement accidentel que
provient la variété prodigieufe des fleurs 6c des
fruits qui naiffent tous les jours de graine. Foye^
Farine 6» G raine.
Mulet , ( Pêch. ) on la fait avec la boulante, ufi-
tée dans le reffort de l’amirauté de Bayonne, c’eft
une forte de filet dérivant à fleur d’eau comme
ceux qui fervent à la pêche des harengs, maquereaux
& fardines. Les boulantes ou rets de trente-fix
mailles pour la pêche des mulets eft une efpece de
filet tramaillé, & qui opéré à la furface de l’eau,
foutenu par des flottes de liège, 6c calant de fa hauteur
au moyen des petits plommées dont il eft chargé
par le bas ; ainfi l’opération de cette efpece de filet,
eft la même que celle des manets pour la pêche du
maquereau; le filet n’a qu’une braffe de hauteur,
& cinquante à foixante de longueur, les pêcheurs
ne prennent avec ce ret que les mulets ; ils viennent
en troupes comme les harengs, les maquereaux,
les fardines, & paroiffent à la côte depuis
le mois d’Août jufqu’à celui de Mars.
L’efmail ou hamau des boulantes eft de deux
efpeces, les plus larges mailles ont quatre pouces
neuf lignes en quarré, 6c les plus ferrées quatre pouces
fept lignes, la charte, toille, nappe, ou flqe du
milieu a feulement treize lignes quarrées : comme
ce filet pêche en dérivé, il ne peut jamais faire de
tort à l’empoiffonnement des côtes, n’arrêtant dans
les toiles que le poiffon de la taille au - moins du
hareng.
Mulet , ( Marine.) c’eft un vaiffeau de moyenne
grandeur, dont on fe fert en'Portugal, qui a trois
mâts avec des voiles latines.
M U L E T IE R , f. m. (Maréchal. ) palefrenier &
conduâeur de mulets.
MULETIERES, f. f. terme de Pêche, u.fité dans le
reffort de l’amirauté de Bayeux.
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Les muletières font des pièces de filets de la longueur
de 40 à 50, braffes chacune, à la volonté des pêcheurs
; le ret a cinq à fix pies de hauteur ; la tête
en eft garnie de flottes de liège, 6c le pié de pierres
qui l’arrêtent lur le fable. Les pêcheurs de ce lieu
les tendent comme des hauts parcs, d’un bout à
terre 6c de l’autre à la mer ; ils forment à cette partie
du filet qu’ils tramaillent ordinairement, une efpece
de crochet comme aux rets de hauts parcs &
pêcherie de la Hougue 6c de Carentan, où le poiffon
s’arrête, ou qui le font retourner à la côte jufqu’à
ce que la marée vienne à fe retirer 6c à les laiffer à
fec : le nom de muletières vient des mulets que ces
pêcheurs y prennent ordinairement. Foyer la fie. ?.
PI. X IF . de Pêche.
M U L E T T E , f. f. terme de Fauconnerie , c’eft le
gifler des oifeaux de proie, où tombe la mangeaille
du jabot pour fe digérer; quand cette partie d’un
oifeau de proie eft embarraffée des curées qui font
retenues par une humeur vifqueufe & gluante, on
dit qu’il a fa mulette empelottée ; alors il fe forme
quelquefois une peau qu’on appelle doublure, ou
double mulette, qu’on purge par le moyen des pilules
qu’on lui fait avaler. Il faut alors purger l’oifeau
avec la filaffe ou le coton, lié de fel ammoniac 6c
d’une fois autant de fucre candi, enfuite on porte
1 oifeau fur le poing 6c on le jardine , mettant un
bacquet plein d’eau auprès de lui, puis on lui def-
ferre le chaperon, le lâchant prefque tout à-fait, &
on ne le quitte point qu’il ne commence à tirer du.
collier, alors il ne tarde guère à rendre la doublure
; deux heures après on lui fait demi -gorgée
d’une cuiflè de poulet toute chaude, ou d’une aîle
pigeon bien trempée ; il faut donner aux laniers
& aux facres une dole plus forte de fel ammoniac,
qu’aux tiercelets & aux faucon^, .7 .
MULHAUSEN, ( Géog. ) ville impériale d'Allemagne
, dans la Thuringe, fous la proteélion de
l’éleôeur de Saxe, ce qui fait qu’elle eft rangée parmi
les villes de baffe - Saxe ; elle a effuyé bien des
calamités en divers tems. Henri le Lion la prit d’af-
faut en 1 181, & la brûla. En 136(3 un tremblement
de terre en renverfa la plus grande partie ; en 1441
un incendie ne lui fut guère moins funefte ; en 1525-.
elle fut affiegée par l’éJe&eur de Saxe 6c le landgrave
de Hefle, à caufe des payfans révoltés qui
s’en étoient emparés; enfin après la paix de Weft-
phalie, les diver.s partis l’ont ravagée tour-à-tour..
Elle eft fituée dans un pays fertile, fur la riviere
d’Unftruth, à 5 milles de Nordhaufen, 6 N. E.
d’Eyfenach, 10 N. O. d’Erford, 14JÎ. O. de Caffel..
Long. 2S. 14. lat. 6 t. ig. { D. J. )
MULHEIM, ( Géog.) petite ville d’Allemagne,
dans l’éieâorat de'Cologne, proche le Rhin. Long.
3.4. 46'. lat. 5.o. 48.
MULHOUSE ou MULHAUSEN, ( Géog. ) ville
libre d’Allemagne, au cercle du haut Rhin, capitale
d'une petite république alliée des Suiffes.
Quelques auteurs croyent que c’eft YArialbinum
d’Antonin ; mais l’àbbé de Longuerue prétend qu’elle
a été bâtie par les premiers empereurs d’ÂHe-
magne, fur les fonds de leur domaine; fon nom de
Mulhoufe lui vient peut-être de la quantité de moulins
qui s’y trouvent. Elle a beaucoup fouffert du-
rant les brouilleries des empereurs avec les papes,
6c fut toujours fidele aux empereurs. Enfuite elle fe
vit expofée à la tyrannie des landgraves , des
avoués, 6c des préfets d’AIface; enfin craignant
poÿr fa liberté, elle s’allia avec Berne & Soleure en
1466, & avec Balle en 1506. En vertu de cette incorporation
étroite dans le corps helvétique, elle a
toujours joui de l’avantage de la neutralité & de la
paix, au milieu des guerres perpétuelles d’Allemagne.
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Elle eft bien bâtie & bien peuplée, dans une
belle & fertile campagae, à 4 lieues N O. de Balle,
5 S. de Çqlmar, & 6 N. E. de Béfort. Long. x i . x.
lat. 4j . 5q.
M U L IE R , f- m. terme de Pêche , forte de filet
avec lequel les Pécheurs prennent fouvent des mulets,
forte de poiffon, ce qui dans certaines provinces
a.fait donner à ce filet le nom de mulier.
Lors des vives eaux, & fur-tout dans les grandes
marées, la mer découvre aux environs de Cayeaux
un grand efpace de terrein, fur lequel les pêcheurs
forment des efpeces de bas parcs aux ecores 6c
pentes des bancs, où ils tendent leurs muliers de la
même maniéré que font tendus les bas parcs en forme
de fer à cheval. Foye{ Parcs. Ilsenfablent le pié
du bas du filet, & font tenir les pieux de la même
maniéré. La chûte de la marée qui tombe rapidement
fur la pente du banc de fable, entraîne vers
le mulier tous les poiffons qui fe trouvent dans les
eaux, aiu paffage defquels le filet s’oppofe.
Les Pêcheurs nomment les bancs fur lefquels ils
font cette pêche, ravoirs; ces ravoirs s’étabiiffent
très-avant dans la mer, & quand la faifon eft favorable,
les pécheurs font une pêche abondante, ils
prennent dans le filet de toutes fortes de poiffons
plats 6c ronds qui font venus chercher leur pâture
fur les bas fonds où ils demeurent à fec au reflux,
6c fe trouvent pris.
M U L L , ( Géog. ) île de la mer d’Ecoffe, l’une
des Wefternes ; elle a 24 milles de longueur, 6c à-
peu-près autant de largeur. Elle abonde en orge ,
en avoine, en bétail, en bêtes fauves, en volaille,
6c en gibier : les lacs, les rivières voifines, 6c la
mer, lui fourniffent beaucoup de poiffon; le duc
d’Argyle en eft feigneur. Long. 10. S 7. lat. 66.48.
{ D . J . ) 7 .
M U L L E , f. f. ( Commerce. ) la garance mulle eft
la moindre de toutes ; les 100 livres ne s’en vendent
à Amfterdam que depuis 2 florins jufqu’à 8, au-lieu
que la fine de Zélande y coûte depuis 25 jufqu’à
33 flçrins.:
MULLEUS, f. m. ( Hiß. anc. ) chauffure que por-
toient les rois d’AIbe. Romulus la prit ; les rois fes
fucceffeurs s’en fervirent aufli. Elle fut à l’ufage
des curules dans les jours folemnels. Jules -Célar
porta le mulleus. Il étoit de cuir rouge. Il couvroit
le pié & la moitié de la jambe ; le bout en étoit recourbé
en deffus , ce qui le fit appeller auKxcalceus
uncinatus.Les empereurs grecs y firent broder l’aigle
en or 6c en perles. Les femmes prirqnt le mulleus
les courtifannes fe chauffèrent aufli de la même
maniéré.
MULOT, f. m. {Hiß. nat.) animal quadrupède,
qui a beaucoup de rapport avec la fouris , cependant
il eft un peu plus gros; il a la tête à proportion
beaucoup plus groffe & plus longue, les yeux
plus grands 6c plus faillans/ les oreilles plus allongées
6c plus larges, & les jambes plus longues. Toutes
les parties du corps de cet animal font de couleur
fauve mêlée d’une teinte noirâtre ; les parties
inférieures font blanchâtres. Les mulots, font très-
communs , fur-tout dans les terres élevées. On en
trouve de différentes grandeurs : les plus grands ont
quatre pouces 6c plus de longueur depuis le bouc
•du ncf jnfqu’à l’ongine de ia queue , les autres ont
jufqu’à un pouce de moins. Tous ces animaux fe
retirent dans des trous qu’ils trouvent faits ou
qu’ils font eux - mêmes .fous des buiffons 6c des
troncs d’arbres; ils y amaffent.une grande quantité
de glands, de noifettes ou de fev e; on en
trouve jufqu’à un boiffeau dans un.feul. t f O u . On
voit moins de mulots au printems qu’en autonne*
lorfque les vivres leur manquent, ils fe mangent les
uns les autres. Le mulot produit plus d’une lois par