lent exécuter j foit en marbre , foit en bois, ou en
fonte. Voye\Modelé & Esquisse.
Pour modeler en terre , ont le’ fort d’une terre toute
préparée, qui eft la même dont fo fervent les Potiers
de terre. On met cette terre fur une Telle , ou chevalet.
Foye^ Selle dé Scu lpteur. On n’a pas
•beioin de beaucoup d’outils ; car c’eft avec fes mains
qu’on commence 6c qu’on avance le plus fon ouvrage.
Les plus grands praticiens fe fervent plus de
leurs doigts que d’outils. Ils le fervent néanmoins
d’ébauchoirs bretelés pour finir Ôc breter la terre.
On. modèle 6c. on fait àufli des figures & efquif-
fes de Cire. Pour cet effet, l’on met fur une livre
de cire demi-livre d’arcançori ou colophane; plusieurs
y mettent de la térébenthine ; 6c l’on fait fondre
le tout avec de l’huile d’olive. On en met plus
Ou moins, félon qu’on veut rendre la matière plus
dure ou plus molle. On mêl.e dans cette compofi-
tion un peu cle' brun rouge, ou de vermillon, pour
donner de' la; couleur. Lorfqit’on veut s’en fervir,
On la manïe:àvec les doigts , 6c avec des ébauchoirs,
•comme on fait la terre. La pratique eft la maitreflë
dans cette forte de travail * cjui d’abord n’eft pas fi
facile , ni fi expéditif que la terre.
MODENE, ( Géog.) en latin Mutina ; voyez ce
■ mot ; ancienne ville d’Italie, capitale du Modenois,
•avec une citadelle, 6c un évêché fuffragant de Boulogne.
Cette .ville eut autrefois beaucoup de part aux
troubles du triumvirat. Elle fe rendit l’an 710 de
Rome à Marc-Antoine , lorfqu’il eut remporté fous
fes murailles cette grande viftoire fur Hirtius 6c
!Panfa, qui entraînèrent avec leur défaite la perte de
la république ; on regarda cette journée comme la
derniers de! cet augufte fénat, qui, par fa puiflan-
c e , avoit pour ainfi dire, foulé aux piés le fceptre
des têtes couronnées.
Modene fouffrit beaucoup de l’irruption des Goths
& des Lombards en Italie ; mais lorfque Charlemagne
eut mis fin à la monarchie de ces derniers, Modem
le relevade fes ruines'. Elle fut rebâtie, non pas
dans le même endroit, mais un peu plus' bas , dans
aine plaine agréable & fertile en bons vins; telle
eft la plaine où cette ville fe trouve encore aujourd
’hui.
C ’eft à-peu-près là tous fes avantages ; car elle eft
•pauvre , mal bâtie, fans commerce,, chargée d’impôts
, & la proie du premier occupant. L’em'pereur,
les François , le roi de Sardaigne, s’en font emparés
fuccefîivement dans-les guerres de ce fiecle.
C ’eft. à fa cathédrale qu’eft attaché ce fameux
•Fceau qui a été le prétexte ou le fujet de la longue
divifion entre les Petronii & les Geminiani, c’eft-à-
dire , entre les Bolonois , qui reconnoiflent S. Pétrone
, & les Modenois, S. Géminien, pour leur patron.
Le Tafibne a plaifamment peint dans fa fec-
chiii rapita , poëm’e héroï-comique , l ’hiftoire de ce
fceau 6c la guerre qu’il a caufé.
Ctzdïbus ob raptam ly.mphis putealibus urnam
Concinit, immifiis focco ridenté^cothurnis.
On ne fauroit jetter trop de ridicule fur dès pareilles
querelles.
Le palais du duc de Modene eft enrichi de belles
peintures, 6c en particulier de morceaux précieux
du Carrache.
La citadelle eft allez forte pour tenir la ville en
bride.
Modene eft fit-uée fur un canal, entre le Panaro &
la Secchia , à 7 lieues N. O. de Boulogne, 10 S. O.
de Parme, 12 S. E. de Mantoue , 20 N. O. de Florence
, 34 S. E. de Milan / 70 de Rorïfe. Long, félon
Cafiîni, 6c félon les P P. Riccioli & Fontana, z8.
$3^.lot, 44.34.
Cette ville a été la patrie d’hommes illuftres en
plufièurs genres : il fuffit pour le prôüvCr ' de nommer
Falloppe , Sadolet, Sigonius, Caftelvetro, le
Mblfa, & le Taflone.
Falloppe ( Gabriel ) tient un des premiers rangs
entre les Anatomiftes. 11 mourut à Padoue, en 1562,
âgé de 39 ans. Quoique la plupart dé fes oeuvres
foient pollhumes, elles font très-précieufes aux amateurs
de l ’Anatomie. Ils recherchent avec foia l’édition
de. Venife de 1606, en 3 yôi.'id-fol.
Sadolet (Jacques) fecretaire de LéonX, fut employé
dans des négociations importantes, & parvint
à la pourpre en 1536. Il finit fes jours à Rome
en i 547> à 72 ans. Ses ouvrages de théologie & de
poëue ont été publiés à Vérone en 3 volumes ùz-40.
Ils ^ne font pas1 tous intéreflans, mais ils refpirent le
goût de la belle latinité.
Sigonius ( Charles ) fe montra l’un dès plus fa-
vans littérateurs du xvj. fiecle, & mourut en 1584,'
à 1 Age de 60 ans. Perfonne n’a mieux approfondi
les antiquités romaines.! Tous fes ouvrages ont été
recueillis à Milan en 1732, 1733 & 1734. Ils for-,
ment 8 .vol. in-fol.
Caftelvetro (Louis) mort en 15 7 1 , eft principalement
connu par fon commentaire fur la poétique
d’Ariftote , dont la bonne édition eft .de Vienne en
Autriche. C ’étoit aufli fon ouvrage favori. On déféra
ce fubtil écrivain à l’inquifitiQn , pour avoir
traduit en Italien un traité de Melanchton. Les in-
quifitions littéraires font les moyens les plus courts
pour jetter les peuples dans la barbarie. Nos têtes
ne font pas aufli bien organifées que celles des Italiens.
; d’ailleurs, nous ne fommes encore qu’au cré-
pufcule des jours de lumière ; que deviendrions-
nous, fi l’on éteignôit ce nouveau flambeau dans
nos climats ?
Molfa ( François-Marie ) l’un des bons poëtes du
xvj. fiecle, mena la vie la moins honnête,& môurur,
en 1544, d’une maladie.honteufe. La nature l’avoit
doué d’un heureux génie, que l’étude perfeôionna.
Il réuflit également en profe 6c en vers , dans le fé-
rieux & dans le comique. Ses élégies font dans le
goût de celles de Tibulle ; latinis .eügiis , & etrufcis I rhytmis, pari gratid ludendo, mufas exerçait, fed ità
fcedb prodigus , honejlique nefcius pudoris , ut clarioris
fortunes , cerdjjirnam fpem facile corruperit ; voilà fon
portrait par Paul Jove.
Il ne laifla qu’un fils , qui fut pere d’une illuftre
fille, nommée Tarquinia Molfa. Elle éleva fa gloire-
par fa vertu, fon efprit, fon favoir , & fa beauté-
La ville de Rome la gratifia d’un privilège , dont il
n’y avoit point eu d’exemple, ce fut de la bourgeoi-,
fie romaine.
Le Taflonne (Alexandre) dont j’ai déjà parlé,1
mit au jour à Paris, fa fecchia rapita, en 1622. On
en a fait nombre d’éditions. Celle qui parut à Ron-
ciglione deux ans après , pafle pour la meilleure. La
traduftion de ce poëme, par M. Perrault, eft exafte,1
mais feche, allez fouvent peu françoife, & presque
toujours dépourvue d’agrémens. Le Taflone
mourut dans fa patrie en 1635. Antoine-Louis Mu-
ratori à écrit fa vie. ( D . J. )
Modene , le duché de, (Géogr.') il comprend,'
outre Modene 6c fes dépendances, le petit pays de.
Trignano, 6c une partie du Cafargnano. Cet état*
qui porte le nom de fa capitale, fut érigé en duché
l’an 1413 , en faveur de Borfo d’Eft, dans la famille,
duquel il étoit depuis long-tems. I ( D . J. )
MODÉNOIS 1 le (’Geog.) petit état d’Italie, qui
comprend les duchés de Modene, de la Mirandole»
6c de Reggio. C ’eft un très-beau pays, abondant en
blé 6c en vin. Il eft'borné au nord par le Mantouan
au fud par la Tofcane , à l’orient par le Boulonpis,'
6c à l’occident par le Parmefan, Son étendue du fop-
tentrion
M O D
MODERATEUR, f. m. terme ufité dans quel-
ques ecoles pour lignifier Jepréjident d’une difpute,
ou d une aflemblee publique, Foye^ Président.
On dit, un tel doéleur eft le modérateur, le préfixent
de cette difpute , ou de cette âflemblée publique.
■ Ce terme n eft guère en ufage parmi nous, où l’on
le fert de celui de préfident d’un aéte , bu d’une
thèfe.
MODÉRATION, f. f. ( Morale. ) vertu qui gouverne
6c qui réglé nos pallions. C ’eft un effet de la
prudence, par laquelle on retient fes defirs, fes efforts
& les actions dans les bornes les plus conformes
à la bonté, à la fin , & à la néceflité ou l’utilité
des moyens. O r , la prudence dirige notre ame à rechercher
la meilleure fin , 6c à mettre en ufage les
moyens néceflaires pour y parvenir ; c’eft pourquoi
la véritable modération eft inféparabie de l’intégrité
J,“ <îi*bi®n. cla e.de ^ diligence, ou de l’application!
Jille le fait voir principalement dans les aétes de la
volonté & dans les actions ; c’eft la marque d’un ef-
pnt fage, & c’eft la fource du plus grand bonheur
dont on puifle jouir ici bas. J’en crois Horace plus
que Seneque. << Heureux, dit-il, celui qui peut mo-
» derer fes defirs & fes affeétions ; il n’eft allarmé ni
» p a r le s mugiflemens d’une mer courroucée , ni
» par le lever ou le coucher des conftellarions ora-
» geufes ; que fes vignes foient maltraitées par la
» grele , que fes efperarices foient trompées par une
» moiflbn infidelle, il n’en eft point troublé ; que les
» pluies, la focherefle, la rigueur des hivers por-
» tent la ftérilité dans fes Vergers, ces fortes de
» malheurs ne le jettent point dans le défefpoir ».
Dejîderantem quod fatis (fi , neqae
Tumultuofum foliieitat mare ,
Necfctvus arcluri cadentis
lrnpetus , nec orientis hcedi ,
Nec ver ber ata grandine vinea ,
Fundufque mendax , arbore nunc aquas
Guipante , nunc torrentia agros
Sydera , nunc hiemes iniquas.
Ode I. liv. III.
C eft qu un homme modéré , content de ce que
la nature lui offre pour fes vrais befoins , eft bien
éloigné, de s’en faire de chimériques ; s’il s’eff engagé
dans le commer ce pour prévenir l’indigence, ou pour
procurer à fes enfans une fubfiftance honnête , fa
vertu le foutient encore contre les difgraces de la
fortune. ( D . J. )
Modératio n, ( Jurifpr. j ce terme, dans cette
matière , lignifie adoucifjement ou diminution. Les
juges fupérieurs peuvent modérer la peine à laquelle
le juge inferieur a condamné ; ils peuvent aufli, en
certains cas , modérer l’amendé, c’eft-à dire la diminuer.
{A)
MODERNE , ce qui eft nouveau, ou de notre
tems , en oppofitiqn à ce qui eft ancien. Foyer Anc
ie n . ' . •
Médailles modernes font celles qui ont été frappées
depuis moins de trois cent àhs, Fàyê^ MÉDAf£:LÉ&
Modernes ; Naudé appelle modernes parmi les
auteurs latins, tous ceux qui Ont écrit après Béecé.
On a beauepup difpute de la prééminence des anciens
fur lés modernes ; & quoique ceux-ci ayent eu
de nombreux partifans , les premiers n’ont pas* manqué
d’illuftres défenfeurs.
Moderne fe dit encore en matière d é g o û t , non
par oppofitibn ablblue à ce qui èft ancien, mais à
c f. *1“ ! éfoit de mauvais goût : ârnfi l’on dit. 'Ÿ-krL
chiteclure moderne, par oppofitioh à 1 'architecture go-
thtque^- quoique l’arehiteâluTè moderne ne foit belle .
Tome X\
M O D 601
qu'autant qu’elle approche du goût de l’amimie,
/w er Antique. ^
Moderne , adj. ( Math. ) Ce dit des différenies
parties des Maihémariques 8c de la PhyRaue , en
comparant leur état & leur accroiffemedt aéluel
avec 1 état où les anciens nous les ont trahf^li^es,
L’AftrOnoraie moderne a commencé à Copernic • la"
Géométrie moderne eft la Géométrie des infiniment
petits ; la Phyfique moderne étoit celle de Defcàrtes
dans le fiecle dernier, 8c dans ce f:ede-c: c’cft celle
de Newton. Voye^ Astr o n om ie , G éométrie
NewtoniaNisme & C arté sian isme. ( O )
Moderne , f. f. ( Comm. ) petite étoffe mêlée de
fleurs , de poil, de f il, de laine & de coton ; la
largeur eft de t aune moins , où d’unè demi-aune
entière , ou d’une { aune plus jj .
MODESTIE, f. f. ( Morale. ) modération de l’ef-
p r it , qui en eftimant les autres , fe refpefte foi-
même. Je crois encore que la modefiie eft la réflexion
d’un coeur honnête , qui condamne fon ambition 6c
fes autres fautes, indépendamment de la cenfure
d autrui. Il me paroît de-là qu’un homme véritablement
modefte , l’eft aufli bien lorfqu’il fe trouve
foui qu en compagnie , & qu’il rougit dans fon cabinet
, de meme que lorlqu’une foule de gens ont les
yeux attaches fur lui. Ce beau rouge de la nature,qui
. n’eft point artificiel, eft la vraie modefiie ; c’eft le
meilleur cofmétique qui foit au monde.
La modefiie eft bleffée dans la recherche outrée
des honneurs , dans l’appréciation orgueilleufo de
fes talens, 6c dans l’indécence de l’extérieur. Ces
trois défauts ne font pas tous exprimés par le mot
immodefiie, qui ne défigne que l’indécence des airs ,
des geftes, des poftures & des habits. La vanité eft
le vice oppofo au genre de modefiie qui concerne la
trop haute opinion qu’on à de lès talens. Ceux que
la nature a combles de fos dons précieux , peuvent
plaindre ceux à qui ils Ont été refufés ; mais ils doivent
fentir leur fupériorité fans orgueil. L’ambition
déméfurée eft le défaut oppofé à ce genre de mo-
defiie , qui par une forte de jufticé envers nous - mê-
mes, confilte dans la recherche des honneurs fubor-
donnée au bien commun.
La niodefiie eft une efpece de vernis qui re/eve les
talens naturels- Elle eft à la vertu ce que le voile eft
à la beauté ; ou, pour me fervir d’une autre flmi-
litude , elle eft au mérite , ce que les ombres font
aux figures dans un tableau ; elle lui donne du relief.
Quoique fon avantage fo borne au fujet qui la pof-
fode, en contribuant à fa perfeâion, il faut avouer
qu’elle eft pour les autres un objet digne de leurs
applaudiffemens. ( D . J. )
MOD ICA , ( Géog. ) petite ville de S icile, dans
le val de Noto, à l’orient de Noto , au nord de Si-
chili, 6c au midi oriental de Ragufo , fur la rivrere
de Modica. C ’éft l’ancienne Mutyca. Long. 3$. 34.
lat. 58.
MODICITÉ, MODIQUE, {Gramf) terme relatif
à la quantité. Ainfi on dit d’un revenu qu’il eRmodique
, lorfqu’ il fuffit à peine aux befoius effênfiels de
la vie. La' médiocrité fe dit de l’état & dé la përfon-
né. Oh Voit fouvent la médiberifé de tafèns élevée
âu'x empjojs les plus grands & les plus difficiles. Ce
fiecle eft celui"dès-hommes médiocres, parce qu’ils
peuvent s’affervir baffement à capter la bienveil-
lance des prbteéleurs qui lës préfèrent à d’habiles
gens qù’ils hé" voient point dans leurs anti-chambres ,
6c qui peur-être les hiimilieroienr s’ils en étoient approchés.,
& à d’honnêtes gens qui ne fe prêteroient
point à feurs Vues înjuftes.
Mo d if ic a t io n , m o d if ie r , m o d if ic a -%
TIF , MODIFIABLE, ( Gram. ) dans l’école | modification
éft fÿnonyme à mode ou accident. Foyeï
Mode & A’CciDENT.1 Dans l’ufage commun de la
G G g g