de Jupiter ; éloge le plus flatteur qu’on puiffe donner
à aucun prince : mais ce qui confirme la vérité de
cet éloge, c’eft que les lois de ce grand homme fer-
virent de modèle à Lycurgue. Il fleurifîbit, félon
Selden, l’an 1461 avant J. C. mais félon l ’abbe Ba-
nier, dont le calcul me paroît plus exaét, le régné
de Minos ne tombe que vers l’an 1310 avant Notre
Seigneur. (Z). /.)
MINOT, f. m. ([Commerce.) mefure ronde, com-
pofée d’un fût de bois ceintré par le haut en-dehors
•d’un cercle de fer appliqué bord à bord du fut ,d une
■ potence de fer, d’une neche, d’une plaque qui la
foutient, & quatre gouflets qui tiennent le fond en
état. Il y a une fentence des prévôt des marchands
& échevins de la ville de Paris , du 29 Décembre
1670 , inférée dans l’ordonnance générale de la
■ même ville , du mois de Décembre 1672, c. xxiv.
<jui veut que le minot ait onze pouces neuf lignes
de hauteur fur un pié deux pouces huit lignes de
diamètre ou de large entre les deux fûts. C ’eft de
ce minot dont on fe fert à mefurer les corps ou
chofes feches, comme les grains, qui font le froment
, le feigle, l’orge, âc.'les légumes, qui font les
pois, les feves , les lentilles, &c. les graines, qui
font le chenevis, le millet, la navette, le fainfoin,
&c. les fruits fecs, qui font les châtaignes, les noix,
&c. les navets, les oignons, la farine, le fon , &c.
Il contient trois boilfeaux, chaque boifleau com-
pofé de deux demi-boifleaux ou quatre quarts de
boifleau , ou feize litrons. Il faut quatre minots
pour faire un feptier ; les douze feptiers font le
muid. Ainfi le muid eftde 48 minots.
Les grains & autres marchandifes ci-defliis exprimées
, doivent être mefurés ras, fans laifler grains
fur bord ; il doit être rade ou rafé avec la radoire ,
infiniment de bois propre à cet ufage ; ce qui ne
doit cependant s’entendre qu’à l’égard des grains,
légumes , graines & farines ; car pour les noix &
les châtaignes, elles fe raient avec la main ; &
pour ce qui eft des oignons & des navets , ils fe
mefurent comble. L’avoine fe mefure au double des
autres grains ; en forte que le minot d’avoine doit
contenir deux minots à blé qui font fix boifleaux ;
de maniéré que le feptier d’avoine eft de vingt-
quatre boifleaux, & douze de ces feptiers font un
muid ; l’avoine fe mefure rafe de même que le blé.
Le minot dont on fe fert pour mefurer la chaux,
contient, ainfi que le minot à blé, trois boifleaux ,
le boifleau quatre quarts , & le quart , quatre litrons.
Il faut 48 minois pour faire un muid de
chaux, laquelle fe vend mefure comble. Le minot
de charbon de bois, qui fe mefure charbon fur bord,
fuivant l’arrêt du parlement du 24 Juillet 1671, inféré
dans l’ordonnance générale de la ville de Paris
, du mois de Décembre 1672, contient huit boif-
feaux, & chaque boifleau fe divife en deux demi-
boifleaux ou en quatre quarts , ou en huit demi-
quarts de boifleau. Les deux minots font une mine;
en forte que quarante minots font vingt mines qui
compofent le muid. Quand on dit que le minot de
charbon fe mefure charbon fur bord , cela veut
dire que l ’on doit laifler quelques charbons au-def-
fus du bord du minot fur toute fa fuperficie , fans
néanmoins qu’il foit entièrement comblé. En fait de
charbon de terre , on ne parle que par demi-mindts,
chaque demi-minot faifant trois boifleaux, il faut
trente demi-minots comble pour faire une voie de
charbon de terre. Les étalonnages & efpalement des
minots dont il a été parlé ci-defl'us, & de toutes leurs
diminutions, fe fait en l’hôtel-de-ville de Paris par
les jurés-mefureurs de fe l, étalonneurs de bois, qui
font gardiens des étalons de cuivre ou mefures matrices
& originalesqui doivent fervir à étalonner toutes
les autres. Le minot de fel fe mefure ras avec la trémie.
Il contient quatre boifleaux ; les quatre minots font
un feptier, & les douze feptiers font un muid ; en
forte que le muid de fel doit être compolé de quarante
huit minots. Le minot de fel doit être étalonné
fur les matrices dépofées au greffe de l’hôtel-de-
ville de Paris, en préfenced’un confeiller de la cour
des aides., & d’un fubftitut du procureur général
de la même cour. Les mefurages & contre mefura-
ges du fel dans les dépôts de greniers doivent fç
faire au minot avec une trémie, en comptant depuis
un jufqu’à douze, fans pafler ce nombre ; en
forte qu’après le douzième minot, le compte fe recommence
toujours depuis un autre premier minot
jufqu’à un autre douzième, & ainfi fucceflivement.
Ordonnance des Gabelles du mois de Mai l68o , art.
F. & IX . du tic. III.
Minot-fe dit aufli de la chofe mefurée. Un minot
de blé. Un minot de pois. Un minot de fe l, &c. Dicl.
de Commerce.
MINOTAURE, (Mythol.) monftre moitié homme,
moitié taureau, qui étoit le fruit d’un infâme
amour de Pafiphaé............Je m’arrête ic i, car perfonne
n’ignore ce que la fable raconte du Minotaurei
de Neptune, de Pafiphaé, de Minos, de la guerre
qu’il foutint contre les Athéniens, de fon fils Andro-
gée, de Thefée, de Dédale & du labyrinthe de Crète
; on fait dis-je par coeur, toutes ces fixions fabu-
leufes, mais on ne fait pas afîez les faits hiftoriques,
qui leur ont donné naiflance. Expofons-les en peu de
mots.
Pafiphaé femme de Minos IL roi de Cre te, avoit
pris de l’inclination pour Taurus, que quelques-uns
font l’un des fecrétaires de Minos, & d’autres l’un
de fes lieutenans généraux; Dédale favorifa leurs
amours, il leur procura la liberté de fe voir , il leur
prêta même fa maifon. Pafiphaé' étant accouchée
d’un fils, que les auteurs nomment AJlérius ou Afié-
rion , comme le pere en étoit incertain, & qu’on
pouvoit croire ce fils de Taurus , aufli-bien que de
Minos, on l’appella Minotaure.
Dédale, complice des amours de la reine, encourut
l’indignation de Minos , qui le fit mettre en pri-
fon ; Pafiphaé l’en tira en lui faifant donner un vaif-
feau, où Dédale s’étant embarqué, pour échapper
à la coiere du roi & à la flotte qui le pourfuivoit, il
s’avifa de mettre une voile & des vergues ou antennes
au bout d’un mât ; Icare fur un autre bâtiment,
ne fçut pas le gouverner, il fit fi bien naufrage, que
le flot ayant porté fon corps dans une île proche de
Samos, Hercule qui s’y trouva par hafard, lui donna
la fépulture. Voilà tout le fondement de la fable
de Pafiphaé , qui s’enferme dans une vache d’airain,
pour avoir commerce avec un taureau ; de-là la
naiflance de ce monftre qui a fait tant de bruit fous
le nom de Minotaure, & du prétendu fecret que trouva
Dédale , de fendre l’air avec des aîles comme un
oifeau.
Minos auroit pafle pour un des plus grands princes
de fon tems, fans la malheureufe avanture qui
troubla la paix de fes états , & ternit fa réputation.
L’envie qu’il eut de vanger la mort de fon fils An-
drogée, tué dans l’Afrique par la faétion des Pallan-
tides, lui fit déclarer la guerre aux Athéniens, dont
il ravagea le pays. Le tribut qu’il leur impofa attira
Theiée dans l’île de Cre te, où après la défaite
de Minotaure, il enleva la belle Arianne.
Enfin les déiordres de Pafiphaé ayant éclaté , miA
rent le comble aux malheurs domeltiques de Minos.
Il pourfuivit Dédale en Sicile, où regnoit Cocalus;
mais les filles de ce monarque, touchées du mérite
de Dédale, concertèrent de lui fauver la v ie , aux
dépens de celle de Minos. Un jour que ce prince
étoit dans le bain, elles lui firent mettre l’eau fl
chaude, qu’il y fut fuffoqué ; & fa mort pafla pour
naturelle.
• Ainfi périt dans une terre étrangère MinOs II , qûi .
auroit tenu une place honorable dans i’hiftoire, fans
la haine qu’Athènes a voit conçue contre lui ; tant
il eft dangereux, dit Plutarque, d’offenfer une ville
favante qui a , dans les reflources de fon efprit, des
moyens de fe vanger. La mémoire de Minos étoit
odieufe aux Athéniens, à caufe du tribut également
cruel & humiliant qu’il leur avoit impofé. Les autres
grecs embraflerent leur caufe, pour traveftir
l’hiftoire de Minos , & la crayonner des couleurs les
plus noires.
Les poètes enfuite, qui ne prenoient aucun intérêt
à Minos, ne manquèrent pas d’employer la fable
inventée & accréditée par les Athéniens, comme
une matière qui pouvoit leur fournir de belles peintures
, & même de grands fentimens ; témoins ces
vers de Virgile.
Hic crudelis amor tauri, fuppojlaque furto
Pajîphae , mijlumque genus , prolesque biformïs
Mi.notaurus inefi, veneris monimenta nefandoe.
Æneid. lib. VI.
Et ces autres où il parle d’Icare :
Tu quoque magnam
P arum opéré in tanto 3 Jineret dolor, Icare , kaberes9
Sis conatus erat cafus efftngtre in auro ,
Sis patrioe cecidere manus.
Je fupprime à regret, les irigénieufes deferiptions
d’Ovide ; car quoi qu’en difent quelques modernes,
la fable, la fiétion, & tout ce qui eft du refîbrt de
l ’imagination , fera toûjours l’ame de la Poéfie. Le
prétendu efprit philofophique, dont on s’applaudit
tant aujourd’hui, a beau rejetter ces ornemens, ils
feront toûjours précieux aux grands poètes ; & ceux
qui veulent qu’en vers la raifon parle toujours à la
raifon, montrent par-là même qu’ils n’ont ni la con-
noiflance, ni le taleht de la vraie poéfie.
Les innocens menfonges dont Homere, Virgile, le
Tafle & l’Ariofte, ont rempli leurs poèmes* plàifent
à tous ceux qui ont quelque goût; & ne trompent
perfonne, parce qu’on doit les regarder comme des
peintures ingénieufes, des allégories, ou des emblèmes
, qui cachent quelquefois un fait hiftorique ;
quelquefois aufli :
Le doux charme de maint fonge,
Par leur bel art inventé,
Sous les habits du menfonge
Nous offre la vérité.
(D. J.)
MlNSINGEN, ( Géog.) au MUNSINGEN s pe-
tite ville d’Allemagne, dans les états du due de Wur-
temberg fur l’Elbe, entre Neutlingen & Blaubeu-
ren. Long. 27. a tfylat. 48. 21. (D ./ .)
MINSKI, (Géog.) ville forte de Pologne,dans
la Lithuanie ; capitale d’un palatinat de même nom.
Le tribunal fupérieur de la Lithuanie s’y tient de 3
en 3 ans. Elle eft fituée vers la fource de la riviere de
Swiflocks. Long. 4 J .3 2 , lat. J 5. 5y. (JD. J.)
MINTURNE, (Géog.') Minturnoe ,* ancienne ville
d’Italie dans le Latium, fur le fleuve Liris, un peu
au-deflus de fon embouchure, à 80 ftades de For-
mies. Elle devoit fa naiflance à une colonie romaine.
C ’eft à Minturne que Marius fut conduit, après
avoir été pris dans les marais de Marica, qu’on
nomme Marica paludes, ou Minturnenjium paludes ;
lemagiftratde Minturne, croyant ne pouvoir fe dif-
penfer d’obéir aux ordres précis du fénat, envoya
fur le champ à Marius, un efclave publie, Cimbre
de nation, pour le faire mourir.
Marius voyant entrer cet efclave dans la prifon,
& jugeant de fon deffein par une épée nue qu’il avoit
à la main, lui cria d’une voix forte : « Barbare * as-
» tu bien la hardieffe d’aflafliner Caius Marius ? »
L’efclave épouvanté du nom feul d’un homme fi redoutable
aux Cimbres, jette fon épée f & fort de la
prifon tout ému , en criant: « Il m’eft împoflîble de
» tuer Marius ».
Les magiftrats de Minturne regardèrent la peur &
le trouble de cet efclave, comme un avis du ciel*
qui veilloit à la confervation de ce grand homme ;
èc touchés d’un fentiment de religion , ils lui rendirent
la liberté. On fait la fuite de fes aventures, les
nouveaux périls'qu’il eûiiya fur les côtes de Sicile,
fa jonétion avec Cinna, fon entrée dans Rome, ô£
les flots de fang qu’il répandit.
Enfin maître du monde, mais repaflant dans fod
efprit fes anciennes difgraces, fa fuite, fon exil, &
toupies dangers qu’il avoit couru, il en perdit le
fommeil. Ce fut pour fe le procurer, & pour fe dé-
barrafîer de ces idées fttneftes, qu’il fe jetta dans la
débauche de la table. Il cherchoit à noyer fes inquiétudes
dans le vin ; & il ne trouvoit de repos, que
quand il n’avoit plus de raifon. Ce nouveau genre
de v ie , & les excès qu’il fit, lui cauferent une pleu-
réfie dont il mourut, accablé d’années', & le corps
épuifé de fatigues & de tourmens, le 17e jour de
fon 7® Gonfulat. (D. J.)
MINUIT, f. m. (Gratnm.) le milieu de la nuit *
l’heure à laquelle le l’oleil, defeendu fous notre ho-
rifon, fe retrouve dans le plan du même méridien.
MlNURI, (Géog.) petite ville d’Italie au royaume
de Naples, dans la principauté citérieure* aved
•un évêché fuffragant d’Amam, dont elle eft à deux
lieues N. E. Long. 3 z. £ • 4 °* 37-
MINUSCULE , adj. terme d'Imprimerie , qui fedit
d’une forte de lettres que l’on nommé plus ordinairementpetites
capitales. Foye£ CAPITALES , PETITES
capitales , M ajuscules.
MINUTE , f. f, ( Géograph. & Jjtron, ) c ’eft la
foixantieme partie d’un degré. Foye^ D egré. Ce
mot vient,du latin minutus, petit.
On appelle aufli les minutes, minutes premières }
mais, le mot de minutes tout court eft plus ufité.
Les diyifions des degrés font des fra&ions dont
les dénominateurs groiffent en raifon fexagecupie,
c’éft-à-dire qu’une minutô0.-fe de degré , une fécondé
Foye{ S ECO ND. E.
Dans? les tables aftronomiqués, &è. les minutes
font marquées par un accent aigu en cette forte ' ,
les fécondés par deux " , les tierces par trois Foye£
Seconde & T ierce.
Minute dans le calcul du tems marque la foixantieme
partie d’une heure. Comme le mot de minute
eft employé par les Aftronomes dans deux fens, fa-
voir comme partie de degré & comme partie de
tems, on appelle quelquefois, les premières minutes
de degré, 6c les autres minutes de tems, La terre dans
fon mouvement diurne fait 15 minutes de degré en
une minute de tems, i 5 fécondés de degré en une
fécondé de tems, &ç. Foye^ Heure. Çhambers. (O)
Minute méridion ale, voyeç Méridionale.
Minute de mersion., Mers io n.
Minute , en Architecture, marque ordinairement
la foixantieme , la trentième , la dix-Huitieme & la
douzième partie d’un module.
Le module eft le demi-diametre du bas de la colonne
, 6c fert à mefurer toutes les parties d’un ordre.
Foyei Module.
Minute , ( Medec. ) minuta ; épithete. d’une fièvre
extrêmement violente accompagnée de fyncopo
qui abat fi fort lès forces du malade, qu’il ne fauroit
y réfifter plus dé quatre jours. Cafielli.
Minute , (Jurifprud.) eft l’original d’utl
comme la minute des lettres de chancellerie , la minute
des jugemens & procès-verbaux, & celle des
actes qui fe paflent chez les notariés.
Les minutes des aétes doivent être lignées des officiers
dont ils font émanés, & des parties qui y
pulent, U des témoins s’il y en a.