Les efcrimeurs qui veulent tirer au mur, obfer-
vent ce qui fuit : i 9. de fe placer en garde vis-à-vis
l’un de l’autre ; 2°. qu’il n’y en ait qu’un qui porte
les eftocades ( il n’y en a qu’un qui doit parer ). Celui
qui eft convenu de pouffer, commence par ôter
fon chapeau , & s’allonge fur celui qui doit parer
comme s’il lui portoit une botte , afin de connoître
s’il eft en mefure : en même tems fon adverfaire ôte
aufti fon chapeau pour lui rendre le falut, & déplace
fon fleuret de la ligne pour lui faciliter le moyen de
prendre fa mefure. Après cette cérémonie ils fe remettent
en garde.
Etant ainfi placés, & les fleurets engagés dehors
ou dans les armes, celui qui eft prépofé pour tirer
détache une eftocade de tierce en dégageant, fi les
épées font engagées dans les armes : de-làil le remet
en garde fans quitter le fleuret de l’ennemi, & lui
porte une eftocade de quarte en dégageant. Ainfi
fucceflivement il porte des eftocades de tierce & de
quarte fans fupercherie , c’eft-à-dire fans feinte ni
aucuns mouvemens qui puiffent ébranler celui qui
pare. Quand il ne veut plus porter d’eftocade , fon
adverfaire fe met à fa place & lui tire au mur à fon
tour.
Mur de recuit , terme de Fonderie, eft fait d’af-
fifes de grès & de briques , pofées avec du mortier
de terre à four. Sa première aflife pofe fur le maflif
de la foffe , & il monte jufqu’au haut de l’ouvrage.
Il doit être diftant de 18 pouces environ des parties
les plus faillantes du moule ; on le remplit de bri-
quaillons ; on obferve de laiffer un efpace pour tourner
autour du parement extérieur de la foffe, afin
de pouvoir opérer. Voye^ les fig. des PI. des Fonderies
en bronze.
Mur , GRATTER LE MUR , ( Maréchal. ) fe dit de
l’académifte qui s’approche trop le long du mur du
manege.
MÜRADAL , (Géog. ) ou Puerto-Muradal ; nom
d’un pas de la montagne de Morena, par où l ’on
entre de la nouvelle Caftille dans l’Andaloufie. Ce
lieu s’appelloit anciennement Saltus Cajluloncnjis ;
il eft fameux par la grande viâoire que les Efpa-
gnols y remportèrent fur les Maures en i 202. (D.J.)
MURAGE, f. m. ( Jurifprudence. ) dans la baffe
latinité muragium; c ’étoit un droit qui fe levoit pour
l’entretien des murs d’une ville & autres ouvrages
publics. ( A )
MURAILLE , f. f. (Maçonnerie.) il fe dit de toute
élévation en pierre , ou en moilon, ou en brique ,
ou en plâtre , qui forme la cage ou la clôture d’une
maifon , d’un jardin, d’un efpace , quel qu’il foit.
Il y a des murailles de clôture, des murs mitoyens,
des murs de refend, des murs en l’air , des murs en
allée, coupé en décharge , de douve , fans moyen ,
de parpin, plante, en furplomb , déverfé , &c.
Mu r ail le , f. f. ( Minéralog. ) c ’efl ainfi que les
ouvriers des mines de France nomment la pierre ou
le banc de terre , de fable ou de roche qui fert d’appui
à un filon métallique ou à une couche de charbon
de terre. Cette partie s’appelle aufli le fol. Voye{
Filo n .
Muraille de C ésar , ( Géogr. anc. ) Murus
Ccefaris; muraille dont parle Céfar dans fes commentaires
, liv, 1. ch. yiij. Quelques-uns croient encore
en trouver des veftiges entre le lac de Genève du
côté deNyon & le mont Jura ; d’autres veulent que
ce mur ait été au-delà du Rhône, entre le lac de
Genève 6c le pas de Cluze , dans l’endroit oîi le
mont Jura traverfe le Rhône, & continue dans la
Savoie. Cette derniere opinion paroît mieux convenir
au texte de Cefar. (JD. J.')
Muraille de la C hine , ( ArchitcH. ancienne,)
fortification de l’empire Chinois, monument fupé-
rieur par fçn jjjimçpfité aux pyramides d’E gypte,
quoique ce rempart n’ait pas empêché les Tartares
Mantcheoux de lubjuguer la Chine.Cette grande muraille
, qui féparoit & défendoit la Chine des Tartares
, bâtie 137 ans avant l’ere chrétienne, fubfifte
encore dans un contour de 500 lieues, s’élève fur
des montagnes , defeend dans des précipices , & a
prefque par-tout 20 de nos piés de largeur , fur plus
de trente de hauteur. ( D . J. )
Muraille des Pictes ,(D ifi. anc.) c ’étoit ua
ouvrage des Romains très-célebre , commencé par
l’empereur Adrien , fur les limites feptentrionales
d’Angleterre , pour empêcher les incurfions des Pietés
& des Ecoffois. Voyeç Muraille.
Ce n’étoit d’abord qu’une muraille gafonnée , fortifiée
de paliffades ; mais l’empereur Severe étant
venu en Angleterre, la fit bâtir de pierres folides^
Elle s’étendoit huit milles en longueur, depuis la
mer d’Iflande jufqu’à la mer d’Allemagne , ou depuis
Carlifle jufqu’à Newcaftle, avec des guérites & des
corps - de - garde à la diftance d’un mille l’un de
l’autre.
Les Piftes la ruinèrent plufieurs fois, & les Romains
la réparèrent ; enfin Ætius, un général romain,
la fit conftruire en brique , & les Piéles l’ayant détruite
l’année fuivartte , on ne la regarda plus quo
comme une limite qui féparoit les deux nations.
Cette muraille étoit épaiffe de huit piés, haute de
douze , à compter du fol ; elle s’alongeoit fur le
côté feptentrional des rivières de T yne & d’Irthing,
paffant par deffus les collines qui le trouvoient fur
fon chemin. On peut encore en voir aujourd’hui les
veftiges en différens endroits de Cumberland & de
Northumberland.
Muraille , ( Marlchall. ) c’eft les murs du manege,
& ce qu’on appelle le dehors dans certaines
occafions. Voye^ D ehors. Pafféger la tête à la muraille,
voyeç Passeger. Porter la main à la muraille 9
aller droit à la muraille, arrêter droit à la muraille ,
font différentes avions que le cavalier fait faire à
fon cheval pour I’affouplir. Voye[ Assouplir.
Muraille , ( Géogr. anc. ) en latin murus , en
grec 7 ïix»ç » tuais le mot grec défigne une maifon fortifiée
t que nous appellerions aujourd’hui château.
Les anciens ont bâti des murailles extraordinaires»
pour mettre leurs frontières à l’abri des invafions
fubites. Telle étoit la muraille que les empereurs de
Conftantinople firent élever pour garantir cette
ville & fes environs des incurfions des Barbares.
Telle étoit la muraille qui fermoit l’entrée du Pélo-
ponnefe ou de la Morée, du côté del’Ifthme. Telles
étoient celles qui embraffoient tout le Pirée & le
joignoient à Athènes ; on les nommoit /Mtxp« rtîx» :
elles étoient longues de 40 ftades, qui font cinq
mille pas , hautes de 40 coudées , & fi larges, que
deux chariots y pouvoient paffer de front. On n’a-
voit employé à leur conftruûion que de groffes
pierres de taille jointes enfemble avec du fer & du
plomb fondu. Ce fut Cimon qui en jetta les fonde-
mens, au rapport de Plutarque , & Périclès les fit
achever. Il faut encore mettre au rang des fortifications
de ce genre les deux fameufes murailles qui fé-
paroient l’Angleterre foumife aux Romains du refte
de Pîle , dont les habitans refufoient de fe foumet-
tre. Telle eft enfin de nos jours la grande muraille de
la Chine. ( D. J. )
MURAIS ou MORAIS, f. m. (Commerce!) mefure
de continence dont on fe fert à Goa & dans les autres
côlonies portugaifes aux indes orientales , pour
mefurer le riz & les autres légumes fecs. Elle contient
25 paras, & le para 22 livres poids d’Efpagne.
Diciionn. de Commerce.
M U R A L , adj. fe rapporte quelquefois à mur,
que les Latins appelloient murus. Voye{ Mur.
’Couronne murale parmi les anciens Romains,
étoit une efpece de couronne garnie de dents par le
haut, femblables aux créneaux des murailles. Voyc{
C ouronne.
La couronne murale étoit la récompenfe de ceux
qui a voient monté les premiers à l’affaut fur les murailles
d’une ville ennemie.
Arc mural eft une efpece de mur ou arc en forme
de mur, qu’on place exactement dans le plan du méridien,
c’eft-à-dire fur la ligne méridienne, pour y
fixer un grand quart de cercle, un fextant, ou quel-
qu’autre inftrument , afin d’y obferver la hauteur
méridienne des aftres. Voye^ Ligne méridienne
& Hauteur méridienne.
Tycho Brahé eft le premier qui fe foit fervi d*arc
mural dans fes obfervations ; après lui MM. Flamf-
teed & de la Hire s’en font fervi aufli. Voyez C éle
st e.
MURANO, ( Géogr. ) île d’Italie, à un mille au
nord de Venife , avec une ville qu’on appelle une
.autre V r/zi/c,quifait les délices des Vénitiens. Cette
île a trois milles de tour, & eft divifée en deux parties
par un grand canal. Elle fut autrefois la retraite
des Alcinates & des Opitergiens, qui s’y réfugièrent
pour fe mettre à couvert de la fureur des Huns. HBH MURASAKI, ( Hifi. nat, Botan.) c’eft une plante
du Japon à tige ronde, dont les feuilles font longues
de deux pouces, rondes, placées une à une, alternes,
épaiffes, pointues & fans découpures ; il fort
de leur aiffelle un épi de fleurs long de quatre .doigts;
& ces fleurs.font éloignées l’une de l’autre, fans pédicule
, de la groffeur d’une graine de coriandre ,
couleur de pourpre foible, à quatre ou cinq petales;
elles ne s’ouvrent jamais.
MURAT, ( Géogr. ) petite ville ou plutôt bourg
de France en Auvergne , qui eft le fiége d’un bailliage
, d’une maîtrife des eaux & forêts, & d’une
prévôté royale. Ses habitans font prefque tous chaudronniers.
Murat eft fitué lur l’Alagnon , d’oîi vient
qu’on le nomme en latin moderne Muratum ad Ala-
nionemfiuvium. Long. 20. So. lat. 4J .3 0 . (D . J .)
MURCIE, (Mythol.) nom fous lequel la pareffe
a été perfonnifiée par quelques écrivains. On fai-
foit fes ftatues couvertes de moufle, pour fymbole
de fa nonchalance ; cependant ce n’étoit pas toujours
par une indolence ftérile que l’on facrifioit
à cette divinité ; les gens fenfuels qui la courti-
foient davantage, faifoient confifter leur inaâion
dans une certaine tranquillité qu’ils difoient être
le fruit de leur expérience & de leurs réflexions.
Ils s’élevoient au-deffus des pallions trop tumul-
tueufes, & s’appliquoient moins à corriger leurs
vices qu’à régler leurs plaifirs. Libres des affaires
& des devoirs, ils s’abandonnoient à leur goût,
& ne vouloient dépendre que de leur foibleffe , à
laquelle ils rapportaient même juqu’à leurs vertus.
Peut-être y a - t - il moins lieu de s’étonner, que
l’homme tombe dans ces illufions délicates & qui
le flattent dans fes égaremens, qu’il n’y a lieu d’être
furpris, que, par cette impreflîon fi vive que
font fur nous les objets préfens, il fe foit aveuglé
jufqu’à mettre les dieux dans le parti de fes
.pallions. Les.Romain$ furnommerent Vénus mur-
cie, & fous ce nom, ils lui confacrerent un temple
fur le mont Aventin. (Z?. J.)
Mu r c ie , l a , (Géog.) petit pays qu’on met au
.nombre des royaumes d’Elpagne. Il eft borné par la
nouvelie-Caftille, la mer Méditerranée, les royaumes
de Valence & de -Grenade. Il peut, avoir, .environ
25 lieues de longueur, 23 de largeur, &c à
peu-près autant de côtes, fur la Méditerranée.
La Murcie étoit anciennement habitée par les Ba-
tiftans dont parle Ptolomée, par les Bélitains &
les Déitains dont Plipe fait mention. Les Maures
Tome X .
s’en rendirent maîtres en 7 1 5 , & la poflederent
jufqu’en 1241 , que Ferdinand III. du nom, roi de
Caftille, les chaffa de cette délicieufe contrée oit ils
recueilloient la foie avec laquelle ils fabriquoient
leurs belles étoffes.
La Murcie eft arrofée par la Guadalanteri & par
la Ségura, appellée anciennement Terebus, Sora-
berum ÔC Sorabis.
On y compte quatre villes honorées du titre de
cité ; Murcie, capitale, Carthagène, Almacarort, 6C
Lorca.
L ’air de ce royaume eft très-fain, & le terroir
très-fertile. Il rapporte de bons grains, des vins
excellens, & des fruits exquis, comme oranges,
citrons, limons, figues, dates, raifins, olives, abricots
& autres ; des légumes de toutes efpeces, du
riz, du fucre, du miel, fur-tout une forte de jonc
qu’on appellefparto en efpagnol, qui eft d’un grand
ufage pour faire des nattes, des cordes, & une efpece
de chauffure. Mais les plus grandes richeffes
de ce royaume confiftent en foie admirable, dont la
quantité monte à plus de deux cent cinquante mille
livres pefant par année, & qui produifent environ un
million de profit. On compte que pour entretenir les
vers qui procurent cette foie,il faut qu’il y ait danâ
les campagnes de Murcie plus de 3 5 5 mille piés de
mûriers. (D. J.)
Mu r c ie , (Géog.) ville d’Efpagne, capitale dut
royaume du même nom. Quelques auteurs affurent
que cette ville eft la Murgis des anciens ; mais d’autres
prétendent que Murgis étoit fituée dans l’endroit
oit l’on voit aujourd’hui le bourg Muxacra j
& que Murcie eft l’ancienne Mentaria. D ’autres veulent
que ce foit la Vergilia des anciens. Quoi qu’il
en foit, Murcie a préfentement un évêché fuffragant
de Tolede,feptparoiffes, & environ dix mille habitans.
Les rues y font droites & les maifons affez
bien bâties. Sa-cathédrale a cette Angularité, que la
montée de fon clocher eft fi douce, qu’on peut aller
jufqu’au faîte à cheval ou en carroffe. Cette ville
eft fituée dans une plaine délicieufe, au bord de
de la riviere de Ségura, à 8 lieues N. de Cartha-
gene, xo S. O. d’Alicante, 38 de Valence, 70 S. E.
de Madrid. Long. /<?. Sp. lat. 37. 48. (D. J.)
MÛRE, f. f. (Jardinage.) petit fruit qui vient
fur le mûrier. Il y en a de trois fortes : des noires
qui viennent fur le mûrier noir; des rouges fur le
mûrier de Virginie, & des blanches fur le mûrier
blanc. Cependant les mûriers blancs qui font d’une
variété infinie pour la forme de leurs feuilles, donnent
aufli des mures de différentes couleurs : il y en
a des noires, dès purpurines & fur-tout des blanches.
Mais .comme tous ces fruits ont un goût douceâtre
& défagréable, on les comprend tous fous
le nom de mures blanches, parce que c’eft en effet
le mûrier blanc qui les produit. Lés mures que porte
lé mûrier noir, font connues de tout le monde, &
on fait qu’elles font bonnes à manger. Les mures
rouges qui font plus groffes , bien plus longues &:
infiniment [ lus agréables au goût, font prefqu’in-
çonnues., parce que le mûrier de Virginie qui les
produit eft extrêmement rare. Pour les qualités &
lés propriétés' des différentes fortes de mûres, voye^
Mûrier..........
MURECI, (Botan. exot.) efpece de grofeillier
du Bréfil. Les habitans font du fruit de cet arbre
des potions cataniques. (Di J.)
.MURENE, f. f. murena (Hifi. nat. Iclh.) poiffon
de mer affei reffemblant à l’anguille, mais plus
large. Il a quelquefois jufqu’à^ deux coudées de
longueur. L’ouverture de la mâchoire eft grande ;
il fe trouvé au bout de la mâchoire fupérietire
deux fortes de verrues comme au congr^; les mâchoires
U le dedans de la bouche font garnies de