
leur constitution géologique, ou sur lesquels les opinions avaient
toujours été' partagées.
Tel est l’ensemble des mes excursions dans la Hongrie, où
partout j’ai été secondé et accueilli de la manière la plus aimable
par tous les gentilshommes hongràis , auxquels on me permettra
d’exprimer ici, en général , toute ma reconnaissance.
Depuis mon retour à Vienne, jusqu’à ma rentrée en France, la
saison d’hiver m’empêcha de faite en Allemagne beaucoup de
courses très-importantes que j’avais projetées. Je traversai une
partie de la Bohème en poste,et je fus encore assez heureux pour
trouver quelques momens de beau temps en Saxe, et y visiter
les vallées intéressantes de Tribitch et Müglitz, près de Dresde.
Mais ce qui fut encore plus important pour moi, j’eus le plaisir
de passer quelques momens à Fréyberg > au milieu des anciens
élèves du célèbre Werner, dont les Collections géologiques
m’ont fourni un grand nombre de comparaisons entre les terrains
que je venais de visiter en Hongrie, et leurs ànaloguës,
dans un grand nombre de lieux de la terre. Gé fut aussi polir
profiter des collections du même genre, réunies à Berlin, que
je fis le voyage delà Prusse, et surtout pour étudier, et les roches
rapportées du Nouveau-Monde par M. de Humboldt, et
celles que M. de Bueh a récoltées dans ses diffe'réns voyages.
Toute la science géologique repose aujourd’hui Sur des cofnpa-
raisôns, et je ne pouvais en faire de plus certaines et de plus
instructives que dans les deux villes où se trouvent lés collections
des premiers géologues de l’Europe, et à l’école, surtout,
du célèbre professeur qui a posé les véritables principes de la
science.
Pour mettre de l’ordre dans le compte que je vais rendre des
observations que j’ai pu recueillir pendant mon voyage, je commenceraipar
une relation historique de mes excursions, dans
laquelle je décrirai successivement les roches que j’ai pu rencontrer,
et les positions mutuelles que j’ai pu reconnaître entre
leurs diverses espèces, dans chaque localité. Mais on conçoit
qu’un simple exposé des faits, suivant l’ordre géographique de
mon voyage, et à mesure qu’ils se sont présentés à moi, n’offrirait
qu’un recueil confus, et d’un bien faible intérêt. Ce n’est
qu’en liant les faits entre eux, en rapprochant les analogues,
qu’on peut servir utilement la science, et former un ensemble
qui donne une idée exacte de la nature, de l’étendue et des relations
mutuelles des différens terrains. D’après ces principes,
j’ai pensé que je ne devais pas m’astreindre à suivre rigoureusement
mon itinéraire, et qu’il serait plus avantageux de présenter
quelquefois mes excursions dans un ordre un peu différent
de celui dans lequel je les ai faites. Il est clair que je ne
pouvais prévoir d’avance quelle était la marche la plus commode
et la plus avantageuse à, suivre, pour parvenir à connaître
la constitution minérale de tel ou tel groupe de montagnes j et
que j’ai du faire plus d’une course, à peu près inutile, avant de
régulariser mes observations. Or, ce serait abuser de la patience
du lecteur que de le faire suivre pas à pas une route vers tel o,u
tel point, pour lui déclarer ensuite qu’elle était à peu près insignifiante,
et que c’était par telle autre qu’il fallait se diriger
pour acquérir quelques données positives. Au fieu de me jeter
dans toutes ces longueurs, j’ai cru servir les voyageurs qui parcourront
après moi les diverses parties de la Hongrie, sur lesquelles
j’ai pu faire quelques observations, en leur indiquant
l’itinéraire qu’ils doivent suivre, pour vérifier les faits généraux
que j’ai avancés, et prendre, dans le moins de temps possible,
l’idée la plus complète de la nature du terrain dans chacune