
Instruction
publique.
DES SCIENCES, DES ARTS ET DD COMMERCE.
L o r sq u ’on a étudie' la forme du gouvernement hongrais, les'
constitutions générales de ce royaume, qui, dans leurs principes
, ont beaucoup d’analogie avec les lois fondamentales desétats
les plus florissans de l’Europe, et qui semblent annoncer
une nation très-civilisée, on est étonné de voir ensuite le peu
de progrès qu’ont fait les lettres, les sciences, les arts, 1 industrie
et le commerce. C’est heureusement sur les améliorations1
qu’il est nécessaire d’introduire en ce genre, que tous les hommes1
éclairés portent aujourd’hui leur attention; et on peut espérer
que la nation hongraise, qui n’a plus de révolutions à craindre;
rivalisera bientôt avec toutes les autres. Les ravages des Turcs,
les guerres intestines et les dissensions religieuses, qui ont désolé
ces belles contrées jusque dans le dix-septième siècle, ont dû nécessairement
retarder les progrès des connaissances humaines, et
étouffer surtout le germe du goût, qu’on ne fait renaître qu’avec
beaucoup de temps et d’efforts. Il n’y a guère que trente ou
quarante ans qu’on a vu successivement les seigneurs se livrer
eux-mêmes à l’étude> protéger ouvertement toutes les branches
deS connaissances utiles, employer leur argent pour encourager
et pour exciter tous les genres d’industrie. Sans doute on a déjà
beaucoup fait; mais il reste beaucoup à faire> et surtout dans
les parties dont les gouvernemens doivent s’occuper encore avec
plus de soins que de simples particuliers. L ’instruction publique,
cette base si importante de la prospérité des états, est aujourd’hui
même extrêmement négligée, e t , à l’exception de-
quelques établissemens, qui, sous tous les rapports, sont hien;
inférieurs à ceux qui existent dans les autres contrées de l’Europe,
il est impossible que la jeunesse puisse se livrer à aucune
étude approfondie, et même puisse en recevoir les premiers
élemens d’une manière exacte.
Sous le rapport de l’industrie, la Hongrie est encore dans
un état plus déplorable. A l’exception des objets de première
nécessité, qui se fabriquent dans les villes, où encore la plupart
des ouvriers sont Allemands, presque tous les produits industriels
sont tirés des manufactures d’Autriche. 11 n’existe en
effet, en Hongrie , que quelques fabriques de très-peu d’importance
, dont la plupart ne présentent que des produits très-médiocres,
et qui en général sont bien loin de suffire à la consommation.
Cependant il y a lieu d’espérer qu’elles prospéreront,
et qu’il s’en établira successivement d’autres. Il existe déjà quelques
manufactures de draps , parmi lesquelles celles de Kasehau,
et de Gacs, dans les comitats d’Abauj et de Nogrâd, paraissent
être les plus importantes : celle d’Qïdenburg, sur le lac de Néu-
siedel, fournit les draps les plus fins ; on en tire encore de passables
des fabriques de Modem, Tymau et Skalitz ; mais toutes
les autres, qui n’emploient d’ailleurs qu’un très petit nombre
d’ouvriers, n’offrent que des tissus grossiers. La toile se fabrique
surtout dans le comitat de Zips, et en général dans la partie
montagneuse la plus septentrionale du royaume ; il y a une blanchisserie
à Rosenau, et des imprimeries de toile à Kesmarck.
On a vu aussi s’élever, depuis quelques années , plusieurs fa b riques
de coton, comme celle de Sassin, dans le comitat de
Nyitra,et d’OEidenburg : il paraît qu’elles ont un débit assez considérable.
Quant aux fabriques de soieries, auxquelles on s’était
livré avec enthousiasme, il y a cinquante ou soixante ans ,
il n’en est resté qu’un très-petit nombre, et la culture des mu-
Induslr