
Cabane de
2 ingares.
Caractère- de
ce peuple.
terons plus particulièrement ce point de théorie dans la secondepartie
de cet ouvrage.
Lavalle'e que nous venons de parcourir n’est pas, à beaucoup
près, aussi importante, relativement au terrain trachytique;
les faits qu’elle présente à cet égard ne peuvent être appréciés
que par comparaison avec ceux que nous aurons occasion de
recueillir dans d’autres points.
Ce futà l’extrémité delà vallée d’Eisenbach que j’eus, pour la
première fois ^l’occasion de voir cette espèce de race d’hommes
qu’on désigne en Hongrie,, comme dans toute-l’Allemagne,.sous-
le nom de Z ig eu n er, et que nous nommons en France Bohémiens
: j’en rencontrai quelques-uns au village de B zen icza ,
établis dans une petite cabane faite de branchages et de boue ,,
où ils couchaient tous pêle-mêle,, hommes,, femmes et enfans,,
sur un peu de paille et d’herbe sèche,.répandue çà et là. Ils fabriquaient,
près de leur cabane,, des haches,, des couteaux, etc.,
dont la vente les aidait à vivre. L ’un d’eux vieillard d’assez-
bonne figure, qui avait été en Allemagne, parlait un peu l’allemand,
et je voulus en profiter pour m’entretenir avec lui j mais
je n’en pus rien tirer sur l’origine de sa nation ; tout ce qu’il savait,
c’est que pour lui il était né dans la Transylvanie, que ses
enfans et petits-enfans étaient nés dans différens lieux. Lorsque
je lui demandai pourquoi ils ne se fixaient pas définitivement
dans un village,.où, par leur travail, ils pourraient avoir plus
d’aisance, il se contenta de me faire signe avec la tête que cela,
ne leur convenait pas.
Les Zigeuner ont, en général, un caractère national particulier,
qu’ils ont constamment conservé depuis trois siècles que
nous les connaissons en Europe, parce qu’ils ne se sont jamais
alliés qu’entre eux. Ils sont,, en général, petits, la plupart mai—
ENVIRONS DE SéHËMNlTZ, Valide d’Eisenhadi. 2 9 1
■ grès, mais bien constitués; ils ont la peau naturellèment très-
basanée et même cuivrée; leurs yeux noirs très-vifs, leurs dents
blanches, et une coupe particulière de figure, donnent à leur
physionomie une expression assez extraordinaire, qui, en général,
n’a rien d’Européen. Les femmes surtout ont quelque
çhose de dégoûtant, et toujours malgré moi elles m’ont rappelé,
par leur physionomie et par la négligence de leur accoutrement,
ces vieilles momies que nous voyons dans les cabinets
d’antiquités. Mais il parait que c’est la misère et l’extrême malpropreté
qui défigurent ainsi, à la longue, ces malheureuses
créatures, car les jeunes filles sont en général bien faites, et
leur figure, quoique cuivrée et portant tous les caractères de
leur nation, n’est nullement désagréable.
Il paraît, d’après l’opinion générale, qu’il n’y a point de mariage
parmi cette race d’hommes, que les femmes et les enfans
sont en commun. Ces enfans restent entièrement nus, jusque
dans un âge très-avancé, et j’ai vu quelquefois dans cet état des
jeunes filles déjà bien formées; cependant j’ai remarqué qu’elles
cherchaient à se couvrir devant les étrangers. Tous ces enfans
nus , avec leur peau noire, leurs cheveux mal peignés , semblent
une troupe de petits diables, et il est impossible de les'
voir sans éprouver quelques sensations pénibles, sans s’appi-
toyer sur leur misère.
LeS Zigeuner, depuis que nous les connaissons, ont constamment
mené la vie errante, et n’ont jamais voulu profiter des offres
des empereurs d’Allemagne. La grande Marie - Thérèse et
Joseph II ont fait tout ce qu’ils ont pu pour les fixer dans la
Transylvanie et le Banat ;• mais ils n’ont pu parvenir à en soumettre
qu’un très-petit nombre, qui s’est adonné à l’agricul^
ture. Tout le reste a continué à errer de coté et d’autre, transi