Auberge de
Nogrâd.
forte odeur d’hydrogène sulfure’ , lorsqu’on le fait dissoudre
dans l’acide, et il surnage alors une assez grande quantité' de
matière bitumineuse noire. Ce calcaire renferme des petites coquilles,
qui se rapportent au genre paludine ( à moins que ce ne
soit des coquilles terrestres du genre cyclostome ), et des pla-
norbes extrêmement petits. J’ignore d’où viennent ces calcaires
; ils ont de l’analogie, par leur couleur, leur peu de dureté,
leur odeurfétideparticulière, et enfin par leurs petites coquilles,
avec les calcaires fluviatiles que nous connaissons en divers
lieux, et dont il existe aussi en divers points de la Hongrie.
Lorsque je visitai cette partie du groupe de Dregely, je crus
faire une très-bonne spéculation en allant m établir à Nogtâd,
qui se trouvait marqué sur ma carte comme un bourg, et où,
je ne sais par quelle raison, je m’étais figure que se tenaient les
assises du comté. Mais en arrivant, je m’aperçus bientôt que je
m’étais trompé : ce n’est qu’un très-petit village, qui ne peut
être très-fréquenté, puisqu’il ne se trouve sur aucune route.
Cependant on me conduisit dans une auberge au pied meme de
la montagne, et où, sans doute, j’aurais pu m’installer sans la
bêtise et l’avarice des gens qui la tenaient. Je commandai mon
souper, dont je sentais avoir grand besoin, après les courses
que j’avais faites dans la journée. Je montai alors au château,
comptant fortement sur mon repas ; je fis le tour de la monta-'
gne, et en repassant dans le village, pour aller visiter un autre
point, je trouvai la cuisine en bon train ; mais quelle fut ma surprise
, en rentrant à la nuit, lorsque j’appris qu’il n’existait plus
rien! mon.hôte avait été chercher un poulet chez, une femme
du village, qui ne se trouvait pas alors chez elle, et l’avait emporté
, plumé et mis à la broche. La femme était venue ensuite
ù l’auberge chercher son argent : elle avait demande un florin
MON TAGN ES DE D R E G E L Y B T D E Ç SE RH A T . & 1 &
en papier ( un franc, argent de F rance ), et l’aubergiste n’en voulait
donner que-la moitié; la dispute, s’ était échauffée , et, pour
mon malheur,, la femme, furieuse, s’était emparée du poulet
toùt rôti, avait jeté la broche au nez de mon hôte , et s’était enfuie.
1 Ce fut en Vain qu’à mon retour je voulus courir après le
poulet, promettant de payer ce qu’on voudrait, la femme, qui
probablement était allée le manger avec quelque voisine, n’était
pas rentrée chez elle, et il n’y eut d’autre moyen que de se
contenter de trois oeufs, qu’il fallut encore partager avec mon
domestique et le paysan qui m’avait conduit.
A l’exception de la butte de Nogrâd, dont la roche peut être
désignée sous le nom de Dôm.ite, Trachyte dômite, ou, comme
je l’ai fait,, sous celui de Trachyte terreux, toutesles pentes du
groupe de Bôrsôuy, toutes les collines qui s’y rattachent de plus
près , sont formées de conglomérats de diverses variétés. La
butte de Dregely, située au nord-est, et dont on aperçoit
de très-loin le château, qui fut aussi pris et repris par les Turcs,
dans les guerres du dix-septième siècle,, en est entièrement
composée; mais ces dépôts y présentent quelques circonstances
particulières d’un assez grand intérêt. La pâte,à cassure très-
irrégulière, terreuse, d’un gris-rougeâtre, renferme du mica
de l’amphibole en cristaux plus ou moins parfaits; elle se confond
tellement, en quelques points, avec les fragmens ou les
blocs qui s’y trouvent, qu’on a alors beaucoup de peine à l’en
distinguer; ce n’est que la texture lâche et terreuse, l’irrégularité
de son grain qui puisse la faire reconnaître : elle est eller-
même, en quelque sorte, scoriacée dans quelques parties ; mais
dans d’autres, elle offre les caractères d’une matière broyée,
déposée tumultuairement. Les fragmens ou les blocs bien distincts
qu’elle renferme, et qu’on ne peut méconnaître lorsqu’on
Conglomérats'
remarquables