complaisance infinie à toutes les allées et venues que je demandai,
et je pus, avec la plus grande facilite', e'tudier la nature et
les variations du dépôt salifère. La première masse que l’on
rencontre, présente une matière argileuse qui a l’apparence d’unè
brèche ou d’un poudingue; mais, en l’examinant attentivement,
on reconnaît que cette structure est due à une multitude de fissures,
qui se trouvent dans tous les sens, et qui sont remplies
tantôt par la matière argileuse même, tantôt par des veines de
gypse fibreux, ou enfin par du sel. Les fragmens et les cailloux
roules qu’on croit reconnaître, ne sont autre chose que la même
argile, qui semble avoir pris un peu de retrait, e t, par cela
même, plus de consistance. La surface de ces pièces irrégulières
est presque toujours très-lisse, brillante, et, en quelque sorte,
comme huilée. Les veines ou les nids de sel qu’on observe dans
çette masse, et qui y sont dirigées dans tous les sens, sont assez
souvent remplies de petites pelottes irrégulières de même argile.
Après avoir dépassé ce dépôt terreux, on arrive sur une masse
de sel, très-puissante, presque pure, dans laquelle on rencontre
à peine quelques traces de l’argile précédente : on poursuit
ce grand dépôt de sel, très-solide, jusque dans la partie la plus
profonde des travaux, oh il semble devenir de plus en plus pur.
Cette masse est exploitée à la poudre, et les parties que l’on
détache sont transportées dans les réservoirs, où, par la solution,
le sel est débarra~sé des parties terreuses. Ce sont ces eaux
que l’on fait ensuite passer à Reichenhall et à Traunstein, pour
etre évaporées. Dans la partie la plus profonde des travaux, on
retrouve, sous la masse de sel pur, un nouveau dépôt d’argile,
dont la masse est, en général, plus solide et moins brisée que
celle de la partie supérieure. C’est ce dernier dépôt qui doit reposer
sur le calcaire, qui constitue la masse principale de la
contrée.
Si l’intérieur des salines de Berchtesgaden peut intéresser le
géologue qui cherche à étudier la structure et la nature de ces
dépôts des anciennes mers, il offre aussi un attrait tout particulier
au voyageur qui ne cherche qu’à jouir de tous les genres
de beautés qui se trouvent ici bas. J’eus en effet, au milieu de
ces mines, un des plus beaux spectacles qu’il soit possible d’imaginer.
Après avoir parcouru une longue galerie, j’arrivai à
une de ces vastes cavités, d’où l’on a extrait des masses considérables
de sel, et qui me présenta tout-à-coup une scène des
plus magnifiques. Les mineurs avaient éclairé cette espèce de
gouffre souterrain dans son pourtour comme dans les sinuosités
de sa profondeur; une lueur sombre se répandait partout;
mais, insuffisante pour permettre de distinguer les objets,
elle donnait encore un air plus mystérieux à tout l’ensemble. Il
me fallut un moment pour démêler quelque chose au milieu de
cette scène vraiment magique , dont l’effet devint encore plus
imposant lorsque j’aperçus les parois à pic du précipice, les
échelles et les machines d’extraction. C’est un spectacle à la fois
effrayant et enchanteur, et qui produit une sensation dont rien
ne peut donner ailleurs la moindre idée.
Mais, quelque intérêt que m’offrissent ces travaux, sous tant
de rapports, je ne pus cependant rien voir de ce que je désirais
principalement. Nulle part je ne pus observer ni la superposition
de la masse salifère au calcaire qui compose les hautes montagnes,
ni la nature des roches qui recouvrent immédiatement
ces dépôts. On m’annonça que le premier cas ne pouvait être
observé qu’aux salines de Hallein; et quant au second, il fallut
me contentet des inductions que je pus tirer de la position des