Précautions
nécessaires.
nuit au milieu des bois, me firent, malgré moi, oublier la géologie;
je ne pensai plus qu’à me maintenir strictement avec ma
boussole dans la direction que j’avais cru la plus convenable.
Heureusement la nuit ne vint me surprendre que sur la hauteur
de Windscliacht, d’où je connaissais parfaitement le chemin,
ce qui, toutefois, ne m’empêcha pas de culbuter et de
briser mon baromètre. J’arrivai à Schemnitz à onze heures du
soir, tellement harrassé de fatigue et épuisé de besoin, qu’il me
fut impossible de sortir le lendemain. Cette tournée, une des
plus pénibles que j’aie faite, m’a valu un mal d’yeux qui m’a
beaucoup gêné dans tout le reste de mon voyage. Sans doute
il avait eu pour cause la fraîcheur des nuits, qui est d’autant
plus dangereuse, que la'chaleur a été plus forte dans le jour.
J’ai souvent v u , après 20 ou 25 degrés de chaleur pendant le
jour, le thermomètre descendre pendant là nuit jusqu’à 1 2 degrés.
Cette seule différence de température, jointe à l’humidité,
produit sur les organes une sensation qu’il est difficile d’imaginer
sans l’avoir éprouvée. Je ne saurais trop recommander
aux personnes qui voyagent en Hongrie, d’avoir toujours avec
elles des vêtemens assez cdauds pour se couvrir lorsqu’elles doivent
passer les nuits dehors. Ce n’est pas sans de bonnes raisons
que les paysans, qui couchent si souvent en plein air, ont presque
toujours avec eux ces pelisses de peau de mouton, qu’ils
nomment bunda. Pour moi, obligé d’aller le plus souvent à
pied, n’emmenant avec moi qu’un ou deux hommes, qui se
trouvaient bientôt chargés de pierres, j ’ai dû nécessairement
négliger beaucoup de précautions utiles ; mais, quoique avec
une santé assez robuste, je n’en ai pas moins quelquefois beaucoup
souffert. En-général, je ne conseillerais à personne de se
hasarder, comme moi, au milieu de la Hongrie sans bien con-
ENVIRONS DE SCHEMNITZ , Vallée de Glasshütte. 5 1 1
naître sa constitution physique et morale. Il faut une certaine
habitude, une certaine force de volonté, et surtout l’enthousiasme
d’un naturaliste, pour résister à toutes les privations et
à toutes les fatigues qui sont la suite d’un tel voyage.
E X C U R S IO N D AN S L A V A L L É E D E G L A S SH U T T E .
Il y a deux moyens d’aller de Schemnitz à Glasshütte, l’un
par un chemin de pied, qui passe sur la montagne de Szallas,
l ’autre, par une grande route qui passe dans le bassin de Schemnitz
, au pied des montagnes qui le bordent à l’ouest. Il est nécessaire,
pour un géologue, de suivre ces deux routes; mais,
pour éviter des fatigues, on pourrait aller par le Szallas, où la
plus grande partie de la course se fait en descendant, et revenir
par le grand chemin, qui est moins pénible.
En sortant de Schemnitz par la grande route, on passe d’abord
au pied de la montagne nommée Rothenbrun, qui domine au-
dessus de la ville, et se dirige à peu près de l’est à l’ouest, en
formant la pente droite de la vallée où passe le chemin du col.
On dit qu’une partie de la ville dé Schemnitz était autrefois
bâtie sur cette montagne , et qu’elle fut renversée par un tremblement
de terre. Cette catastrophe n’est peut-être au fond
qu’un éboulement assez considérable, qui paraît avoir eu heu
dans la partie supérieure, où la roche est coupée à pic sur une
grande hauteur. Tout le pied de la montagne, tourné vers l’est
et vers le nord, est couvert de terre et de ’débris,. en partie
cultivés, et ce n’est que dans le haut qu’on trouve des roches
en place. Ce sont des grünstein noirs ou d’un vert très-foncé^
simples ou porphyriques (dichter Grünstein, Grünstein p or-
Gninslein
noir du
Rothenbrun.