des, ont à cet egard un grand avantage sur nous ; tous savent
au moins les trois langues mères de l’Europe (slave, allemand ,
latin), et presque tous parlent encore quelques unes de leurs
de'rive'es ; ils ont une facilite prodigieuse, pour toutes celles qu’ils
veulent apprendre , et il n’est pas rare de rencontrer, parmi la
noblesse, des hommes qui parlent six ou huit langues différentes,
, La langue hongraise oumagyareesi]a&c^vâ. une langue««
generis, qui n’a pas plusde rapport, soit avec l’allemand,soit avec
le slave, que ces deux dernières langues n’en ont entre elles. On y
trouve à la vérité' un grand nombre de mots qui appartiennent
à diverses langues , comme le tatare, le turc, le p elv i, le p ersan,
Y arabe., etc. ; beaucoup d’autres qui appartiennent aux divers
dialectes fin o is, ainsi que des mots esclcwons, allemands, plus
ou moins modifies ; mais il n’est aucune de ces langues avec laquelle
on puisse identifier le magyare, et c’est ce qui a sans doute
conduit quelques auteurs àle considérer comme une langue mélangée
ou formée aux de'pens de plusieurs autres. Quoi qu’il en
soit, il est certain que le magyare se distingue de toutes les autres
langues de l’Europe, par l’ensemble de ses expressions, aussi bien
que par sa construction grammaticale. Ce qui lui donne surtout
un caractère particulier, et toüt-à-fait asiatique, ce sont les af-
fioces (ou suffixes) ou terminaisons que l’on met à la fin des mots,
substantifs ou verbes, pour remplacer les pronoms possessifs
ou personnels.C’est la principale difficulté de la langue, qui du
reste est assez douce, à cause des nombreuses voyelles qu’elle
possède. Il est peu de mots qu’un Français ait de la peine à prononcer;
mais par cette raison même les Allemands ne peuvent
en prendre la prononciation qu’avec une extrême difficulté. *
* Consultez Joseph von Mar ton. Ungrische Sprachlehre. W ien , 181p
La langue vainque est, comme nous l’avons déjà d it, un
mélange de slave et de latin tout-à-fait estropié. Il en résulte
que dans plus de la moitié de ses expressions, elle a une très-
grande analogie avec les patois du Midi de la France et de quelques
parties de l’Italie : aussi, avec un peu d’attention, vient-on
promptement à bout de l’entendre. Elle a dans sa construction
quelque rapport avec les deux langues dont elle dérive, et aussi
des caractères qui lui sont propres ; mais il parait qu’il existe
des différences de prononciation entre les peuples des différens
cantons, et même des différences d’expressions, suivant les divers
dialectes slaves qui s’y trouvent plus ou moins mélangés. * "
La croyance religieuse ne présente guère moins de diversité ,
dans les provinces Hongraises', que la population. D’une part,
chaque nation, chaque colonie y a porté ses idées particulières
sur le culte qu’on doit a la Divinité; de l’autre, cet esprit inquiet,
cette inconstance, ce besoin de révolutions qu’on remarque
à chaque pas dans l’histoire, ces factions de tous genres,
n’ont pu manquer de donner accès en Hongrie à toutes les opinions,
qui, en divisant l’église, ont partout ensanglanté la terre.
Presque tous les habitans de laHongrie professent à la vérité la
religion Chrétienne ; mais ils y sont partagés en un assez grand
nombre de sectes différentes. Il y existe des Catholiques romains,
des GreCs unis, des Grecs schismatiques, des Luthériens, des
Calvinistes, des Sociniens et des Anabaptistes: enfin, si on ajoute
la religion Juive, on aura l’idée dè toutes les croyances qui divisent
ces peuples.
* Consultez Deutsch-JValachische Sprachlehre , von Johann Molnar von
Miillersheim. Hermanstadt, 1810. Voyez aussi sur ces trois langues principales,
Mithridates oder allgemeine Sprachen-kundevon Johann-Christoph Adelung
Berlin , 180g. 2 .'partie,pag. 6/5, y3o, ? 83.