trême frontière du royaume, elle fut long-temps le siège du
gouvernement ^ lorsque les Turcs occupaient Bude, ou en rendaient,
pendant les guerres, la position très-pre'caire. Son origine
se perd dansda nuit des temps; mais on s accorde généralement
à la considérer comme existante avant les conquêtes des
Romains, à qui, cependant, on attribue la dénomination de
Pisonium ouPosonium. Quoi qu’il en soit, cette ville est agréablement
située sur la rive gauche du Danube, qui, dans cette
partie, a déjà environ 235 mètres ( 120 toises ) de largeur ( la
Seine , au jardin des plantes , n’a que 160 mètres ). Elle est
assez bien bâtie; on y voit de fort jolies maisons, plusieurs
grands bàtimens qu’on nomme palais , parmi lesquels le palais
B a tja n i est, sans contredit, le plus beau; il est fort bien bâti,
mais malheureusement trop resserré entre les maisons voisines.
Les églises sont simples, mais fort proprement tenues. Les rues
sont, en général, pgu larges, souvent contournées; elles sont
pavées, et quelquefois assez mal, dans l’intérieur de la ville;
mais , dans ce qu’on peut appeler les faubourgs, il n’y a qu’une
bande de pavés, qu’on nomme trottoirs, auprès des maisons :
le milieu est une chaussée très-boueuse lorsqu’il pleut, et une
source intarissable de poussière dans les temps secs.
Le château royal, en partie détruit, il y a quelques années,
par un incendie, est situé sur une petite montagne, qui s’élève
au bord du Danube, et qu’on regarde communément comme
le premier promontoire de la grande chaîne des Karpathes. Sa
hauteur au-dessus du Danube est d’environ 60 mètres {30 toises).
Ce château est grand,bien bâti, mais n’a rien de remarquable
dans son architecture. La vue dont on jouit du haut de
la montagne est, à ce qu’on dit, fort belle; mais de gros nuages
accumulés partout m’ont empêché d’en profiter.
Cette montagne est entièrement granitique; elle se prolonge Momagne* Pa-
au nord-est, en une chaîne qui forme la limite naturelle de la q "
Hongrie et de la Moravie, et s’étend, par le comitat de Nyitra,
jusque dans celui de Trencsen( prononcez Treine tchine) ; il paraît
que ses flancs sont recouverts, à l’ouest, par du calcaire. Calcaire sur le*
La partie la plus profonde est probablement du calcaire de flan“‘
transition ; mais les montagnes suivantes, qui se prolongent
dans la Moravie, ne présentent que du calcaire un peu moins
ancien ( Zechstein ?) et du-calcaire très-coquillier, analogue à
celui du Jura. Sur les pentes tournées vers l’est, c'est-à-dire, du
côté de la Hongrie, je n’ai -vu que du calcaire de transition,
qui se montre çà et là par lambeaux recouverts de terre
végétale. Il paraît que cette roche se prolonge dans le comitat
de Trencsen, où elle- constitue la plus grande partie des
montagnes *. Plus loin, se trouvent les montagnes du comitat
de Thürotz, qui renferment un grand nombre de cavernes **,
et qui appartiennent probablement au calcaire des derniers dépôts
de transition. (Yoyez t. III, terrains intermédiaires; art. du
calcaire sans grauwackes.)
On m’avait tellement répété à Vienne qu’il était extrémem entAflabiiM
désagréable de voyager en Hongrie; qu’il y régnait une très- 6ra“e'
grande sévérité pour les étrangers, que peu s’en fallut que je
n’eusse quelque appréhension, lorsqu’un valet de ville vint me
signifier l’ordre de passer à la police. Mais ces rapports exagérés,
ou plutôt, ces fausses idées qui ont pris naissance dans l’antipa-
* Zipper''s topograp-mineralogisches Handbuch von Ungarn, pag. 58 i .
** Topographische Beschreibung der Thiirotzer gespanschaft. Ungrisches
magazin, tom . 4 , pag. 4 3o .