Mais si les depots que nous venons de citer sont déjà fort in-
téressans, surtout parce qu’ils se trouvent à la porte de Vienne,
il en est en Autriche qui présentent encore un caractère plus
prononce', et qui ressemblent aussi plus complètement au calcaire
parisien. Ce sont les dépôts des environs de Wolkersdorf, sur la
route de Vienne à Brünn, que j’ai suivie à mon retour; ils présentent
un calcaire jaunâtre sableux, formé par une immense quantité
de petites coquilles microscopiques, et dans lequel se trouve
une abondance extrême de coquilles bivalves, comme des venus,
des bucardes, des tellines, des arches, avec quelques coquilles
uni valves, comme turritelles ,cérites, notices, etc.jToutes
ces coquilles ont conservé leur test , qui a seulement perdu un
peu de sa solidité, est devenu d’un blanc mat, et tranche agréablement
sur le fond jaune sale de la masse. Il est impossible d’avoir
plus de ressemblance que ces calcaires avec ceux des envi-
virons de Paris, et on ne pourrait, en aucune manière, les
distinguer, sans leurs étiquettes, au milieu de nos collections.
En général, ces dépôts eoquilliers paraissent couvrir une
grande partie des plaines de Vienne. Déjà Stùtz les a indiqués
dans tous les lieux que je viens de citer ; M. Constant Prévost,
connu dans les sciences par divers mémoires sur les-environs de
Paris, qui a habité plusieurs années auprès de Vienne, m’en a
cité plusieurs autres localités, depuis mon retour. Il vient d’ailleurs
de consigner ses observations dans un excellent mémoire
qu’il a lu à l’académie des sciences, le 13 novembre 1820, et que
je cite d’autant plus volontiers que, sans nous être consultés,
nous sommes parvenus en tout au même résultat *. Un des faits
* Voyez Journal de Physique; Paris, Novembre et Décembre 1820,
les plus intéressans du mémoire de M. Prévost, est l’analogie
parfaite qu’il a découverte entre les coquilles fossiles que renferment
les calcaires et les sables des environs de Vienne, et
celles que présentent les collines subapennines, qui ont été décrites
par M. Brocchi *. Cette observation importante l’a conduit
à admettre quelques idées particulières sur l ’âge de ces calcaires;
il les regarde comme étant un peu plus modernes que
ceux qui se trouvent à la base du terrain tertiaire parisien, et il
pense qu’on pourrait bien les assimiler au calcaire marin Supérieur,
et aux sables eoquilliers de Moisselles, de Beauvais, etc.,
etc., dans le département de l’Oise. Je prendrai plus tard
cette opinion en considération. ( V oyez tome III, à l’article des
Terrains tertiaires, et surtout à celui du Calcaire coquittier
parisien. )
Nous verrons plus loin, dans la suite de notre voyage, que les
dépôts eoquilliers, que nous venons de décrire aux environs de
Vienne, pénètrent dans la Hongrie, où ils occupent encore une
étendue assez considérable. On les retrouve au pied occidental
des montagnes de Lajta, aussi bien qu’à leur pied oriental, au
bord du lac de Neusiedel, où ils forment des masses très-éteû-
dues, et d’où ils se prolongent dans toute la plaine de Raab,
jusqu au pied des montagnes de Bakony. Ils existent aussi au-
delà de ces montagnes, au bord de la grande plaine qui forme,
en quelque sorte, le centre de la Hongrie; ils sont encore plus
abondans, et sont employés comme pierres à bâtir à Pest et à
Bude. Leur ressemblance avec le calcaire parisien, la manière
dont ils sont exploités, l’aspect que présentent les carrières à
* Conchiologia fossile subapennina. Milano, i 8i 4.
T. I.