Ou ne me donna pas à Hallein le spectacle d’une illumination
aussi riche qu’à Berchtesgaden ; mais, à la lueur de quelques^
lampions, je pus jouir encore d’un coup d’oeil assez beau, sur
plusieurs des grauds laes qui se trouvent dans l’intérieur de la
mine, et où l’on transporte aussi les matières salifères que 1 on
exploite» Ces lacs sont au nombre de trente-deux, et plusieurs
de ceux que j’ai vus étaient d’une très-grande dimension. Je me
suis promené au milieu de l’un d’eux sur le radeau même qui
avait servi à l’empereur François. Tout était illuminé avec une
grande magnificence, lors de la visite de ce Monarque; et, à en
juger par la place qu’occupaient les lampions, le spectacle devait
être imposant. La saline de Hallein présente, par la disposition
des travaux, une particularité qui produit encore, sur le voyageur
qui les parcourt, un effet assez singulier» Ce sont les plans,
inclinés sur lesquels on. se laisse glisser pour passer des galeries
supérieures aux galeries inférieures. Ils sont en très-grand nombre
; de sorte que presque toute la visite des. mines se passe en
exercice de montagnes russes. Bien n’èst plus singulier que de se
laisser glisser ainsi rapidement, dans un-couloir obscur, sur des
pentes de 80 à 100 pieds de longueur, tenant une bougie d’une
main, et de l’autre, la corde qui sert de guide» Mais ce qui me
réjouit encore plus à la première descente, fut l’enchantement
du vieux mineur qui me conduisait, en me voyant- glisser aussi
lestement que lui, et lui arriver au bas de la pente sur les talons
: peu s’en fallut qu?il ne m’embrassât de joie, en me disant
qu’il me reconnaissait pour mineur. En général, les ouvriers
des mines, qui ne conduisent d’abord les étrangers que
dans l’espoir d’en recevoir quelque argent, montrent ensuite-
un très-grand empressement lorsqu’ils^ s’aperçoivent qu’on
prend intérêt aux travaux; qu’on cause avec eux des objets de
l’art, et qu’on n’éprouve aucune difficulté ni aucune crainte
pour les suivre, soit par les échelles, soit par les puits d’extraction,
etc.; et, en général, par des routes qui paraissent assez
effrayantes aux gens du monde. Après avoir ainsi glissé pendant
long-temps du haut en bas, au milieu de ces mines, on arrive
à la grande galerie d’écoulement pour eu sortir. Là, oa trouve
de petits bancs à roulettes sur lesquels deux mineurs vous traînent
en poste au-dehors; il ne faut alors qu’un quart-d’heure
pour arriver au jour , tandis qu’à pied ou ne peut guère faire le
chemin qu’en trente-cinq minutes. Cette longue galerie, creusée
en partie dans la masse salifère et en partie dans le calcaire, présente,
dans tout son jour, un phénomène assez opposé aux idées
générales qu’on se forme , dès l’enfance , dans la société. On
s’attendrait, en effet, d’après ce que l’on voit arriver journellement
, à trouver une humidité extrême partout où se présentent
les matières salines ; et si l’on pouvait supposer de la sécheresse
dans rintérieur de ces souterrains, on la croirait sans doute
dans les parties creusées au milieu des calcaires compactes ou
marbres, qui forment la masse principale dej la contrée. Mais
c’est précisément tout le contraire; l’intérieur des travaux se
trouve parfaitement sec partout où se présente la masse salifère,
et ce n’est qu’en arrivant au milieu des calcaires que l’on voit
l’humidite ruisseler de toutes parts. Ce phénomène paraît tenir
à deux causes différentes ; la première, qui est la plus puissante,
est que la masse argileuse, qui enveloppe, en quelque sorte, les
dépôts salins, se laisse très-difficilement pénétrer par l’eau, qui,
dès-lors, glisse sur elle jusqu’à ce qu’elle trouve une autre issue
; la seconde, c’est que le peu d’humidité qui pénètre dans
■ ces masses est fortement retenue par l’argile aussi bien que par
le sel, et ne peut suinter au-dehors. Il n’en est pas de même du