
plusieurs points des plaines environnantes, ainsi que ceux
de S ella , près de Crevacore, sont encore dans le même cas. Il
paraît en être de même des calcaires coquilliers, qui constituent
les collines subapennines, et qui ne sent que les prolongemens
de ceux que nous venons de citer. Tous ces dépôts paraissent
appartenir à une formation assez analogue à celle du bassin de
Paris ; peut-être appartiennent-ils à la même époque, et les différences
qu’on observe dans les débris organiques, ne tiennent-
elles qu’à ce que les dépôts se sont formés dans deux mers différentes.
Puisque j’ai hasardé l’idée que les molasses tiennent, en
quelques lieux, la place des argiles plastiques des environs de
Paris, je ne puis m’empêcher de dire un mot ici sur les analogies
qu’on peut trouver dans la nature même de ces dépôts.
C’est dans la molasse que se trouvent les plus grands dépôts
de lignites que nous connaissions aujourd’hui : la Suisse nous
en présente plusieurs exemples; le Salzburg, les environs de
Vienne, nous en offrent d’autres ; et mes recherches en Hongrie
m’en ont fait découvrir de très-grands amas : or, il existe
aussi des dépôts de lignites dans l’argile plastique, placé entre
la craie et le calcaire grossier parisien. Ces lignites sont accompagnés,
dans la Suisse, dans le Salzburg, et surtout en Hongrie,
de coquilles de différens genres „parmi lesquelles on reconnaît des
moules ou des modioles, des vénus, etc.; toutes coquilles analogues
à celles qui ne vivent que dans les mers, et qui dans ces roches
se trouvent mélangées avec des lymne'es, des planorbes et des
paludines, qu’on n’a encore trouvé vivantes que dans les eaux
douces. Les mêmes phénomènes se présentent dans nos argiles
plastiques, et M. Prévost vient d’en découvrir un exemple positif
à Bagneux, dans lesplainesdeMont-Rauge,près Paris. Ces eirconstances
importantes nous présentent un phénomène très-
remarquable, l’existence de trois dépôts différens de lymne'es
et de planorbes, séparés entre eux par des dépôts plus ou moins
épais, qui ne renferment que des coquilles marines; savoir :
1° le dépôt de lymne'es et planorbes, des molasses et des
argiles plastiques; 2° le dépôt de lymne'es et planorbes, situé
entre le calcaire grossier marin et le gypse des environs de Paris;
5° le dépôt de lymne'es et planorbes, qui se trouve au-dessus
du calcaire marin supérieur. Ces alternatives , dont deux
seulement étaient connues jusqu’ici, nous offrent un des phénomènes
les plus importans de la structure des dernières parties
delà surface de la terre. Faut-il admettre, comme M. Cuvier et
M. Brongniart l’ont déjà fait pour les deux alternatives connues,
qu’il y a eu trois époques d’eaux douces, et trois époques d’eaux
salées qui ont alterné entre elles ? ou bien peut-on penser que
tous ces débris organiques appartiennent à des animaux qui ont
vécu ensemble dans les mêmes eaux, comme semblent l’indiquer
les expériences et les considérations que j’ai publiées à ce sujet*?
C’est aux observations futures à éclairer nos opinions.
Telles sont les observations que j’ai pu recueillir aux environs
de Vienne, dans les courses rapides auxquelles j’ai pu sacrifier
quelques instans.Le principal objet du séjour que je fis à
mon passage dans la capitale de la monarchie Autrichienne,
était de terminer les préparatifs de mon voyage en Hongrie, en
me procurant les cartes et les ouvrages que je n’avais pu trouver
à Paris. J’espérais aussi recueillir auprès des savans et dans
Voyez Recherches sur la possibilité défaire vivre des mollusques d’eau
douce dans lès eaux salées, et des mollusques marins dans les eaux doucest,
par F.-S. Beudant; Journal de Physique; Paris, 1816.