
blait y annoncer ou des rapports très-extraordinaires entre les
diverses sortes dérochés qu’on y avait de'couvertes, ou de grandes
erreurs d’observation, et, par conséquent, offrir au géologue
de nombreux sujets de recherches du plus haut intérêt.
Ce ne fut donc pas sans éprouver les impressions de cette
jouissance particulière, attachée à tout ce qui tient à la contemplation
de la nature, qu’après plusieurs mois de recherches sur
les faits relatifs à la Hongrie, rassemblés par différens auteurs,
je quittai enfin Paris pour aller en étudier les détails et les
circonstances sur les lieux mêmes qui les avaient offerts. Tout
me prë'sageait une ample récolte d’observations précieuses,
ainsi que cet accueil aimable de la part des gentilshommes hon-
grais, qui a tant contribué au succès de mon voyage. Le baron
J. Podmaniczky, envoyé de Sa Majesté apostolique , dont j’avais
eu l’honneur de faire la connaissance à Paris, m’avait donné des
instructions sur l’intérieur du pays, sur les moeurs des habitans,
sur la manière de voyager. Il avait levé toutes les petites difficultés
que je pouvais rencontrer, en me donnant un grand nombre
de lettres de recommandation spèciale pour ses parens et
ses amis, dans toutes les parties de la Hongrie. Ses lettres pressantes,
son amitié, son nom, dont il m’avait d’ailleurs permis de
me recommander, me promettaient partout des relations aussi
agréables qu’utiles.
C ’est avec ces espérances de succès que je traversai toute
l’Allemagne. On conçoit facilement que, pour donner à la Hongrie
le plus de temps possible, je devais négliger l’étude de tous
les objets intermédiaires, et que, de Paris àVienne, mon voyage
a été trop rapide pour me permettre de recueillir des observations
de quelque importance. Néanmoins, comme il est impossible
qu’un naturaliste, même en courant la poste, ne jette pas
les yeux sur la composition minérale des pays qu’il traverse.; et,
comme les indices qu’il peut recueillir de cette manière ont toujours
un certain degré d’utilité, en appelant au moins l ’attention
de ceux qui pourront étudier, en détail, les mêmes contrées,
je crois devoir donner ici, sans y attacher une grande
importance, le peu de faits que j’ai pu recueillir sur ma route,
depuis les frontières de la France jusqu’à celles de la Hongrie.
Les grès* de couleur rouge, qui couvrent une partie de l’Al"
sace , et sur lesquels on n’a encore que peu de données précises,
se prolongent sur la droite du Rhin, dans le pays de Baden, où
ils forment aussi une partie des montagnes de la forêt Noire. Ils
reposent sur les montagnes de granité et de gneiss, qui forment
la masse centrale de cette chaîne, et qui se prolongent, à
* Sous le nom àe grès (iSandstein, ail.; Sandstone, angl.; pierre de sable
des anciens) - je comprends, avec la plus grande partie des géologues anciens et
modernes, des roches arénacées composées de petits grains de quarz, tantôt
seuls, tantôt mélangés en plus ou moins grande quantité de parcelles de mica
ou d’autres-substances. Ces particules sableuses sont tantôt agrégées immédiatement
sans ciment apparent, tantôt aglutinées par un ciment cristallin ou
terreux plus ou moins abondant et dont la nature est très-variable. Je distingue
principalement les grès, avec la plus grande partie des géologues, d’après leur
position dans l’ordre des formations minérales. Je ne considère les caractères minéralogiques
que comme très-secondaires, quand il s’agit de géologie, par la
raison qu’ils sont extrêmement variables , non-seulement dans l’étendue d’un
même terrain , mais encore dans la même couche; en sorte que sur une même
masse de quelques mètres cubes on pourrait souvent récolter un grand nombre
d’échantillons dont il serait facile de faire autant d’espèces minéralogiques.
Je serai continuellement dans le cas de faire des réflexions semblables sur
toutes les espèces de roches; et c’est d’après ces réflexions que j’établirai la spécification
, en me fondant sur les relations géologiques, et en adoptant, autant
que possible, les dénominations qui sont le plus généralement reçues en Europe.