
d’aller coucher à W olfach, je fus oblige' de marcher un peu de
nuit ; mais un autre spectacle m’attendait : toutes les habitations
étaient alors eclairees, et, au milieu des te'nèbres profondes qui
couvraient tous les sommets, la valle'e semblait illumine'e à une
grande distance sur ses deux pentes. Le fond obscur du tableau
e'tait en outre anime' par les gerbes de feu des usines d’Hausach,
qui se trouvent dans la partie supérieure de la vallée.
Cpst ainsi que j’arrivai à W olfach ; je passai la plus grande
partie du lendemain au milieu des collections de M. Selb, où
j’ai pris plus particulièrement les idées générales que j’ai hasarde'
de donner ici sur les montagnes de la forêt Noire. Le soir, je me
fis conduire à Homberg* pour reprendre la route de poste..
Cette derniere contrée est encore formée de gneiss et de granité*
qui paraissent être ensemble, et qui composent toutes les
montagnes de Tryberg, au milieu desquelles se trouvent les
sources du Danube. Ce n’est pas sans éprouver un certain plaisir
que je vis sourdre les premières eaux du fleuve dont je devais
suivre le cours jusqu’à une si grande distance. Mais la nuit vint
encore me surprendre à Krum Sch illa ch, et il fallut renoncer
à examiner la nature du terrain que j’allais traverser.
Ce ne fut qu’à Geysingen que le jour reparut, et je m’aperçus
alors que j’avais passé des formations primitives aux formations
secondaires. Les premières roches qui s’offrirent à moi
furent des calcaires coquilliers, de couleur jaunâtre,, divisibles
en couches horizontales* quelquefois assez minces,, tout-à-fait
semblables a ceux qu on trouve dans la par tie la plus ex térieure
de la formation calcaire du Jura, et qu’on connaît dans plusieurs
départemens de la France sous le nom de plaquettes, et
quelquefois même sous celui de laves. C’est également, à la partie
supérieure du terrain que ces calcaires se trouvent a Geysingen.
Au-dessous se présente un calcaire compacte, d’un gris
clair, qui rappelle encore quelques variétés des calcaires du
Jura. Ces derniers se prolongent fort loin à droite et à gauche
du Danube; je les ai retrouvés sur toute ma route, par Tuttlin-
gen et Môsskirch , mais nulle part je n’ai été assez heureux pour
y rencontrer une seule coquille.
A peu de distance au-delà de Môsskirch ces masses calcaires
sont recouvertes par des conglomérats, qui renferment une
grande quantité de cailloux roulés de granité, de gneiss,. de
quarz, de calcaire compacte, tout-à-fait semblables à ceux que
nous venons de voir en place, et aussi quelques cailloux d’un
calcaire de couleur plus foncée , traversé par des veines de calcaire
spathique, et qui, d’après ces caractères, semblerait appartenir
à une formation un peu plus ancienne. Ces dépôts de
matières roulées, qui paraissent former ici des montagnes assez
considérables,ne peuvent manquer de rappeler aux géologues les
dépôts analogues, connus en Suisse sous le nom deNagelflue..
Ils deviennent successivement plus fins à mesure qu’on descend
la vallée du Danube, et bientôt ils ne présentent plus que des
roches sableuses, tantôt uniquement formées de grains de quarz,,
tantôt très-mélangées et extrêmement terreuses. On ne rencontre
plus que ces derniers dépôts jusqu’au-delà de Riedlingen ; mais
alors les collines s’abaissent, et tout annonce qu’on va bientôt
entrer dans les plaines.
On arrive, en effet, dans les vastes plaines de la Bavière, dont
le sol est entièrement formé de sables et de débris calcaires,semblables
à ceux que nous venons de rencontrer, et qui, çà et là,
se représentent encore en collines plus ou moins surbaissées :
ces grandes plaines présentent d’ailleurs tous les caractères des
plaines, de la Suisse, dont elles forment la continuation, n’en.