
d’extraordinaire. Mais tout s’explicjue avec facilité; car, si les
désastres matériels des guerres et des révolutions peuvent se réparer
assez promptement, il! n’en est pas de même de leurs effets
sur le moral : ceux-ci ne s’effacent qu’avec une extrême lenteur-
Les peuples de la Hongrie ont vécu trop long-temps dans l’insouciance
et l’ignorance des connaissances humaines, pour pouvoir
se livrer tout-à-coup à des études „qui exigent une application
continue, et se mettre au niveau des nations qui, depuis
plusieurs siècles, en ont suivi les progrès successifs. D’ailleurs
mille causes arrêtent encore, en Hongrie, les progrès des connaissances
utiles : des usages anciens; des préjugés sans nombre,
qu’il est difficile de déraciner; et, surtout, la diversité des
langues, sont les obstacles qui s’opposent le plus fortement aux
louables efforts, que des hommes, d’un très-grand mérite, font
constamment pour l’intérêt de leur patrie. D’autres causes se
sont opposées aux recherches des savans étrangers, dans l’intérieur
de la Hongrie; d’abord, cette contrée se trouve hors de
toutes les routes fréquentées, et il faut en faire nécessairement
l’objet d’un voyage spécial; or,par cela même qu’elle a peu de
relations avec ses voisins, elle n’offre aucune des facilités de communication
auxquelles on est habitué dans les autres pays : il en
résulte, que pour la parcourir, il faut se préparer d’avance à
toutes les privations. D’un autre côté, l’énergie que les Hon-
grais ont déployée dans leurs guerres extérieures et intestines ;
la vigueur avec laquelle ils ont repoussé les agresseurs; la fureur
qu’on a montrée de part et d’autre, soit dans la défense,
soit dans l’attaque ; les milliers d’hommes que les armées étrangères
ont perdus sur le sol hongrais , ont laissé dans l’esprit
des nations voisines des craintes et des préventions, dont les
hommes éclairés reconnaissent aujourd’hui le peu de fondement,
mais qui n’en subsistent pas moins encore. On regarde le
climat de la Hongrie comme extrêmement malsain, les peuples
comme étant encore à demi-barbares, e lle pays, par conséquent,
comme très-peu sûr pour les étrangers, contré lesquels
on suppose qu’il existe toujours une certaine antipathie-.
Heureusement, tous ces rapports sont exagérés : il est vrai
qu’on ne trouve pas en Hongrie, toutes les facilités qu’on pourrait
désirer de rencontrer habituellement ; que les Hongrais ,
placés sur les confins de la civilisation européenne, élevés au milieu
des camps, ou livrés entièrement à l’économie rurale, ont
conservé long-temps,et conservent même encore,une certaine
rudesse qui contraste avec les formes souples des autres nations
policées ; mais il suffit d’avoir vécu quelques momens au
milieu de ce peuple, pour reconnaître que c’est chez lui que
se trouvent aujourd’hui à leur plus haut degré, cette noble franchise,
cette hospitalité patriarcale, cette simplicité de moeurs,
que la haute civilisation a fait si souvent disparaître. Loin de
conserver alors tous les préjugés qui ont pris naissance chez
les peuples voisins, dans les temps de troubles et de désastres,
on ne quitte qu’à regret un pays où l’homme se retrouve dans
toute sa dignité | et chaque Hongrais qu’on a connu est un ami,
dont on a peine à se séparer.
Malgré tant d’obstacles, il a déjà été publié un assezgrand nom- PM-wf'!
bre d’ouvrages -sur la Hongrie. Quelques-uns nous retracent H°”8
l ’histoire politique des peuples qui l’habitent, nous donnent des
idées'assez précises des moeurs, des constitutions, de la forme
du gouvernement, de l’administration dé la justice, en un mot,
des différentes branches de l’économie politique. D’autres ont
pour objet la numismatique , l’archéologie, la géographie,
l ’économie rurale, les différentes branches d’histoire naturelle.