
plaines de la Hongrie, des caractères particuliers qui les distinguent
des autres.peuples. Je les ai trouves, en général, d’une
taille moyenne mais vigoureusement constitués. Leurs,épaules
sont larges, leurs membres très-musculeux et raccourcis ;
une figure carrée, des traits prononcés donnent à leur physionomie
un air de fierté et une expression particulière, qui indiquent
ce sentiment de,soi-même, si convenable dans l’homme lorsqu’il
est joint aux qualités du coeur. Ils sont généralement vifs,
même emportés, et francs jusqu’à la rudesse ; mais ils sont très-
accueillans et toujours prêts à rendre service. L ’enjouement,
joint à la vivacité, à une certaine inconstance, à l’étourderie
même, si j’ose le dire, donne au. caractère de ce peuple, la plus
grande analogie avec le caractère français. Admis quelquefois
dans des sociétés nombreuses, où tout le monde d’ailleurs parlait
français, la gaité des uns, l’emportement des autres, la vivacité
des discussions, ces passages brusques d’une conversation
à une autre, et, plus encore sans doute l’affabilité de tous,
m’ont souvent fait oublier que j’étais en pays étranger : au reste,
ce caractère est généralement en Hongrie celui de. la bonne société
; il ne doit pas être attribué plus aux Magyares, qu’aux nations
Slaves ; il est le même chez tous, et contraste d’une manière
frappante avec la gravité des Allemands.
L ’habillement du paysan Magyare a beaucoup d’analogie avec
celui des Slowakes ; mais, il est encore moins recherché. Un pantalon
large de toile, qui tombe dans le bas par dessus les bottes;
une chemise qui ne descend que jusqu’aux reins : voilà tout
* Plusieurs auteurs donnent, au contraire, aux Hongrais une taille élevée ;
mais il me semble que ce caractère convient plutôt aux Esclavons , qui sont
en général élancés et moins vigoureusement constitués que les Hongrais.
leur costume pendant l’été; une grande pelisse de peau de mouton,
qui est souvent brodée en couleur, sur lés épaules, ou bien
une. casaque d’un tissu grossier, à très-longs poils, qui imitent
la toison du mouton, est leur seul vêtement d’hiver. Mais, si
l’habillement du paysan est généralement grossier par toute
la Hongrie, celui du gentilhomme est très-élégant : c’est l’habillement
svelte de notre cavalerie légère, créée, comme on
sait, à l’instar de la cavalerie Hongraise, qui, de tous temps, a
eu une grande réputation. Nos housards sont formés sur le modèle
des troupes hongroises, qui portent cette même dénomination;
ils en ont réellement la coiffure ; et toutes les parties de
l’équipement portent encore des noms hongrais : comme Sctlco,
Sabrai; , etc. * La dénomination de housard vient, dit-on, de
ce qu’un édit du roi Mathias Corvin ayant ordonné que chaque
vingt laboureurs fournirait un cavalier, celui-ci fut alors nommé
dans la langue hongraise Huszas ( le vingtième ) ; d’où l’on a
fait housard, qu’on devrait par conséquent écrire huszard.
Les Kumans, que les Hongrais nomment K im , paraissent être
aussi d’origine Magyare; et peut-être même leur nom viendrait-
il de celui de Jùi/na, que porte une rivière qui se jette dans la
mer Noire, après avoir arrosé le Caucase. En effet, on sait qu’une
branche du peuple Magyare se porta jusqu’au Caucase ; et on
a retrouvé sur les bords de la Karma les ruines d’une ville nommée
Madsc/iar ou Madjar, qui atteste leur séjour dans ces régions.
Mais il est presque impossible de remonter à l’origine des
Kumans. On ne commence à les voù dans l’histoire que vers la
fin du onzième siècle, et on sait qu’ensuite, dans le commence-
Kumans
* Prononcez Chaho : Chabrcik.