san, tous les inconve'niens contre lesquels on s’est plu tant de
fois à de'clamer amèrement. Il fut un temps sans doute où le
paysan hongrais e'tait réellement attaché à la glèbe ; mais aujourd’hui
il est libre , il s’en glorifie, et le bonheur n’habite pas
moins sous le chaume que dans les palais. Les lois et 1 empire de
l’usage sont tels, que le sort du paysan, en Hongrie, est souvent
au-dessus de celui que la même classe peut avoir dans les
contrées les plus libres de l’Europe. La noblesse possède, à la
vérité, toutes les terres, et, en général, a seule le droit de propriété;
mais le seigneur est obligé de partager ses domaines én
fermes, d’un rapport détermine, qu’il donne aux paysans cultivateurs
*. Ceux-ci ont par conséquent, comme dans les pays
les plus policés de l’Europe, des terres à faire valoir, et aux
quelles ils prennent un intérêt réel ; la seule différence est que
la location ne se paie pas en argent, mais en services de journées
et en redevances. Gomme services, le paysan qui a une ferme
complète doit au seigneur cinquante-quatre jours de travail
par an, avec une charrette et un double attelage; comme redevances,
le fermier doit livrer annuellement au seigneur le neuvième
des produits de la terre ( pour la première récolte seulement,
car s’il y en a une seconde il ne doit rien ), le neuvième
des agneaux, des chevreaux, du produit des ruches, etc. Il supporte,
en outre, diverses charges déterminées et proportionnées
à diffiërens droits qu’il peut acquérir. Mais si, avec la permission
* D’après Vurharium rédigé par Marie-Thérèse, et où se trouve, sous forme
de lois, tout ce que l’usage avait depuis long-temps établi, une ferme complète se
compose d’une habitation avec cours, granges et jardin, d’environ i 5 hectares
(44 arpens de Paris) de terres labourables, de 6 hectares de prairies, avec del
pâturages suffisans pour les bestiaux.
-du seigneur, il a défriché une terre jusqu’alors inculte, il en
jouit sans redevances, sans services ; et le seigneur ne peut la
reprendre qu’il ne soit suffisamment indemnisé de ses soins.
Au moyen de ces transactions, qui sont loin, sans doute,
•d’être onéreuses, et dont partout ailleurs beaucoup de fermiers
et de petits cultivateurs se trouveraient fort satisfaits, le paysan
•hongrais jouit réellement du fruit de son travail. Il peut disposer
comme bon lui semble des huit neuvièmes du produit
de ses récoltes, qui lui restent pour compenser ses frais et payer
son industrie ; il devient propriétaire de biens mobiliers, de troupeaux,
etc., qui passent à ses enfans. Mais il y a plus, le paysan
hongrais est plus sur de son existence que beaucoup de petits
propriétaires que nous retrouvons à chaque pas dans les autres
états : si , par uu accident quelconque, ses récoltes sont perdues,
ses bestiaux détruits, c’est sur le seigneur que retombe
le soin de la famille ; c’est lui qui pourvoit à sa nourriture, et
qui même doit payer les dettes, remplir les engagemens que le
paysan a contractés, avec son approbation. *
*Le sort du paysan hongrais ne peut être comparé qu a celui de nos métayers
du sud-ouest de la France. Ceux-ci ne possèdent pas non plus de biens-fonds*
Jls sont au service d’un propriétaire dont ils reçoivent annuellement des gages
qui sont invariables, quelle que soit la disette ou l’abondance. Un métayer reçoit
dans le sud-ouest de la France, les valeurs suivantes : — aoo fr. en argent.
—13 hectolitres de blé. — 16 id. de maïs. —13 id. de seigle. — 2 barriques de
vin de presse. — 1 hectolitre de sel. — 20 livres d’huile à manger._20 idem
d’huile à brûler.— 6 charretées de fagots pour le chauffage, — Le logement pour
toute la famille. Ces objets évalués en argent forment moyennement, avec les
200 francs d’argent, une somme de 8 à 900 francs, que le propriétaire est obligé
de donner , quelque chose qui arrive.
, Tous les avantages paraissent être ici pour le métayer, puisque quels que
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