
nent à des terrains tout à fait différens ; et que dans les considérations
théoriques, ils sont naturellement tombes dans des
excès opposes, suivant qu’ils ont donne' plus ou moins d’importance
à certains genres de roches, auxquels ils ont ensuite
subordonne toutes les autres. observations qu’ils ont pu faire-
C’est ainsi, par exemple, que M. Esmarcksemble avoir regarde
la siénite , et ses diverses modifications, comme la roche fondamentale
de certaines parties de la Hongrie, et celle à laquelle
on devait rapporter toutes les: autres, dont il décrit à peine les
caractères.Fichtel, au contraire, frappé de la structure scoriacée
ou ponceuse, et de l’éclat vitreux d’un grand nombre de produits,
n’a vu partout que ces sortes de roches*, qu’il a considérées
dès-lors comme le type de toutes-les autres ; et il n’a
pas même aperçu les siénites, ni les roches qui en dépendent,
puisqu’il,n’en.est question dans aucun de ses ouvrages. Il est
donc évident queues deux auteurs, qui, à juste titre, peuvent
être regardés comme ceux qui ont'le plus étendu nos connaissances
sur la Hongrie, ne doivent en aucune manière avoir eu
en vue de décrire les mêmes roches-: l’un et l’autre ont nécessairement
confondu entre eux des produits complètement différons.
C’est du moins un soupçon qu’on est forcé fie concevoir
quand on lit attentivement leurs ouvrages ; et- pour» sortir de
l’embarras-où ils jettent, nous n’avions pas même jusqu’ici la
ressource des. collections, puisque nous possédions à peine en
France quelques fragmens de ces roches, et encore de localités
fort incertaines^
S II était donc d’une grande utilité, pour lever, toutes ces incer-
titudes sur un pays qui semblait devoir fournir à la science des
données importantes, d’aller sur les lieux mêmes que les dif-
férens auteurs avaient décrits, d’y vérifier ou rectifier les observations
qu’ils avaient réunies, d’en recueillir de nouvelles pour
éclaircir nos doutés, et déterminer les probabilités d’origine des
différens terrains : enfin, il était utile de rassembler des collections
bien complètes, accompagnées de désignations précises de
localités et surtout de gisemens, afin de pouvoir mettre sous
les yeux des géologues tous les doeumens relatifs à cette importante
discussion. La Hongrie méritait d’ailleurs de fixer particulièrement
l’attention des naturalistes : cette contrefi, célèbre
depuis des siècles par ses richesses minérales, est le seul gisement
spécial des mines d’or et d’argent sur le continent européen;
etlepeuderenseignemensqu’on a pu jusqu’ici seprocurer
sur elle,semblent annoncer déjà, dans sa composition minérale,
la plus grande analogie avec celle du Mexique, du Pérou,etc., dont
les mines font la richesse de la Nouvelle-Espagne. Des savans
qui avaient séjourné à Schemnitz, et qui sont employés aujourd’hui
dans les mines du Nouveau-Monde, ont été frappés de la
ressemblance du terrain métallifère de la Hongrie, avec celui
des mines qu’ils ont été appelés à administrer. M. de Humboldt
a également signalé cette analogie dans son important voyage
aux régions équinoxiales. Il résulte de là que les mines d’or les
plus célèbres, sur l’ancien comme sur le nouveau continent,
semblent se trouver précisément dans les mêmes circonstances
géologiques : observation remarquable, dont le soupçon devait
seul exciter puissamment la curiosité des naturalistes. Tout
prouve que rien n’est isolé dans le système de composition de
la surface du globe : identité ou différence dans une des parties
de l’édifice, semble toujours entraîner identité ou différence
dans l’ensemble des phénomènes adjacens. Un voyage en Hongrie
était donc encore, sous ce point de vue, du plus haut intérêt
pour la science, puisqu’on constatant la similitude que tout