
ches, qui sont quelquefois même garnies d’une dentelle grossière.
Les jeunes filles sont en cheveux, reunis par derrière en
une queue garnie de rubans de toutes couleurs, qui flottent
sur le dos. Les femmes se coiffent avec une longue bande de toile
qui se place, par le milieu, sur la tête, vient croiser sur le menton,
et dont les deux bouts, après avoir tourne en arrière autour du
cou, reviennent tomber élégamment sur la poitrine : leur visage
est tellement enveloppé par cet ajustement, qu’à-peine on aperçoit
leur nez. Cette coiffure, assez bizarre, me paraît tenir à ce
que l’on est souvent exposé, le soir et le matin, et même dans la
journée, suivant les lieux où l’on se trouve, à des .vents très-
frais, qui font une impression très-désagréable, lorsque le cou
n’en est pas garanti; c’est sûrement pour la même cause que les
hommes laissent flotter leurs cheveux sur leurs épaules. Moi-
même, quoique habitué à braver toutes les intempéries de l’air,
j’ai été obligé de faire souvent usage, le soir et le matin, d’une
espèce de schall, tourné autour du cou et de la tête, à la manière
de beaucoup d’habitans des pays chauds.
Les Russniakes ou Ruthéniens, qu’on nomme aussi Russes,
et par erreur Grecs, à cause de la religion qu’ils professent,
sont originaires de la Russie rouge ( Galicie orientale et Lodo-
merie). Il paraît, qu’opprimés par les Russes et les Polonais, ils
se réfugièrent en Hongrie, vers le douzième siècle; ils y habitent
particulièrement les comitats de Sâros, de Beregh, de Ugots,
de TJngh, de Zemplen, et une partie du Marmaros : placés
ainsi sur la limite de leur pays natal, ils se trouvent liés avec
leurs compatriotes, qui sont restés en Galicie, dans les cercles
de Stanislaslawow, de Stry et de Sambor. Il paraît qu’il s’en est
aussi établi dans la Bukovine, et qu’il en est passé egalement en
Transylvanie, où ils se sont confondus avec les Yalaques. Sans
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industrie, sans activité, les Russniakes sont en général assez
misérables. Leur nombre est peu considérable, eu égard aux
autres nations; ils vivent assez entre eux, et, quoique leur langue
soit encore un dialecte slave, il ne parait pas qu’ils,se soient
liés avec les autres Esclavons, ce qui tient sans doute à leur religion
: les uns suivent le rit grec uni, les autres le rit grec schismatique.
Les Serviens, qu’on nomme aussi Raatzesou. Rasciens, et
qui, entre eux , se nomment S rb i, proviennent de la Bosnie et
de la Servie. Leur pays était incorporé dans le royaume de
Hongrie au commencement du treizième siècle; et probablement,
dès,ce temps, ils ont commencé à passer la Save et le
Danube, et à s’établir sur les frontières militaires qu’ils occupent
encore. Mais il en est venu beaucoup d’autres, lorsque la
Bosnie et la Servie sont tombées au pouvoir des Turcs. Les rois
de Hongrie sont alors devenus leurs protecteurs, et leur ont
accordé de grands privilèges, ainsi que le libre exercice de la
religion grecque unie qu’ils professent : leurs évêques ont même
obtenu le droit de siéger à la diète. Les Serviens sont assez
nombreux, et en général bien vus de toutes les autres nations;
ils parlent éncore un dialecte particulier de la langue slave. Ils
habitent principalement les frontières militaires, et on les retrouve
aussi en assez grand nombre dans la partie méridionale
de la grande plaine, dans les comitats de Témès, Torontal,
B a c s, etc., dans l’Esclavonie et la Croatie. On les retrouve
aussi, mais en très-petit nombre, dans les autres parties de la
plaine, où ils sont mêlés,avec le reste de la population; enfin,
il en existe un grand nombre dans la Transylvanie.
Les Croates, ou Ilrw ates, dont on a fait Ilrowates, Chro-
bates, Horvates, par la difficulté de prononcer des consonnes
T . x. 9
Serviens.
Croate*.