
sans voyelles, dans les langues qui ne sont pas d’origine slave,
sont une partie des anciens Slaves qui s’affranchirent du joug
des Awares, vers le commencement du septième siècle, et qui
étendirent leurs conquêtes dans l’Albanie, la Servie, la Bosnie,
la Croatie et la Dalmatie actuelles. Outre la Croatie proprement
dite, cette nation occupe encore une partie des comitats de
Sthulweissenhurg, à'Eisenburg, de Sürnegh, de EFiesel-
biirg, à'OEdenburg et de S za la , dans la Hongrie occidentale.
Elle forme aussi une partie de la population de l’Esclavonie, et
s’y trouve mêlée avec des Illyriens,. des Carnioliens, des Allemands,
des Hongrais, qu’on fut obligé d’appeler dans cette contrée
, après les guerres sanglantes dont elle avait été le théâtre,
et pendant lesquelles les Turcs avaient détruit la plus grande
partie des habitans.
Ces peuples ont conservé quelque chose de rude dans leurs
Buuuèrcs et dans leur physionomie ; mais cette apparence n exclut
ni la franchise, ni la loyauté qui forment la base de leur caractère
: je n’ai eu qu’à me louer de ceux que j’ai rencontrés. Us
sont assez propres dans leurs demeures; mais leur habillement
est souvent grossier , et quelquefois assez bizarre. Les femmes
surtout semblent chercher les bigarrures de couleurs : je les ai
vues quelquefois avec des jupons de gros drap bleu ou brun, et
des touffes de rubans bariolés de toutes les nuances ; avec des
bas rouges et des souliers jaunes, ou des bas rayés transversalement
de rouge, de jaune, de brun, etc. Au reste, ce n’est pas A
nous à critiquer cette mode, puisque au milieu de Paris, il n’y
a pas plus de vingt ans, nos élégans étaient chaussés de cette
manière. Les femmes se coiffent à peu près comme les Slowa-
kes, leur figure est de même à moitié cachée; mais dans quelques
cantons elles portent de plus, sur le sommet de la tête,
une espèce de serviette pliée en carré, et sur laquelle s’attache
un fichu de mousseline, ou une pièce de toile, qui tombe en se
déployant sur le dos. En général, le costume paraît varier beaucoup
dans les différentes parties du pays que ces peuples habitent
; le seul goût dominant qne l’on rencontre, est celui des
étoffes bariolées, ou des vêtemens de diverses couleurs.
Les Magyares forment une partie considérable de la population
des provinces hongraises ; mais il paraît évident que leur
nombre est plus petit que celui des peuples Slaves réunis. Il est
même étonnant qu’il soit aussi considérable, et on a peine à
concevoir comment il est arrivé que la souche de ce peuple,
qui était peu forte lors de son premier établissement, à la fin
du neuvième siècle, ne se soit pas confondue avec les naturels
du pays, et qu’elle ne se soit pas éteinte, au milieu de
toutes les guerres, de tous les désastres qu’elle a eu particulièrement
à supporter. Mais, au contraire, le nombre des individus,
dont le Magyare est aujourd’hui la langue maternelle, est
extrêmement considérable, et il en résulte une nation particulière,
qui occupe tout le pays plat du centre de la Hongrie. Il
paraît que ce peuple s?est d’abord étendu, des plaines de Mun-
kacs'oh il est arrivé, dans toute la partie fertile du pays; qu’il
a forcé les peuples Slaves à se retirer dans lés hautes montagnes,
oh il n’a jamais cherché à s’établir, parce que le climat y con-
venait peu à la vie pastorale qu’il menait, ou à d’agriculture.
Cependant, les Hongrais se-sont aussi établis dans la Transylvanie,
dont ils occupent les comitats de K ra szna , de T orda,
A A lb e inférieure , A lb e supérieure , D oboka , Hunyad,,
Klausenburg, Küküllô, Szolnok intérieur, Szolnok moyen ,
Z a ra n d et les districts de Fagaras et de Kôvar.
Les Magyares m’ont paru avoir encore conservé, dans les
Magyares.