tions qui viennent à l’appui des faits, et en diriger l’ensemble avec
méthode, M. le comte de Bournon jugea qu’il e'tait indispensable
d’aller vérifier, en quelque sorte, les observations faites jusqu’ici
en diffe'rens lieux, et recueillir, en même temps, les données
necessaires pour e'claircir les parties sur lesquelles il pouvait
rester du doute. Il voulut bien me charger des recherches
et des travaux relatifs à cet objet important.
Cette entreprise dont le plan était combine avec autant de
discernement que de prévoyance, fut accueilli avec empressement
par M. le Directeur-général de la maison du Roi, juste
appre'ciateur de tout ce qui peut hâter les progrès des connaissances
humaines. M. le comte de Pradel obtint bientôt l ’assentiment
du Roi; et la munificence de Sa Majesté’ , sa protection
spe'ciale, ne nous laissèrent plus que la tâche difficile de remplir
dignement ses bienveillantes intentions, pour tout ce qui
peut contribuer à rehausser la gloire de la France.
J’avais déjà, par suite de ce plan, visité plusieurs contrées
intéressantes, tant par les circonstances géologiques qu’elles
présentent, que par les doutes nombreux auxquels elles avaient
donné lieu, lorsque la Hongrie vint se présenter à nous comme
un des points qui méritaient le plus de fixer l’attention, comme
un de ceux qui étaient les moins connus et qui promettaient le
plus de faits à recueillir. Mon voyage, dans la partie orientale
de l’Europe, fut décidé vers la fin de 1817 ; mais je crus devoir,
avant de partir, me familiariser avec toutes lés observations
recueillies par diffe'rens auteurs, afin de pouvoir combiner
d’avance celles qu’il serait utile de faire, et connaître particulièrement
les points qui exigeaient une attention plus spéciale.
Un des premiers soins du voyageur doit être l’économie du
temps; et le plus sur moyen d’employer utilement celui dont
il peut disposer, est d’avoir toujours un but fixe pour chacun
des points qu’il doit visiter,.soit d’après les-données acquises
dont il doit connaître exactement tous les détails, soit,à défaut
de renseignemens antérieurs, d’après un premier examen rapide
de divers points de la contrée qui puisse former le cadre de
ses observations futures. La géographie particulière des contrées
qu il doit parcourir, est surtout essentielle au voyageur géologue,
pour reconnaître promptement les lieux sur lesquels les
hommes instruits du pays peuvent lui communiquer des renseignemens,
pour, combiner entre eux les résultats des observations
faites dans diverses parties d’un même canton , et pour
déduire en-quelque sorte d’avance, d’après la direction des
montagnes, ,1’étendue des chaînes , la direction et la largeur des
v allées principales, quels-sont les points où l’on peut soupçonner
similitude ou différence de composition minérale. Il: n’est
pas inutile non plus , de-connaître d’avance les moeurs du pays
que l’on doit parcourir, pour, n’être-étonné de rien:, et pour se
plier sans peine aux usages, les plus opposés même à ceux, dont
on a 1 habitude. L ’histoire particulière des peuples avec lesquels
on doit vivre momentanément, est encore du plus grand intérêt;
elle offre la peinture fidèle du caractère national, et peut servir
en général de règle de conduite au voyageur, pour ne choquer
aucune des opinions reçues, et n’éprouver aucun désagrément.
Ces notions historiques ont encore l’avantage d’empêcher
le voyageur de se laisser aller aux préjugés toujours peu favo-
lables dès nations voisines; elles annoncent en lui un intérêt
plus vif pour le pays qu’il-parcourt; elles inspirent de la confiance
aux habitans, et procurent souvent des relations de société
aussi agréables qu’utiles.
Mais, s’il m’était indispensable d’acquérir ces connaissances