pire plus librement,.sous une température plus douce, et tout
semble présenter un monde nouveau. Le village d’Eisenbach
est situe' à l’entrée de ce bassin ; mais la maison des bains, le
seul endroit où l’on puisse commodément loger, se trouve un
peu plus loin. On côtoie , pour y arriver, des collines de conglomérats
calcaires et de sable j mais à peu de distance avant les bains,,
on trouve, sur le bord de la route, une roche noire,où l’on,
voit briller un grand nombre de petits cristaux de feldspath, et
quelques cristaux d’amphibole; elle ne ressemble à aucune de-
celles que nous avons jusqu’ici rencontrées, et appartient nécessairement
à la formation trachytique : nous en verrons de
semblables dans d’autres points. Cette roche se présente ici sur les.
bords de la route, dans un petit ravin, et il est douteux qu’elle
soit en place.. Toutes les montagnes situées à l’est sont formées,
d’une roche particulière,, à pâte de feldspath compacte et de'
silex corné; leurs pentes sont couvertes de débris.
àT^senbach t t l ÉSÉ®| d’un quart-d’heure, on va du village d’Eisenbach
aux bains. L à , se présente une fort belle maison, très-agréablement
située; une petite place se trouve au devant, et au milieu
un petit parasol chinois,, un peu dégradé et de mauvais goût,,
où, pendant la saison des eaux, quelques Bohémiens font toute
la journée une musique,à mon avis fort ennuyeuse; j’ai eu le
malheur, chaque fois que je suis passé dans cette vallée, d’entendre
les airs les plus insignifians et les plus désagréables qu’il
soit possible d’imaginer. La maison, pour une hôtellerie de Hongrie,
offre quelque chose d’assez noble dans son intérieur; elle
est spécialement destinée aux baigneurs; mais, heureusement,
l’instant où j’avais besoin de loger dans cette partie de la vallée
n’était encore que le commencement de la saison des bains, de
«orte qu’on voulut bien m’y. recevoir, à condition toutefois queje
n’y resterais que trois jours. On me conduisit dans un vaste
corridor, où se trouvaient, de chaque côté, un grand nombre
de chambres, sur chacune desquelles était le prix.Les unes,
situées sur le derrière de la maison, étaient tâtées à un florin ,
en papier, par jour ( environ 1 franc, suivant le cours du moment);
les autres, situées sur le devant,-flt comme étant plus
éclairées,' se trouvaient taxées à un florin et demi : j’eus de la
peine à obtenir la seule qui restât de ce côté, et l’on ne me
la donna qu’à condition que je délogerais s’il venait quelqu’un
la demander pour toute la saison des eaux. Ces chambres n’avaient
point d’élégance; mais elles étaient extrêmement propres,
toutes nouvellement blanchies à la chaux , et, en général,
fort gaies. Une couchette, pour le moins d’un demi-pied trop
courte, et quelques mauvaises chaises»rembourées en formaient
tout l’ameublement. Comme je sortis, presque aussitôt mon arrivée,
pour aller dans là montagne, le domestique me pria de
laisser ma'clef pour qu’on pût faire mon lit ; mais quand je rentrai
le soir, je trouvai lè tout dans le même état, et j’appris
alors qu’on avait imaginé que mon h t , ainsi que toute ma
garde-robe me suivaient de près : on s’était disposé à les recevoir,,
et à garnir ainsi mon appartement. Il n’y avait point de matelas
dans la maison! je m’en consolai avec une botte de paille ; mais,
de plus, il n’y avait pas de draps, et tout ce que je pus obtenir
fut une mauvaise couverture fort sale, dont j’enveloppai soigneusement
le bord, au grand déplaisir du bourgeois, avec la
serviette qui m’avait servi pour souper ; ce fut ma seule ressource,
et c’est la seule qui puisse rester à quiconque arrive
comme moi à pied, et un marteau à la main pour tout bagage.
Si la dernière partie de la vallée contraste singulièrement par
la forme de ses. montagnes, par la végétation qui les couvre,