
ment loin des grandes sociétés et des affaires. Aussi est-ce réellement
la campagne de A "-anue , car on quitte la ville aussitôt
que le beau temps arrive- : ’est là que les grands seigneurs ont
fait construire des palais magnifiques,- ornés de jardins délicieux,
où ils passent une partie de l’été. On y voit aussi un grand
nombre de très-beaux bâtimens publics," tels que ceux de l’école
de chirurgie, de l’école polytechnique, etc.; un grand nombre
d’églises, parmi lesquelles on remarque surtout celle’de
Saint-Charles, qui peut être regardée comme la plus belle de
Vienne. Les promenades charmantes qu’on a partout autour de
soi, au milieu d’une végétation de la plus grande beauté, présentent
encore, dans plusieurs faubourgs, un agrément dont la
ville même est privée. Mais, avec tous ces avantages, il y a bien
aussi quelques inconvéniens, qui, certainement, disparaîtront
dans la suite, mais qui n’en sont pas moins aujourd’hui assez
désagréables : il n’y a dans les faubourgs que quelques rues
principales qui soient pavées, de sorte que tout le reste ne
présente dans l’hiver, ou dans les temps pluvieux, qu’un amas
de boue épouvantable ; le boulevard même qu’il faut traverser
pour entrer en ville en est alors rempli, et dans l’été, au milieu
des sécheresses, m y est grillé par le soleil et étouffé par la
poussière.
L ’existence des faubourgs ne remonte pas au-delà de 1684 ;
car ceux qui existaient avant cette époque furent détruits en
1683, à l’approche de l’armée turque, dont le comte de Tekely
avait demandé les secours pendant la révolte qu’il excita en Hongrie.
C’est depuis cette époque qu’ils ont été tous rebâtis ; mais
ils n’ont pas toujours fait partie de la ville; plusieurs d’eptre
eux formaient encore des villages, ou des possessions seigneuriales,
avant le règne de Joseph I I , qui les réunit à Vienne. Ils
s’accrurent alors avec une extrême rapidité, et ils forment aujourd’hui
autour de la ville un cercle très-étendu où l’on compte
environ 6000 maisons et 180 000 âmes; la ville ne renferme
que 1400 maisons et 46 000 habitans. Ces faubourgs sont au
nombre de 33, mais les principaux et les plus beaux sont, la
Leopoldstadt, dans une des îles du Danube, Waehnngergasse,
Alsergasse, Josephstadt, Maria Hülf, Wieden et Landstrâsse.
C’est à la Leopoldstadt que se trouve le Prater, la plus belle
promenade de Vienne, et peut-être de l’Europe. C’est une magnifique
forêt située aux portes de la ville, dans la grande île du
Danube, et qui a plus d’une lieue de longueur, sur une demie
de largeur : cette forêt est composée de chênes, de hêtres, de
tilleuls et de marronniers, tous de la plus grande beauté; elle
est percée de superbes avenues entrecoupées de prairies de la
plus grande fraîcheur, qui animent la scène en interrompant la
monotonie que ne manquerait pas de produire l’épaisseur du
feuillage. Çà et là il se trouve une multitude de guinguettes qui
forment autant de petits hameaux, des jeux de diverses sortes
des petits spectacles, des manèges, etc. Le Prater est dans l’été
le rendez-vous de toute la ville ; et lorsqu’il est ainsi animé par
la foule des brillans équipages, par la gaîté de toute la population
réunie, par le mélange bizarre des Turcs, des Grecs, des
Arméniens, des Juifs , tous en costume national, il offre un
spectacle qui ne peut manquer de frapper vivement les regards
de l’étranger.
Si l’intérieur de Vienne est généralement peu agréable, c’est
à l’élévation des maisons, relativement au peu de largeur des
rues, qu’il faut uniquement l’attribuer; Car il est peu de villes,
et surtout de villes fortifiées, qui renferment proportionnellement
un aussi grand nombre de palais, d’hôtels, de bâtimens fort
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