
les rétablit dans le royaume, et le'gitima, en quelque sorte,
les prêts à grosse usure : les mêmes de'sordres reparurent
sous le règne de Louis II ; et on vit même, en 1524 , un
Juif, nomme Isaac, prépose à l’hôtel des monnaies de Kas-
chau.
Aujourd’hui, la situation des Juifs est bien differente; ils sont
soumis à une surveillance assez rigoureuse, à une taxe particulière,
qu’on nomme taxe de tolérance. Les lois leur défendent
de se fixer sur les frontières, et l’entree des villes de mines
leur est interdite; il y a aussi quantité de lieux oh ils ne peuvent
s’établir, et eh général ils jouissent de très-peu de considération.
Les cantons oh j’ai vu le plus grand nombre de Juifs, sont
les frontières de la Galicie, les bords du Bodrog dans la partie
orientale de la Hongrie, et le comitat de Stuhlweissenburg
r l a n s la partie occidentale ; il paraît qu’il en existe beaucoup à
Karlsburg, en Transylvanie. Du reste, ils sont disséminés sut
les routes, dans les villages, oh ils tiennent en general les cabarets
et les petites auberges. 11 en est beaucoup qui colportent
divers objets, de côté et d’autre, et qui vivent de petits trafics
de toutes espèces. Le costume de la plupart d entre eux a quelque
chose de sinistre, et qui inspire en général peu de confiance.
Leur habillement consiste en une longue robe de laine ou de
soie noire, nouée autour du corps par une ceinture de meme
couleur ; un large chapeau plat, ou un long bonnet de poil ou
de peau de mouton noire , forment leur coiffure ; et une longue
barbe, beaucoup de malpropreté, complettent leur accoutrement
bizarre.
zingsres. Enfin, au dernier rang des êtres qui vivent sur le sol de la
Hongrie, sont les Zing a res, que les Allemands nomment Z i-
geuf ie r , et que nous désignons très-improprement en France
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parle nom de Bohémiens, peut-être parce que les premiers
que nous avons vus venaient accidentellement de la Bohème.
Mais il convient de renoncer à cette expression, pour ne pas
confondre une caste grossière et sans patrie, avec un peuple
entiér, qui, par ses actions comme par ses malheurs, a des droit s
à l’estime générale. Cela est d’autant plus nécessaire, que ce
nom meme ne s applique plus aujourd’hui aux Zingares pro
prement dits, que nous connaissons à peine en Erance, mais
bien à ces troupes de vagabonds sans aveu, qui rôdent de ville
en ville.
Quoique les Zingares soient très nombreux en Hongrie, on
n’a pu encore avoir de renseignemens positifs sur leur origine;
il paraît seulement assez probable, d’après les recherches de
Grellman , qu’ils descendent des Indiens de la caste des Parias ,
qui furent chassés de leur pays vers l’an 1408, lors de la conquête
de 1 Inde par Tamerlan. Quelques auteurs pensent cependant
qu ils sont Égyptiens, et c’est d’après cette opinion, qu’ils
sont quelquefois désignes sous le nom de Pharaoni ou d’Égyp-
tiens. Ce qu’il y a de certain, c’est que ces peuples parlent un
langage particulier, que leur physionomie n’a rien d’Européen ,
quils ne parurent en Europe qu’au commencement du 15°
siècle, et que ce n’est que vers 1417 qu’on les trouve cités dans
1 histoire de la Hongrie. Depuis cette époque, ils ont toujours
mené une vie errante, et tous les moyens qu’on a pris pour les
civiliser, n ont abouti qu’à en fixer un très-petit nombre, qui
se sont adonnés à l’agriculture, et qu’on trouve surtout sur les
frontières de la Transylvanie. Tout le reste a continué à errer
de côté et d’autre ; ils campent au milieu des bois, ou près des
villages, dans des cabanes qu’ils construisent à la hâte, et dont
rien n’e'gale la misère et la malpropreté. En général paresseux,
t . i. U