l’estime de toute l’Europe, et gagner surtout l’amour de ses sujets.
Habile dans les langues, dans les arts, dans les sciences de son
temps, il fit autant fleurir la Hongrie par ses institutions que par
la force de ses armes ; et ce royaume, qui re'unissait la Basse-
Autriche, la Moravie, une partie de la Sile'sie, et la Moldavie,
devint sous son règne un des plus importans dans la balance de
l’Europe.
Il semble que chaque règne heureux ait e'te' pour la Hongrie
le précurseur de nouveaux désastres. Mathias en mourant | en
1490 ) ne laissa point d’enfans, et l’élection d’un nouveau roi
fut d’abord un sujet de troubles, par la concurrence des princes
wiaddas il, voisins. Wladislas II, roi de Bohème, élu par la nation, fut forcé
de venir à la tête d’une armée pour recevoir la couronne. Les
guerres avec l’Autriche, les tentatives de Bajazet II, une prétendue
croisade qui dégénéra en guerre intestine; tels sont les
maux que l’histoire nous présente sous le règne de Wladislas,
louis R; :5i6. avec peu de bien pour les compenser. Sous son fils, Louis II ,
commencent de plus grands malheurs : la prise de Belgrâd, par
les Turcs, suivie de plusieurs succès importans , et surtout la célèbre
bataille de Mohacs ( 1526 ) où Louis périt, ouvrirent la
Hongrie à toutes les forces de Soliman II. Bude fut livrée au
pillage, et tout le pays compris entre la Drave et la Baab ne
présenta bientôt qu’un immense désert,
leauâeZapoia*, Au milieu de ces désastres, l’élection d’un nouveau roi en
amène encore d’autres. Plusieurs concurrens se présentent; mais
l’archiduc Ferdinand surtout fait valoir les droits réels que lui
donnait un traité entre son père Maximilien et Wladislas II,
ainsi que son mariage avec Anne, soeur de Louis. Les Hongrais
l’estimaient, mais ils craignaient son frère Charles V , qui était
sur le trône de l’empire; de sorte qu’ils se hâtèrent de nommer
H IS TO IR E P O L IT IQ U E . 59
Jean de Zapola, qui s’était déjà distingué contre les Turcs. De
son côté, Ferdinand, qui avait été reconnu roi de Bohème, en'
tra dans la Hongrie à la tête des Bohémiens et des Autrichiens,
défit l’armée que Jean de Zapola avait rassemblée , et resta
bientôt maître du royaume.
Mais que de maux affreux devaient suivre cette conquête !
Jean de Zapola retiré en Pologne y trouve des amis, et se met
en outre sous la protection de Soliman, dont il promet de se
rendre tributaire. Les Turcs rentrent en Hongrie, et y renouvellent
, comme alliés , tous les ravages qu’ils y avaient faits
comme ennemis : la garnison de Bude est massacrée ; Soliman
marche jusque sous les murs de Vienne; forcé de se retirer, il
rentre à Bude, où il rétablit Jean de Zapola sur le trône. Cependant
Ferdinand lève de nouvelles armées, et le feu de la
guerre se rallume de toutes parts en Hongrie : les Allemands,-
les Turcs, des factions intérieures dévastent en même temps ce
malheureux pays. Un traité avec l’Autriche assoupit un peu ces
maux, en assurant la couronne à Ferdinand, après la mort de
Jean de Zapola ; mais celui-ci se marie , et l’infortuné prince
qui fut le fruit de cette union, devint la cause innocente de
trente années de guerres horribles. En vain à la mort de Zapola
( en 1540 ), les Hongrais craignant l’artificieuse protection
de Soliman, appellent-ils Ferdinand au trône; en vain la bonne
et malheureuse Isabelle veut-elle remplir les engagemehs de son
epoux : celui-ci avait donné à son fils, Soliman pour tuteur,' et
à sa femme un ambitieux pour conseil. La couronne est refusée
à 1 archiduc, et la guerre.se rallume avec fureur. Bude, assiégé
par les Allemands, est en apparence sauvé par les Turcs; mais
ces protecteurs sont pour les Hongrais des ennemis plus cruels
que les armées de Ferdinand; Isabelle en est elle-même vie-
Ferdinand
d’Autriche
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