
Allemands.
membres de ces nations, et que plusieurs familles distinguées ne
soient d’origine valaque ; c’est même de cette race que sont
sortis et le célèbre Jean Corvin ( Jean Hunyad), qui se signala
par tant d’exploits glorieux dans les guerres contre les
Turcs, et son fils Mathias Corvin, un des plus grands rois de la
Hongrie.
Hors de la Transylvanie, on retrouve une grande quantité'
de Valaques dans le Banat, dont ils sont même aujourd’hui
les plus anciens habitans.; on les retrouve encore le long des
frontières Transylvaines, dans les comîtats d’Arad, de Bihar,
de Szathmar et de Marmaros. En général, le nombre des Valaques
est très-considérable, peut-être même est-il égal à celui
des Hongrais ou des Slovaques. Ils prétendaient s’élever, dans
la Transylvanie seule, à un million d’habitans, lorsqu’en 1790 ,
ils demandaient à être assimilés aux nations regnicoles du royaume.
Dans la Hongrie proprement dite, ils occupent 1024 villages
le long des frontières de la Valachie et de la Transylvanie. Ce
peuple parait être d’une grande fécondité, et on remarque que
dans les endroits où les Valaques habitent en commun avec des
Serviens, leur voisinage est aussi dangereux à cette nation que
celui des Esclavons l’est aux Allemands et aux Magyares. Aussi
paraît-il qu’il existe parmi eux des Russniaques , des Servions
, des Bulgares, chez lesquels toute trace de la langue primitive
a disparu.
La nation A llem ande est, sans contredit, après celle des
Slaves, la plus ancienne de la Hongrie. En effet, il. doit s’être
fixé beaucoup d’Allemands dans la partie occidentale de cette
contrée, bien avant l’invasion des Magyares, surtout après la
destruction des Awares. On sait qu’à l’arrivée des Magyares ,
oute la partie occidentale du pays, comprise entre le Danube
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et la Save, était soumise à l’empereur Arnulf, et, quoique cette
partie lui ait été bientôt enlevée, il est probable qu’il y resta un
grand nombre de ses habitans. Mais, depuis l’établissement des
Magyares, le nombre des Allemands s’est accru considérablement.
Le roi saint Ethienne, le premier législateur de la Hongrie,
sentant combien il était important d’augmenter la population
du pays, accorda aux colons Allemands, qui viendraient
s’y établir, des privilèges que ses successeurs ont soigneusement
conservés. Ainsi, dès le onzième siècle, il s’établit déjà des Allemands
dans diverses parties de la Hongrie. Mais c’est surtout
dans le douzième siècle, sous le roi Geysa I I , qu’on les vit arriver
en foule, et remplir des comitats et des provinces entières.
Ils se fixèrent principalement dans les provinces du nord de la
Hongrie, et dans la Transylvanie ; leur nombre était si considérable,
qu’ils semblaient former un cordon militaire, au nord et
à l’est du pays, depuis Presburg jusqu’aux frontières de la Valachie.
Il paraît qu’il en vint de toutes les contrées, de la Flandre,
des Pays-Bas, de l’Alsace, de la partie méridionale de l’Allemagne,
et peut-être aussi de la Saxe. En général, ils sont tous
désignés sous le nom de Saxons.
Ces anciens Allemands ont été, pour la Hongrie, une acquisition
précieuse, qui alargement compenséles concessions qu’on
leur avait faites pour les attacher à leur nouvelle patrie; c’est à
eux que les professions civiles et l ’état de bourgeoisie doivent
leur origine ; ce sont eux qui ont ouvert ou exploité ces mines ,
dont on a tiré tant de richesses, qui ont introduit l’industrie
dans les villes, et créé le commerce avec le Nord. Ils ont adopté
de bonne heure les moeurs et le costume du pays, qu’ils ont en
partie mélangé avec le costume allemand ; mais ils se sont formé
aussi, dans quelques cantons, une mode particulière, qui