
Tabacs.
outre beaucoup d’autres qu’il est impossible de comparer avec
aucun de ceux que nous possédons en France; tels sont les vins
de Tokaj, de Menés, d’Erlau, etc.
On évalue à environ 550 000 hectares la totalité des vignobles
des provinces hongraises, et M. Schwartner estime à cent
dix millions de florins ( 289 300 000 francs * ) la valeur de la
récolte annuelle des vins ; mais ce savant observe, avec raison,.
que ce produit est trop considérable, pour la quantité d’exportation
possible, et qu’il serait plus avantageux, surtout dans les
parties qui ne produisent que des vins, médiocres, et même mauvais,
de livrer les terres à la culture des grains de diverses espèces..
Le tabac est aussi une production naturelle très-importante
en Hongrie, où tout le monde en fait un usage habituel, et où
sa bonne qualité le fait rechercher par le commerce des pays
voisins. La culture en est libre dans toute l’étendue de la Hongrie;
mais il ne peut guère entrer en Autriche que par la régie,
car les droits qu’on paie aux frontières sont exorbitans. Il en résulte
que, malgré la liberté de cultiver le tabac comme bon lui
semble, le paysan hongrais ne peut cependant tirer un grand
parti de sa récolte.. Après avoir satisfait à la consommation intérieure,
il est obligé de s’arranger pour le surplus avec les officiers
de la régie autrichienne, qui parcourent le pays , et achètent
le tabac souvent avant sa maturité. On cite surtout, parmi
les tabacs de meilleure qualité, ceux de Kospalag, près de
Yatz, dans le comitat de Pest; de Ssegedin, de F u ses Gyar-
m ath, dans le comitat de Békés; d'A ra d , de Rakovalz, de
Debrok, des plaines de Szathmar **; de Hidas, dans le comitat
* Le florin de convention étant de 2 fr. 63 c.
** Celui-ci est connu sous le nom de tabac de Debretzin.
tle Barany; de T oîna , dans le comitat de même nom; de F u -
ia k , sur le bord du Danube, non loin de Neusatz ; de F ü n f-
kirchen, de Janos H aza, etc. Ceux de Transylvanie, dont on
trouve de grandes plantations autour de TJdvarhely, ont aussi
beaucoup de réputation : mais il serait difficile de dire quel est en
général le tabac qui mérite la préférence ; cela dépend surtout
du goût des consommateurs. Parmi les tabacs en poudre, ceux
de Transylvanie et de Fuzès Gyarmath me paraissent de beaucoup
préférables. Quant aux tabacs à fumer, ceux de Kospalag
et de Szathmar me semblent être les plus agréables. Il est à remarquer
que tous les tabacs qu’on emploie en Hongrie n’ont
subi aucune préparation, et que ce sont simplement des feuilles
desséchées, hachées ou mises en poudre ; il en résulte qu’au heu
d’une odeur âcre et incommode qu’exhale la fumée des mêmes
tabacs préparés en Autriche, ceux que l’on fume en Hongrie
donnent plutôt une odeur agréable , qui même' rappelle , en
quelque sorte, le parfum de l’encens. Les tabacs en poudre}
qui ne sont jamais noirs comme ceux d’Autriche, et qui présentent
au contraire une couleur jaune ou brun-marron, sont extrêmement
fins, très-piquans, et n’ont jamais l’odeur ammoniacale
des tabacs préparés dans le reste de l’Europe. Ils sont
très-estimés.
La consommation intérieure du tabac est immense , car près'
que tous les hommes, et même les enfans, parvenus à quinze
ou seize ans, en font un usage immodéré. Ce ne serait pas, je
crois, porter l’évaluation trop haut, que de supposer qu’un
tiers de la population est habitué au tabac à fmner ou en poudre,
et que chaque individu en emploie un demi kilogramme
( une livre ) par mois ; il en résulterait une consommation intérieure
de 20 753 934 kilogrammes par année, ou 207 mille