Configuration
du terrain.
Montagnes.
Sous le rapport de la configuration du terrain, les provinces
hongraises nous présentent à la fois des montagnes qui s’élèvent
jusqu’aux neiges e'ternelles, et de vastes plaines qui se
trouvent à peine à 100 mètres au dessus du niveau des mers.
Les montagnes forment autour du pays une enceinte, qui semble
avoir e'te' place'e tout exprès par la nature, pour détermi-
ner une contrée indépendante, séparée de toutes les autres, et
protégée par des limites inviolables contre les invasions des
peuples voisins : ce n’est qu’au sud qu’elle est ouverte, vis-à-vis
de l’empire Ottoman. Mais on aurait une idée bien rétrécie, et
en même temps bien inexacte, de l’ensemble de ces montagnes,
si on se bornait à celle qui a été émise par quelques géographes ;
si on les considérait simplement comme une chaîne continue ,
qui détermine le partage des eaux, entre la Hongrie et les contrées
adjacentes, et qui envoie des branches latérales dans diverses
directions. Lorsqu’on considère ces antiques témoins des
révolutions du globe, sous un point de vue plus philosophique ;
lorsqu’on compare les hauteurs respectives auxquelles, ils parviennent
; lorsque, sans entrer dans les détails circonstanciés
de leur nature, on les distingue seulement en masses solides et
en masses arénacées, on se trouve conduit à un ensemble qui
présente un tout autre intérêt.
Il suffit de jeter les yeux sur une carte, où l’on ait conservé
sensiblement les rapports de hauteur entre les differens sommets,
pour y observer, comme sur les lieux mêmes, que les
provinces hongraises présentent deux masses considérables de
montagnes , qui se distinguent de toutes les autres par leur élévation.
Telles sont, au sud-est, les montagnes de Transylvanie,
et au nord-ouest, les groupes de montagnes qui forment les
limites de la Moravie et de la GaMeie occidentale. La première
est une pai tie de la grande masse qui s’élève entre les plaines
de la Hongrie, celles delà Moldavie etde la Valachie orientale;
la seconde est la masse comprise entre les plaines de la Hongrie
et celles de la Moravie : celle-ci n’a aucune liaison avec les montagnes
de la Silésie, ni avec celles de l’Autriche, qui en sont
séparées par d’immenses vallées. Ces montagnes sont essentiellement
composées de matières solides, et n’offrent rien qui rappelle
les grandes alluvions de sables que l ’on trouve dans les
autres parties des provinces dont nous nous occupons. Leurs
sommets sont déchirés, et leurs flancs très-escarpés n’offrent jamais
ces pentes douces que nous allons voir dans les montagnes
qu’il nous reste à décrire.
Entre ces deux grandes masses, qui, par rapport à la Hongrie,
sont comme les restes de deux citadelles à l’entrée d’un
immense golfe, on remarque au nord-est une série de montagnes
beaucoup plus basses, qui s’élèvent à peine à la moitié de
la hauteur des premières, et dont les sommets et les flancs, arrondis
mollement, descendent en pentes douces pour se confondre
avec la plaine. Elles sont presque en totalité composées
de sables fins, plus ou moins agrégés, qui indiquent de grandes
alluvions de matières arénacées, accumulées dans l’ouverture
que laissaient entre elles les deux masses solides dont nous venons
de parler, et qui ont ainsi interrompu l’ancienne communication
des vastes plaines de Hongrie avec celles de Pologne.
Telle est l’idée générale qu’on doit se former de la ceinture
de montagnes, qui entoure les provinces hongraises au nord
et à l’est, et qu’on a nommée la chaîne des Karpathes, quoique,
à proprement parler, ce nom ne soit appliqué réellement qu’aux
parties nord-ouest les plus élevées. Quant aux montagnes de
l’ouest, elles sont beaucoup plus basses, et se présentent comme